Depuis le début décembre, le Château de Cheverny a revêtu ses habits de fête. Les décorations dans le jardin comme dans les appartements plongent petits et grands dans la magie de Noël. Une belle occasion pour découvrir cette demeure admirablement conservée, qui inspira Hergé. 

Propriétaire depuis six siècles

Au cœur de la Sologne blésoise, à l’ombre des immenses demeures royales du Val de Loire, le château de Cheverny fête cette année le centenaire de son ouverture au public. Cette initiative est due à Philippe de Vibraye, le grand-oncle des actuels propriétaires, le marquis Charles-Antoine de Vibraye et son épouse Constance. Avec leurs trois enfants, ils vivent dans cette demeure seigneuriale qui appartient à leur famille depuis six siècles, à deux exceptions près. Au XVIème siècle, Cheverny abrita Diane de Poitiers une dizaine d’années lorsqu’elle supervisait les travaux de Chaumont. Au XVIIIème, plusieurs propriétaires s’y succédèrent avant qu’Anne-Victor Denis Hurault de Vibraye ne le rachète en 1825.

Construite en 1500, la forteresse primitive a cédé la place, entre 1625 et 1640, à un nouveau château édifié en pierre de la vallée du Cher. L’architecte Jacques Bougier, qui travailla également à Blois et à Chambord, s’est s’inspiré du palais du Luxembourg à Paris pour le plan général, notamment les grands pavillons d’angle coiffés de dôme. Il a également orné la façade sud de bustes d’empereurs romains sculptés à l’antique, en vogue depuis la Renaissance.
De riches collections

La décoration intérieure a été confiée au peintre blésois Jean Mosnier. Témoins dans la galerie du rez-de-chaussée et dans la salle à manger d’apparat, les murs en cuir gaufré de Cordoue et les trente-quatre panneaux de bois peints qui illustrent les tribulations de Don Quichotte.

Dans la chambre du Roi, Mosnier a représenté sur les lambris des scènes de l’histoire de Théagène et Chariclée et sur le plafond à caissons des scènes de Persée délivrant la belle Andromède. A proximité de deux amours parés de feuilles d’or au-dessus de la cheminée, trône un lit à baldaquin habillé de broderies d’Ispahan de 1550, dans lequel a dormi le Roi Henri IV.

Au fil de la visite, s’égrène la vie quotidienne des habitants de Cheverny depuis le Grand Siècle : chambre de la mariée avec la robe de la marquise de Vibraye, chambre des enfants avec des jouets du XIXème, salle à manger privée avec sa collection de moules en cuivre… Partout le mobilier d’époques diverses affiche un état de conservation remarquable, les appartements ayant toujours été chauffés.

Dans le salon des tapisseries, outre une commode Louis XIV de style Boulle, un régulateur, orné de bronzes ciselés d’époque Louis XV, raconte que cette merveille d’horlogerie était destinée à donner l’heure de référence pour régler les autres pendules du château. 

Dans la salle d’armes, à côté d’une tapisserie des Gobelins montrant l’enlèvement de la belle Hélène par Pâris, les rouges uniformes des Dragons de Vibraye évoquent le long passé militaire de la famille.

La magie de Noël

Les puristes préfèreront l’inter-saison pour admirer le splendide mobilier d’époque qui meuble Cheverny. En effet à Noël, à Pâques et à l’époque d’Halloween, Constance aime apporter des touches festives dans les appartements comme dans les jardins. Une tradition qui dure depuis près de 30 ans ! Cet hiver, à l’intérieur du château, elle a créé une atmosphère gourmande destinée aux petits, notamment dans la salle à manger d’apparat, où foisonnent les sucreries.

Dans les jardins, de gigantesques décorations se mêlent à la centaine de sapins parés de leurs habits de fête, dont un géant de plus de 20m de haut qui nécessite une nacelle pour accrocher l’étoile au sommet.
Jusqu’au 14 janvier, dès la tombée de la nuit, la façade du château s’illuminera aux couleurs de Noël, comme pour illustrer le propos de la Grande Mademoiselle qui le qualifiait de « Palais enchanté ».

La tulipomanie

Inscrit dans un domaine de 100 hectares, le château se dresse sur un océan de pelouses, enlacé de six jardins thématiques, dont les tonalités varient au gré des saisons. Depuis 9 ans, celui qui réunit le plus de suffrages célèbre la tulipe.

Cet automne, 500 000 bulbes (ce n’est pas une faute de frappe) ont été plantés pour former deux spectaculaires rubans de 250m de long sur 12m de large, doublant ainsi la surface des parterres fleuris des années précédentes.

Au printemps prochain, les rouges, roses, jaunes, orangés, mauves et blancs courront, telle une œuvre d’art naturelle, jusque dans la pièce d’eau du parc.

Les aventures de Tintin

Au-delà des souvenirs historiques, Cheverny doit aussi sa notoriété à Tintin. En effet en 1942, le dessinateur Hergé s’est inspiré d’un prospectus touristique sur Cheverny pour dessiner Moulinsart, le château offert en juillet 1684 par Louis XIV au Chevalier François de Hadoque, l’ancêtre du Capitaine Haddock. Acquis par le professeur Tournesol pour le capitaine, après la vente du brevet de son sous-marin requin, Moulinsart deviendra le port d’attache de Tintin et de ses compagnons de route.

En collaboration avec la Fondation Hergé, une exposition permanente interactive entraîne les Tintinophiles dans une dépendance du château. Sur 700m2, de la crypte au souterrain où Tintin est retenu prisonnier, de sa chambre où pendent ses tenues au laboratoire du professeur Tournesol, cette reconstitution grandeur nature de sept lieux clés, rythmée ici et là par les jurons d’Haddock et les vocalises de la Castafiore, fait revivre les incontournables BD.

Château de Cheverny
41700 Cheverny.

www.chateau-cheverny.fr



    

Décors de Noël et Chambre du Roi  du Chateau de cheverny © MG pour ATTITUDE Luxe