Il est des lieux comme des personnes que l’on regrette immédiatement. En laissant derrière moi la Vallée Sacrée et le lodge EXPLORA ce matin-là, j’éprouve de la nostalgie. Mais, allons de l’avant… pour un voyage en voiture qui me conduit plus au sud vers les grandes étendues de l’Altiplano. En chemin, nous visiterons la Chapelle des Andes Andahuaylillas et découvrirons Raqchi. Enfin, nous nous installerons pour deux nuits sur le Lac Titicaca. Alors, prêt pour une nouvelle aventure péruvienne ?

      


En route pour Puno et le Lac Titicaca


Pour franchir les trois cent cinquante kilomètres qui séparent la Vallée Sacrée de Puno, vous avez le choix entre l’avion, le train et la voiture. Pour ma part, j’aime voir du pays et voyager en voiture permet de s’arrêter quand bon me semble. D’autant que nous allons traverser certains des plus beaux paysages de l’Altiplano à une altitude moyenne de trois mille trois cents mètres.
Comme toujours au Pérou, tout semble haut, grand voire démesuré, et sauvage. Notre chauffeur Alex, cuzquénien de naissance, adore son pays et le connait très bien. Il va donc partager avec moi toutes sortes d’anecdotes et avec beaucoup de patience et de gentillesse, s’arrêter lorsque, par exemple, nous croisons des troupeaux de lamas (sic). Les vallées se succèdent avec leurs originalités : Petites marchandes vendant des épis de maïs, champs argentés d’eucalyptus, villages éparpillés, reliefs accidentés, glaciers,… C’est une palette de lieux pittoresques qui raconte la vie sur les hauts plateaux andins.

     

Les surprises culturelles et archéologiques ne manquent pas non plus. A Andahuaylillas (traduisez, le lieu où les daims aiment courir), ce joli village andin respire la paisibilité et le temps y semble arrêté. L’Eglise San Pedro en haut d’une volée de marches m’éblouit. Comme elle porte bien son surnom de Chapelle Sixtine des Andes ! Construite au XVIIème siècle par les jésuites, elle n’est que profusion de peintures, de sculptures, d’or et d’argent. En entrant, la somptueuse Chambre des Baptêmes raconte le Baptême de Jésus en cinq langues : Espagnol, latin, quechua, aymara et en puquina. Les grandes fresques qui décrivent le passage du paradis à l’enfer sont tout aussi superbes et animées. Partout, le mélange de syncrétisme me rappelle que la religion catholique au Pérou a été assimilée au moment de la colonisation, puis mélangée aux croyances amérindiennes.
     

Tandis que nous reprenons la route, je réalise une fois encore ce qui fait le charme et la force du Pérou. Les vallées succèdent à nouveau aux plateaux tandis que surgissent de temps en temps de petites maisons en adobe à côté desquelles on voit des rectangles rouges : « ce sont des toilettes ; l’état péruvien a lancé un plan d’hygiène et offert ses dépendances par milliers ». Je mesure le chemin qui reste à parcourir entre les villes et les campagnes dans un pays aussi immense que le Pérou. Changement de décor : Nous voici à Raqchi, étymologiquement céramique en quechua. Construit au XVème siècle, ce sanctuaire inca était dédié au culte du dieu Wiracocha, dieu suprême créateur du soleil, de la lune, des hommes, des animaux… Je me promène au milieu des rues, des habitations, des colcas, constructions circulaires en pierre servant de greniers, des fontaines et reste admirative devant les vestiges du temple dédié à Wiracocha avec ses vingt-deux colonnes. En sortant, je regarde les jolies poteries colorées vendues sur le marché. Comme elles seront jolies à la maison…

    

Nous repartons pour atteindre le col de La Raya, c’est-à-dire, la frontière entre les régions de Cusco et Puno. Il représente le point le plus haut avec ses quatre mille trois cent trente-huit mètres. Les troupeaux de lamas s’intensifient, mais aussi de vaches car on fabrique et on vend ici beaucoup de fromages même au bord de la route. Nous entrons dans Pukara, la ville des toritos : Je les ai déjà vus suspendus par paire sur le toit des maisons et apprend qu’ils symbolisent la protection et la prospérité. Et voici maintenant Puno surtout connu pour le Lac Titicaca. Selon une croyance, il serait le lieu de naissance du soleil et incarne le lac sacré pour les Incas. Traversé par la frontière entre le Pérou et la Bolivie, sa longueur est de cent quatre vingt- dix kilomètres et sa largeur de quatre-vingt kilomètres. C’est au bord de ses rives que se trouve l’Hôtel GHL Lago Titicaca qui devient mon point d’ancrage pour deux nuits.

    


Un hôtel sur le lac

Comme un grand navire blanc avançant vers Titicaca, l’Hôtel GHL Lago Titicaca occupe une situation unique à Puno. Il faut d’abord traverser une bande de terre privée et prendre de la hauteur pour y arriver. En sortant de la voiture, la vue est spectaculaire avec la ville de Puno dans le lointain et le lac à perte de vue ! Et ce n’est pas terminé car, même de l’intérieur de l’hôtel, la vue sur Lac est complète grâce aux grandes baies vitrées des salons et du Bar. Et dans ma suite au second étage, le spectacle se poursuit avec un point de vue encore plus large. J’aperçois déjà les fameux roseaux qui servent à la fabrication des villages flottants. Ma chambre sobre et blanche est également composée d’un salon parfait pour contempler les îles. La gouvernante apparait et dépose de jolis bouquets de fleurs fraichement cueillies. Les nuits étant fraiches à cette altitude, elle me propose également une bouillotte qu’elle glisse au pied de mon grand lit. Puis, elle m’informe que l’hôtel possède un jacuzzi que les clients apprécient après une journée dans les îles.

   

Le réceptionniste ayant parlé d’une promenade autour de l’hôtel, je chausse mes tennis et rejoins le sentier privé. L’air est léger et l’eau du lac bleutée invite à la rêverie. De nombreux oiseaux y nichent, des cochons d’Inde y vivent en liberté ainsi qu’une famille de renards qui me croise sans surprise. Il règne ici une telle harmonie entre l’homme et la nature. Quelques petits bateaux croisent sur le lac : Ils permettent aux habitants de îles d’aller faire leurs courses à Puno. Et tout à coup, je rencontre un petit troupeau d’alpagas qui paressent dans le coucher de soleil. Ils me regardent en mâchonnant de l’herbe. Ils sont aussi libres que nos vaches françaises, et aussi curieux puisque certains tentent une approche. La nuit est en train de tomber et le ciel pur se remplit d’étoiles : A cette altitude, on peut observer, m’a-t-on dit, de nombreuses constellations.

     

Retour à l’hôtel dans l’un des salons où brûle un grand feu de cheminée. Le lieu est convivial et bruit des conversations des voyageurs revenus des îles. J’ai rendez-vous pour dîner maintenant au restaurant Los Uros. La grande salle décorée de tissus péruviens le domine ainsi que la ville de Puno qui est en train de s’éclairer. La carte fait la part belle à la fameuse cuisine fusion péruvienne : La soupe de maïs est un régal ainsi que la truite, grande spécialité de ce coin du Pérou.

    


Navigation vers les îles Uros et Taquille

Il est 8 heures lorsque je retrouve mon guide dans le lobby de l’hôtel. Nous nous dirigeons ensemble vers un petit bateau arrimé à l’embarcadère privé de l’hôtel. Le ciel est infiniment bleu et les eaux du lac sont tranquilles : « Le vent peut souffler e provoquer de hautes vagues sur le Lac, c’est pourquoi nous privilégions les départs matinaux ». Nous partons pour une journée entière à la découverte de la vie des îliens.
La croisière dure une petite heure pendant laquelle j’apprends que Titicaca signifie « puma » et « couleur grise » et que le lac a lui-même la forme d’un puma. Les îliens seraient les descendants des incas qui, chassés par les conquistadors espagnols, se seraient refugiés sur le Lac. Du bateau, j’aperçois les premières îles artificielles de Titinos du peuple Uros : Constituées de plusieurs couches superposées de joncs - le totora -, elles sont plus authentiques que celles dans la baie. Je vois tout d’abord l’un de leurs bateaux traditionnels construits avec des bottes de jonc, avant de descendre à terre ou sur l’eau. Je ne sais plus… Le sol est meuble et élastique sous mes pas et enfonce par endroit. Pourtant, vit sur cet îlot une famille de trente personnes reparties dans cinq huttes. Elles me paraissent précaires, alors qu’il y a l’électricité et des panneaux solaires. Mais, la vie des Uros reste très rustique avec le four constitué de trois grosses pierres devant la maison principale. Les Uros vivent de l’artisanat comme me le montrent fièrement les femmes du groupe. Des filets de pêche indiquent que leurs maris sont avant tout des pêcheurs. Les hommes consolident aussi tous les quinze jours l’île car les vagues la fragilise. Il y aurait à ce jour une centaine d’îles artificielles sur le Lac. Notre monde occidental me semble à des années lumières à ce moment-là …

     


Autre curiosité sur le Lac, le peuple Taquile qui tient son nom du premier espagnol arrivé dans la région. Tout le monde en a attendu parler car « c’est ici que les hommes tricotent et que les femmes tissent », un art que l’Unesco a inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. On se croirait en Méditerranée car Taquile a une beauté naturelle sous un soleil éblouissant. Deux mille cinq cent personnes vivent ici et maintiennent en équilibre vie communautaire et tourisme. Fervents défenseurs de leur identité, leur patrimoine et de leurs traditions, ce peuple évite les mariages intercommunautaires, même s’il y aurait quelques assouplissements aujourd’hui. Pour pouvoir se marier, l’homme doit être capable de tricoter un bonnet en laine d’alpaga qui sera soumis à plusieurs tests de résistance par les anciens. La femme, elle, devra tisser une première moitié de ceinture tandis que son futur époux tissera la seconde à partir des cheveux qu’elle se sera coupée. Les terres sont offertes par la communauté qui vous aide aussi à construire la maison et à l’équiper car « aujourd’hui, c’est pour vous, et demain, ce sera pour moi ». En faisant le tour de l’île, je croise des enfants qui jouent, des troupeaux de qui paissent tranquillement. Ici, les voitures sont interdites, il n’y a pas de lampadaire, seule le soleil et la lune éclairent les chemins. Taquile est une île de paix et d’éternité, aussi le retour sur terre me parait compliqué…

     


Alma restaurant, une adresse gourmande sur le Lac

Heureusement, la table est un moment de la vie qui vous réconcilie avec tout, n’est-ce pas ? Ce soir, je dîne au restaurant Alma de l’hôtel Casa Andina. Belle demeure posée au milieu d’un jardin au bord du Lac Titicaca, la salle à manger est jolie, décorée de poteries et de tapisseries péruviennes. Un feu flamboie dans la cheminée et nous en profitons avec plaisir. Une soupe de quinoa me réchauffe et m’ouvre l’appétit. Le poulet grillé accompagné de raviolis fourrées aux poires, réduction de vin de Porto et asperges grillées est délicieux. Les péruviens adorent décidément les mélanges sucré/salé.

C’est sur ces notes gourmandes que je referme cet épisode consacré au sud du Pérou. La semaine prochaine, nous prendrons le luxueux Andean Explorer Train by Belmond pour rejoindre Cuzco et visiter ensemble le centre du monde, selon les Incas.

    

www.ghllagotiticaca.com
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