A voir de toute urgence au musée des Arts Décoratifs, cette exposition qui se termine le 28 avril est absolument exceptionnelle ! Le travail et l'univers d'Iris Van Herpen est celui d'une visionnaire, elle transgresse les conventions du vêtement et tout en conservant les usage des savoir-faire traditionnels, elle s'aventure dans l'usage des nouvelles technologies avec grâce.

La Haute couture dialogue avec des oeuvres d'Art

Ferruccio-Laviani-Gothik, ACabinet, 2022. Chêne et verre.© Les Arts Décoratifs-photo Christophe Delliere.

 L’exposition nous interroge la place du corps dans l’espace, mais aussi sur son rapport au vêtement et à son environnement, son avenir dans un monde en pleine mutation.


Une sélection de plus de 100 pièces de haute couture réalisées par Iris van Herpen dialoguent avec des œuvres d’art contemporain, telles que celles de Philip Beesley, du Collectif Mé, Wim Delvoye, Rogan Brown, Kate MccGwire, Damien Jalet, Kohei Nawa, Casey Curran, Jacques Rougerie, ainsi que des créations de design de Neri Oxman, Ren Ri, Ferruccio Laviani et Tomáš Libertíny, et des pièces provenant des sciences naturelles comme des coraux ou des fossiles créant une résonance unique avec des pièces historiques.

L’exposition est présentée dans les galeries de la mode Christine & Stephen A. Schwarzman dont le commissariat est assuré par Cloé Pitiot, conservatrice, et Louise Curtis, assistante de conservation, dans une scénographie signée par le Studio Nathalie Crinière.

Iris Van Herpen

Iris van Herpen — En collaboration avec Daniel Widrig et Materialise Haut et jupe Collection «Crystallization», Pays-Bas 2010. Corsage en polyamide imprimé 3D et jupe en peau ornée de franges acryliques (Selective Laser Sintering), éco-cuir, nylon © Les Arts Décoratifs / Christophe Dellière.

Née en 1984, Iris van Herpen grandit dans le village de Wamel, aux Pays-Bas, en osmose avec la nature et le monde du vivant qui sont, avec la danse classique et contemporaine qu’elle pratique intensivement dès son plus jeune âge, les éléments fondateurs de son rapport au corps et au vêtement. Diplômée de l'ArtEZ University of Arts à Arnhem et après une période formatrice auprès d’Alexander McQueen et de Claudy Jongstra, elle fonde, en 2007 à Amsterdam, la Maison Iris van Herpen, qui allie les subtilités de l’artisanat avec l’esprit pionnier de l’innovation, décloisonnant et ouvrant sa pratique à une multitude de disciplines. Elle intègre, quatre ans plus tard, la Chambre Syndicale de la Haute couture à Paris. L’année 2010 marque un tournant dans sa carrière, lorsqu’elle présente sa première robe faite en impression 3D issue de la collection Crystallization, actuellement conservée par le musée des Arts décoratifs.

À l’instar de cette pièce iconique faite avec Daniel Widrig et l’entreprise Materialise, ses rencontres et ses collaborations deviennent de véritables moteurs créatifs. Consciente des problématiques de son temps, elle favorise depuis ces dernières années des méthodes de fabrication écoresponsables, comme en témoignent certaines réalisations faites à partir de plastique recyclé ou de fèves de cacao imprimées en 3D. En 2012, le Groninger Museum lui consacre sa première grande exposition. Aujourd’hui, Iris van Herpen est reconnue à l’échelle internationale comme étant l’une des créatrices de mode les plus remarquées et les plus surprenantes de sa génération.
Neufs thématiques pour un parcours onirique

©David Uzochukwu pour Iris Van Herpen. Robe-Hydrozoa, Collection Sensory-Seas, 2020. En collaboration avec Shelee Carruthers. PetG, organza de verre. Collection privée Iris Van Herpen.

Célébrant son approche unique, cette rétrospective, qui s’articule autour de neuf thématiques recense l’essence même de son travail fusionnant mode, art contemporain, design et sciences. Le thème de l’eau et les origines du vivant, omniprésents dans l’œuvre de la créatrice, inaugure le parcours. Sa dernière collection Carte Blanche, mise à l’honneur dans cet espace en dialogue avec l’œuvre Origins de David Spriggs, invite littéralement le visiteur à se plonger dans l’univers aquatique de la créatrice. L’eau est aussi abordée à l’échelle de l’immensité de l’océan avec la vague du Collectif Mé. Un espace dévoile les milieux naturels invisibles à l’œil nu révélés déjà au XIXe siècle par les planches de Ernst Haeckel ou encore par les modèles en verre exceptionnels de Léopold et Rudolf Blaschka. Des œuvres de Ren Ri et de Tomáš Libertíny, composées par des abeilles, viennent en regard de la fragilité de celles en papier de Rogan Brown.

Le thème du squelette est inauguré par la robe Skeleton faisant écho au squelette hybride d’une œuvre de l’artiste japonais Heishiro Ishino. La place du corps est également évoquée au cœur de réseaux organiques et architecturaux représentés par une robe, métaphore d’une cathédrale gothique, mais aussi par le Gothic cabinet de Ferruccio Laviani, le Nautilus de Wim Delvoye ou encore par un documentaire de Yann Arthus-Bertrand et Michael Pitiot Terra, engagé sur la défense du vivant et les interconnexions de ses écosystèmes.

Puis, le visiteur est invité à sortir de la dimension physique du corps pour explorer le monde du sensoriel, avec notamment des photographies de Tim Walker, une œuvre de Matthew Harrison. Enfin, les ténèbres de la mythologie autour du thème de la méduse dialoguent avec des œuvres de Kate MccGwire, d’EcoLogicStudio ou encore une armure de Samouraï. Une installation de Casey Curran propose une réflexion sur la place et le devenir physique et spirituel de l’être humain.

Iris Van Herpen et le Cosmos

Warren du Preez et Nick Thornton Jones pour Iris Van Herpen. Robe Cosmica, en collaboration avec Kim Keever (impression), Collection Shift Souls, 2019. Collection privée Iris Van Herpen.

L’exposition s’achève sur une présentation des œuvres d’Iris van Herpen comme projetées dans l’immensité du cosmos. Ses robes y apparaissent dans une danse du ciel, des corps flottant dans l’espace et le temps. Les œuvres photographiques de l’artiste Kim Keever, mais aussi des prises de vue de nébuleuses appellent à s’élever pour ressentir le monde de manière plus holistique. Trois espaces viennent compléter le parcours : une évocation de l’atelier d’Iris van Herpen, un cabinet de curiosités présentant ses accessoires (chaussures, masques et éléments de coiffures) en regard d’éléments des sciences naturelles et de vidéos et une salle permettant de donner place au corps vivant et en mouvement à travers des vidéos des défilés de la créatrice.

L’exposition est accompagnée d’une composition sonore créée par Salvador Breed. Elle vient interpeller les sens et immerger plus encore le visiteur dans ce voyage autour du corps et des thématiques chères à la créatrice. Bien plus qu’une exposition dédiée à la Haute couture, l’exposition « Iris van Herpen. Sculpting the Senses », invite le visiteur à un voyage immersif dans cet univers singulier et hybride, ponctué par les recherches et les expérimentations de la créatrice.

Informations pratiques

Musée des Arts décoratifs (MAD)
107 rue de Rivoli
75001 Paris
+33 (0) 1 44 55 57 50

Métro : Palais-Royal, Pyramides, Tuileries.

Horaires du mardi au dimanche de 11h à 18h & nocturne le jeudi jusqu’à 21h dans les expositions temporaires.
Tarifs : entrée plein tarif : 14 € - entrée tarif réduit : 10 € - gratuit pour les moins de 26 ans.

 

www.madparis.fr

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Iris Van Herpen, Robe & coiffe Frozen Falls, Collection Syntopia – 2018.  Komon-koubou, organza mylar tulle, Collection Iris Van Herpen. ©Dominique Maitre