Suivez-nous pour découvrir ce qu’il se passe en Meurthe & Moselle, département de la Lorraine ! Après avoir posé nos valises au Relais & Châteaux d’Adomenil, nous vous proposons de plonger dans la grande histoire de France : Lunéville appelé le petit Versailles lorrain, Haroué et les Princes de Beauvau-Craon et Fléville toujours habité par la famille de Lambel. Une fois encore, ATTITUDE Luxe et Hélène Feltin vous invitent à un concentré d’émotions, de sensations et de surprises.


Un peu d’histoire

La Lorraine est la seule région française qui partage ses frontières avec la Belgique, le Luxembourg et l'Allemagne. Elle est constituée des départements de Meurthe & Moselle, de la Meuse, de la Moselle et des Vosges. Certains l’appellent encore Lotharingie du nom de son premier roi Lothaire II (IXème siècle). Connue pour la puissance du Duché de Lorraine qui a existé pendant huit siècles, La Lorraine a été ballotée au fil des siècles entre France et Allemagne. En 1737, le duché est donné à Stanislas Leszczynski, ancien roi de Pologne et beau-père de Louis XV, qui accepte de rendre La Lorraine à la France à sa mort. Le 23 février 1766, le duché est ainsi annexé et devient une province française. Entre 1871 et 1945, la Lorraine vivra au rythme des guerres entre La France et l’Allemagne. De part son histoire, la Lorraine est donc une terre d’accueil, forte et cordiale, et d’une grande richesse culturelle.

     

Un Relais & Châteaux aux portes de Lunéville

C’est tout simplement l’adresse qu’il faut choisir pour itinérer entre Lunéville, Haroué et Fléville. On dit que le Château d'Adomenil aurait été construit au début du XVIIème siècle par Mathieu de la Haye, gentilhomme ordinaire de la Chambre du duc de Lorraine Henri II. Propriété des Hennequin de Gellenoncourt puis de la famille Guérin (ancien propriétaire de la faïencerie de Lunéville), il est géré depuis1978 par la famille Million et aujourd’hui par leurs enfants, Sophie et Cyril Leclerc.
A trois kilomètres de Lunéville, nous empruntons une jolie route de campagne où alternent bois et pâtures. Le château apparait tout à coup à l'orée d'une forêt et je distingue tout d’abord une ancienne chapelle. Après avoir franchi une petite rivière, nous nous garons devant une très belle Maison et ses dépendances que sont les anciennes écuries et la maison du vigneron.

     

Accueillis par la Maitresse de Maison, Sophie Leclerc nous offre un délicieux jus de fruits fait maison et nous conduit jusqu’à la chambre Aubépine. De nos fenêtres, j’aperçois un grand parc qui, me dit Sophie, fait plus de sept hectares. Il s’en dégage une impression de sérénité et de paix.
Sophie Leclerc me raconte que la Maison a été meublée au fil des ans par leur famille et que chacune des quatorze chambres, suites et duplex, a sa propre décoration où se mêlent références historiques et confort des nouvelles technologies. Mais, pour l’heure, j’ai rendez-vous à Lunéville pour ma première étape historique dans la région.

 


Château de Lunéville, le petit Versailles lorrain


Un peu en hauteur par rapport à la ville, le Château impressionne par sa taille et sa forme qui rappelle celle d’une célèbre demeure royale…  Château-fort au Xème siècle, Lunéville devient la résidence de villégiature des ducs de Lorraine à partir du XIIIème. Il faut dire que leur capitale Nancy n’est qu’à une vingtaine de kilomètres. En 1702, Nancy est occupée par les troupes de Louis XIV ; Léopold Ier, duc de Lorraine, se réfugie à Lunéville qui devient dès lors sa résidence officielle. Afin d’asseoir son prestige, il fait reconstruire le château de 1701 à 1723 et fait appel à l’architecte Germain Boffrand, élève de Jules Hardouin-Mansart, le célèbre architecte du château de Versailles. Lunéville devient dès lors le « Versailles lorrain ». En 1737, après le mariage de sa fille Marie au roi Louis XV, Stanislas Leszczynski reçoit les duchés de Lorraine et de Bar et s’installe avec sa cour au château de Lunéville. Il embellit les jardins à la Française et ajoute des fabriques, sorte de petits pavillons exotiques avec l’aide d’Emmanuel Héré (celui qui fit édifier l’actuelle place Stanislas à Nancy). À la mort de Stanislas en 1766, les duchés lorrains sont rattachés au royaume de France. Le château accueille dès lors de prestigieux régiments de cavalerie jusqu’au début du XXème. Lunéville est alors appelée « la cité cavalière ». Mais dans la nuit du 2 au 3 janvier 2003, le château est ravagé par les flammes. Depuis, un long travail de restauration s’est engagé pour rendre à l'édifice son ancienne splendeur. 

     

Pendant la visite, j’admire tous les attributs d’un château princier, comme la salle des gardes, le splendide escalier d’honneur, la Chapelle avec sa tribune qui en fait une chapelle palatine, emblème des résidences des princes souverains, les salles voutées qui servaient d’échansonnerie. Il faut imaginer, à l’époque des ducs et duchesses puis de Stanislas, la richesse et le faste de toute une cour avec ses courtisans et son personnel. À Lunéville, au XVIIIème, comme dans la plupart des résidences princières, c’est le siècle des Lumières. Un cabinet de physique, appelé « salle des machines », est ainsi créé et verra le passage de savants, comme le mathématicien Maupertuis ou le physicien La Condamine et des philosophes, et de deux des plus grands esprits de l’époque, Montesquieu et Voltaire. Le musée du château abrite de très jolies collections et accueillera une exposition exceptionnelle à partir du 18 septembre « La sculpture en son château ». Enfin, je vous recommande de poursuivre votre promenade dans les jardins du château et de laisser aller votre imagination pour les revoir au temps de leur splendeur.

        


Piscine et champs de pommiers


De retour au Château d’Adomenil, c’est l’heure de la détente. Rien de tel après une journée de déambulation qu’un plongeon dans une piscine ! Ici, c’est un havre de paix car elle est tout à côté d’un champ de pommiers. Les contemplatifs, eux, choisiront peut-être le parc et ses essences rares où sont disposés ici et là des fauteuils confortables.

     


Une table recommandée par les Maitres Restaurateurs de France


En Lorraine, la cuisine a aussi ses spécialités culinaires. Le Chef Denis Tabouillot en propose certaines dans son restaurant Au Petit Comptoir. Implanté depuis 1993, ce restaurant situé en face du Château de Lunéville occupe une place privilégiée dans le cœur des lunévillois. Il faut dire que Denis prépare une cuisine traditionnelle à base de produits frais locaux. Nous sommes d’abord accueillis par son épouse Stéphanie, une maitresse de maison toute en sourire, qui nous parle de sa terre lorraine et nous conseille de goûter une poêlée de Saint Jacques au safran, un suprême de pintade aux échalotes et une délicieuse madeleine de Commercy. Elle n’a pas non plus son pareil lorsqu’elle parle des fromages de la région comme un Château Blâmont, un Blanc à Fromage ou un Munster. Au Petit Comptoir, l’ambiance est très conviviale voire familiale : Ludovic, notre serveur, nous raconte qu’il est venu ici pour son dixième anniversaire et que c’est la table de Denis et Stéphanie qui lui a donné envie de faire ce métier. C’était il y a quinze ans… Pendant la belle saison, la terrasse est un autre lieu agréable pour déguster cette délicieuse cuisine de terroir. Comme le disait Brillat-Savarin et comme le revendique Denis : « La découverte d’un mets nouveau fait plus pour le genre humain que la découverte d’une étoile ». Bravo Chef !

        

 
Petit-déjeuner dans un jardin aromatique

C’est un moment particulier car la journée commence avec lui. Au Relais & Châteaux d’Adomenil, les chefs possèdent une recette magique. Le lieu tout d’abord : un jardin où poussent magnolias et agapanthes, ainsi que des bosquets de lavande, de verveine et de menthe poivrée. Le menu ensuite :  granité melon – cannelle, crème à la vanille et aux fruits de la passion, compotée d’ananas, cake à l’orange, viennoiseries tièdes, faisselle et granola maison, brioches,… La Lorraine est bel et bien une région princière. Je suis prête pour rendre visite au Prince de Beauvau-Craon au Château d’Haroué (sic).

       


Dans la demeure des Princes de Beauvau-Craon


Forteresse au XVème siècle, le Château de Haroué voit passer de prestigieuses familles françaises dont la famille Bassompierre qui, au XVIème, fait construire un palais de style Renaissance. Au XVIIIème, l’architecte Germain Boffrand (toujours lui) édifie pour Marc de Beauvau-Craon, un chef d’œuvre d’architecture. Il faut dire que Marc de Beauvau-Craon est un personnage : Chambellan, grand maitre de la garde-robe du duc de Lorraine, Grand d’Espagne, Prince du Saint Empire, il fut aussi reconnu cousin du roi par Louis XV. A Haroué, les plus grands artistes de l’époque y travaillent tels le sculpteur Barthélémy Guibal, le serrurier d’art Jean Lamour, le peintre Pillement et l’architecte Gervais pour les jardins. Haroué présente une particularité amusante car il évoque la composition d’une année : 365 fenêtres, 52 cheminées, 12 tours et 4 ponts pour les saisons.
Avant d’entrer dans le château, j’admire la cour d’honneur dont la grande originalité réside dans l’emploi de colonnades latérales couvertes en terrasse. La visite débute par la Chapelle avec ses belles boiseries, puis suivent les appartements du Prince et de la Princesse qui abritent entre autres de magnifiques tapisseries tissées par la Manufacture de La Malgrange. Dans la chambre d’apparat qui suit, j’apprends que Elisabeth-Charlotte d’Orléans, veuve du Duc Léopold 1er, y a tenu le dernier conseil de la Lorraine indépendante en 1737.

       

L’une des tours d’angle, conçue comme un belvédère sur le jardin, possède un ravissant décor de chinoiseries attribué au peintre Pillement. L’escalier d’honneur est un autre joyau avec ses ferronneries signées Lamour où l’on voit le C entrelacé des Craon. Au mur, se trouvent des portraits de famille dont celui de Charles-Juste de Beauvau-Craon, constructeur de l’actuel Ministère de la Justice. Dissimulé derrière un drap noir que la guide soulève avec cérémonie, se cache l’arbre généalogique peint à la main par Chevillard en 1722. Au premier étage, je remarque le remarquable mobilier du salon Louis XVIII, commandé par ce dernier à Bellangé pour le château de Saint Ouen ! Dans les salons suivants et en particulier dans le salon Girardon en trompe-l’œil décoré par Hubert de Givenchy, se tient l’exposition Les Quatre Saisons, des peintures et des photographies réalisées par l’artiste du Land Art, Nils Udo. 
Le château appartient toujours à la famille Beauvau-Craon qui vient de confier au Centre des Monuments Nationaux son ouverture au public. 

       


Pause gourmande à l’Auberge d’Haroué


A deux pas du château, je vous invite à un lunch dans le restaurant d’Aurore (Chef) et d’Isabelle (maîtresse de maison). En terrasse, au milieu des lavandes et des roses, elles vous proposent une cuisine simple mais goûteuse à base de produits frais. A cette saison, les petites filles d’Isabelle vous apportent elles-mêmes l’eau et les amuse-bouche avec candeur et sourire.
 
 


Au Château de Fléville, c’est Monsieur le Comte qui reçoit


Dès que je franchis le portail du château, je suis frappée par le charme de cette ancienne demeure. Alexandre de Lambel est là pour m’accueillir et faire les honneurs de sa maison. Car, il s’agit bien de « sa maison », Fléville étant habité par sa famille depuis le début du XIXème siècle. Depuis 2015, l’homme partage son temps entre Paris et Fléville, mais est très impliqué dans la vie sociale du village de Fléville aux côtés de l’Association des amis du château et de ses quatre-vingt bénévoles, et dans la mise en valeur de son château. Il aime en raconter l’histoire et tous les ans ouvre de nouvelles pièces au public. Aujourd’hui, ce sont déjà dix-sept pièces que l’on peut visiter. Quatre famille vont se sont succéder ici : les Fléville tout d’abord qui le font construire au XIVème siècle ; Nicolas de Lutzelbourg qui ajoute en 1533 un donjon toujours en place de nos jours. Pour la façade, il s’inspire de ce qu’il a vu en Italie durant les guerres et de ces voyages dans le Val de Loire. Le balcon filant sur toute la largeur de la façade est tout simplement spectaculaire. Malheureusement, les successions vont voir la famille se déchirer. Son fils étant mort jeune, les biens de Nicolas sont divisés entre ses six filles : Nicole de Lutzelbourg épouse Claude de Beauvau qui devient la troisième famille à Fléville et qui le garde pendant près de deux cents ans. Le château de Fléville fut un lieu de résidence qui accueillit régulièrement Le Roi Stanislas de Pologne et les ducs de Lorraine. Suivent des années difficiles avant que le château ne soit racheté en 1812 par Alexandre de Lambel qui fait une brillante carrière militaire durant l’empire. Victime de dégradations pendant les guerres, Fléville reste la propriété des Lambel qui en prenne soin et décide de l’ouvrir au public en 1956.

       

L’escalier hélicoïdal qui mène à La Chapelle, est tout simplement splendide et rappelle la richesse des propriétaires. Parmi les pièces emblématiques, j’aimerais vous parler de la salle des jeux avec un beau billard à la française et ses murs peints racontant des contes avec des nains et des grotesques, et un plafond rouge et bleu reprenant les couleurs des armoiries de la famille. Au premier étage, relié par un magnifique escalier hélicoïdal, la Salle des états, véritable hymne à la Lorraine et au duché. Suivent la chambre rouge dite de Stanislas, la chambre du festin avec une cheminée inspirée de celle de Chambord. 
Le parc et les jardins classés « remarquables » méritent aussi une promenade. Face à l'Orangerie du XVIIIème siècle, le jardin paysage se distingue par sa roseraie tandis que dans le jardin du vent pousse de nombreux arbres fruitiers. ​Dans le parc de vingt hectares, vous pouvez assister en ce moment au spectacle « Les fines lames de Stanislas » qui font revivre toute une époque de cap et d’épée. L’été est aussi propice à visiter le château de nuit aux chandelles ou à pique-niquer dans le parc de Fléville. Alexandre de Lambel ne manque décidément pas de bonnes idées pour animer sa maison.

C’est ainsi que se termine notre week-end à Lunéville et dans ses environs. La Lorraine est une terre de culture, de partage et de convivialité. Son cœur bat dans chacun de ses villes et monuments !
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