Certains sont des admirateurs inconditionnels de la star du tennis ; pour ma part, je suis fan d’un pays dont il est l’ambassadeur emblématique ! Après le lancement du clip plein d’humour Beautiful Autumn, réalisé par le Germano-Suisse Marc Forster, que Roger Federer a tourné avec l’actrice américaine Halle Berry dans la région du lac des Quatre-Cantons, où allait-il bien pouvoir se reposer ? Approcher l’homme que la Suisse entière s’arrache pour vanter les charmes de l’automne helvétique s’est alors imposé à moi comme un défi.

Une région de plus en plus plébiscitée 

Visuel : Roger Federer et Halle Berry (©Vermerk - Switzerland Tourism / Yves Bachmann).

Bien renseignée par quelques informateurs, il me fallait convaincre ma rédaction d’obtenir des chiffres justifiant ce reportage en plein automne !
Statistiques à l’appui, je vous le donne en mille : savez-vous que les nuitées hôtelières ont progressé de 10,3 % au cours des cinq dernières années (de 2019 à 2024), soit une hausse supérieure à celle enregistrée sur l’ensemble de la même période (+ 7,1 %) ?

Ainsi, entre 2019 et 2024, toutes les régions ont profité de cette croissance, notamment celles de montagne, avec une augmentation de 8,2 % pour les Grisons (+ 66 729 nuitées) et de 8,5 % pour le Valais (+ 60 762 nuitées). Il est clair que les résidents suisses contribuent à cette évolution (+ 17 % sur cinq ans, + 707 970 nuitées), mais ce serait sans compter sur la clientèle internationale : + 4,3 % de nuitées pour les touristes étrangers et + 4 % pour ceux en provenance de la zone euro. La palme revient aux visiteurs venus des États-Unis (+ 34,8 %, + 213 005 nuitées). Je peux d’ailleurs en témoigner : j’ai croisé un couple venu du Wisconsin lors de mon séjour. J’allais donc, à mon tour, contribuer à doper les statistiques grâce à cette mission dont voici le récit.

Action ! 

Visuel©La maison de Nietzsche à Sils Maria ©FBP.

Dimanche 19 octobre, Paris–Roissy Charles-de-Gaulle. Suivant mon intuition et sans perdre de temps, je suis partie en avion avec la compagnie aérienne SWISS, en direction de Zurich, par le vol de 9 h 45. Convaincue que le hasard serait complice de cette aventure, j’ai immédiatement pris la tangente en attrapant le train qui partait de l’aéroport vers la gare centrale. Cap sur les Grisons, et plus précisément la Haute-Engadine. Pour ce faire, direction Saint-Moritz avec une correspondance à Landquart pour une équipée aux codes Travel Better !

À mesure que le train s’élève : des montagnes aux sommets légèrement poudrés de blanc défilent, mais aussi, des lacs miroitants et surtout une succession de forêts blondes, dorées et rousses. À chacun de se faire son cinéma : je me suis offert le mien. Mon compartiment est presque vide. J’interpelle le contrôleur que je mets dans la confidence, mais toujours aucune trace de Roger !

Il est 16 heures. Arrêt final : Saint-Moritz. Le trajet en voiture de la gare jusqu’à Sils Maria reste un enchantement, à la vue des deux lacs de Silvaplana et de Sils, qui encadrent le village encore illuminé d’un beau soleil. L’atmosphère est presque irréelle. C’est dans ce décor que Nietzsche eut l’inspiration de Ainsi parlait Zarathoustra. Impossible de ne pas remarquer la petite pension aux volets bleus, transformée depuis en musée, semblable à un décor de théâtre.

Une hôtellerie bienveillante

Visuel© Hôtel du Waldhaus à Sils Maria, le grand salon- ©FBP. 

En cette saison, la plupart des établissements ont déjà fermé, mais le mythique hôtel Waldhaus n’interrompt sa saison qu’à la fin octobre, avant de rouvrir à la mi-décembre pour Noël. Tel un château de contes de fées, il domine la vallée. Depuis 1908, ce palace garde ses secrets et la mémoire des personnalités, têtes couronnées, écrivains et philosophes qui y ont séjourné. Pénétrer au Waldhaus, c’est accepter de suspendre le temps, voire de le remonter. Y séjourner, c’est choisir de vivre l’authentique. Point de place ici pour le bling-bling : ne viennent que des hôtes véritables, amoureux de la nature, des livres et de la musique. On pourrait même dire que sont bienvenus ceux qui savent ouvrir les yeux pour contempler le spectacle alentour : tout l’hôtel est d’ailleurs conçu comme un vaisseau. Partout, de grandes baies vitrées pour admirer les forêts de mélèzes et d’arolles, et suivre les variations de la lumière et celles des nuages capricieux — avec notamment le célèbre phénomène météorologique appelé le « serpent » de Maloja, évoqué dans le film d’Olivier Assayas, Sils Maria. Du grand salon à la salle à manger, des étages aux couloirs, partout des points de vue invitant à ralentir le rythme. De loin, en remontant le grand escalier, j’ai cru reconnaître la silhouette de Roger. Illusion !



Visuel ©  Hôtel du Waldhaus à Sils Maria - Aussenansicht Herbst 792V - ©Steve Hadorn


Ici, la plupart des clients sont des habitués. Qu’ils viennent pour un court ou long séjour, seuls, en couple ou en famille, ou simplement pour s’offrir un tea-time ou un dîner, il est impossible de ne pas se sentir chez soi, comme protégé. Ce sentiment d’hospitalité est devenu si rare qu’il mérite d’être salué : il est la signature même du Waldhaus, qui incarne une hôtellerie familiale exigeante et sincère. À la tête de la cinquième génération, les deux frères Claudio et Patrick Dietrich perpétuent cette tradition, épaulés par leurs parents Félix et Maria, et leur sœur Carla, responsable du spa, sans oublier le lettré et historien du lieu, leur oncle Urs Kienberger. Des murs en bois sculpté et des tapis, des tableaux anciens et des espaces pour se retirer, lire et réfléchir : la bibliothèque, le fumoir, le salon bleu… Et en son cœur, le vaste salon avec sa verrière majestueuse, où, tous les après-midis et en soirée, on peut se détendre en écoutant les plus belles compositions classiques, ainsi que les grands standards de jazz interprétés au piano.

La magie de l'automne suisse !

Visuel : Forêt près de Sils Maria_©FBP 

Installée devant mon café, un serveur surgit, et je crois l’entendre me dire : « Monsieur Federer est dans la bibliothèque. » Mais non. Nouvelle illusion. À force de prendre mes désirs pour la réalité, mon imagination s’emballe. Ou bien mes sources étaient erronées, et l’informateur m’aura donné une fausse piste ! Pourtant, le choix du Waldhaus semblait parfait pour un séjour incognito : court de tennis, salle de fitness, piscine et spa sublimes.

Qu’à cela ne tienne, je poursuis ma quête. Les jours passent sous un beau soleil et un froid sec, avec une moyenne de 3 à 5 degrés. Nous sommes à 1 800 mètres d’altitude et nous avons la surprise de quelques petits flocons éphémères, en soirée. Je marche sur les sentiers couverts d’épines dorées — dix kilomètres par jour. Je respire l’air à pleins poumons, je me fonds dans le décor. Hop, un écureuil, puis un second… Pendant tout mon séjour, il n’y eut qu’une seule journée de pluie, jusqu’à 16 h ; puis, par miracle, le soleil m’a permis de faire une marche sur la presqu’île Chastè. L’avant-dernier jour, je monte même jusqu’à 2 800 mètres d’altitude à Punt Muragl, en prenant, non pas une télécabine panoramique comme Halle Berry, mais le funiculaire : vue à couper le souffle ! Ce jour-là, Werner, l’un des guides de randonnée qui collabore avec l’hôtel, a été mon accompagnateur. Au retour de notre marche, détour par le charmant village de Celerina.

Peu à peu, mon obsession de Federer s’efface. À la place, une autre présence se révèle : celle de l’automne suisse, somptueux, lumineux, d’une beauté à couper le souffle. It’s majestic. Et, comme Halle Berry, je pourrais aligner les qualificatifs et les superlatifs. Un seul regret : ne pas avoir pris le temps de savourer une raclette — j’ai privilégié la revigorante soupe à l’orge des Grisons. Hélas, le retour se profile à l’horizon, car je n’ai pas trouvé de stratagèmes, comme la star américaine, pour en repousser la date. De plus, je pars le jour de la fermeture de l’hôtel. Clap de fin ! Ma mission est accomplie : j’ai découvert la magie de l’automne suisse, même sans avoir croisé Roger. Mais finalement, un peu grâce à lui. Promis, juré, je reviendrai en octobre 2026.

Informations pratiques

Visuel© FBP. 

Site de Suisse Tourisme : Switzerland.com

Pour préparer vos transports : en train par le TGV Lyria ; ou en avion si vous habitez le sud, de la France car il y a des vols directs vers/de Zurich et Toulouse, Nice et Marseille via la compagnie SWISS : Swiss.com.

Pour un séjour au Waldhaus à Sils Maria : www.waldhaus-sils.ch

Pour des idées d’itinéraires en train : Le Guide de la Suisse en train que j’ai cosigné avec Thierry Pupier aux éditions de La Vie du Rail – 24 €

Et pour le clip de la campagne.

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