Je crois que tous les alsaciens et les autres connaissent la jolie maisonnette à colombages qui se trouve dans le magnifique Parc de l’Orangerie à Strasbourg. Le Buerehiesel est en effet une institution : Combien d’anniversaires, de fêtes, de repas d’affaires, en amoureux s’y sont déroulés ? Chacun vient y vivre et partager un moment de vie. Eric Westermann et son équipe réalisent des repas gastronomiques que l’on nous envie dans le monde entier. Passons à table !

    


Histoire d’un restaurant étoilé


La nuit est tombée et j’aperçois les lumières du restaurant à travers les arbres et les carreaux typiques des petites maisons alsaciennes. La bâtisse a du caractère : Inscrite à l’inventaire des Monuments Historiques, c’est une vieille maison alsacienne construite en 1607 à Molsheim, amenée pièce par pièce dans le parc pour l’Exposition industrielle internationale de 1895, avec son potager et sa gloriette. Elle s’appelle « Le Buerehiesel », c’est-à-dire en alsacien la maisonnette des paysans. Les parents Westermann Antoine et Viviane l’achètent en 1970 et en font bientôt une table reconnue qui aura jusqu’à trois étoiles Michelin.

    


Une verrière au milieu d’une magnifique végétation


Les habitués connaissent les cinq ambiances que propose la maison. Il y a le grand salon, le petit salon bleu, le jardin pour profiter des journées estivales, les alcôves pour des moments plus intimes et la grande verrière pour des agapes en majesté. Ce soir, ma table a été dressée sous cette verrière. Créée en 1989 par l’oncle architecte Guy Walter, elle a été métamorphosée il y a quelques années et vous transporte dans une ambiance lumineuse et raffinée : Parquet en chêne huilé, boiseries peintes, tables et chaises rouges signés par Jean Ledermann, meilleur ouvrier de France. En levant les yeux, je découvre un très beau plafond tendu réalisé par Barrisol qui nous entraine dans une orangeraie suspendue, tandis que s’envolent un papillon et des raies manta de la créatrice Chantal Thomass.

    


« La cuisine, une passion qui se partage »


Chaque fois que je m’installe à une table étoilée, mes sens sont en éveil et mes papilles en émoi. Le menu affiche cinq plats et un amuse-bouche. Oh la la. Pour le Chef Westermann, la cuisine se définit en trois mots :  Produit, sincérité et respect. Il a bien sûr une liste de fournisseurs locaux qu’il chérit au fil des années. Après un mini kouglof au lard et aux noix, je goûte un Jeu de tomates de plein champ de Chez Marthe. Le maitre d’hôtel Clément me raconte l’histoire de cette famille qui depuis trois générations cultive une exploitation maraichère biologique. Suivent des Cuisses de grenouilles poêlées au cerfeuil et schniederspaetle (petites ravioles alsaciennes). C’est une recette particulière qui apparait sous la rubrique « les recettes de papa ». Emouvant, non ?

    

Pour cuisiner les Artichauts, le Chef les prépare de deux manières : Sautés en mousseline avec une émulsion à la truffe d’été & en crème glacée. Quelle surprise ! Quels parfums en bouche ! Je décrirai le plat qui suit par un mot japonais Umami : Un canard sauvage d’Alsace qui se décline en filet rôti, châtaignes et céleri arrosé d’un jus aux myrtilles, puis, en cuisse braisée et petite pomme sauvage à la prunelle. Umami ! Quant au dessert, il rend hommage aux coings de Kochersberg. A quelques encablures de Strasbourg, voici une région que Louis XIV appela « un beau jardin ». Outre la vision d’un dessert romantique aux couleurs rose pétale, me reste encore en bouche le sorbet au litchi accompagnant les coings.

Chapeau bas Chef Westermann, vous avez magnifié une nouvelle fois les produits de nos régions mais avez aussi crée en moi de belles émotions. Que disiez-vous ? « La cuisine, une passion qui se partage ». Comme c’est juste !
www.buerehiesel.fr