Tout commence en 1934 lorsque Willi Fehlbaum crée à côté de Bâle une activité de présentoirs de magasins. En 1950, il délocalise la production à Weil am Rhein en Allemagne et baptise sa compagnie Vitra. Lors de son premier voyage aux USA en 1953, il découvre les créations de Charles et Ray Eames à New York, et commence à les produire dès 1957, ainsi que les collections de Herman Miller et de George Nelson. 1960 marque un tournant pour Vitra lorsqu’il produit la Panton Chair de Verner Panton de manière totalement indépendante. Dans les années 1990, le développement et la réputation de Vitra grandissent encore lorsque d’autres designers confient leurs créations à Vitra comme Starck, les frères Bouroullec, Citerio, Meda, Jongerius,… ou encore lorsque ARTEK, célèbre entreprise finnoise de meubles, rejoint le groupe VITRA en 2013. Géré aujourd’hui par Nora Fehlbaum, le Vitra Campus réunit un grand site de production, des musées, des bâtiments aux architecture de renom et une superbe boutique, source d’inspirations pour nos intérieurs.



En arrivant sur le site, on est immédiatement frappé par l’architecture. La première construction qui se dresse devant moi est la VitraHaus, magasin phare de Vitra. Pour imaginer le concept de ce bâtiment, les architectes Jacques Herzog et Pierre de Meuron ont choisi de reprendre la forme archétypale d’une maison avec un toit à pignon. Partant de là, ils ont empilé et intriqué douze maisons qu’ils ont ensuite doté d’une façade d'immenses baies vitrées. La vue de l’ensemble est chaotique, singulière et superbe de jour comme de nuit.
Avec une façade toute blanche, le Vitra Design Museum a été pensé par Frank Gehry. On parle ici de déconstructivisme avec un collage de tours, de rampes et de cubes. Il est l’un des plus importants musées de design au monde et présente actuellement l’exposition « Plastics : remaking our world » qui permet d’examiner l'histoire et l'avenir de ce matériau controversé, de son ascension fulgurante au XXème siècle à son impact sur l'environnement, en passant par les solutions de pointe pour une utilisation plus durable du plastique.
Devant le musée, ne manquez pas d’aller jeter un œil au Pavillon de conférences de Tadao Ando, première création de l’architecte en dehors du Japon.
Un peu plus loin sur le campus, rejoignez un bâtiment en briques rouges que les architectes Herzog & de Meuron ont ouvert en 2016 : Le Schaudepot héberge une partie de la collection du Vitra Design Museum avec près de sept mille meubles, plus d'un millier de luminaires, de nombreuses archives ainsi que les fonds de plusieurs designers célèbres. L'exposition permanente réunit plus de quatre cents œuvres majeures du design mobilier contemporain de 1800 à nos jours, classées par couleur. Le sous-sol abrite aussi un lieu très émouvant… le bureau de Charles et Ray Eames, tel qu’ils y travaillaient à New York.En sortant, prenez de la hauteur en montant dans la Vitra Tour-Toboggan de l’artiste allemand Carsten Höller : Haute de trente mètres, elle est à la fois une tour panoramique, un toboggan et une œuvre d’art.

 

Pour déjeuner, prendre un verre ou manger une glace, je vous donne rendez-vous au VitraHaus Café qui propose des plats frais provenant principalement de fournisseurs et d'agriculteurs de la région, ainsi que des gourmandises et desserts maison. En face, le kiosque Airstream, caravane Airstream d'origine, modèle Globetrotter 20‘ de 1968, propose des snacks, boissons fraîches et glaces.Le Vitra Campus abrite également aussi un lieu unique où la nature s’exprime de manière sauvage et sublime. Conçu en mai 2020 par le designer paysagiste néerlandais Piet Oudolf, c’est un jardin de quatre mille mètres carrés où des fleurs de toutes les couleurs sont aujourd’hui en pleine floraison.

 

Enfin, vous ne pouvez pas quitter Vitra sans faire un tour dans la boutique flagship et la Vitra Home Collection. Au travers d'agencements mobiliers de différents styles, les grands classiques de Vitra vous sont présentés aux côtés des tout derniers concepts de designers contemporains. Vous pouvez ainsi piocher quelques idées d'aménagement pour votre intérieur, essayer, commander et acheter meubles et objets directement sur place.

« Mondrian Evolution » à la Fondation Beyeler

Pour célébrer ses 25 ans, la Fondation Beyeler située à Riehen près de Bâle et réputée à l’international pour ses expositions de grande qualité, sa collection d’art moderne classique et d’art contemporain, avait présenté en début d’année une très belle exposition consacrée à Francisco de Goya.
Aujourd’hui, elle consacre une grande exposition au peintre néerlandais Piet Mondrian (1872–1944) à l’occasion du 150ème anniversaire de sa naissance. Figurant parmi les artistes les plus marquants et les plus polyvalents de l’avant-garde, Mondrian a joué un rôle décisif dans l’évolution de la peinture de la figuration à l’abstraction. Avec quatre-vingt-neuf œuvres provenant de collections privées et publiques en Europe et aux États-Unis, « Mondrian Evolution » retrace le parcours saisissant de l’artiste, de peintre paysagiste du XIXème siècle à l’un des protagonistes majeurs de l’art moderne. L’exposition offre une rare occasion de découvrir sous un jour nouveau le travail de Mondrian, qui a profondément influencé le XXème siècle non seulement dans le domaine de l’art mais aussi dans ceux du design, de l’architecture, de la mode (rappelez-vous les robes d’YSL) et de la culture pop.

Oostzildse mill – 1907, 1908                                                                                  Avond the red tree - 1908

Né aux Pays-Bas, Mondrian entre tôt en contact avec l’art : Son père enseigne le dessin, et son oncle est un peintre amateur à succès, influencé par la peinture de paysage de l’École de La Haye, incarnation spécifiquement néerlandaise de l’impressionnisme. Après une éducation calviniste et une formation en tant que professeur de dessin, entre 1892 et 1895 Mondrian étudie à la Rijksakademie van Beeldende Kunsten à Amsterdam. La plupart des œuvres de cette période représente majoritairement des moulins à vent, des rivières et des bâtiments de ferme, thèmes de l’École de La Haye. Influencé par Vincent Van Gogh, par la philosophie et l’ésotérisme, par sa rencontre avec le cubisme à Paris où il s’installe dès 1919, Mondrian élargit avec détermination le champ de ses possibilités artistiques et baptise sa nouvelle forme d’expression picturale sous le terme de « néoplasticisme », où l’on voit apparaitre dans des lignes horizontales et verticales le noir et le blanc, et les couleurs primaires jaune, rouge et bleu. Après Paris et Londres, Mondrian s’installe à New York où il commence à reconfigurer ses images et à les rendre plus dynamiques et plus rythmiques à l’aide de bandes de papier.

Forêt près d’Oele - 1908                                                                    Composition N°2 - 1920

L’exposition est conçue de manière chronologique mais elle tire son expressivité et son originalité de la confrontation d’œuvres précoces et tardives, qui mettent en lumière les forces de transformation à l’œuvre dans le travail de Mondrian. Au fil de neuf salles d’exposition, on retrouve des motifs récurrents tels les moulins à vent, les dunes, la mer,... Dans ses paysages, Piet Mondrian explore l’éclat et le rayonnement de la couleur ainsi que l’influence de la lumière comme dans la série de peintures sur « La Ferme près de Duivendrecht ». On aime également le tableau « Moulin au soleil » avec son explosion de couleurs, ou la « Forêt près d’Oele » avec une perspective dirigée vers le soleil situé au-dessus de l’horizon. La Fondation Beyeler a enfin réuni une série d’autoportraits où Mondrian se représente les pupilles grandes ouvertes et réceptives aux plus infimes nuances chromatiques produites par la lumière.

Vive l’Art pendant les vacances !

www.vitra.com
www.vitra.com/fr-fr/about-vitra/campus
www.fondationbeyeler.ch