« J’aime flâner sur les grands boulevards, y a tant de choses, tant de choses, tant de choses à voir,… ». Cette semaine, Hélène Feltin vous donne rendez-vous au 99, Boulevard Haussmann qui abrite l’Hôtel Bowmann Paris, un bijou d’hôtel particulier. Cette nouvelle escapade parisienne nous permet aussi de découvrir deux expositions émouvantes sur Frida Kahlo et Elsa Schiaparelli. Bon voyage !

    


Hôtel Bowmann : L’Histoire de Paris en héritage

Le 99, Boulevard Haussmann est une entrée discrète malgré le splendide porche rouge carmin. La façade en pierre de taille évoque le Paris chic et élégant imaginé par le Baron Haussmann au XIXème siècle. Voie diagonale reliant les Grands Boulevards à l’est, à l’avenue de Friedland à l’ouest, le tracé du Boulevard Haussmann, long de presque trois kilomètres, coûta beaucoup au Baron qui dut ordonner pour son percement … la destruction de sa maison natale, à l'angle de la rue du Faubourg-Saint-Honoré. Le boulevard compte des bâtiments remarquables et des lieux de mémoire, tels le 31 où demeura le peintre Gustave Caillebotte, le 40 qui abrite les Galeries Lafayette tandis qu’au 64 se trouve Le Printemps. Au 102, Marcel Proust écrivit A la recherche du temps perdu dans un grand appartement au deuxième étage. Le 158 cache un prestigieux hôtel particulier devenu le Musée Jacquemart-André.
L’Hôtel Bowmann arbore cette architecture emblématique avec ses corniches, ses balcons filants et son étage noble. Dans le hall, la hauteur sous plafond et les fameuses moulures lui confèrent l’élégance et le charme d’un ancien hôtel particulier. Voisin des grands magasins, des galeries d'art et des flâneries autour de la magnifique Eglise Saint-Augustin jusqu’au Parc Monceau, l'Hôtel Bowmann qui tient son nom de « take a bow », « tire sa révérence » au plus célèbre des barons parisiens et à son style architectural.
 
    

L’équipe qui m’accueille, emmenée par Thierry Pecorella, Directeur de l’hôtel, met tout son cœur pour que je me sente « comme à la maison ». Il faut dire que la décoration de Laurent Maugoust, est une véritable dédicace à Paris et à ses intérieurs cosy et élégants. Le sol est tapissé de marbre en traditionnel damier noir et blanc. Restauré dans la pure tradition du savoir-faire français, le salon où je déguste un thé a gardé une magnifique cheminée en marbre, tandis que les moulures ont été revisitées dans un style néoclassique noir et doré qui souligne la splendeur d’un hôtel particulier XIXème. La bibliothèque renforce encore cet effet cocooning prolongé par un joli patio qui a fait le bonheur des vacanciers l’été dernier, et qui va abriter dans quelques jours, une forêt enchantée avec son arbre de Noël.

 

Les étages se conjuguent de différentes couleurs audacieuses : Le rouge royal, le noir, le bleu, le rosé poudré, tandis que les chambres et suites reprennent les codes emblématiques d’un appartement haussmannien. En poussant la porte de la suite 503, je suis immédiatement séduite par l’espace et la vue sur le dôme de Saint-Augustin. La décoration intérieure joue avec les détails classiques comme le parquet en Point de Hongrie ou les moulures finement dorées. Le grand miroir ajoute du relief à la superbe tête de lit gainée de cuir. L’artisanat est également à l’honneur dans le choix des guéridons et des deux fauteuils aux coques dorées. Dans ce jeu entre passé et futur, la salle de bains retient mon attention : Enchâssée dans une structure taillée comme un diamant, elle est habillée de marbre de Carrare et de corian, et offre un grand confort, parfumé par les aménités de la maison Dyptique.
Pour vivre l'expérience du Paris magique, l'Hôtel Bowmann propose les suites Haussmann et Tour Eiffel offrant plus de quarante mètres carrés avec balcon, coin salon, cheminée et douche avec massage cascade. Et pour un rêve éveillé, réservez le huitième étage et accédez à la suite Bowmann via un ascenseur privatif. Sur la première terrasse, allongé dans le jacuzzi, c’est un Paris en panoramique qui dévoile ses plus beaux monuments : Le Sacré-Cœur au loin, Saint-Augustin, les toits de l'Opéra Garnier, la Tour Eiffel. Quelques marches encore, vous voici sur le roof-top de la suite, véritable nid d’amour avec vue 360 degrés. Enfin, pensées pour une mobilité parfaite, les chambres et les suites disposent d'une connectique adaptée aux nouveaux usages à l'image des télévisions-miroirs pilotables depuis son mobile.
 
    


Le 99 Haussmann entre les mains du Chef Charly Salierno

Echanger avec un Chef embellit votre journée, n’est-ce pas ? Pétillant et dynamique, ce trentenaire de la région lyonnaise a des idées plein la tête, des idées au naturel. Ancien du Château de Bagnols en Beaujolais, de la Brasserie des Monts d’Or, passé au Sud, brasserie du groupe Bocuse, ou plus récemment Chez Léon de Lyon, il propose une cuisine traditionnelle remise au goût du jour, travaille chaque recette comme un artisan-orfèvre, aime particulièrement les légumes et les moments de partage autour d’une belle assiette.

Toutes les semaines, l’ardoise affiche un menu du marché à côté d’une carte qui change tous les trois mois. En ce moment, il faut absolument goûter ses artichauts poivrades escargots de Bourgogne au beurre de coriandre ; l’omble chevalier rôtie avec sa farce au cresson et betteraves est d’une délicatesse absolue ! Pour le dessert, je recommande la déclinaison de yuzu et combawa pour mourir de plaisir. Umami !

 

Et le Chef n’a pas fini de nous surprendre. Pour le Brunch du 1er janvier, le premier à l’Hôtel Bowmann, des œufs, des truffes, des fruits pressés à froid, des viennoiseries légères pour immortaliser la nouvelle année. On parlera aussi de « madeleine » car Thierry Pecorella et Charly Salierno ont envie de créer des souvenirs sucrés et un tea time mémorable, en hommage à leur célèbre voisin Marcel Proust. Pour déguster de manière plus décontractée, le Bar et le patio proposent du vin et des planchas tous les soirs. Enfin, début 2023, les soirées au Bowmann résonneront de notes de musique grâce à une série de concerts !

        

On ne peut pas parler de plaisir des sens, sans penser au bien-être que procure une séance de natation ou un massage, … L’Hôtel Bowmann abrite au -1, une bulle de jouvence : Fond bleu saphir, plafond miroir et entourage en marbre de Carrare, la piscine du Spa avec ses huit mètres sur six est un joyau rare dans un hôtel particulier. L’espace abrite aussi un jacuzzi, un hammam entièrement recouvert de mosaïque dorée, un sauna, et un pédiluve dont les jets massant et l'action de l'eau chaude stimulent la circulation sanguine. Et pourquoi ne pas s’offrir dans la jolie cabine double, un soin signé TERRAKÉ qui a créé quatre univers inspirés de la naissance du monde ?

 

Elsa Schiaparelli, une œuvre audacieuse et inspirante

Les femmes sont à l’honneur cet hiver pour notre plus grand bonheur. Parlons ici d’une créatrice couturière italienne : née en 1890, elle a été et est encore aujourd’hui une figure essentielle de la mode parisienne. Pendant l’entre-deux guerres, Schiaparelli a nourri son inspiration d’une relation privilégiée avec les artistes du milieu de l’avant-garde parisienne des années 1920 et 1930. Le Musée des Arts Décoratifs met à l’honneur son œuvre dans une rétrospective baptisée « Shocking ! Les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli » qui réunit cinq cent vingt œuvres dont deux cent soixante-douze costumes et accessoires de mode, mis en regard de peintures, sculptures, bijoux, flacons de parfum, céramiques, affiches et photographies.
D’abord, on découvre des sweaters à motifs en trompe-l’œil, puis une riche série de collaborations illuminées par une constellation d’artistes : Elsa Triolet, Jean Cocteau et Salvador Dalí. Influencée par le surréalisme, Elsa détourne des motifs et des matériaux étonnants comme les plastiques transparents, les boutons en forme d’écrevisse, les « poches tiroirs », ou les homards. On poursuit la visite avec des collections initiées par les sources d’inspirations préférées de la créatrice : L’Antiquité italienne, la nature et la musique. On traverse aussi la reconstitution des salons de couture et la Cage aux parfums situés au 21, Place Vendôme à Paris et inaugurés en 1935.
Dans notre monde contemporain qui conçoit le dialogue étroit entre mode et art comme une évidence, Elsa Schiaparelli semble de notre temps. Le parcours se termine par une grande rétrospective Schiaparelli avec des silhouettes interprétées par de célèbres couturiers : Yves Saint Laurent, Azzedine Alaïa, John Galliano, Christian Lacroix. Les dernières créations de Daniel Roseberry, Directeur artistique de la maison Schiaparelli depuis 2019, interprètent l’héritage d’Elsa Schiaparelli où le fameux rose shocking créé en 1937 demeure le fil rouge de la Maison de couture.

    

 

Frida Kahlo, dans l’intimité de l’artiste

Fidèle à l’intitulé de l’exposition présentée au Palais Galliera, c’est une Frida Kahlo que je découvre « Au-delà des apparences ». Ai-je besoin de vous rappeler qu’elle fut aux côtés de son mari le peintre muraliste Diego Riviera, une icône culturelle mondiale ? Née au Mexique en 1907, elle subit un accident gravissime à 18 ans qui rendit son corps douloureux jusqu’à sa mort en 1954, mais façonna son identité dans sa manière de se présenter et de se représenter.
Deux cents objets personnels provenant de la Casa Azul (maison où Frida est née et a grandi) sont présentés aujourd’hui : Vêtements, correspondances, accessoires, cosmétiques, médicaments, prothèses médicales... Mis sous scellés au décès de l’artiste par son mari, ils ont été redécouverts cinquante ans plus tard, en 2004. Dans un parcours à la fois biographique et thématique, on suit Frida à la Casa Azul, auprès de son mari, aux USA à San Francisco, New York et Detroit, en France invitée par André Breton. Celle qui écrivait « Je me peins moi-même parce que je suis si souvent seule », fut une peintre de réputation internationale, une artiste au style hybride unique, lorsqu’elle confectionnait par exemple des éléments issus de sa mexicanité ou adoptait des tenues des régions du Mexique, comme ses magnifiques blouses brodées, jupes longues, coiffures élaborées et somptueux châles tissés (rebozos). Comme moi, vous serez émue de suivre cette femme courageuse et engagée, dont l’influence dans l’histoire de la mémoire de la mode est toujours très présente au XXIème siècle.  Parmi les designers qui ont aimé réinterpréter Frida Kahlo, citons Yohji Yamamoto, Maria Grazia Chiuri pour Dior, Alexander McQueen pour Givenchy, Riccardo Tisci pour Givenchy, Karl Lagerfeld pour CHANEL… Frida est bien toujours vivante !

     

www.hotelbowmannparis.com
www.madparis.fr
www.palaisgalliera.paris.fr