Le musée de la romanité à Nîmes propose une nouvelle exposition temporaire jusqu'à 5 mars, qui enchante l’œil et nous plonge avec délice dans la ville de Nemausus dans la période de l'antiquité avec les œuvres de Jean-Claude Golvin, à la fois architecte et artiste. Il a traduit son talent et ses connaissances au travers de formidables et gracieuses aquarelles, qui nous racontent la ville de Nîmes et celle de ses nombreux bâtiments historiques il y a 2000 ans !

plan,aquarelle,
Jean-Claude Golvin nous entraine dans une magnifique promenade au travers de Nemausus, et nous fait découvrir la ville, ses bâtiments et son activité au seuil de l’Antiquité. Cet architecte et archéologue, ancien chercheur au CNRS, a consacré sa vie à la réalisation de ce défi. Il est le premier spécialiste au monde de la restitution par l’image des grands sites de l’Antiquité.

Dès les années 1970, il se spécialise dans l’étude des amphithéâtres romains, mais c’est en tant que Directeur du centre franco-égyptien d’étude et de restauration des temples de Karnak à Louxor (Egypte) qu’il pose la première pierre d’une œuvre graphique considérable qui le consacre également en tant qu’artiste. Son œuvre atteint aujourd’hui une renommée internationale, grâce à ses dessins qui illustrent une foule d’ouvrages historiques, spécialisés et grand public ; ils sont également utilisés dans des reportages ou encore par l’industrie du jeu vidéo pour leur puissance d’évocation et leur exactitude.


Visuel : © Jean-Claude Golvin, collection Ville de Nîmes Nemausus au milieu du IIe siècle ; 2015 ; Aquarelle, encre, graphite, gouache ; 110 x 150 cm

Visuel de la rubrique : Aquarelle de Jean-Claude Golvin. Musée départemental Arles Antique, Numéro d’inventaire (Vue de L’Amphithéâtre de Nîmes / GOL.2011.1053) © Jean-Claude Golvin / Éditions Errances
Biographie

Jean-Claude Golvin naît à Sfax, en Tunisie, le 18 décembre 1942. Tout au long de son enfance, en Tunisie et en Algérie, il vit dans un univers rempli d’objets traditionnels et de sites antiques. Son père, Lucien Golvin, participe à la création des musées d’ethnographie d’Alger, d’Oran et de Constantine, et fonde avec Jacques Revault, chercheur spécialiste de l’architecture civile d’Afrique du Nord, le musée Dar Jellouli à Sfax. Entouré d’intellectuels passionnés, l’intérêt de Jean-Claude Golvin pour l’archéologie va ainsi se développer naturellement. En 1970, il épouse Sophie Revault, fille de Jacques Revault, avec qui il partage la même sensibilité aux arts et cultures d’Afrique du Nord.

En 1958, Jean-Claude Golvin intègre l’École normale d’instituteurs de Bouzaréa d’Alger. Ses études lui donnent le goût de la transmission aux autres avec ce souci permanent, encore aujourd’hui, de concevoir une image en fonction de celui qui la regarde afin que le message soit le plus compréhensible possible. En même temps qu’il fait ses études à l’École d’architecture de Marseille, il prépare une licence d’histoire de l’art et d’archéologie à Aix-en-Provence. En 1969, il obtient son diplôme d’architecte DPLG. Il est également diplômé de l’Institut d’urbanisme de Paris en 1972. Le contexte de la guerre d’Algérie (1954-1962) le contraint à une sorte de confinement qui lui permet de faire des « voyages imaginaires ». Il parcourt ainsi des villes qui prennent vie sous son crayon et son pinceau. En 1965, pendant ses études, sa passion pour l’archéologie le ramène au Magheb. Il fait ses premières missions à Timgad, en Algérie. Il participe également aux travaux menés sur le site de l’antique Ammaedara, en Tunisie, dans le cadre de la Mission archéologique française à Haïdra.

Au fil de ses rencontres et de ses expériences, Jean-Claude Golvin se spécialise dans la restitution en aquarelle de sites et monuments, de toutes époques et pays confondus. Par ses vues immersives, il créé une discipline jusqu’alors inexistante, qui va faire sa renommée. De 1973 à 1976, il est architecte coopérant civil sur le projet de mise en valeur du grand amphithéâtre d’El-Jem en Tunisie. Au contact de cet édifice colossal, son intérêt pour les amphithéâtres romains se développe. Il se passionne pour la relation entre la forme et la fonction de ces monuments de spectacle. Cette expérience professionnelle et humaine est fondamentale et marque fortement son parcours. En 1978, avec le soutien du professeur Robert Étienne, il entreprend sa thèse qui portera sur les amphithéâtres romains. À travers l’analyse comparative de 190 monuments, l’objectif est de rassembler toutes les données existantes pour établir l’historique des amphithéâtres elliptiques et leur typologie.

Visuel : © Mildred Forman, Jean-Claude Golvin devant la ue aérienne de la porte de France ; 2014 ; Aquarelle, encre, graphite, gouache © Jean-Claude Golvin, collection Ville de Nîmes
Batiments culturelles ; Couleurs; Dévoiler Nemaussus
Après 6 ans d’un travail acharné, il soutient sa thèse à l’université de Bordeaux III en 1985 et devient docteur d’État en histoire. Elle est publiée en 1988 et fait référence pour le classement des amphithéâtres. De 1979 à 1990, il est directeur du Centre Franco-Égyptien d’Étude et de Restauration des Temples de Karnak à Louxor et de la mission permanente du CNRS à Karnak. Face à l’ampleur et à la densité des vestiges archéologiques de nombreux sites égyptiens, la question de la restitution architecturale, à la fois graphique et scientifique, émerge peu à peu pour en faciliter la compréhension. Dès 1986, il met en œuvre un projet de restitution 3D de Karnak dans le cadre d’un mécénat technologique avec EDF. En 1989, il réalise son premier dessin de restitution du site de Karnak à l’aquarelle. Cette représentation est symbolique de son style qui va se développer par la suite : une vision « à vol d’oiseau », de trois quarts et d’assez près pour accentuer l’effet immersif. La perspective joue un rôle particulier dans ses restitutions d’ensemble car elle permet de suggérer les volumes et de créer de la profondeur. Directeur de recherche au CNRS auprès de l’Institut Ausonius – Université de Bordeaux III de 1992 à 2008, il participe à la création du thème de recherche sur la restitution architecturale des monuments anciens. Il collabore également aux travaux sur la réalité virtuelle en archéologie (3D). Dans un contexte propice à l’innovation, cela pose les bases de la restitution architecturale. Il participe également à la mise en valeur des sites antiques tunisiens d’Oudhna, Sbeitla, El-Jem, Haïdra et Dougga.

En 1995, sa première exposition d’aquarelles de l’Égypte ancienne est présentée au musée de Leyde, aux Pays-Bas. Par la suite il participe régulièrement à des expositions, publie des ouvrages et contribue à plusieurs revues. Ses restitutions font référence et apparaissent dans de nombreux livres historiques et patrimoniaux. Plus de 20 ans après sa première mission sur l’amphithéâtre d’ElJem, il réalise une série d’aquarelles restituant les différentes phases de construction. Dans la continuité de ses travaux de thèse, il va restituer les différents types d’amphithéâtres qui ont été construits à Rome jusqu’à la réalisation du Colisée. Depuis plus de 30 ans, Jean-Claude Golvin a restitué environ 500 monuments et sites par le monde, ce qui représente un nombre incalculable de dessins, esquisses et aquarelles. Directeur de recherche émérite au CNRS depuis 2009, il participe à de nombreux programmes de recherches et entreprend de développer une réflexion pluridisciplinaire sur la méthodologie de l’image de restitution.

Visuel : © Musée de la Romanité - "Dévoiler Nemausus, Jean-Claude Golvin, un architecte, des archéologues".

Un architecte, des archéologues

La ville de Nîmes entretient avec Jean-Claude Golvin une histoire vieille de plusieurs décennies et à l’occasion du grand chantier de restauration des Arènes, elle lui a demandé de créer 13 nouvelles aquarelles sur la construction de l’amphithéâtre.

Cette exposition met à l’honneur l’œuvre nîmoise de Jean-Claude Golvin en réunissant des aquarelles réalisées sur des monuments et sites antiques de l’actuelle Nemausus. Quelques croquis et calques complètent la sélection, ainsi que 10 aquarelles consacrées à des sites majeurs du bassin méditerranéen.

L’exposition débute par la présentation de Jean-Claude Golvin et de sa démarche en montrant comment ces restitutions aquarellées sont créées. Puis s’ouvre une véritable promenade dans la Nîmes antique à travers une cinquantaine d’œuvres pour découvrir ses environs, ses rues, ses monuments, restituant l’urbanisation de la ville il y a 2 000 ans. L’exposition invite le visiteur à franchir l’enceinte de la ville pour comprendre comment s’organisait l’habitat dans l’une des plus grandes villes de la Narbonnaise — soit un espace urbain de 220 hectares.

Un important focus est proposé sur l’amphithéâtre grâce aux 13 aquarelles inédites. Le visiteur réalise ainsi l’importance d’un tel monument pour la cité et l’ampleur de son chantier de construction. Au fil du parcours, différents dispositifs numériques permettent au visiteur d’arpenter Nemausus, de plonger au cœur du travail de Jean-Claude Golvin ou encore de  jouer à une version du jeu vidéo Assassin’s Creed® développé par Ubisoft à partir de ses dessins !

Visuel : © Musée de la Romanité - "Dévoiler Nemausus, Jean-Claude Golvin, un architecte, des archéologues".

Une section présente également le travail de l’artiste réalisé sur les amphithéâtres. Ceux de Rome, Arles et El-Jem d’abord, puis celui de Nîmes. Le parcours se termine en présentant le travail effectué par Jean-Claude Golvin pour un univers bien particulier : les jeux vidéo et leurs décors virtuels.
Le parcours se termine sur une sélection de quatre dessins d’Alexandrie et de Cyrène, accompagnés de leur transposition graphique. Le visiteur est invité à faire l’expérience du jeu vidéo grâce à une version spéciale, véritable visite guidée de l’Égypte des années 50 avant notre ère.

Méthode travail

Le travail effectué par Jean-Claude Golvin est fondé sur le recueil de diverses données scientifiques : la topographie du territoire de la cité antique, les limites de la ville romaine, l’architecture des édifices publics ainsi que les grandes lignes de la trame urbaine avec ses habitations. L’élaboration d’un grand plan de l’urbanisme général de la ville avec ses abords s’appuie sur un plan de base, quadrillé, réalisé par les archéologues. Partant de ce document clé, Jean-Claude Golvin commence par établir une première représentation complète de la ville à l’échelle : le plan de référence. Il est dans un second temps amendé en collaboration avec les spécialistes. La mise en perspective fixe ensuite le cadrage et le point d’observation avant les dernières étapes : la production du dessin final en noir et blanc et sa mise en couleur. La restitution d’une ville n’est jamais définitive. L’expérience montre que la recherche et les nouvelles découvertes viendront la préciser ou la corriger ponctuellement sans pour autant remettre en cause l’image globale.

Visuel : Aquarelle de Jean-Claude Golvin. Musée départemental Arles Antique, Numéro d’inventaire (Rome, Amphithéâtre flavien / Colisée / GOL.2011.1050 © Jean-Claude Golvin / Éditions Errances

Informations pratiques

« Dévoiler Nemausus. Jean-Claude Golvin, un architecte et des archéologues »

Exposition jusqu’au 5 mars 2023 Musée de la Romanité

16 boulevard des Arènes
30 000 Nîmes

04 48 21 02 10

www.museedelaromanite.fr

 Horaires

De novembre à mars, le musée est ouvert tous les jours, de 10h à 18h, sauf le mardi
Tarifs (Parcours permanent + exposition temporaire)

Tarif plein : 9€ Réduit : 6€ Enfants de 7/17 ans : 3€ Gratuit jusqu'à 7 ans Forfait famille : 21€ (2 adultes + 2 enfants)
Visioguide : 3€

Visuel : © Jean-Claude Golvin, collection Ville de Nîmes - 2015 ; Grande vue de l’amphithéâtre en chantier ; 2022 ; Aquarelle, encre, graphite, gouache ; 75 x 110 cm.

"L’amphithéâtre se termine. Des échafaudages sont construits en façade et d’autres sont démontés. Les grues à mât unique soulèvent les gros blocs et celles de droite permettent de poser les voussoirs des arcs sur les cintres en bois, préalablement testés au sol. Les ateliers, au premier plan, fonctionnent à plein régime. Au centre, la corderie et l’atelier de mécanique servent à la construction et la réparation des grues. À droite, les menuisiers et les tailleurs de pierre s’activent. La chaux arrive des fours, à l’extérieur de la ville, pour faire le mortier des maçonneries. À gauche, les cuisiniers préparent les repas, que les architectes et ingénieurs prennent dans le réfectoire. À côté, dans la maison des architectes, ils étudient des plans pour le suivi du chantier."


Visuel : © Jean-Claude Golvin, collection Ville de Nîmes - Les mausolées le long de la via Domitia ; 2012 ; Aquarelle, encre, graphite, gouache ; 44 x 110 cm