Douze jours à sillonner le Pérou à travers quelques-uns de ses plus beaux sites et paysages. Depuis Lima, la capitale, avec sa façade sur le Pacifique et ses spectaculaires barrancos, à la Vallée Sacrée où la vie s’écoule paisiblement et qui abrite le célèbre Machu Picchu, jusqu’au Lac Titicaca et ses habitants attachants, ce voyage est comme un collier de perles de culture et de fortes émotions. Mais, les dernières 72 heures à venir vous réservent encore de magnifiques surprises à bord du légendaire  Andean Explorer train et à Cuzco au Relais & Châteaux La Casona. Bon voyage.

    


De Puno à Cuzco a bord de l’Andean Explorer Train

En réservant ma croisière « Spirit of the water » à bord de ce train mythique propriété du groupe Belmond, une marque LVMH, j’étais loin d’imaginer une si merveilleuse expérience. En gare de Puno, il est maintenant devant moi, avec sa livrée bleu nuit rehaussée d'ivoire qui rappelle le ciel étoilé du Pérou. 
L'Andean Explorer est le premier train couchette de luxe sur le continent et je monte à bord pour un voyage d’une nuit / deux jours qui va relier Puno à Cusco. Le chef du train Henry Rodriguez m’accueille avec un cocktail Chimboya, à base de jus de concombre, citron vert et pisco. En le dégustant, Henry détaille notre itinéraire et précise que ce train, constitué de vingt voitures et d’une vingtaine de passagers, va m’emmener sur l'une des voies ferrées les plus hautes du monde, atteignant une altitude de quatre mille quatre cent soixante-dix-sept mètres ! En gagnant ma cabine, je découvre un intérieur qui mêle inspiration péruvienne et sophistication moderne, et qui s'inspire de la nature et des traditions andines. L'ancienne langue quechua était - et est toujours - une forme de communication essentiellement orale. À la place des livres, les Incas accordaient une grande importance symbolique aux objets physiques, chacun ayant une histoire à raconter. C'est pourquoi, le design occupe une place centrale à bord de l'Andean Explorer, avec des motifs et des textiles péruviens qui nous ancrent dans l'environnement local. Des finitions en bois rustique encadrent des murs recouverts de lin blanc alpaga, parsemés de cartes, de portraits et de vibrants spécimens de papillons. Le train vient de partir et le paysage commence à défiler à travers de grandes baies vitrées.

     


Trente quatre membres d’équipage, une infirmière, un guide et la directrice du Spa Picaflor, sont là pour veiller sur nous et rendre ce voyage mémorable. Notre cabine se trouve dans la voiture Tara : « Bienvenue dans votre sanctuaire personnel », me dit Henry en souriant. C’est une cabine pour deux personnes, de 8m2 équipée d'une longue banquette et de sièges confortables, qui, à la nuit tombée, se transforment en deux confortables lits simples. L’espace comprend aussi une salle de bains équipée d'une douche, de toilettes et d'un lavabo sur pied. Un vrai luxe ! L’Andean Explorer train dispose aussi de neuf suites de 13m2 où l’on peut se reposer sur un lit double en peluche ou dans un somptueux coin salon.

     


Diner gastronomique comme dans un palace

Le paysage de l’Altiplano ne cesse de changer depuis notre départ : De pics escarpés en longues prairies d’ichu la seule herbe de montagne capable de survivre à une telle altitude et qu’adorent les alpagas, lamas et autres vigognes. Dans la voiture Piano Bar, j’échange avec les autres passagers des histoires sur les aventures de la journée au son du piano. J’ai parfois l’impression d’être dans un film tellement le décor a l’air surréaliste au milieu de nulle part. Un serveur m’informe que ma table est dressée dans l’une des deux voitures-restaurants qui répondent aux jolis noms de Llama et Muña, et qui plantent le décor d'une expérience gastronomique inoubliable. Des teintes sourdes et des cuirs luxueux se mêlent à l’artisanat local, des écrans de séparation en macramé poli permettent de vivre des moments en toute intimité. Au menu, les Chefs réalisent des plats qui rendent hommage à la culture andine : Capuccino de pallares (haricots de Lima), ocopa de langostinos (pomme de terre bouillies et langoustines, raviolis de canard, patates douces, noix et kaniwa (bébé quinoa) et crème au citron, chocolat et noisettes. Qui dit mieux pour un dîner 5* réalisé dans un train grimpant la Cordillère des Andes ?

  

 

Brunch et notes de piano

Le lendemain matin, nous nous réveillons à La Raya, la frontière entre les régions de Cusco et Puno. Devant le train, une petite chapelle se dresse fièrement à cette altitude. Le brunch d’au revoir succède au petit-déjeuner servi dans la voiture Observatory Bar. C’est l’endroit idéal pour se détendre, lire ou jouer ou admirer l'horizon. Une plateforme extérieure permet de respirer et de prendre toute la mesure de cette incroyable traversée dans les Andes. Je ressens un petit pincement au cœur en entrant dans la gare de Cuzco. Il y a des moments magiques que l’on abandonne à regret…

     

Dormir dans une maison coloniale à Cuzco

Sur la très typique Plaza Nazarenas, la longue façade blanche abrite une adresse très confidentielle. Il faut d’ailleurs frapper trois coups à une belle porte en bois pour que celle-ci s’ouvre doucement. Je pénètre alors dans un havre de paix et dans une magnifique demeure soigneusement restaurée. Datée du XVIème siècle, elle fut la demeure du conquistador espagnol don Diego de Almagro et de Simón Bolívar après sa victoire à la bataille d'Ayacucho en 1825. L’hôtel baptisé La Casona appartient au groupe Inkaterra et est un fleuron des Relais & Châteaux. Assise dans un très beau canapé en velours rouge sang, je déguste un thé en admirant l’ensemble des objets religieux disposés dans l’entrée, et les pièces de collection espagnoles des salons de réception. A travers les portes-fenêtres, j’aperçois un patio à ciel ouvert, le cœur de La Casona.

    

Une grande cheminée sépare les salons décorés de fleurs et de coussins tissés au Pérou. L’absence de réception renforce l’esprit maison et apporte une sérénité et un charme supplémentaires au lieu. Certaines pièces de mobiliers, me raconte notre hôtesse, datent de l’époque de Simon Bolivar et ont été préservées soigneusement.

    


Les incontournables en trois heures

Il faut à peine trois minutes depuis La Casona pour rejoindre le cœur de Cuzco, la Plaza de Armas. Une légende raconte que le premier Inca, Manco Capac, aurait reçu l’ordre du dieu du Soleil de découvrir le lieu où il pourrait planter un bâton d’or. Devenue Capitale de l’Inca, considérée comme le nombril du monde, la ville fut en partie détruite par les espagnols qui fondent « Cuzco, Ciudad Noble y Grande ». Au centre de la Plaza de Armas, trône une grande statue de l’Inca, à la rencontre de la culture andine et de l’effervescence baroque. Ici, s’élèvent la cathédrale de l’Assomption de la Très Sainte Vierge et l’église de la Compagnie de Jésus, encadrées par de splendides arcades coloniales au-dessus desquels de nombreux balcons invitent à prendre un verre et à admirer le spectacle de la rue. C’est jour de fête à Cuzco et les couleurs habillent les costumes des hommes, de femmes et des enfants dans un mélange de plumes, de fleurs, et de fourrures d’Alpaga. Mais, éloignons-nous un peu de cette liesse et engouffrons-nous dans les ruelles de la ville. A pied, je traverse la Plaza San Francisco, passe devant le Monastère Santa Clara avec son intérieur presque entièrement recouvert de miroirs, puis je me perds dans le grand marché San Pedro qui déborde sur les trottoirs. Sur les hauteurs de Cuzco, je rejoins le quartier de San Blas avec ses ruelles tortueuses. C’est un peu un balcon sur la ville où se sont installées de jolies boutiques d’artisanat ainsi que de nombreux artistes. Je vous recommande par exemple d’entrer chez Taller Mendivil, où vous trouverez des objets décoratifs tels que des miroirs décorés et des statues religieuses.

    


Dinons à la Casona

De retour à l’hôtel, je m’assois sur l'un des bancs disposés dans le patio. De grands bouquets de feuilles d’eucalyptus embaument le jardin alors que la nuit est en train de tomber. La grande salle du restaurant ouvre sur un petit jardin intérieur où trône une monumentale croix en bois La croce de los viajeros, parfait symbole de Cuzco. Le menu est élaboré par le Chef péruvien Rafael Casin, grand ambassadeur de la cuisine de son pays, qui a pour objectif de faire partager le riche patrimoine culturel des produits de Cusco, en respectant et en valorisant les traditions culinaires autochtones.

   

Au menu, ce soir, de délicieux filets de canard, purée de tomates d'arbre, petits légumes sautés et sauce aux baies rouges avec pisco. Et en dessert, une incroyable terrine de chocolat, noix du Brésil et fruits de saison. La vaisselle dans une jolie céramique verte et blanche rend aussi hommage à l’artisanat péruvien. Une expérience gastronomique unique.

   


Bonne nuit …

Les suites racontent elles-aussi une histoire locale avec leur mobilier coloré et un peu patiné. Elles ouvrent soit sur le jardin intérieur ou sur la terrasse du premier étage. Derrière une magnifique porte en bois, je découvre une très grande chambre avec un king size bed coiffé de deux belles colonnades en bois doré. Une somptueuse cheminée, un salon et une jolie table bois complètent l’ensemble très cosy et élégant. La salle de bains en marbre est toute aussi confortable avec bains et douche. Très concerné par le développement durable, La Casona a banni le plastique et offre des aménités emballées dans du papier recyclable. Quelle bonne idée !

    


Cuzco : Une pépite sur la terre des Inca

Les oiseaux chantent joyeusement lorsque je me réveille à Cuzco. Le soleil brille déjà et la journée s’annonce radieuse. Un petit-déjeuner copieux m’attend dans la salle à manger qui sent bon les croissants et le café. Des bruits de tambours retentissent sur la petite place devant l’hôtel. C’est encore jour de fête et la fanfare s’en donne à cœur joie.

   


Ce matin, je pars pour Qorikancha, le temple qui fut le riche de tout l’empire inca avec des murs entièrement couverts de feuilles d’or. Légué par Francis Pizzaro à son frère Juan, qui l’offrit ensuite aux jésuites. Ce sont eux qui le gèrent encore et le couvent Santo Domingo. Extérieurement, l’architecture et la maçonnerie racontent ces différents événements ainsi à l’intérieur où l'on passe des vestiges de petits temples dédiés à la lune et au soleil avec leurs fameux murs trapézoïdaux, à des fresques relatant la vie de Saint Dominique (Santo Domingo). Au premier étage, ne manquez pas la sacristie, ni la tour qui offre une vue panoramique de Cuzco.

   

Avant de revenir sur la Plaza de Armas, faites un détour par la rue Triumfo pour déjeuner au restaurant Cicciolina, installé dans une vaste demeure coloniale. De parole de péruviens, c’est certainement l’une des meilleures tables de la ville. Rendons-nous maintenant à la Cathédrale construite au XVIème avec des blocs du site inca de Sacsayhuaman (sur les hauteurs de Cuzco). Sur son côté droit se dresse la Iglesia del Triumfo et à gauche la Iglesia de Jesus Maria qui forment un très grand ensemble architectural. Aux parfums d’encens se mêlent ceux des fleurs en très grand nombre dans les trois églises. Les chapelles latérales sont toutes plus dorées les unes que les autres alors que l’autel actuel flamboie sous des feuilles argentées. La Cathédrale abrite également une collection de peintures de l’escuala cusqueña  (école de Cuzco) qui s’est développée entre les XVIème et XVIIIème siècles. Etonnante combinaison de styles européens et d’artistes locaux, la Vierge Marie porte une jupe en forme de montagne avec une rivière sur l’ourlet, l’identifiant à la Pachamama des Incas. Ou encore La Cène où sur la table sont représentés des produits locaux dont un petit cochon d’Inde rôti ! 

   


Diner chic au Senzo

Derrière la façade de cet ancien palais, ancienne résidence privée d'un conquistador avant d'être transformée en couvent en 1715, l’Hôtel Belmond Palacio Nazarenas est une luxueuse retraite urbaine. Construit sur des fondations incas, il associe le riche passé de la ville au luxe moderne, et a su conserver tout ce qui est précieux : Pierres d'origine, fresques coloniales et peintures encadrées d'or. Il possède la première piscine en plein air de Cuzco, un splendide Spa et la Chapelle Notre Dame de l’Assomption attenante à l’hôtel et visitable tous les jours. Pour rejoindre le restaurant Senzo, je traverse d’adorables terrasses et des patios où poussent des fleurs et des herbes utilisées par les chefs en cuisine. Ce jardin fait écho aux terrasses agricoles que nous avons pu admirer dans la Vallée Sacrée et au Machu Picchu. La salle du restaurant ouvre sur la piscine où se reflètent les premières étoiles. 

   

Nous voici à la table du chef liménien Hernan Castañeda qui aime par-dessus tout « le mélange créatif des influences culturelles ». Il commence sa carrière en tant que chef au restaurant Le Bistrot de Mes Fils sous la supervision de Marisa Giulfo, chef péruvien de renom. Rapidement intéressé par le développement de sa propre cuisine, c’est au cours d’un voyage culinaire à travers le Brésil, le Chili et l'Amérique centrale qu’il apprend les nuances de la cuisine régionale et la valeur du mestizaje (le mélange créatif des influences culturelles). De retour au Pérou, Hernan se lance dans l'apprentissage de la cuisine andine et devient chef du MAP Cafe, l'un des plus importants du genre à Cusco. Aujourd'hui, avec dix-neuf ans d'expérience dans le secteur, et une reconnaissance internationale, il participe à des événements gastronomiques au Nicaragua, au Salvador et aux Émirats Arabes Unis.
Au Senzo, il propose une fusion exceptionnelle des cuisines italienne et péruvienne, avec des légumes et des fruits frais, dans une atmosphère dynamique et raffinée. Au menu : Paiche grillée (grand poisson vivant en Amazonie), taboulé de quinoa et pois chiches, yaourt grec et petites carottes rôties, et tiramisu où même la cuillère se mange. Quel festin ! 

    


A l’image de ces danseurs, notre aventure péruvienne fut un spectacle de tous les instants, emmené par la joie de vivre des habitants. Au-delà du mythe de l’Eldorado, nous sommes partis à la rencontre de ce peuple qui honore son héritage et ses traditions. Nous avons visité les sites d’une civilisation mystérieuse et brillante. Le Pérou du XXIème siècle ne se limite plus à son passé, mais aime partager avec ses visiteurs son énergie et sa ferveur. En attendant de découvrir le Pérou, ne manquez pas l’exposition Machu Picchu à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine à Paris.


www.belmond.com
www.inkaterra.com
www.relaischateaux.com
www.lvmh.fr

www.peru.travel/fr
www.promperufrancia.fr