Ce sont les mots de Jacques Garcia pour présenter son château acquis il y a trente ans et à qui il a redonné tout son faste. Célèbre décorateur international et grand collectionneur, il l’a fait renaître, et ses jardins sont aujourd’hui le plus grand jardin privé d’Europe. Promenons-nous ensemble, avant de dîner dans le joli bourg de Le Neubourg à la table de Mémérosa, un bistrot chic qui aime revisiter les recettes traditionnelles. Bienvenue dans l’Eure en Haute Normandie.
Champ de Bataille, le Palais des Champs
L’expérience commence dès l’entrée du château lorsque je suis accueillie par une jeune fille en costume du XVIIIème siècle. Dans le vestibule d’honneur, de style palladien, de grandes colonnes évoquent l’histoire du propriétaire Alexandre de Créqui. Exilé sur ses terres en 1651 par Mazarin, pendant la période troublée de la Fronde, cet ami du Prince de Condé décide de faire construire une demeure rappelant les fastes de la Cour. Le Château du Champ de Bataille est né. La famille Harcourt-Beuvron le possède quelques années, puis le château passe de main en main, avant de devenir un hôpital au début du XXème. Jacques Garcia l’achète en 1992 et lui offre une nouvelle magnificence. Inlassablement et passionnément, il constitue une collection dont on retrouve ici des pièces exceptionnelles : Dans le Salon d’Apollon, là où il y avait six chambres d’hôpital, les cloisons ont disparu et nous pénétrons dans un salon Grand Siècle. Les portes et les dessus de glace sont des éléments crées par Jules-Hardouin Mansart, le mobilier est XVIIème, mais le joyau du salon est sans aucun doute la sculpture de Buirette, un bronze XVIIème représentant le Nil. Au plafond, nous pouvons admirer une toile La Gloire datée de 1650 que Jacques Garcia a fait restaurer. Dans le salon suivant dédié à Aurore et à Céphale, c’est toute l’atmosphère d’un salon d’époque Louis XV qui illustre l’art dédié à la conversation. J’y découvre un objet rarissime, une pompe à vide crée par l’abbé Nollet et qui nous plonge dans le Siècle des Lumières.
La pièce qui suit s’appelle La Chambre de Parade ou chambre du roi. Sur le lit, des scènes orientales sur fond bleu forment un magnifique ouvrage brodé du XVIIème siècle. Dans la pièce se trouve trois trônes dont un porte les armes de Philippe V, petit-fils de Louis XIV. Dans la salle à manger dont le concept se développe pendant les règnes de Louis XV et Louis XVI, le poêle est un objet exceptionnel en faïence avec une scène de chasse dans le goût d’Oudry. Les pièces d’orfèvrerie sur la table ont été exécutées pour l’Impératrice et Tsarine Catherine II. En rejoignant la Bibliothèque, je découvre avec beaucoup d’émotion le fauteuil royal du Dauphin, fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette, qui, atteint de la maladie des os parvenait à se déplacer seul grâce à ce fauteuil.
Le Château du Champ de Bataille propose des visites Vips au cours desquelles Champ de Bataille devient vôtre. Plus de cordon dans les pièces, et l’on peut accéder librement à la Bibliothèque. Cette pièce qui n’existait pas a été imaginée par Jacques Garcia et réunit des ouvrages des XVIIIème et XIXème siècles. De la coursive où j’accède exceptionnellement, je suis plongée dans un décor de style Consulat au milieu de très rares ouvrages qui rappellent à Jacques Garcia ses promenades avec son père chez les bouquinistes parisiens.
Ultime surprise, ... au bout d’un long couloir, je rejoins la Lanterne qui se situe tout en haut et au centre de la façade principale. Depuis ce lieu exclusif, l’œil embrasse tout le domaine et la vue sur les jardins, les fontaines, les bosquets … est tout simplement époustouflante !
A partir d’un dessin d’André Le Nôtre
Lors du rachat du château, les jardins avaient disparu et les tempêtes de 1993 et 1999 avait fini d’abattre les quelques arbres restants. Jacques Garcia se lance alors dans une œuvre gigantesque à partir d’un dessin réalisé par André Le Nôtre pour le Champ de Bataille : Faire revivre les dentelles de buis et les bosquets du XVIIème et laisser libre court à sa fantaisie pour le reste des jardins. Il fait déplacer trois millions de mètres cubes de terre, fait planter des milliers d’arbres, vingt bassins et fontaines, des fabriques, … protégés aujourd’hui par les Monuments historiques.
Ma première découverte est le Bosquet de L’Eden, qui, comme son nom l’indique, est une évocation du Paradis en présence d’une très belle statue d’Adam et Eve, ou encore du célèbre Christ aux liens. Le Bassin des Dauphins représente quant à lui le premier peuplement de la terre, avec ses fontaines inspirées du Domaine de Marly.
En passant une nouvelle grille, nous entrons en enfer : Des ardoises craquent sous les pieds, et les charmes qui forment une voûte et un labyrinthe sombre. Ces arbres tortueux évoquent les difficultés et certaines douleurs de la vie. Changement de décor et de pays dans l’Allée des Criosphinx, symbole de l’Egypte et du Nil et de la passion de Jacques Garcia pour ce pays et sa civilisation.
Parmi les bâtiments remarquables, la Serre aux Orchidées abrite une extraordinaire collection de neuf cents orchidées dont certaines ne fleurissent que deux heures par jour. Avant d’entrer dans la Serre aux Fougères, on admire une remarquable collection de céramiques de Clément Massier à fond vert pâle, bleu, vert foncé ou encore irisé. La serre marquée par une porte monumentale qui représente un temple Maya contient une incroyable variété de fougères dont certaines ont plus de quatre cents ans. De retour dans les jardins, je m’arrête devant le délicat Temple de Léda avec son intérieur tapissé de pierres semi-précieuses, avant de me trouver devant le Belvédère réalisé en 1693 pour Louis XIV à Marly. Après le Forum et ses éléments provenant du Palais des Tuileries, voici le Théâtre de Verdure avec ses topiaires et sa scène transformée en bassin et ses gradins en gazon. Jacques Garcia y fait donner des représentations privées pour quelques happy few.
Devant La Grande Cascade, je suis touchée par la majesté du château et la beauté du Grand Canal. Mais, je ne suis pas au bout de mes surprises dans les Jardins Anglo-Indiens où poussent plus de mille essences, de nombreux bosquets de rhododendrons et un vénérable chêne planté en 925 et classé Arbre remarquable. Derrière un immense décor végétalisé composé de sumacs de Virginie, apparaît la Grotte de Cybèle dont les pierres proviennent du Puy de Dôme. Ronde comme un théâtre élisabéthain, cette grotte, dédiée à la mère des dieux, est un lieu sorti une nouvelle fois de l’imagination de Jacques Garcia. Nous terminons ce merveilleux voyage au Château du Champ de Bataille devant le Palais Moghol. Passionné par l’Inde, le génial décorateur a acquis des pièces exceptionnelles pour édifier pendant dix ans ce palais qui peut être loué ou vu pendant les Journées du Patrimoine.
Le Château du Champ de Bataille est un voyage vivant qui s’admire tout au long des saisons, où l’on traverse des civilisations, des siècles et des créations plus contemporaines. Pour Jacques Garcia, « c’est un château pour demain ».
Halte gourmande à Le Neubourg
Sur la place centrale du joli bourg normand de Le Neubourg, le regard est tout de suite attiré par la longue façade bleue et la belle terrasse. Ouvert en mars 2023, Mémérosa est la petite sœur de Pépérosa que David Beloin et Benjamin Catherine ont ouvert à Bernay il y a sept ans. Mémérosa est plus qu’une table, c’est une ambiance cosy et intimiste avec ses velours, sa galerie de portraits, ses miroirs, ses guéridons, ses abat-jour rouges, telle une évocation de la Belle Epoque. Il y a comme un clin d’œil à Jacques Garcia qui ne m’étonne pas car David Beloin a travaillé à ses côtés pendant vingt ans. L’esprit bistro chic se retrouve dans l’assiette car on aime ici remettre au goût du jour des recettes traditionnelles comme l’œuf mollet ou les rognons de veau.
©helene feltin
©helene feltin
Les autres visuels : ©Château du Champ de Bataille
La pièce qui suit s’appelle La Chambre de Parade ou chambre du roi. Sur le lit, des scènes orientales sur fond bleu forment un magnifique ouvrage brodé du XVIIème siècle. Dans la pièce se trouve trois trônes dont un porte les armes de Philippe V, petit-fils de Louis XIV. Dans la salle à manger dont le concept se développe pendant les règnes de Louis XV et Louis XVI, le poêle est un objet exceptionnel en faïence avec une scène de chasse dans le goût d’Oudry. Les pièces d’orfèvrerie sur la table ont été exécutées pour l’Impératrice et Tsarine Catherine II. En rejoignant la Bibliothèque, je découvre avec beaucoup d’émotion le fauteuil royal du Dauphin, fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette, qui, atteint de la maladie des os parvenait à se déplacer seul grâce à ce fauteuil.
Le Château du Champ de Bataille propose des visites Vips au cours desquelles Champ de Bataille devient vôtre. Plus de cordon dans les pièces, et l’on peut accéder librement à la Bibliothèque. Cette pièce qui n’existait pas a été imaginée par Jacques Garcia et réunit des ouvrages des XVIIIème et XIXème siècles. De la coursive où j’accède exceptionnellement, je suis plongée dans un décor de style Consulat au milieu de très rares ouvrages qui rappellent à Jacques Garcia ses promenades avec son père chez les bouquinistes parisiens.
Ultime surprise, ... au bout d’un long couloir, je rejoins la Lanterne qui se situe tout en haut et au centre de la façade principale. Depuis ce lieu exclusif, l’œil embrasse tout le domaine et la vue sur les jardins, les fontaines, les bosquets … est tout simplement époustouflante !
A partir d’un dessin d’André Le Nôtre
Lors du rachat du château, les jardins avaient disparu et les tempêtes de 1993 et 1999 avait fini d’abattre les quelques arbres restants. Jacques Garcia se lance alors dans une œuvre gigantesque à partir d’un dessin réalisé par André Le Nôtre pour le Champ de Bataille : Faire revivre les dentelles de buis et les bosquets du XVIIème et laisser libre court à sa fantaisie pour le reste des jardins. Il fait déplacer trois millions de mètres cubes de terre, fait planter des milliers d’arbres, vingt bassins et fontaines, des fabriques, … protégés aujourd’hui par les Monuments historiques.
Ma première découverte est le Bosquet de L’Eden, qui, comme son nom l’indique, est une évocation du Paradis en présence d’une très belle statue d’Adam et Eve, ou encore du célèbre Christ aux liens. Le Bassin des Dauphins représente quant à lui le premier peuplement de la terre, avec ses fontaines inspirées du Domaine de Marly.
En passant une nouvelle grille, nous entrons en enfer : Des ardoises craquent sous les pieds, et les charmes qui forment une voûte et un labyrinthe sombre. Ces arbres tortueux évoquent les difficultés et certaines douleurs de la vie. Changement de décor et de pays dans l’Allée des Criosphinx, symbole de l’Egypte et du Nil et de la passion de Jacques Garcia pour ce pays et sa civilisation.
Parmi les bâtiments remarquables, la Serre aux Orchidées abrite une extraordinaire collection de neuf cents orchidées dont certaines ne fleurissent que deux heures par jour. Avant d’entrer dans la Serre aux Fougères, on admire une remarquable collection de céramiques de Clément Massier à fond vert pâle, bleu, vert foncé ou encore irisé. La serre marquée par une porte monumentale qui représente un temple Maya contient une incroyable variété de fougères dont certaines ont plus de quatre cents ans. De retour dans les jardins, je m’arrête devant le délicat Temple de Léda avec son intérieur tapissé de pierres semi-précieuses, avant de me trouver devant le Belvédère réalisé en 1693 pour Louis XIV à Marly. Après le Forum et ses éléments provenant du Palais des Tuileries, voici le Théâtre de Verdure avec ses topiaires et sa scène transformée en bassin et ses gradins en gazon. Jacques Garcia y fait donner des représentations privées pour quelques happy few.
Devant La Grande Cascade, je suis touchée par la majesté du château et la beauté du Grand Canal. Mais, je ne suis pas au bout de mes surprises dans les Jardins Anglo-Indiens où poussent plus de mille essences, de nombreux bosquets de rhododendrons et un vénérable chêne planté en 925 et classé Arbre remarquable. Derrière un immense décor végétalisé composé de sumacs de Virginie, apparaît la Grotte de Cybèle dont les pierres proviennent du Puy de Dôme. Ronde comme un théâtre élisabéthain, cette grotte, dédiée à la mère des dieux, est un lieu sorti une nouvelle fois de l’imagination de Jacques Garcia. Nous terminons ce merveilleux voyage au Château du Champ de Bataille devant le Palais Moghol. Passionné par l’Inde, le génial décorateur a acquis des pièces exceptionnelles pour édifier pendant dix ans ce palais qui peut être loué ou vu pendant les Journées du Patrimoine.
Le Château du Champ de Bataille est un voyage vivant qui s’admire tout au long des saisons, où l’on traverse des civilisations, des siècles et des créations plus contemporaines. Pour Jacques Garcia, « c’est un château pour demain ».
Halte gourmande à Le Neubourg
Sur la place centrale du joli bourg normand de Le Neubourg, le regard est tout de suite attiré par la longue façade bleue et la belle terrasse. Ouvert en mars 2023, Mémérosa est la petite sœur de Pépérosa que David Beloin et Benjamin Catherine ont ouvert à Bernay il y a sept ans. Mémérosa est plus qu’une table, c’est une ambiance cosy et intimiste avec ses velours, sa galerie de portraits, ses miroirs, ses guéridons, ses abat-jour rouges, telle une évocation de la Belle Epoque. Il y a comme un clin d’œil à Jacques Garcia qui ne m’étonne pas car David Beloin a travaillé à ses côtés pendant vingt ans. L’esprit bistro chic se retrouve dans l’assiette car on aime ici remettre au goût du jour des recettes traditionnelles comme l’œuf mollet ou les rognons de veau.
Aux fourneaux, le Chef Benoît Hairy et sa cuisine fusion nous emmènent dans un voyage culinaire créatif et délicat. A la carte en ce mois d’août, un foie gras de canard maison aux quatre épices, un carré d’agneau sublimé par une délicieuse purée maison et un tiramisu à l’amaretto, sans oublier un traditionnel trou gourmand. Les équipes elles aussi contribuent à rendre cette expérience mémorable avec leurs sourires et leur gentillesse. Chez Mémérosa, tout a donc été pensé pour que chaque moment soit réussi et c’est avec délice que nous prolongeons notre dîner sur l’élégante terrasse. La Normandie réserve toujours de merveilleuses surprises !
www.chateauduchampdebataille.com
www.memerosa.fr
Les autres visuels : ©Château du Champ de Bataille
Hélène Feltin