Celles et ceux qui croient aux contes de fées doivent programmer un voyage en Bavière ! Le Roi Louis II, dont l’imagination n’avait aucune limite, y a créé au XIXème siècle des châteaux qui enchantent encore aujourd’hui les touristes du monde entier. Visitons ensemble trois d’entre eux : Hohenschwangau, Neuschwanstein et Linderhof. C’est dans ces vallées romantiques du sud-est de l’Allemagne que Louis II grandit et réalise ses rêves de grandeur et de splendeur.

   


Louis II de Bavière, un roi mystérieux et visionnaire


Celui qui se définit ainsi « Je veux rester un mystère, pour moi-même et pour les autres » nait le 25 août 1845, le jour de la fête de Saint Louis, roi de France et fondateur de la maison des Bourbons. Cette parenté avec les Bourbons est d'une importance primordiale pendant toute la vie de Louis qui voue une admiration sans borne au Roi Soleil Louis XIV. Elevé par des parents très sévères et distants (Maximilien II de Bavière et Marie de Prusse), Louis est un enfant solitaire qui aime les arts, faire du théâtre et n’a aucune expérience de la vie lorsqu’il monte sur le trône à 18 ans. Quelques années plus tard, en 1866, il subit la plus grande défaite de sa vie : La Prusse, cherchant à s'agrandir, remporte au cours de la guerre austro-prussienne la victoire sur l'Autriche et la Bavière. La Bavière devient dès lors dépendante de la Prusse et son roi, un simple vassal de son oncle prussien.

    


Dans ce contexte politique où un chef d'Etat a des droits et des devoirs et peu de libertés, Louis II commence à créer son propre monde, loin de la vie réelle, vivant la nuit et dormant le jour. Grand admirateur de Richard Wagner qu’il rencontre à l’âge de 16 ans pour la première de l’opéra Lohengrin, peut-être un peu amoureux de lui, Louis II est son plus grand mécène et fait construire pour lui le monumental palais des festivals de Bayreuth. Dans cette solitude monarchique et poétique, Louis II se compare à Parsifal, personnage légendaire du Moyen Age, qui grâce à sa pureté et sa foi, devient roi du Graal, délivrant ainsi son prédécesseur chargé de péchés. Le château de Neuschwanstein, destiné à l'origine à la chanson médiévale, est ainsi assimilé au château du Graal, et la salle du trône considérée salle du Graal. D’autres projets architecturaux sont aussi réalisés tel le nouveau Château à Hohenschwangau et le château de Linderhof.
Mais, le budget privé du roi ne pouvant plus financer ses entreprises toujours plus grandes, les banques étrangères le menacent dès 1855 de saisie. Le roi qui refuse de réagir rationnellement à ces mesures, est mis sous tutelle et destitué par le gouvernement. Interné au château de Berg, il meurt le 13 juin 1886 de façon mystérieuse dans le lac de Starnberg.
 
   


L’enfance de Louis II à Hohenschwangau

Le château de Hohenschwangau se trouve près de Füssen, dans l’Allgäu au pied du Tegelberg et surplombe le magnifique Alpsee. Construit au XIIème siècle, c’est le père de Louis II, le roi Maximilien II de Bavière, qui l’achète et le fait rénover de 1832 à 1836. Louis II y passe de nombreuses années et découvre la nature qui lui laisse une profonde impression. Le cygne, emprunté au blason des chevaliers de Schwangau, et qui appartient aussi la légende de Lohengrin, devient l’un des emblèmes de Louis II qui le fait peindre partout dans le château. Louis II rêve d’un magnifique château de style néogothique et c’est celui que je découvre en haut du sentier. Je traverse de nombreuses pièces peintes, mais celle qui me marque le plus est la salle à manger qui raconte l’histoire du chevalier Lohengrin. Un peu plus loin, dans la chambre de la reine Marie, mère de Louis II, une fresque montre la naissance de Charlemagne.

 


Puis, se succèdent la grande salle des héros, la salle de musique du roi et la chambre du Tasse, qui célèbre le poète italien et son poème épique La Jérusalem délivrée. Un peu plus loin, je regarde avec émotion la chambre du roi et sa voûte céleste que l’on peut allumer. Dans les jardins, la vue sur les montagnes et sur le château de Neuschwanstein en contrebas est absolument merveilleuse. Louis II y fait installer plusieurs fontaines très romantiques : La fontaine du lion, modelée d'après un exemple de la fontaine espagnole de l'Alhambra ; la fontaine Sainte-Marie dans la cour symbolise le christianisme ; la fontaine du Cygne l'identité locale et la chevalerie. Enfin, le bain de marbre évoque les bains de l'Antiquité !

    


Neuschwanstein ou le Château du Graal

Nous le connaissons tous car la silhouette de ce château enchante le monde des parcs de Walt Disney. Ce château fut construit par Louis II en 1868 dans un lieu qui lui est familier puisqu’il surplombe le château de son père à Hohenschwangau. Pour Louis II, le château est un monument érigé à la culture et à la royauté du temps du Moyen Âge qu’il admire et veut faire revivre. A l’intérieur de la tour, je rejoins l’appartement royal dont l’entrée est gardée par un dragon en marbre blanc. Je traverse un long couloir qui débouche sur la salle des chanteurs, exubérant et merveilleux hommage au fameux tournoi des chanteurs thématisé dans l'opéra de Richard Wagner « Tannhäuser » ; quant à la tonnelle, elle montre Parsifal et à la forêt de Klingsor. Lorsque j’entre dans la salle du trône, mon étonnement est encore plus immense devant le décor byzantin, la richesse des peintures et le plancher mosaïque marqueté.

    

 
Mais, dans ce décor de chevaliers, il y a aussi d'importantes techniques modernes pour faciliter le quotidien à Neuschwanstein. Les appartements du roi sont chauffés par un système central à air chaud. Il y a l'eau courante à tous les étages, même chaude et froide dans la cuisine. Les toilettes ont des chasses d'eau automatiques. Le roi appelle ses domestiques par interphone électrique et il y a des branchements téléphoniques. Je vous emmène maintenant dans la chambre à coucher du roi dont le lit avec son style néogothique rappelle la structure d’une cathédrale, sans oublier le cabinet de toilette où un cygne fournit l’eau courante. Dans sa chapelle, Louis II, fervent catholique, prie devant l’une des personnalités qu’il prend en exemple, Saint Louis. Et pour terminer cette visite, suivez-moi sur la loggia d’où l’on aperçoit les montagnes et les lacs de cette merveilleuse partie de la Bavière.

    


Linderhof, l’œuvre achevée

Situé dans les pittoresques Alpes d’Ammergau, il est le palais préféré de Louis II de Bavière. Il est aussi parmi tous les bâtiments que le roi entreprit dès 1874, le seul qu’il put terminer. Dans le château et le parc de cinquante hectares, je retrouve les passions de Louis II : La France à l’époque du Roi Soleil, le monde oriental et l’univers romantico-chevaleresque du Moyen Âge. En pénétrant dans le hall, je me retrouve face à une statue de Louis XIV à cheval et la devise qui orne le plafond rappelle aussi ce dernier « nec pluribus impar ». L’escalier sur le modèle de l’escalier des ambassadeurs de Versailles mène aux pièces de séjour. Tout ici a été réalisé pour Louis II, comme lieu de vie et lieu de retraite. Le paon se déploie en majesté « il n’y a qu’un seul animal qui parvient vraiment à m’enchanter … le plus beau chef d’œuvre de la création : le paon ».

 



Je traverse ensuite des cabinets lilas, jaune, rose, … où sont accrochés les portraits de la Dubarry, La Pompadour, le Duc de Choisel, …  avant d’arriver à la salle d’audience étourdissante de dorures de style rococo exécutées d’après des motifs de l’époque de Louis XV. Ici, Louis II se plonge dans ses rêves de pouvoir absolu, lui, qui ne donne jamais audience à personne. Dans la salle à manger, le couvert est servi pour trois ou quatre personnes (alors que le roi est toujours seul) et afin d’éviter au maximum les contacts avec ses serviteurs, est installée la célèbre table volante, un mécanisme sophistiqué qui permet de faire monter les plats par le biais d’un ascenseur du rez-de-chaussée directement dans la salle à manger. La chambre à coucher où l’on est peint au plafond la montée au ciel de Louis XIV est au centre du château et mesure 100m2. Sur le dais bleu et or sont brodés de magnifiques ornements et angelots. Adjacent, le cabinet des Glaces donne l’illusion d’une galerie des Glaces comme à Versailles. Ici, tout est d’une rareté absolue : bois de rose, porcelaine, lapis-lazuli, quartz améthysé, calcédoine sans oublier l’ivoire utilisé pour la confection d'un lustre unique et qualifié de plus belle pièce du château !
De cette pièce, Louis II regarde les jardins et les fontaines à la symétrie parfaite. Promenez-vous dans les jardins qui abritent des bâtiments fascinants comme la maison marocaine, le kiosque mauresque et la grotte de Venus (actuellement en restauration). Je suis subjuguée et émue par l’univers onirique de Louis II et comprends pourquoi le Château de Linderhof reste son château préféré !

 


Douce nuit en Bavière

Il y a bien sûr dans ses vallées beaucoup d’hôtels et d’auberges. J’aimerais en citer un, à Ettal, petit village qui abrite une très belle abbaye bénédictine. L’Hôtel 
Klosterhotel Ludwig der Bayer vient d’achever la rénovation de ses suites qui arborent de jolis tartans rouges. Petit plus : sa grande piscine est un atout pour se délasser avec les longues promenades bavaroises.

www.baviere-tourisme.fr 
www.neuschwanstein.de
www.hohenschwangau.de
www.schlosslinderhof.de
www.ludwig-der-bayer.de