La Maison fondée en 1821, à Metz, par Pierre-Paul Vever, voit aujourd’hui la septième génération de cette famille de joailliers, reprendre le flambeau. Le nom du joaillier Vever est associé à des créations de l’Art Nouveau, récompensées de Grands Prix de joaillerie lors des Expositions universelles à Paris de 1889 et de 1900, ainsi qu’à l’exposition internationale de Bruxelles en 1897 et à l’exposition franco-britannique de Londres en 1908.

Une histoire de famille

A l’issue de la guerre de 1870, la Lorraine étant annexée à l’Allemagne, Ernest Vever, le fils ainé du fondateur, quitte sa ville natale pour s’installer à Paris, au 19 rue de la Paix, dans l’artère déjà la plus prestigieuse de la capitale. Habile dessinateur, Ernest Vever voit sa réputation s’affirmer rapidement.

Apprécié par ses pairs, il devient Président de la Chambre syndicale de bijouterie, joaillerie, orfèvrerie. En 1881, il cède l’affaire à ses fils, Paul et Henri, lesquels le secondaient déjà depuis de nombreuses années.

Henri et Paul Vever : deux talents complémentaires Paul, sorti de l’École polytechnique, est un gestionnaire, Henri, un créateur. Celui-ci a appris les métiers de bijoutier, sertisseur, joaillier, dans divers ateliers. Il a également suivi des cours de dessin à l’École des arts décoratifs avant d’intégrer les Beaux-Arts. Peintre amateur, l’esthète est aussi un fervent collectionneur. Il s’intéresse aux tableaux impressionnistes, œuvres de ses contemporains, court les miniatures persanes, les livres illustrés islamiques, se prend de passion pour le Japon. Ce Japon que les artistes occidentaux redécouvrirent, fascinés, dans la seconde moitié du XIXe siècle. Henri Vever rassemble, entre autres, quelques huit mille estampes japonaises ! Historien, chroniqueur, il est, notamment, l’auteur d’un ouvrage majeur sur « La Bijouterie française au XIXe siècle ». Les deux frères vont hisser Vever au firmament.

© Vever, archive, magasin rue de la Paix.
D’illustres clients sur tous les continents

À l’Exposition universelle de 1889 où ils connaissent un succès éclatant et remportent leur premier Grand Prix, la critique vante la grâce de leurs « bouquets de joaillerie » et la qualité de d’exécution. Durant la décennie suivante, Vever participe aux diverses manifestations organisées à l’étranger : Moscou, Chicago, Bruxelles et Londres où la maison est primée une fois encore.

Sa clientèle compte les grandes personnalités de l’époque : le tsar Alexandre III, le Shah de Perse, le premier ministre japonais Prince Togugawa Iesato, le Président de la République française Sadi Carnot, des reines du demi-monde dont la Belle Otero mais aussi de grands industriels américains.

Pionnier de l’Art nouveau et de la modernité « On ne veut plus de Louis XV », note, fébrile, Henri Vever dans son journal en 1898. « Jamais le moment n’aura été aussi favorable, ni aussi intéressant ». Les arts décoratifs, qui, au XIXe siècle se complaisaient dans la réinterprétation de styles historiques, connaissent dorénavant une révolution.


© Vever, Haute joaillerie, bague Nuit Magique, or jaune, émail à jour et diamant de synthèse de 3 carats d'une couleur exceptionnelle D, VVS2.

L’Art Nouveau

Tout en courbes et asymétrie, il chante la Femme, la Flore, la Faune. Pour traduire les coloris de la nature, le bijoutier audacieux fait appel à des matériaux inattendus comme la corne, l’ivoire, les émaux, les pierres dures.

S’il conçoit nombre de modèles, Henri Vever sollicite aussi des collaborateurs extérieurs. Il fait appel au génie de René Lalique et travaille, également, avec Eugène Grasset, artiste suisse aux multiples facettes. Il était créateur de meubles, d’affiches, de textiles, et signa la fameuse couverture du Larousse illustré, une Semeuse soufflant sur une fleur de pissenlit…

Les vingt pendentifs, broches et boucles de ceinture que Grasset compose pour Vever font sensation en 1900. À cette même exposition, le joaillier, pionnier de l’Art nouveau, dévoile de splendides parures de pierres précieuses, louées pour leur élégance, ainsi qu’une suite de peignes, si originaux que, déjà, plusieurs musées européens s’en portent acquéreurs. Alors qu’ils cherchent à s’agrandir, Paul et Henri Vever investissent, en 1907, un immeuble construit pour eux, au 14 rue de la Paix, qui réunit ateliers et magasin. La société y demeure jusqu’à sa fermeture en 1982. Au cours de son aventure, la maison Vever est toujours restée au sein de la même famille.

©  Mildred Forman, Vever, Haute joaillerie, pendentif Déesse de la pluie rose pourpre, or rose, émail  à jour et pavage en diamants de synthèse (2,7 ct).
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Un patrimoine vivant

En 1924, Henri fait don au Musée des Arts décoratifs, à Paris, de sa collection de bijoux du XIXe siècle, dont une soixantaine de pièces signées Vever. Plusieurs d’entre elles sont exposées avec majesté au sein de la Galerie des bijoux du musée.

Une génération plus tard, la famille offre à cette même institution l’intégralité de leurs archives photographiques. Plus d’un millier de clichés, témoins d’une éblouissante créativité. Des œuvres de Vever figurent également, à Paris, dans les collections des musées d’Orsay et du Petit Palais. De plus, elles sont présentes dans certains prestigieux musées à l’étranger, tels que le Cooper Hewitt, Smithsonian Design Museum de New York ou le Virginia Museum of Fine Arts de Richmond.

Une nouvelle ère avec Camille Vever

Pour l’anniversaire de ses seize ans, une tradition, Camille Vever reçoit de sa grand-mère un bijou créé par la maison familiale. Quelle émotion de voir son propre nom inscrit sur un écrin ! A sa fierté, s’ajoute le regret qu’une enseigne, jadis si glorieuse, ait disparu. L’envie de la faire renaître lui revient « comme une petite musique ». D’abord, Camille obtient un Master en finances et débute une carrière de conseil en stratégie, dans les fusions-acquisitions. Ces expériences la confortent dans ses aptitudes à relancer une entreprise en sommeil. A 42 ans, elle s’entoure d’experts et d’une directrice artistique de renom, Sandrine de Laage, et réveille Vever !

Camille est présidente directrice générale de la société tandis que Damien, son frère jumeau, est directeur général délégué, grâce à eux l’enseigne du joaillier brille à nouveau rue de la Paix.

 
© Vever, bague Elixir liane en or jaune, deux diamants de synthèse.

 « Pour que rien ne change, il fallait tout changer. »

100 ans après l’Art nouveau, la Maison Vever, reste pionnière de la modernité et s’engage avec conviction dans un luxe nouveau, durable, une joaillerie éthique. Ainsi ses statuts prévus par la loi PACTE, stipule que son activité respecte l’Homme et l’environnement. D’où l’utilisation de nouveaux matériaux écoresponsables : l’ivoire qu’elle va employer est d’origine végétale et l’or n’est pas extrait des mines, mais recyclé. Un tel engagement conduit le joaillier à se tourner vers des matériaux innovants tels les diamants de synthèse créés en laboratoire. Ils sont composés uniquement de carbone, exactement comme un diamant naturel extrait d’une mine, leur seule différence est leur origine. Cultivée en laboratoire, à partir d’un « germe » de diamant, cette pierre, taillée par des artisans lapidaires, offre les mêmes propriétés physiques, optiques et chimiques, garanties par les certificats de gemmologie, le même éclat, la même pureté, qu’une pierre surgie de terre. La Maison Vever s’engage également à valoriser le patrimoine français et produire l’ensemble de ses collections en France.

La première collection, lancée en juin 2021, se pique aussi de modernité pour sa diffusion et la jeune entreprise fait le pari de la digitalisation. Les créations de haute-joaillerie, et joaillerie, se déploient donc en ligne. Les clients sont accueillis, sur rendez-vous, dans les salons lumineux du 9, rue de la Paix. La gestion du stock embrasse également les nouveaux critères de gestion des entreprises responsables, ainsi les modèles sont-ils fabriqués à la demande, sur mesure, afin d’éviter tout stock inutile et les pièces de joaillerie réalisées dans un délai de trois semaines. Les artisans joailliers qui travaillent avec Vever sont, tous, français.

Une nouvelle étape pour Vever est son installation au grand magasin Printemps, à l'étage de la joaillerie.Sur un très beau stand, où la nature a déployé ses trésors, le joaillier met en valeur ses dernières créations.

© Vever, stand du Pintemps

La nature sublimée

 « … la nature qui me fait monter les larmes aux yeux », confiait Henri Vever à son journal en 1898.

La flore et la faune n’ont cessé d’inspirer ses pièces de joaillerie : des fougères ou des monnaies-du-pape s’épanouissent sur des diadèmes, des branches de chardon, une touffe d’hortensias, des fleurs de cyclamen, animent ses peignes. Un serre-tête se termine par des plumes de paon tandis que trois libellules voltigent sur un devant-de-corsage.

En ce début du XXIe siècle, la nature est plus que jamais présente dans les esprits. Aussi, le thème ressurgit-il dans les créations du Vever d’aujourd’hui. Voilà une bague « Fleur de ginkgo », plante symbole de longévité en Extrême- Orient, ou encore un bracelet « Élixir », fil d’or qui, s’enroulant autour du poignet, évoque une liane. Des lignes sinusoïdales chères à l’Art nouveau. Le nouveau serti à 5 griffes, tel une corolle, affiche la signature végétale de Vever.

Vever, renaissant, est fidèle aux sujets que le joaillier naguère chérissait. Pour orner les colliers de la nouvelle collection, apparaissent des créatures fantastiques et ailées une « Impératrice », une « Déesse de la pluie », une « Nymphe de la flamme ».
 
 © Vever, bague Ginko en or jaune, trois diamants de synthèse.

L’émail : savoir-faire ancestral

Grâce à l’emploi de l’émail translucide à jour, la maison Vever renoue avec ce savoir-faire virtuose, qui permet de reproduire la transparence des ailes d’une libellule, la délicatesse d’un pétale de pois-de-senteur, la souplesse d’un voile qu’agite une gracieuse danseuse ...  Le bijoutier de l’Art Nouveau a recours à la palette des émaux translucides à jour.

Cette merveilleuse technique, prisée à la Renaissance, consiste à combler d’une poudre d’émail, diluée dans l’eau, les vides d’un motif en or ajouré, et sans fond. La substance liquide, déposée au pinceau, en se lovant dans les alvéoles, entre en fusion avec le métal. Sorte de magie… Cuits à haute température, les émaux translucides, tels les vitraux, laissent admirablement passer la lumière. L’émailleuse à laquelle Vever fait appel, Sandrine Tessier, est Meilleure Ouvrier de France (MOF). L’atelier où elle œuvre, fondé par ses grands-parents, est classé Entreprise du Patrimoine Vivant. Pour Vever, elle réalise une véritable prouesse technique en utilisant la technique d’émail à jour aussi appelée « plique-à-jour » sur des surfaces courbes et volumineuses là où les plus grands émailleurs ne l’ont appliquée que sur des surfaces planes.

© Vever, Haute joaillerie, bague Nigth Life, diamant de synthèse de 3 carats d'une couleur exceptionnelle D, VVS2.

Au cœur de la création, la Nature

Sandrine de Laage, Directrice Artistique, s’est plongée dans les archives de la maison Vever pour en faire rejaillir une nouvelle signature stylistique unique et singulière. Le style prend racine dans celui de l’Art Nouveau où nymphes conquérantes, déesses de la pluie, fleurs ensorcelantes, lianes célestes se côtoient et s’unissent. Les pièces de Haute Joaillerie et les bijoux s’ornent de matériaux éthiques et innovants ouvrant les portes d’un univers fantastique. Des créatures audacieuses émergent, venant prêter leurs forces, leur ferveur et leur éclat aux femme qui les porteront.

Collier sautoir Impératrice Vever ravive toute la magie, la singularité et l’audace des joyaux de l’Art nouveau avec une Impératrice qui s’inspire de Sylvia, une broche emblématique créée par Henri Vever il y a plus de 100 ans. L’Impératrice, majestueuse, déploie toute sa puissance sur un sautoir de perles Akoya. Sa silhouette en or recyclé est ornée de 304 diamants de synthèse DEF-VS1. Ses ailes d’un bleu vibrant et irréel jouent de la transparence opalescente de l’émail à jour. Ce même émail dont sa taille est ornée, sous laquelle se dévoile une jupe constituée de magnifiques perles Akoy.

 © Vever, Haute joaillerie, bague Ginko en or jaune, diamant de synthèse.

Pour en savoir plus :

Vever par Evelyne Possémé, dans « Maîtres Joailliers » dirigé par A. Kenneth Snowman, Denoël, 1990.

Henri Vever, champion de l’art nouveau par Willa Z. Silverman, Armand Colin, 2018.

Photos : Pendentifs « Sylvia » et « Poésie » présents à l’Exposition Universelle de 1900, @Galerie des bijoux du Musée des Arts Décoratifs.

 

WWW.VEVER.COM




© Vever, Haute joaillerie, bague Ginko en or blanc, diamant bleu de synthèse. 2,26 ct.