C’est à une découverte gourmande, poétique et culturelle que nous vous convions cette semaine au cœur de l’Alsace. Faisons tout d’abord étape à Ottrott dans le restaurant du Chef Patrick Fritz. Profitons-en bien sûr pour déguster le célèbre Vin Rouge d’Ottrott. Puis, à Boersch, rejoignons Jean-Charles Spindler et l’univers poétique de la marqueterie de bois. Enfin, déambulons ensemble dans les rues typiques des villages de Boersch et d’Obernai. L’Alsace n’a pas fini de nous émouvoir !

   


Comment revisiter les codes de la cuisine alsacienne ?


En France, nous aimons les histoires. L’Alsace a évidemment les siennes, comme celle de l’Ami Fritz. Jeune héros du roman d’Erckmann-Chatrian écrit en 1864, Fritz Kobus est un bon vivant, épicurien qui a érigé les plaisirs de la table et de l’amitié en véritable art de vivre. A Ottrott, c’est ainsi que je pourrais définir le Chef Patrick Fritz du restaurant L’Ami Fritz. Et, c'est encore une fois, une belle histoire de famille : En 1970, Jeanine et René (ses parents) reprennent ce winstub et en font un restaurant renommé. Vingt ans plus tard, leur fils Patrick et son épouse Sophie se lancent dans l’aventure hôtelière. Patrick Fritz qui a fait ses classes au Majestic à Cannes et au Duc d’Enghien aux côtés d’Alain Passard a appris la rigueur, le respect du produit et l’amour du travail bien fait.
La belle façade fleurie et la grande salle à manger rappellent les maisons alsaciennes : Poutres provenant d’une ancienne demeure de Colmar du XVIIIème, nappes en kelsch d’Alsace, peintures évoquant l’atmosphère chaleureux des winstubs et somptueux tableau de marqueterie de bois réalisé par Spindler et racontant les noces de Kobus. Le chef de salle Jean-Dominique (pince-sans-rire très sympathique) nous accompagne et commente le menu du Chef en servant un délicieux Crémant d’Alsace rosé de la Maison Fritz-Schmitt.

    

Trois fourchettes rouges au Michelin, Maître Cuisinier de France, le Chef Patrick Fritz propose des produits de saison, frais, de haute qualité et issus de la région. Sa cuisine aime mélanger les codes de la traditionnelle cuisine alsacienne à une cuisine plus contemporaine. C’est pourquoi, on trouve à la carte les quenelles de brochet farcies aux queues d’écrevisses et nouilles artisanales, et le presskopf de mamie Jeannine. Pour la nouvelle carte d’automne, L’Ami Fritz ajoute des noix de Saint Jacques à la crème de potimarrons, un filet de saumon avec sauce au Riesling, domfnuddle et noisettes torréfiées, dos de faon de cerf rôti aux champignons des bois avec gaufre à la pomme de terre et éclats de châtaignes et chou rouge à la cannelle, et l’onctueux soufflé glacé à la vieille prune de Massenet. Je me réjouis à chaque assiette, alléchante et goûteuse. Une belle adresse généreuse à l’instar de l’accueil !

     


Spécialité : Le Rouge d’Ottrott

Voici un vin dont les origines remontent au début du XIème siècle. Tout aurait commencé grâce à des moines bénédictins de Saint-Léonard de Bourgogne venus avec de jeunes plants de vignes dans des barriques en bois remplies de sol bourguignon. Sur les pentes d’Ottrott, au pied du Mont Sainte Odile, pousse le Pinot Noir qui sert à la fabrication de ce vin rouge d’Appellation Village Contrôlée. Sur le domaine Fritz-Schmitt, le travail de la vigne se fait de manière mécanique et de manière manuelle avec l’aide de chevaux de la race des Comtois. En effet, Catherine et Bernard Fritz-Schmitt attachent beaucoup d’attention au végétal et au respect de la nature. Venez déguster (avec modération bien sûr) leur fameux Rouge d’Ottrott millésimé 2019 ou encore le Rouge d'Ottrott Réserve de l'Ami Fritz - 2018.

    


Jean-Charles Spindler et la marqueterie de bois

En passant sous le porche qui mène à la maison et à l’atelier de l’artiste, j’ai l’impression de pénétrer dans un lieu hors du temps. La Maison Spindler est en effet installée dans l’enceinte de l’ancienne Abbaye Saint-Léonard à Boersch. Démantelée après la révolution de 1789, elle est remplacée par une collégiale de chanoines qui construit ici plusieurs maisons. Je suis accueillie par Jean-Charles Spindler, petit-fils de Charles Spindler, qui avec Anselme Laugel, créa en 1889 un centre artistique et culturel. L’homme dont les yeux brillent et sourient de passion me raconte la naissance du Cercle de Saint-Léonard et de la Revue Alsacienne Illustrée. Influencés par l’Art Nouveau, ces artistes-intellectuels français et allemands réalisent des œuvres éclectiques. Charles Spindler, lui, propose des pièces de marqueterie et redonne ainsi ses lettres de noblesse à un art ancien. En pénétrant dans le musée, j’entre dans un monde extraordinaire de savoir-faire et de raffinement : présentées au cours des grandes expositions internationales, ce sont des pièces de mobilier, des panneaux de marqueterie, des objets d’art décoratif, des sculptures ou encore des peintures réalisées par Charles Spindler et son fils Paul.
 

Une histoire de famille qu’incarne aujourd’hui Jean-Charles. Et pourtant, il ne se destinait pas à vingt ans à la marqueterie d’art. Il voyage beaucoup, fait des études dans la photographie, puis revient à Boersch où il décide de travailler avec son père Paul. Il prend la direction de l’atelier en 1975 et forme des marqueteurs à un art qui allie perfection technique et inspiration artistique. Dans son atelier, s’entasse une diversité d’essences rares, bois collectés par trois générations de marqueteurs et qui forment une bibliothèque remarquable. Ses œuvres puisent dans la tradition de la Maison Spindler et racontent des scènes pittoresques de la vie alsacienne. Mais, l’homme introduit aussi une vision beaucoup plus contemporaine voire abstraite. Des oeuvres que je découvre dans son atelier et que l’on peut aussi admirer dans le monde entier dans des adresses prestigieuses. Labellisée EPV (entreprise du patrimoine vivant), la Maison Spindler est le berceau d’une tradition artisanale et d’une harmonie poétique entre hier et aujourd’hui.

 


Sur la route des vins d’Alsace

On ne présente plus la jolie ville d’Obernai lovée dans les contreforts vosgiens. A l’automne, les vignobles qui l’entourent se parent de mille couleurs chatoyantes. Partir en randonnée sur ces terres est aussi l’occasion de vivre un peu de l’été indien alsacien. Entre les murs, la ville raconte une histoire qui a commencé au Moyen Âge et que l’on retrouve dans de nombreux détails architecturaux. La Place du Marché est un peu le cœur de la ville avec son beffroi à la fois tour de guet et clocher de la Chapelle de la Vierge. L’Hôtel de ville avec ses motifs peints prend des airs de style néo-renaissance. Ne manquez pas encore la cour Fastinger du XVème avec sa tête de bœuf, emblème de boucher. Puis, terminez votre visite en flânant le long des remparts qui protègent encore la ville.
A cinq minutes d’Obernai, le village de Boersch a également un charme fou ! En commençant par la place de la Mairie avec ses deux étages et son magnifique oriel puis, vous pourrez admirer le puits à six sceaux avec ses adorables angelots. Perdez vous dans les ruelles qui conduisent aux portes de la cité : Sur les quatre qui contrôlaient l’accès au XIVème, il en reste trois aujourd’hui dont une arbore une belle peinture représentant Saint Médard. A quelques minutes de Boersch, je vous recommande encore le Château de la Leonardsau. Construit autour de 1900 par le Baron Albert-Louis-Eugène de Dietrich, il forme un joli ensemble Renaissance dans un grand parc arboré.
L’Alsace n’en finit pas de nous étonner !
www.amifritz.com
www.fritzschmitt.com
www.spindler.tm.fr
www.boersch.net/tourisme
www.paysdumontsainteodile.com
www.visit.alsace.com