À l’origine l’entreprise Tessitura Artigiana Giuseppe Gaggioli fabriquait uniquement du velours, aujourd’hui elle crée aussi du damas. Fondé par un groupe de Milan, vers 1300 à Gênes, l’entreprise est spécialisée dans la fabrication artisanal de velours noir et lisse, réputé pour être le plus beau au monde. Puis les teintures avec des produits naturels font leur apparition. Ce velours est façonné bouclé et coupé avec parfois des motifs de broché dans le fond.

Il y a déjà quelques siècles ...
Métier à tisser le Damas de soie: ©Mildred Forman
En Italie, dans la province génoise, l'art du tissage et de la teinture remonte au début de la République de Gênes, grande république maritime qui règne pendant près de 8 siècles sur le commerce. Elle se développe en particulier vers la fin du moyen-âge, puis au XIVe siècle, où depuis l'île de Chios, elle contrôlait le commerce du blé, du coton, et de l'alun, un minéral indispensable pour fixer la couleur sur les tissus. Entre 1550 et 1650, les génois sont les principaux banquiers de la couronne d'Espagne, c’est le « Siècle des génois ».
Vers 1630, la population croît rapidement et s'élève à 140 000 habitants, nécessitant la réalisation de la plus impressionnante muraille d'Italie, le nouveau mur est construit entre 1626 et 1639, s'étirant sur 12 km et protégeant la cité de tous côtés.
En 1684, le doge de Gênes commet l'erreur de défier Louis XIV en fournissant des galères à l'Espagne, ennemie de la France. L’heure du déclin a sonné ... et les guerres s’enchainent, en particulier avec le Royaume de Savoie.
En 1768, par le traité de Versailles, Gênes cède à la France ses droits sur l'île de Corse. En 1795, Giacomo Maria Brignole est élu, pour la seconde fois doge de Gênes et s’avère en être le dernier.
En 1797, une république liguienne est nommée à Gênes.

Allons à Zoagli
Proche de Gênes, depuis le Moyen Âge, la commune de Zoagli est connue pour ses fameux velours de soie en relief (nommés soprarizzo) tissés à la main.
La notoriété du velluto di Genova est due à son éclat satiné et à son incomparable douceur, et dès le début du XVIIe siècle, il habille une partie de l'aristocratie européenne de l'époque, comme en témoignent les peintures de Van Dyck ou de Rubens. Dans le royaume de France, ses velours noirs sont les plus estimés comme étant des plus moelleux et du plus beau noir. De texture plus épaisse, il prend une place prédominante dans l'ameublement des palais aristocratiques où il est utilisé principalement comme paravents, écrans de cheminée, revêtements muraux.
Au fil des siècles le tissage devient une activité florissante et s’organise en société avec, avant la première guerre mondiale, plus de 1000 tisserands, chacun ayant deux métiers à tisser par métier. Fondée en 1922, la société anonyme Velluti Zoagli est reprise par Giusepe Gaggioli en 1932. Mais malheureusement dix ans plus tard l’entreprise est bombardée et totalement détruite. Par chance Giusepe Gaggioli réussi à déménager ses métiers à tisser et son équipement dans sa propre maison et depuis 2000 c’est son fils, Sergio, avec sa femme et sa sœur qui font perdurer l’activité de la fabrique, installés dans leur maison, en rez-de-chaussée près d’une grande fenêtre pour bénéficier de la lumière.
Troisième génération a faire perdurer un savoir-faire extraordinaire dans le tissage textile, ils tissent toujours le velours mais aussi la soie, avec de somptueux Damas aux couleur délicates.
Cette production à petite échelle fait le bonheur des décorateurs, architectes et de quelques particuliers avides de produits d’exception, mais aussi de théâtres et de musée. L’entreprise a également créé des tissus pour réaliser des costumes pour des manifestations historiques.

Un morceau de patrimoine
Au cours de mon voyage à Gênes, j’ai eu la chance de visiter leur maison et de découvrir le grand métier à tisser d’époque où est fabriqué le velours lisse sur une largeur de 130 cm, avec une production d'un seul mètre et demi par jour. Et c’est la maman, à laquelle on n’ose donner un âge, qui nous fait la démonstration et met en route le métier à tisser le velours dans un vacarme assourdissant. On voit les bobines passer à toute vitesse et le rasoir courir, aussi rapide qu'une fusée, pour couper les fils. On est prié de faire attention à ses doigts...
Dans une autre pièce est disposé le métier à tisser le Damas qui lui est fabriqué sur une petite largeur de 62 cm avec 12250 fils et demande beaucoup de temps et de travail et d’attention pour assembler tous ces fils de soie de couleurs qui sont noués à la main. Seulement de 40 à 50 cm sont produits par jour.
D’ailleurs, la collection d’écheveaux et de canettes est impressionnante, il y a plus de 300 fils Long de 100 mètres.
Quand on caresse ces tissus du bout des doigts on a vraiment l’impression de toucher un morceau de patrimoine.
Malheureusement l’Italie n’a pas mis au point d’appellation du type de celle qui a été développée en France, comme l’EPV : « Enterprise du Patrimoine Vivant », qui permet aux entreprises artisanales qui possède un savoir-faire de monter un dossier afin d’obtenir cette appellation qui d’une part est une véritable reconnaissance et permet également d’embaucher un apprentis afin de transmettre ce savoir-faire afin d’éviter qu’il ne disparaisse à tout jamais ...

Informations pratiques
Tessitura Artigiana Giuseppe Gaggioli
Via dei Velluti 116035 Zoagli (GE)
Tél. : 00 39 0185 259 057
Mobile : 34 70 38 58 23
info@ tessituragaggioli.it
Damas : Commande minimum de 15 mètres
Visuels : ©Mildred Forman
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