Vu du ciel, la Cordillère des Andes ressemble aux magnifiques plans-reliefs précieusement gardés aux Invalides à Paris. Je distingue des sommets désertiques, des glaciers, des contreforts que l’homme n’a pas encore gravis, quelques routes, des maisons, des champs de toutes les couleurs, des lacs, le lit de la rivière Urubamba, … Après une heure de vol depuis Lima, nous approchons de la Vallée Sacrée et c’est un spectacle à nul autre pareil ! Je vais y passer quelques jours dans les luxueux lodges d’EXPLORA, à la découverte des sites phare de Chinchero, Ollantaytambo, Moray, Maras et de Machu Picchu. Accompagnée de guides expérimentés, je vais explorer la campagne andine, m’en imprégner, la respirer et la vivre. Suivez-moi.

     


Vallée Sacrée : A la découverte du berceau de la civilisation Inca

A quinze kilomètres de Cuzco à vol d’oiseau, El Valle Sagrado, la Vallée Sacrées’étend au pied des impressionnants contreforts andins. Au fil du fleuve Urubamba qui relie les Andes à l’Amazonie, elle offre des paysages idylliques et apaisants. A moins de trois mille mètres d’altitude, elle est aussi un palier important pour les voyageurs des plats pays que nous sommes. Son climat est très agréable avec des températures en hiver (notre été) qui oscille entre 10° le matin jusqu’à 23° dans la journée. J’y arrive par une journée de grand ciel bleu où les champs de céréales et les fleurs éclatent de couleurs. La Vallée abrite l’ancienne capitale des Incas, Cuzco, dont nous vous raconterons l’histoire dans un autre épisode. Les Incas … ce peuple qui a conquis entre le XIIème et le XVème siècle un très vaste et florissant empire qui réunissait le Pérou actuel, mais aussi l’Equateur, la Bolivie et le Chili. Ils avaient fait de la Vallée Sacrée leur grenier et un haut lieu religieux. Il se dégage de cet endroit une force, une énergie et une incroyable douceur de vivre.
C’est ici qu’EXPLORA Valle Sagrado s’est installé il y a quelques années. Le groupe a construit son lodge comme une grande maison et un point de départ idéal pour explorer cette région isolée et magique. Après deux heures de voiture depuis l’aéroport de Cuzco, nous arrivons par le petit village patrimonial d’Urquillos où habite une communauté dynamique. La pente s’accélère soudain lorsque j’aperçois un long bâtiment blanc et ses balustres en bois. Les premières étoiles sont en train d’apparaitre, les parfums du soir se répandent et il règne un silence enchanteur.

   


Comme j’en ai pris l’habitude, je suis accueillie par un muña tea, boisson traditionnelle parfumée à la menthe, et le sourire de Carlos, l’un des guests experiences qui prend soin de nous. Il me présente "ma maison pour les cinq prochains jours ", et je m’y sens immédiatement comme chez moi. Sur un immense plateau en bois qui embrasse tout le paysage de la vallée (je le découvrirai le lendemain), je parcours des salons confortables où crépitent des feux de cheminée. La décoration sent bon le bois qui est omniprésent, avec des touches de couleurs de plaids, de coussins, d’objets issus de l’artisanat local. Nous suivons un couloir extérieur conçu comme une varangue suspendue au-dessus du paysage, et je me dis qu’il sera agréable d’y rêver. Ma chambre est spacieuse, parfumée et fraiche. Elle a été conçue avec ses 40m2 comme un espace de retraite moderne. Je l’adopte immédiatement d’autant qu’elle est magnifiquement équipée, sauf d’un poste de télévision. Ah … se déconnecter de l’actualité, du reste du monde… Les couleurs bleu gris du salon lui apportent une certaine douceur, tandis que les premières lueurs de la nuit jouent avec les cloisons en bois dessinées comme des flûtes de pan. Dans l’immense salle de bains taillée dans une jolie pierre, douche et bains donnent envie de se détendre. Puis, je m’enroule dans le grand plaid du lit et me prépare à ma première nuit dans la Vallée Sacrée.

    

Eveillée par le chant des oiseaux, je me précipite vers les grandes fenêtres de ma suite, et c’est bouche bée que je découvre le paysage. Sous un soleil flamboyant, se déroulent des champs de maïs et des montagnes à perte de vue. Il règne un silence total autour de moi. La lumière est dorée, seules quelques fleurs apportent des touches rosées. Quelques mouettes des Andes volent dans le ciel tandis des hommes le dos courbé retournent la terre à la recherche d’eau. Le temps semble suspendu.

   


L’heure du petit-déjeuner

Placée sous la responsabilité du célèbre Chef péruvien Virgilio Martínez, la cuisine chez EXPLORA Valle Sagrado est une histoire à part entière car elle s’inspire de la biodiversité et de l'histoire de la Vallée Sacrée, ainsi que des caractéristiques des gens qui y vivent. Le buffet du petit-déjeuner est généreux et varié avec son muesli fait maison, son beurre à base d’agave Kabuya et texturé comme du miel, différents pains, des pâtisseries, des omelettes, des jus de fruits à la minute, une délicieuse salade de fruits du pays, des yaourts faits maison… C’est un véritable festin issu des produits locaux. Comme je le verrai plus tard, le Pérou offre une extraordinaire richesse de fruits et de légumes.

    


Prendre ses marques au Spa
Pumacahua Bathhouse

A trois mille mètres d’altitude, il convient d’écouter son corps et de le respecter. Je décide donc de débuter ma première matinée andine, par une séance de bien-être. Un adorable sentier relie le lodge à une jolie maison coloniale du XVIIème qui abrite le Spa. Ancienne propriété de Matéo Pumacahua, héros de l'indépendance du Pérou, elle est inscrite au titre de patrimoine culturel du Pérou. La maison est ravissante avec ses belles fresques qui habillent les murs d’une terrasse en surplomb du jardin.

    

Le Spa comprend deux jacuzzis, des salles de massage, un sauna et un hammam. Un peu plus loin, a été creusée une belle piscine chauffée dans un jardin luxuriant : Des roses côtoient des anthuriums, des dahlias, un avocatier, un citronnier, un manguier où se retrouvent des colibris et des tourterelles. C’est un petit coin de paradis comme nous en rêvons tous !

      

Des explorations selon les goûts de chacun

En pleine forme après ces quelques brasses, je rejoins l’un des guides d’EXPLORA qui me présente tout d’abord la philosophie du groupe. Né en 1993, les fondateurs ont une vision de l’exploration fondée sur le respect et la protection de la nature, le luxe de l’essentiel et le développement durable. JJ, guide péruvien, m’écoute lui parler de mes envies, de mes forces et faiblesses physiques, et m’aide à construire un programme personnalisé pour les quatre prochains jours. Muni d’une carte de la vallée et d’une ardoise magique pour affiner mon programme, il m’explique qu’EXPLORA a imaginé plus de trente possibilités d'explorations pour visiter les lieux incontournables que sont Cusco, Pisac, Ollaytantambo, Moray, Maras ou Machu Picchu. Pour chaque départ, je vais trouver des friandises sucrées et salées à côté de la réception, remplir ma gourde à la fontaine d’eau purifiée, me faire prêter les équipements appropriés. Tout sera fait pour mon confort et pour que je vive des expériences enrichissantes loin des nuisances du tourisme traditionnel.

    


Chinchero, lieu de naissance de l’arc en ciel

Pour se mettre en jambe, rien de tel que de passer à table, n’est-ce pas ? Je m’installe donc dans le restaurant d’EXPLORA : Le menu change tous les jours et n’en finit pas de me surprendre. Tout commence d’abord par une cérémonie de mise en bouche : Des chips au paprika et au piment jaune, du pain chapla à la betterave et du pain pita à la huacatay, herbe aromatique péruvienne. Suit une délicieuse salade de tomates au basilic et fromage blanc, et une succulente crème brûlée aux fleurs du jardin. Tous les sens sont en effervescence tant les préparations sont bonnes que belles. Les arts de la table sont très intéressants car réalisés en céramique et en terre cuite. Ils ajoutent une touche locale et authentique que j’aime beaucoup. Le couteau à beurre est lui aussi rustique avec son design de silex taillé.

    

La grande salle qui accueille restaurant et bar est couverte d’une imposante charpente en bois qui lui donne des airs de cathédrale. Des nombreuses fenêtres, on aperçoit les Andes légèrement auréolées ce matin d’écharpes de brume. La journée va être superbe, m’annonce le serveur qui m’appelle gentiment par mon prénom. Tout le personnel est polyvalent : Il passe de la réception, à la boutique ou au restaurant, ce qui le rend très proche des clients. C’est comme une grande famille qui nous entoure et n’hésite pas à échanger avec nous conseils et petites histoires.

   



En route pour le village typique de Chinchero. Nous traversons la campagne et je constate une fois encore la variété et la verdure des cultures. Le maïs vient d’être coupé : On l’appelle choclo au Pérou et il me surprend par ta taille géante de l’épi de maïs. Viennent maintenant les champs blonds d’orge et un peu plus loin, ce sont des cultures de brocolis, pommes de terre, d'oignons, de tomates,… Le long de la rivière Urubumba - nom porté également par la province où nous nous trouvons -, les genêts ont éclos par milliers, près des figuiers de barbarie, des agaves et des cactus. Au loin, je distingue des lacs, le sommet des glaciers, des troupeaux de vaches, de moutons. Je comprends pourquoi les Incas avaient choisi la Vallée Sacrée comme grenier pour nourrir les dix millions de la population.
Nous faisons une première halte dans une coopérative textile où les femmes tissent la laine d’alpagas et de bébés alpagas. Dans la cour, fourmillent une trentaine de cochons d’Inde qu’elles élèvent pour leurs besoins nutritionnels. Une tradition au Pérou ! Au cours de plusieurs opérations, les femmes lavent la laine, la filent et la teignent car la laine récoltée est seulement blanche, marron et noire. Elles utilisent toutes sortes de racines, de graines, voire le pipi des bébés pour obtenir des couleurs complémentaires. Leur travail est long et fatigant, mais quel résultat lorsque je prends entre mes mains les beaux châles qu’elles ont réalisés !

 


Nous entrons dans Chinchero, village typique avec ses ruelles pentues couvertes de calades et ses maisons blanches en adobe (mélange de boue et de paille). J’y rencontre des habitants en habits et chapeaux traditionnels qui pratiquent encore le troc. Il faut grimper jusqu’à l’église coloniale et sa terrasse pour profiter d’une vue panoramique sur les montagnes. Nous sommes en effet à 3760 mètres et même si l’air se rarifie, je profite du spectacle. Sur la gauche, je commence à apercevoir les ruines incas de Chinchero. Sur ces terrasses agricoles encore utilisées aujourd’hui, on peut voir des sièges et des escaliers taillés dans les rochers. Ici, se conjuguent le passé et le présent de manière saisissante et harmonieuse.

    

 

Détente, lecture et gastronomie chez EXPLORA

Encore pénétrée des émotions de cette première immersion dans la Vallée Sacrée, je rejoins la Bibliothèque de l’hôtel qui réunit une collection de beaux livres sur le Pérou et ses traditions. Il fait bon vivre ici car l’atmosphère est chaleureuse et élégante. Issus de la Boutique, sont accrochées sur les murs de grandes teintures colorées péruviennes ou disposées ici et là des poteries locales.

    

Avant de passer à table, je m’installe au Bar et goûte un cocktail à base de pisco, une eau de vie locale. La play list diffuse une musique des Andes que j’apprécie à cette heure de la journée. 20 heures, le temps du dîner car dans les Andes, on se couche tôt et on se lève tôt avec le soleil. Au menu ce soir, de nouvelles recettes du Chef Virgilio Martínez, qui a élaboré la carte du restaurant, et est le propriétaire du célèbre restaurant liménien CENTRAL, élu quatrième meilleur restaurant au monde, selon le classement The World's Best Restaurants 2021. C’est peu dire !

    

La truite et sa purée de légumes d’épinards sont cuits à point et très parfumés ; le porc dans son sirop d’érable, servi avec des ulluques (petits tubercules, un peu comme une pomme de terre) et un riz blanc a des notes de chocolat. Enfin, le dessert est un granité de mangues et de fruits de la passion et quelques feuilles de muña. Le Chef désire que « chacun de nos voyageurs puisse entrer en communion profonde avec le teritoire que nous habitons et vivre une expérience gastronomique unique dans la Vallée Sacrée des Incas ». Pari gagné, je suis subjuguée et sous le charme de cette cuisine qui joue avec les saveurs et les textures.

   


Ollantaytambo, Moray et Maras, au programme du troisième jour

Lorsque je prépare un voyage, je lis beaucoup et je regarde des photos. Ah ! la force des images. Et ce jour-là, sur la route de ces trois sites mythiques, je ne fus pas déçue. Entrer dans le village d’Ollantaytambo, classé par l’Unesco, se mérite car la route qui y conduit est comme un échiquier de calades de toutes formes. Le village de presque deux mille habitants tient son nom d’Ollantay, l’un des leaders guerriers du grand roi conquérant inca Pachacutec. Les drapeaux flottent dans les rues car il y a eu une fête (selon mon guide, il y aurait une fête tous les jours au Pérou). En arrivant sur la place centrale, c’est une explosion de couleurs et de costumes car une cinquantaine de communautés vivent autour du village. Les traditions vestimentaires sont très vivaces : Les femmes portent des tresses, un chapeau qui, s’il est porté à droite ou à gauche veut dire « célibataire ou mariée », une large jupe et un gilet. En déambulant dans les rues qui restent le plus bel exemple d’urbanisme inca, je comprends qu’Ollantaytambo fut l’une des villes les plus importants de l’empire inca en tant que lieu de convergence de plusieurs chemins incas et point de contrôle de la route menant au fameux Machu Picchu. À l’époque de la conquête espagnole menée par Francisco Pizarro, Ollantaytambo fut la résidence de Manco Inca, leader de la résistance inca, qui fit fortifier le village et ses alentours alors que Cusco était déjà tombée sous l’emprise des conquistadors espagnols. Forteresse redoutable, la ville garde de cette époque cinq étages de terrasses, un temple cérémoniel et une longue muraille. C’est un de mes sites préférés, comme un magnifique préambule au fabuleux Machu Picchu.

   


En début d’après-midi, changement de décor. Nous atteignons Moray célèbre pour ses cercles concentriques et ses allures d’amphithéâtre. Le paysage blond est bucolique et les pentes des montagnes alentour avancent comme des pattes de gentils griffons. Personne ne sait exactement quelle a été l’utilisation de ces terrasses : Laboratoire pour déterminer les conditions optimales pour chaque culture ou temple pour les cérémonies célébrant l’eau ? Peu importe, le site archéologique inca de Moray me touche et a un charme incomparable.
A huit kilomètres, se trouve un autre lieu tout aussi époustouflant : Maras et ses Salineries. Mais, avant de descendre vers ces piscines salées, je vous invite à vous promener dans le village où demeurent quelques ravissantes portes bleues d’origine coloniale. Reprenons la voiture pour les Salineries. Trois cent cinquante familles récoltent le sel dans plus de quatre mille piscines. Pendant la saison sèche (de mai à septembre), on y récolte jusqu’à cent cinquante kilos de sel par piscine par mois. Un peu à l’écart, on distingue quelques bassins datant de l’époque inca. En regagnant EXPLORA dans la Vallée Sacrée, je réalise que la vallée porte bien son nom tant la terre y est riche et les hommes des dieux. Je suis étonnée par la diversité du Pérou, agitée par une profusion d’émotions et impatiente de me lever demain matin pour l’ascension du plus fabuleux des temples : Machu Picchu.

    


Accéder au Machu Picchu avec le train Hiram Bingham

Pour cette journée particulière, rituelle et symbolique, j’ai choisi de gagner la vaste citadelle inca dans les plus belles conditions. Le train Hiram Bingham, qui appartient au groupe Belmond, une marque LVMH, porte le nom de l’explorateur anglais qui a redécouvert Machu Picchu en 1911. En gare d’Ollantaytambo, le train à la livrée bleue et or entre majestueusement et fait forte impression. À l'intérieur du train de style Pullman, le luxe est omniprésent dans le glamour d'une époque révolue : Bois brillants, tissus raffinés et équipements précieux. Pendant une heure trente minutes, le train longe la rivière Urubamba, le chemin de l’inca (quarante-cinq kilomètres dont le plus haut passage atteint quatre mille deux cents mètres d’altitude) et traverse une végétation très luxuriante. Pendant ce temps-là, le personnel du train est aux petits soins et nous propose cocktail et déjeuner digne d’un palace ! Certains voyageurs vont même jusqu’à faire quelques pas de danse sur des rythmes latinos. Arrivés à Aguas Calientes, en contrebas des ruine de Machu Picchu, nous prenons un bus affrété par Belmond jusqu’à la porte d’entrée du site.

    


A cet instant, le mystère de la vaste citadelle reste entier car elle se dérobe encore à moi. Il est 15 heures, le meilleur moment de la journée pour la lumière et pour le nombre faible de visiteurs. Très réglementé pour des raisons de protection, Machu Picchu reste néanmoins très touristique. N’est pas merveille du monde qui veut ! Et tout à coup, il est là face à moi, dans toute sa majesté : Machu Picchu, qui signifie vieille montagne en quechua, semble flotter dans le ciel bleu au milieu de la Cordillère des Andes. Malgré quelques études, ce temple n’a pas encore livré tous ses secrets. On n’hésite même sur sa date de construction : Au paroxysme de l’empire inca ou déjà déserté à l’époque coloniale ? Peu importe, la magie opère lorsque j’emprunte les ruelles de la ville qui séparaient les citadins et les fermiers. On sait en revanche que Machu Picchu fut habité par le roi inca Pachacutec et sa cour. Regardez l’incroyable travail de la pierre, l’abondance des ornements, les bains cérémoniels, le tombeau royal, le Temple du Soleil, la maison du Grand Prêtre, … On n’est pas préparé à une telle splendeur à plus de deux mille quatre cent mètres d’altitude, d’autant que 60% du site est intact. Machu Picchu reste un joyau pour le Pérou et le reste du monde.

En reprenant le train Hiram Bingham pour un dîner de gala, les voix se taisent, les voyageurs sont recueillis. L’ascension vers Machu Picchu laisse une émotion particulière, à l’image de ces magnifiques journées passées dans le Vallée Sacrée. La semaine prochaine, nous partirons plus au sud du Pérou sur le Lac Titicaca. Nous n’avons pas fini de vous faire vibrer !

 

www.explora.com
www.belmond.com
www.lvmh.fr
www.peru.travel/fr
www.promperufrancia.fr