C’est à une plongée dans l’Histoire que nous vous convions cette semaine. Avec son atmosphère envoutante et son charme authentique, L’Hôtel de la Cité offre une vue époustouflante sur celle qui doit son nom à Dame Carcas et dont nous vous raconterons l’histoire. ATTITUDE Luxe vous invite à un automne gourmand et culturel dans le département de l’Aude, au cœur de l’Occitanie, et dans la Cité de Carcassonne.


    


JOUR 1 : L’Hôtel de la Cité, lieu d’exception

Le GPS n’en finit pas de nous faire tourner pour rejoindre les remparts légendaires. Ca monte légèrement, et tout à coup, elle est là devant nous avec ses cinquante-deux tours et barbacanes : La Cité de Carcassonne. Nous nous garons à l’extérieur car seuls les piétons ont le droit de fouler ses pavés. Escortés par les équipes de l’Hôtel de la Cité, nous franchissons la porte Saint-Nazaire, traversons les lices et la place Auguste-Pierre Pont. L’Hôtel de la Cité apparait enfin avec sa majestueuse façade végétale et ses légendaires stores rouges. Me voici « citoyenne de la Cité », m’annonce avec émotion le bagagiste. Edifié à l’emplacement de l’ancien palais épiscopal, l’hôtel est né en 1906 de la passion d’hommes qui, année après année, ont façonné le seul établissement 5* de la cité médiévale. La famille Pujol, propriétaire du groupe Cité Hôtels, le rachète en 2011 et s’investit pour le protéger et l’embellir. Mon petit doigt me dit d’ailleurs qu’un célèbre décorateur français pourrait se voir confier le prochain programme de rénovation. En feuilletant le livre d’or de l’hôtel, je découvre la liste des personnalités qui en ont fait la réputation : Colette, Sir Winston Churchill, la Princesse Grâce de Monaco, Sting, Deep Purple, …

    

Le charme intemporel de son architecture néogothique opère dans l’entrée de l’hôtel avec une impressionnante fresque de bois. Elle représente certains personnages historiques de la Cité, comme Simon de Montfort et Saint Dominique. Un peu plus loin, le grand escalier en bois, classé monument historique, ajoute encore de la noblesse au lieu. Dans le jardin d’hiver où je m’installe pour prendre un thé, la grande histoire de la Cité se déroule en quatre tableaux de Jacques Ourtal qui peint les occupations successives depuis l’oppidum gallo-romain, la féodalité et les remparts du XIème, avant la reprise en main par la royauté à la faveur de la croisade des Albigeois. Les deux histoires, celle de l’hôtel et de la Cité, sont donc intimement liées. Le soir, les heures sont moins solennelles lorsque le piano fait résonner auprès des clients ses notes joyeuses, confortablement assis dans les fauteuils en cuir et près du coin cheminée.

     


Une cité gallo-romaine et médiévale

Mais, il n’est pas l’heure de s’attarder car j’ai rendez-vous avec Anne Cathala, responsable du service culturel et éducatif du centre des monuments nationaux, pour une promenade à travers les siècles. « Elle est la plus ancienne cité fortifiée d’Europe », c’est ainsi qu’Anne introduit la Cité de Carcassonne. Sur son éperon rocheux, elle domine la ville basse de Carcassonne, la Montagne Noire et les Pyrénées, et est entourée par trois kilomètres de remparts. Il apparait que le site n’a jamais cessé d’être occupé depuis le VIème siècle avant J-C. par une liste de peuples comme les celtes, les romains, les sarrazins, les wisigoths, les gaulois,… et des héroïnes comme la légendaire Dame Carcas. Nous sommes à l’époque de Charlemagne et la Dame s’avère être une ennemie rusée : A la suite du décès de son mari, elle prend en main la défense de la Cité et fait croire aux soldats que, malgré la longueur du siège, la population dispose encore de nombreuses victuailles. Elle envoie ainsi un porc bien nourri qui fait croire à Charlemagne que la Cité ne tombera pas. Il lève le siège ; remplie de joie, la Dame Carcas décide de faire sonner les cloches de la ville. Un des hommes de Charlemagne s’écrie alors « Carcas sonne », créant ainsi le nom de la ville. Légende ou pas, je suis bien contente de saluer Dame Carcas dont le buste trône devant la magnifique Porte Narbonnaise. Mais, continuons notre découverte de la Cité, en empruntant les lices, cet espace aménagé entre les deux remparts. Il faut aussi visiter le Château Comtal des XII et XIIIème siècles qui permet d’apprécier et l’architecture militaire et des vues époustouflantes sur la ville et les Pyrénées. N’oubliez pas non plus de découvrir la Basilique Saint-Nazaire, où les styles roman et gothique se marient si harmonieusement.

       

©Centre des Monuments Nationaux

Non, décidément, je ne me lasse pas de flâner dans les ruelles avec ses échoppes animées. Je salue aussi la statue de Jean-Pierre Cros-Mayrevieille, emblème de la sauvegarde du patrimoine de la Cité, qui, tel Mérimée et Viollet-Le-Duc a œuvré pour qu’elle soit classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1997. Fière de traverser le Temps, la Cité de Carcassonne se met en 2022 à l’heure du virtuel en proposant deux films 360° qui nous plongent dans son histoire : Le premier « La Cité, quelle histoire ! » raconte de manière chronologique l’oppidum romain jusqu’à nos jours ; le second « La vie quotidienne du Moyen-âge » permet de regarder vivre nos concitoyens au XIIIème siècle. La location des casques VR se fait auprès de l’office du tourisme.

    


Carcassonne mérite bien une pause gourmande. Les spécialités ne manquent pas et les bonnes tables non plus ! Mais, celle qui réunit et cadre exceptionnel et bonne carte est sans nul doute le restaurant Le Saint Jean. Situé sur l’adorable place Saint Jean, il offre une vue imprenable sur le Château Comtal. Sur l’ardoise du jour, le Chef suggère assiette de charcuterie, linguini au pesto citron et coques ou cassoulet.  Bon appétit !


A chaque suite, son histoire

Comment concilier luxe et élégance avec histoire ? C’est une mission à laquelle se prête avec sérieux la famille Pujol depuis une dizaine d’années. Les clients ne permettraient pas que l’Hôtel de la Cité perde ses lettres de noblesse. Alors, on trouve ici et là dans chaque suite et chaque chambre des matériaux nobles comme le bois, le verre dans les beaux vitraux, le fer forgé, la pierre de grès de la région.  Les couleurs choisies sont sobres : Beige, gris, rouge profond, marron... tandis qu’une légère odeur de cire flotte dans l’air. Des pièces de mobilier sont d’inspiration médiévale comme ces panneaux de bois, ce lit à baldaquin ou cette cheminée décorative. Certaines suites Junior offrent une terrasse sur les jardins de l’hôtel et les remparts. Mais, la plus enchanteresse, la plus impressionnante est sans doute celle qui dispose d’une terrasse de cinquante mètres carrés face au Château Comtal et à la vallée de l’Aude. Vous voici comme une princesse au sein de la Cité de Carcassonne !

    


Diner à La Barbacane, seule table étoilée de la Cité

Chaque saison a son charme. J’aime l’automne lorsque la lumière décline petit à petit vers 19h30. Assise dans le Jardin de l’Evêque, je regarde de petites lumières s’allumer sur les remparts. Il règne une certaine féerie dans ce jardin médiéval…
Ce soir, je dîne à la Barbacane, le restaurant gastronomique de l’hôtel. Avec ses larges baies ouvertes sur le jardin, la Cité règne en majesté comme l’évoque aussi le décor néogothique de la salle : Poutres apparentes, luminaires en fer forgé, large vitrail, chaises à haut dossier en velours clouté. Aux fourneaux, on ne présente plus Jérôme Ryon, le Chef étoilé, la vigie gourmande de l’Hôtel de la Cité. C’est un artiste, précis, ambassadeur du bon goût français et des produits locaux. Pour commencer, son pain est fait maison (classique, campagne, à l’épeautre) et est servi légèrement tiède et croustillant. En entrée, choisissez la fricassée de légumes audois, cuisinée en barigoule avec des truffes noires. Pour le plat, le très célèbre filet de bœuf d’Aubrac foie gras et joues de bœuf s’impose comme l’un des incontournables de Ryon. C’est délicieux et raffiné. Une belle table française, un pèlerinage historique et gourmand. Réservez absolument !

    


JOUR 2 : Trésors de la Montagne Noire

Le soleil traverse généreusement les vitraux du restaurant La Barbacane. « La journée promet d’être belle », comme l’annonce la maitresse du petit-déjeuner. Nathalie, qui nous accueille avec joie et fierté « ici, les pains et viennoiseries sont faits maison par l’équipe du Chef, ainsi que nos miels et confitures ». Notre table est dressée dans le jardin face à une partie des remparts et des tours de la Cité. Deux mille-cinq cents ans d’histoire se dressent devant moi. Le spectacle est sidérant !

      


Nous quittons Carcassonne pour la Montagne Noire à une trentaine de kilomètres. Si vous apercevez les Pyrénées, nous entrons pourtant dans le contrefort du Massif Central. Ici, la nature est abondante et dense : Hêtres, sapins, épicéas et châtaigniers qui lui confèrent cette couleur un peu noire. Alors qu’en s’y aventurant, on découvre une nature joyeuse avec ses rivières, ses cascades,…

Le Moulin de Brousses : La magie du papier

Après la création des Manufactures Royales de draps par Colbert à la fin du XVIIème, le versant sud de la Montagne Noire devient un lieu privilégié pour installer des papeteries grâce aux nombreux cours d'eau. Les manufactures ont en effet besoin de papier et de cartons pour chaque feuillet intercalé dans les plis de draps. Au cours du XIXème, la production papetière est en plein essor, on compte six cent dix-sept moulins dans l’Aude, et la commune de Brousses possède une dizaine de moulins à papier en 1845. Avec l’industrialisation, les moulins disparaissent au profit des usines modernes. Le Moulin de Brousses est le dernier moulin à papier en activité en Occitanie à perpétuer la tradition, sous la direction de la famille d’André Durand, septième génération à diriger le Moulin de Brousses.
Blotti au fond de la vallée de la Dure, au milieu des rochers, des chênes et des châtaigniers, le lieu est magique et extraordinaire : La visite permet de découvrir le papier, ce produit incroyable issu d’une simple substance végétale appelée la cellulose. Jusqu’en 1850, cette cellulose provient des cordages, chiffons, voiles de bateau… On parle de papier chiffon : Lin, coton, chanvre … Il existe aussi un procédé naturel dans l’utilisation du crottin des herbivores tels que le cheval et l’éléphant, la rafle de raisons, la fougère, la lavande …
Devant moi, avec ses mains, Monsieur Durand transforme une pâte à papier en une feuille de papier A4 grâce à une forme vergé ou vélin. De nombreuses commandes exceptionnelles sont réalisées à Brousses comme des feuilles géantes de 2.20 mètres x 3.40 mètres pour des artistes en résidence, ou encore des commandes spéciales par l'artiste Marie Hugo, arrière-arrière-petite fille de Victor Hugo et fille de l'artiste Jean Hugo qui fait créer des feuilles de papier bleu. C’est toute la magie du papier !

    


Montolieu, village du livre et des arts

En garant ma voiture à l’entrée du village, je suis tout de suite plongée dans l’univers livresque en apercevant l’enseigne « Apostrophe », du nom de la célèbre émission littéraire de Bernard Pivot. Tout a commencé il y a trente ans sous l’impulsion de Michel Braibant, relieur à Carcassonne, qui crée à Montolieu un conservatoire européen des arts et métiers du livre. Des libraires indépendants le suivent dans cette aventure et ouvrent « La librairie Alcyon », « Au temps jadis » « Contes et gribouilles », « La musique des mots » … Aujourd’hui, ils sont près de vingt amoureux des livres à habiller les murs du village de leurs enseignes et devantures de livres de tout genre. Chaque boutique est unique mais n’a pas vraiment de spécificités : Aux livres précieux, se mêlent des romans, des BD, des livres pour enfants, des atlas, des livres d’art,… A leurs côtés, se sont installés des artisans d’arts graphiques, relieur, copiste, calligraphe, graveur. Promenez-vous, poussez la porte de ces échoppes, de ces galeries. Il fait bon vivre à Montolieu comme le montrent ces joueurs de pétanque sur la place de l’église. 

     


JOUR 3 : Un Spa Cinq mondes pour vous seuls

Il est tôt, le soleil est en train d’apparaitre entre les créneaux de la Cité. Je traverse le Jardin de l’Evêque et rejoins la piscine. Construite dans ce décor incroyable, elle offre un moment de détente exquis et ravissant. 9 heures, je rejoins le Spa de l’hôtel par une petite porte dérobée. De petite taille, il est conçu pour vivre un moment exclusif seul ou à deux, et profiter d’une cabine de soins, d’une douche sensorielle, d’un hammam et d’un bain à remous. Cette luxueuse adresse est signée Cinq Mondes et propose une palette de soins de grande qualité conçus selon des traditions ancestrales de beauté du monde. Enveloppée par les effluves d’huile de Bangalore, le voyage sensoriel commence pour mon plus grand bonheur.

Ainsi, s’achève mon voyage dans l’Hôtel de la Cité. A votre tour de vivre de belles heures dans l’Aude et de vous plonger dans l’histoire médiévale de la merveilleuse Cité de Carcassonne !

    

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