Acquise en 1906 par les parents de Christian Dior, la villa Les Rhumbs « était crépie d’un rose très doux, mélangé avec du gravier gris, et ces deux couleurs sont demeurées en couture mes teintes de prédilection ». Christian y vient en vacances avec ses parents : il s’imagine architecte, dessine le bassin à poissons, la pergola ainsi que le mobilier de jardin. Jusqu’en 1929, date de vente de la maison, Les Rhumbs sont une source d’inspiration constante pour le couturier qui tient sa passion des fleurs de sa mère Madeleine Dior. Il faut en effet se rappeler qu’en 1907, celle-ci réalise un jardin d’hiver et conçoit les espaces paysagers du jardin avec des massifs de la rose pimpinellifolia poussant à l’état sauvage sur le littoral granvillais. Créé par Jérôme Rateau pour la société André Eve et reconnu pour la propriété exceptionnelle de ses fleurs, le rosier Jardin de Granville est désormais cultivé pour Parfums Christian Dior à la Haye-Pesnel, à seulement quelques kilomètres du musée.

Christian Dior garde éternellement le souvenir des Rhumbs. Devenu célèbre couturier, il achète en 1950 en Provence La Colle Noire dont le vestibule, par exemple, se pave de galets dessinant une rose des vents en souvenir de la villa Les Rhumbs.

© Droits réservés                                                                                  © Benoit Croisy

« Je dessinai des femmes-fleurs (…) et des jupes larges comme des corolles »

Le rose est la couleur de l’enfance, celle des Petites Filles Modèles, célèbre roman de la Comtesse de Ségur qui inspira dès 1939 à Christian Dior sa première création remarquée par la presse. Ce modèle à jupe tournoyante préfigure le New Look imaginé par Christian Dior. Pour sa sœur, Catherine, il crée le modèle de robe Miss Dior et le parfum éponyme. Femme au parcours exceptionnel, à la fois soutien et muse confidente du couturier, elle fit des fleurs son métier en plantant et en cultivant des fleurs dans la tradition grassoise.

© DR, collection Christian Dior Parfums, Paris                                                 © Laziz Hamani

Le rose, couleur du bonheur et de la féminité

Pétri de références artistiques, Christian Dior aborde le thème de la rose dans ses créations de couture à la manière des Surréalistes. Les robes sont ses « chimères », et ses femmes-fleurs sont cousines des femmes à tête de fleurs imaginées par Salvador Dalí. Les années du Flower Power sont celles du lancement de la ligne de prêt-à-porter Miss Dior et à des impressions de foulards d’après les illustrations de René Gruau. Dans les années 1980, Marc Bohan, directeur artistique de la maison Dior de 1961 à 1989, s’inspire des drippings du peintre américain Jackson Pollock, véritable explosion de couleur rose pure. Quelques décennies plus tard, John Galliano rend hommage à René Gruau en rappelant le dynamisme de sa touche picturale. 

© Laziz Hamani                                                                © Laziz Hamani

Portée par la culture théâtrale et cinématographique de Christian Dior, la femme- fleur aspire à la passion dramatique des grandes héroïnes : Ingrid Bergmann, Gina Lollobrigida, Jean Seberg ou encore Maria Callas magnifient les modèles en rose(s) qu’elles portent à la scène ou à la ville.
Du rose pâle au rose rouge, le rose est toujours convoqué par la maison Christian sur les modèles Haute Couture et sur les accessoires. La rose peut inspirer la collection, le dessin d’une silhouette, ou n’apparaître que sur les foulards, sacs, chapeaux, gants, fards, vernis à ongles ou rouges à lèvres, parfums et bijoux comme le somptueux Collier Bal de Mai en or blanc, or jaune et diamants réalisé par Victoire de Castellane en 2011.

www.musee-dior-granville.com
www.dior.com
© Ambroise Tézenas                                                       © Dior