Après l’avant-gardiste West Hollywood la semaine dernière, Mireille Gignoux vous entraîne aujourd’hui à Palm Springs. Cette oasis sud californienne, à deux heures de route de Los Angeles, constitue un musée à ciel ouvert du courant architectural moderniste. Découverte de cet ancien repaire de stars redevenue une destination tendance.

Un engouement né dans les années 20

A 179 km de Los Angeles, après la traversée de plaines désolées plantées de centaines d’éoliennes, surgit Palm Springs, oasis nichée au cœur de l’aride Coachella Valley. Son origine remonte à plus de 2000 ans lorsque les Indiens Agua Caliente s’y sont installés. Ce havre de paix, dans la fournaise du désert, doit sa renommée aux grands noms d’Hollywood. Dès les années 20, ils y ont trouvé refuge dans des hôtels tel le Quinta Resort&Club, où nous avons établi notre QG.

Thébaïde préférée de Greta Garbo et Clark Gable notamment, ce 5-étoiles, conçu en 1926 au pied des montagnes de Santa Rosa, ressemble à une succession d’haciendas aux murs blanchis à la chaux et coiffés de tuiles. Membre de la Curio Collection by Hilton, il illustre le gigantisme à l’américaine avec ses 600 hébergements (casitas, suites et villas). Mais ils sont disséminés sur 18 hectares de jardins luxuriants; ce qui donne au resort des airs de villages mexicains tapis dans la verdure. Non loin du lobby, les king pool casitas de 43 m2, à la déco mêlant bois sombres et teintes claires, sont regroupées par huit ou dix autour d’un patio avec piscine privative (41 au total sur le resort).

Le resort compte aussi 5 parcours de golf, 23 courts de tennis, un spa noyé dans la végétation et 7 restaurants, dont l’Adobe Grill pour une authentique expérience culinaire mexicaine.

Le modernisme du désert

Lors de la grande époque hollywoodienne, les contrats des acteurs spécifiaient qu’ils ne pouvaient s’éloigner à plus de deux heures des studios. D’où l’attrait de l’idyllique Palm Springs, qui permettait de fuir les paparazzis ou de cacher des liaisons secrètes. Aussi, dès les années 40-50, Judy Garland, Kirk Douglas et Franck Sinatra, entre autres, s‘y sont fait construire des maisons par de jeunes architectes avant-gardistes, tels Richard Neutra, Donald Wexler, Albert Frey, Steward Williams.

Ces résidences ont en commun une esthétique épurée (lignes horizontales, formes géométriques, baies panoramiques, toits plats ou en forme d’aile de papillon) et privilégient béton, verre et acier. Baptisé mid-century modern, ce courant s’est développé jusqu’en 1965 constituant un musée à ciel ouvert.






Dans l’intimité des stars


Quelques-unes de ces constructions iconiques sont ouvertes au public en février lors de la Modernism Week. Mais certaines sont accessibles toute l’année en visites privées. Par exemples dans le quartier Vista Las Palmas, la propriété nommée 432 Hermosa, imaginée par Donald Wexler en 1964 pour la chanteuse de jazz Dinah Shore. Rachetée par Leonardo di Caprio, cette villa de six chambres et six salles de bains, piscine et tennis (louée 3 750 $ la nuit, lorsqu’il ne l’utilise pas) n’a rien perdu de son atmosphère mid-century.

Ou encore l’étonnante House of Tomorrow, bâtie par William Kristel, telle une série de quatre modules circulaires flottant sur trois niveaux, surmontés d’un toit en forme de boomerang. Elle doit sa renommée à Elvis Presley qui y passa sa lune de miel.









Grande richesse architecturale 


D’autres bâtiments témoignent de cette époque. Le Palm Springs Art Museum, réalisé par Steward Williams, représente une structure brute qui mixe béton, ciment et plusieurs agrégats. Il renferme une riche collection d’œuvres contemporaines sur le thème du désert et des pièces de Calder et Warhol.

Son annexe, l’Architecture and Design Center Edward Harris, du même architecte, expose photos et dessins du courant moderniste. Le musée gère également Frey House II, la résidence secondaire d’Albert Frey achevée en 1964 à Tahquitz Canyon Way. Cette maison compacte à la charpente en acier, habillée de tôle ondulée peinte, surprend par l’énorme rocher en saillie qui sépare le salon de la chambre.








L’Uptown Design District


A quelques pâtés de maisons, le long de North Palm Canyon Drive, l’Uptown Design District concentre boutiques trendy, galeries d’art et d’antiquaires. Telles Bon Vivant qui propose accessoires vintage pour la maison et bijoux fantaisie, Trina Turk où cohabitent vêtements de créateur et artisanat, Rubine Red Gallery, spécialisée dans les collections d’art des années 50-60, ou encore Just Fabulous qui surfe sur les cartes, livres, illustrations et photos en éditions limitées.  

Chaque jeudi soir, une fois Canyon Drive fermé à la circulation, petits concerts de rue, maraîchers, artisans et food trucks envahissent la chaussée. Mais on peut préférer se restaurer au Eight4nine. Implanté dans un grand bâtiment de 1954, qui fut le premier bureau de poste de Palm Springs, ce restaurant, d’un blanc éclatant ponctué de touches roses vif, affiche une large palette de spécialités : poke bowl au thon, palourdes au safran, filet angus ou poulet à la milanaise.






Randonner parmi les yuccas


A 1h de route de La Quinta, le Joshua Tree National Park doit son nom aux yuccas brevifolias, ou arbres de Josué reconnaissables à leur tronc ligneux, leur écorce fissurée et leurs branches velues.

A cheval sur deux écosystèmes désertiques distincts, le Mojave et le Colorado, les 3 200 km² du parc affichent, selon l’altitude, des végétations différentes.

Certaines zones présentent des dunes ondoyantes, des cônes de cendres volcaniques, des canyons ou encore des formations rocheuses sculptées par les vents violents. Tels l’imposant Arch Rock, qui s’élance à 9m de hauteur, ou l’étonnant Skull Rock, qui évoque un crane géant émergeant des rochers. Ce parc se prête à un road trip de la journée, ponctué de quelques marches. Dans la Hidden Valley, le Nature Trail, sentier en boucle d’un mile, montre un monolithe géant baptisé Great Burrit, devenu un site d’escalade. Non loin de là, un sentier d’1,3 mile court entre laves du désert et joshua trees vers Baker Dam, le barrage historique construit en 1900 par les premiers éleveurs de bétail. Egalement intéressants plus au sud, le Cholla Cactus Garden et le point le plus élevé, Keys View aux vues panoramiques sur la Coachella Valley.

Retour sur Los Angeles

Pour ne pas enchaîner le vol du retour après deux heures de route depuis le désert, il est conseillé de faire un dernier stop de 24h à LA, par exemple au Downtown Proper Hotel.










Implanté dans un bâtiment de style Renaissance Revival, ce 5-étoiles doit sa transformation à Kelly Wearstler. La décoratrice a marié éléments de design espagnol, portugais, mexicain et œuvres d’artistes locaux. Les chambres aux tons neutres et matières nobles dégagent un esprit vintage chic.

Jadis club sportif, cet hôtel possède deux grandes suites originales, l’une déployant un demi-terrain de basket conservant le parquet d’origine, l’autre abritant l’ancienne piscine intérieure de 12 x 4m. Membre des Design Hotels (Marriott), cet établissement, ouvert en 2021, possède deux restaurants : le Caldo Verde aux menus basés sur les saveurs portugaises et sur le rooftop, à proximité de la piscine, le Cara Cara plutôt axé sur la cuisine sud-californienne.


Des bâtiments iconiques


Repérable grâce à sa célèbre skyline, Downtown, cœur d’El Pueblo fondé en 1781, était, il y a encore une dizaine d’années, sinistré, voire dangereux. On peut à nouveau s’y promener à pied, en évitant toutefois les rues autour de Skid Row, squattées par les sans-abris.

Dans les principales artères, se côtoient des immeubles emblématiques de styles Renaissance, Art déco, contemporain ou colonial. Parmi eux, le Bradbury building, du nom du millionnaire qui le fit construite en 1893. La façade de briques cache une lumineuse cour victorienne, des escaliers en marbre et des balustrades en fer forgé. L’intérieur est inspiré du roman de 1887 d’Edward Bellamy, qui avait imaginé une civilisation utopique en l’an 2000. Ce décor a servi à plusieurs tournages de films, dont The Artist avec Jean Dujardin en 2011.

Non loin de là, le luxueux Millenium Biltmore Hotel, au décor opulent façon années 20, cultive l’ambiance glamour de l’époque où le tout Hollywood s’y pressait. Un mythique établissement à découvrir le temps d’un drink au nostalgique Gallery Bar arborant des anges sculptés.





Les arts de la rue


Autre périmètre à parcourir dans Downtown, le très hype Arts District, qui fourmille de startups, boutiques de créateurs, commerces bio et bars. Fuyant les loyers exorbitants des quartiers résidentiels, les artistes commencèrent à s’installer illégalement dans cet ancien quartier industriel à la fin des années 60.

A partir de 1981, les locaux à l’abandon ont été convertis en studios de travail. Mais il a fallu attendre 2009 pour que les street artists puissent officiellement faire des murs et parkings leur terrain de jeu. Aujourd’hui entre Little Tokyo et South Alameda Street, on dénombre une centaine de fresques murales, dont les fameuses Angel Wings de Colette Miller. On peut s’aventurer seul au hasard dans cette exposition à ciel ouvert ou suivre Elise Goujon. La jeune française propose des visites insolites de LA, dont la découverte des murals, en passant par la galerie d’art Hauser&Wirth, ancien moulin qui abrite des galeries d’art et une librairie.








PRATIQUE


. Les découvertes de ce deuxième opus sont incluses dans un nouvel itinéraire exclusif, proposé du 25 mars au 2 avril 2023, par Secrets de Voyages, spécialiste des voyages haut de gamme sur mesure.

www.secretsdevoyages.com

. Le transport est assuré par la compagnie polynésienne Air Tahiti Nui relie Paris-CDG à Los Angeles en 11h de vol.

www.airtahitinui.com

Downtown Proper Hotel