A l’abri des glaciers, au cœur des forêts de sapins, d’épicéas et de mélèzes, ce sont plus de dix communes qui accueillent les voyageurs en quête d’espace et d’Histoire. Nous vous emmenons découvrir Bonneval sur Arc, Bessans, Lanslevillard et Lanslebourg - Val Cenis ou encore Aussois. Nous allons emprunter le chemin des Eglises Baroques, visiter les Forts de l’Esseillon, partir sur les traces de Belle et Sébastien, déguster du Beaufort, des farcis ou du jambon cousu, et vous raconter la légende des Diables de Bessans. Enfin, la Haute Maurienne Vanoise avec ses cent sept sommets culminant à plus de trois mille mètres d’altitude est aussi le royaume des sports alpins ! A ski, à cheval, à pied ou en raquettes, ATTITUDE Luxe vous offre un appel d’air et vous invite à un voyage où le temps a suspendu son vol.



En route pour la Vallée de la Haute Maurienne Vanoise
 
Accessible en voiture, en train depuis Modane, en avion via Lyon, Grenoble ou Turin, la Vallée se situe en Savoie dans les Alpes du Nord. Neuf mille habitants y vivent toute l’année et occupent dix villages et six stations. De Saint-André à Bonneval sur Arc, chaque village a son caractère et ses spécificités, et saura vous charmer hiver comme été. Deux issues routières ouvrent la Vallée : le col du Mont-Cenis qui permet l’accès en Italie. L’histoire veut d’ailleurs qu’Hannibal et ses éléphants aient emprunté ce parcours dans sa quête de l’Empire Romain. Et, le col de l’Iseran, le plus haut col routier d’Europe, qui relie la Haute Maurienne à Val d’Isère et à la vallée de la Tarentaise. Mais, c’est à Napoléon 1er que l’on doit la première route des Alpes. Nous sommes en 1813 et les états de Savoie sont occupés par les troupes françaises. Napoléon imagine alors une route carrossable entre Lanslebourg et Suse afin de renforcer les liens entre la France et l’Italie.
Après les accords secrets signés à Plombières en 1858 entre l’empereur français Napoléon III et le futur roi italien Victor Emmanuel II, la Savoie redevient française. Cet accord entre les deux pays sera d’ailleurs renforcé en 1868 avec la percée du tunnel ferroviaire de Fréjus qui relie la Maurienne au Piémont. Et n’oublions pas la création du Parc national de la Vanoise en 1963 qui renforce la notoriété de la Vallée et permet de découvrir une faune et une flore protégée.

      


Altitude 1900 : au plus près des cimes

En mars, les sommets sont encore enneigés et les marmottes pas encore réveillées,… Nous arrivons par un début d’après-midi brumeux à Bonneval sur Arc niché à mille huit cent mètres d’altitude au pied du col de l’Iseran. C’est ici que Sévérine Neyret et Olivier Bolly savoyards de Chambéry viennent passer leurs vacances en famille et apprécient cette vallée authentique et généreuse. Dès que l’occasion se présente, ils achètent en 2016 un beau chalet savoyard qu’ils transforment en deux grands appartements de 100m2 chacun et créent la marque Altitude 1900. Elle, cadre dans les ressources humaines, lui propriétaire d’un grand magasin de vélos, sont passionnés par la montagne et la décoration. Ils s’attachent donc, avec l’aide d’un architecte, à décorer ces deux appartements en respectant les codes des maisons traditionnelles. Privilégiant les matériaux bruts tels que le bois, la pierre et le grès, l’ensemble est chaleureux et cosy, sans ostentation et de bon goût.

    

Baptisés Léo et Paco, prénoms de leurs enfants, les appartements sont conçus en duplex. A l’entrée, ils ont prévu un sas, véritable ski room avec un sèche chaussures. Au premier, une chambre très lumineuse exposée ouest, une chambre avec quatre lits et une salle de bains avec douche à l’italienne peuvent accueillir une première famille. Le second comprend aussi une grande chambre parentale avec sa salle de bains, et un très bel espace de vie de 40 m² très ouvert avec la charpente du chalet apparente et une magnifique vue sur les montagnes. La cuisine entièrement équipée est prolongée par une très grande table en bois très conviviale pour partager les repas. A l’extérieur, j’aperçois une petite terrasse exposition sud-ouest avec table et transats. On trouve encore une buanderie équipée d'un lave-linge et d’un sèche-linge ou pour ceux qui veulent des vacances sans souci, Sévérine peut vous remettre les coordonnées d’une Conciergerie prête à répondre à vos moindres désirs. Enfin, l’appartement dispose d’une place de parking couvert pratique lorsque les températures avoisinent les moins 10 degrés ! Depuis les fenêtres du second, le panorama est grandiose avec ses sommets et ses cordées de mélèzes. Je me sens prête à partir à la conquête des sommets et à faire le plein d’activités. Situé au Tralenta, dans les hauteurs de Bonneval, le chalet n’est qu’à cent cinquante mètres des pistes et du village. Je n’ai donc qu’à me préparer, raquettes sous le bras pour rejoindre Paul Blanc, Directeur de l’Ecole de Ski de Bonneval.

    


Plus près des étoiles à Bonneval sur Arc

Inscrit en 1971 au titre des Monuments Historiques et des Sites, classé parmi Les Plus Beaux Villages de France, Bonneval sur Arc n’a pratiquement pas changé depuis le XIXème siècle. Préservé pendant la seconde guerre mondiale, le village qui se trouve à mille huit cents mètres d’altitude est la dernière étape de la Haute Maurienne avant l’Italie. Il se compose de deux hameaux principaux : le vieux village avec son église Notre-Dame-de-l’Assomption, son musée, ses restaurants et ses boutiques, et le nouveau village appelé Tralenta. Paul Blanc nous propose une randonnée en raquettes en direction du col de l’Iseran. Bonnevalain, passionné et amoureux de sa Savoie, Paul aime partager les valeurs des savoyards. Athlète accompli, il incarne aussi l’histoire de l’alpinisme dont Bonneval devint un centre important dès la deuxième moitié du XIXème siècle. Avec lui, nous découvrons une nature préservée et paisible, qui abrite de rares espèces comme le gypaète qui vole au-dessus de nous. Vu d’en haut, le village de Bonneval sur Arc est enfoui sous les quarante centimètres de neige qui sont tombés hier. Les chalets en pierres de taille liées par de la chaux et les toits de lauze se distinguent quand même, ainsi que les petites fenêtres typiques de l’architecture montagnarde ou les balcons placés sur les versants exposés au soleil. Sous la neige qui tombe doucement, Paul nous parle de l’été et des pâturages qui se remplissent de fleurs telles les digitales, les gentianes, les narcisses ou les campanules. Comme beaucoup de savoyards, Paul a un second métier en été : Il est agriculteur et élève des moutons qu’il garde dans une jolie bergerie près de sa maison. Mais, pour l’heure, Paul et ses équipes proposent de très nombreuses activités avec l’ESF : ski de randonnée, ski nordique, ski Joëring, balades en raquettes, VTT sur neige, … Bonneval sur Arc permet de vivre des expériences inédites et de profiter de la montagne autrement.

     


Gastronomie en Haute Maurienne Vanoise

Varié, gourmand et unique, le panier du savoyard aux tonalités franco-italiennes donne envie et je vais me régaler pendant une semaine. Beaufort, bleu de Bonneval, coppa, farcis, gressins, jambon cousu, diots, bières, quinka, les restaurants et les épiceries ne manquent pas ! Contexte sanitaire oblige, ils se sont tous réinventés et proposent des plats et des desserts à emporter.

A La Coopérative Laitière Haute Maurienne Vanoise

Débutons notre dégustation à Lanslebourg où le lait est transformé en fromage Beaufort AOP et Bleu de Bonneval sur Arc. Le circuit débute par un film « Un Territoire, Des Hommes, Une Coop », suivi d’une vue sur les ateliers de fabrication du Beaufort et d’une visite des caves d’affinages avec le directeur Alexis Meironen. Savez-vous que pour fabriquer les onze mille meules annuelles de ce fromage à pâte pressée cuite, il faut cinq millions de litres de lait annuels recueillis auprès des producteurs du territoire d’Aussois à Bonneval ? Et que chaque fromage pèse quarante kilos ! Je découvre dans les caves, bien alignées sur des étagères, des centaines de meules avec leur forme concave parfaite et leur croûte orangée. L’affinage dure en moyenne sept - huit mois, et une petite partie entre douze et dix-huit mois. Comme l’explique Alexis « au-delà de dix-huit mois, on perd le goût du Beaufort en bouche ». Il doit garder ses qualités « l’attaque ferme en bouche et son fondant ».

Quant au Bleu de Bonneval, c’est un fromage persillé au lait cru et entier. Il se présente sous la forme d’une fourme de 2,5 kg environ. Sa pâte est souple et fondante, de couleur ivoire avec des cavités remplies de bleu. Son goût est franc, un peu salé, légèrement métallique et pouvant présenter une certaine amertume.

La Coopérative Laitière de Haute-Maurienne Vanoise appartient à 40 agriculteurs qui lui confient la collecte, la transformation, l’affinage et la commercialisation de leur lait en Beaufort AOP et en Bleu de Bonneval sur Arc. Allez, il est temps de déguster Beaufort et Bleu de Bonneval !

     

Spécialité : Jambon cousu !

Un peu plus tard, nous avons rendez-vous avec Matthieu Personnaz dans sa charcuterie Le Pontet à Bessans. L’homme est passionné et nous raconte comment sa famille fabrique depuis 1985 une charcuterie traditionnelle à l’aide de recettes du terroir. Parmi ses spécialités, il y a le jambon cousu « nous sommes les seuls à le faire. C’est un jambon cru, salé et séché pendant douze mois. Il est désossé et après l’avoir assaisonné, on le recoud et on le recouvre d’une couenne. Son goût est unique et la recette bien gardée ». Au Pontet, les gourmands pourront aussi choisir entre des farcements (pommes de terre, raisins secs, lardons et pruneaux), des diots et des pormonniers, de l’agneau de Maurienne ou du bœuf de Savoie. La renommée du Pontet est telle que vous pourrez aussi déguster ses produits à La Bouitte, 3* Michelin, chez les Chefs René et Maxime Meilleur !

    

Diner au Paradis

Depuis 1987, Martine et Christian Tracq célèbrent la recette savoyarde du farci. Privilégiée, je suis Christian en cuisine où sont en train de mijoter les fameux farcis. Sans me révéler le secret de famille, il m’explique que « le farci se compose de viande de porc, choux, poireaux, féculents, semoule de riz et de maïs, oignons,… Il cuit pendant trois heures dans un petit sac en toile ». Ce plat reste l’un des préférés des savoyards qui le préparent pour les grandes occasions comme pour le 15 Août qui réunit toute la famille. Martine, elle aussi bessanaise, me raconte à son tour les traditions de la Vallée et me montre des coiffes et des bijoux que les femmes portent encore aujourd’hui à l’Assomption. Richement parées de rubans, de dentelles et de croix, elles accompagnent la Vierge d’une manière particulière avec une procession aux flambeaux dans les rues du village.

     

Raclette et Fondue à La Ferme d’Angélina

Dans le vieux village de Bonneval se trouve une autre adresse gourmande. Aurélie et Yann Anselmet ont transformé l’ancienne maison de famille et étable en une magnifique boutique. Ici, les bons produits s’alignent sur les étagères en bois : des charcuteries, des salaisons, des fromages fermiers, du miel dont le fameux miel au pissenlit, des confitures et des sirops, du Génépi bien sûr, des pâtes de fruits et du pain d’épices faits maison, … Il y a même derrière le comptoir une cave d’affinage construite par l’arrière-grand-père qui renferme des meules de Beaufort et du gruyère Margériaz. Mais, ce qui fait la renommée de La Ferme d’Angélina, ce sont les plateaux Raclette, Apéro et Fondue à emporter. Bon appétit !

    


La soirée dans notre appartement "Léo" s’annonce gourmande et parfumée. La table est dressée et prête à recevoir la fondue. Pour l’accompagner, nous sommes passés à la boulangerie de Bonneval pour acheter du pain Quinka et de délicieuses tartes aux myrtilles. Un petit verre de vin rouge de mondeuse, cépage emblématique de la Savoie, accompagne ce dîner traditionnel avec modération. C’est une soirée comme en rêve à la montagne, non ?


A la découverte des Hameaux de Bessans

Le lendemain matin, direction Bessans à six kilomètres. Labellisé Nordic France, Bessans, c’est cent trente-trois kilomètres de pistes damées : vallées immaculées, glaciers et sommets culminants à trois mille mètres d’altitude. Le village est également un domaine alpin avec trois kilomètres de pistes exposées plein sud idéales pour les enfants et les débutants.
Mais, aujourd’hui, ce sont les hameaux de La Goulaz et du Villaron que nous partons découvrir avec la guide Karine Routin. Bessanaise, elle connait la montagne par cœur, ainsi que la faune et la flore. En raquettes, nous traversons la rivière l’Arc puis des forêts de mélèzes dont les troncs imputrescibles et puissants ont façonné les façades des maisons savoyardes. Nous observons en chemin la vie animale et ses traces dans la neige : le lièvre dont le sillon forme un Y, les renards ou encore les bouquetins et les chamois. Karine, équipée de sa longue vue, n’a pas son pareil pour repérer les hardes cachées dans les hauteurs rocheuses des montagnes. Elle raconte aussi sa vie au fil des saisons et explique que de nombreux savoyards ont encore des chalets d’alpage « que l’on rejoint en été et qui accueillent de plus en plus de touristes en recherche d’authenticité » « c’est aussi dans ces chalets d’alpage que mes ancêtres se sont réfugiés pendant la seconde guerre mondiale ». Puis, Karine décrit le développement de la Vallée de la Haute Maurienne Vanoise grâce à l’eau, véritable élément moteur de tout un territoire. L’Arc, du pied des glaciers où elle prend sa source, est une rivière qui irrigue toute la vallée. Dès le milieu du XIXème siècle, EDF a aidé à la métamorphose de la Vallée en créant plusieurs barrages dont celui du Mont-Cenis, fleuron des programmes hydroélectriques.
En arrivant dans les hameaux de la Goulaz et du Villaron, Karine s’intéresse à l’architecture des maisons serrées les unes contre les autres. Certaines ont une façade arrondie et sans fenêtre côté montagne « pour se protéger des avalanches », et les matériaux utilisés sont la pierre et la lauze. Devant l’église du Villaron, nous admirons la magnifique Croix de la Passion qui représente les instruments de la Passion du Christ. Décidément, la Haute Maurienne réserve de nombreux temps forts.

    

Balade en traineau à chiens

En fin d’après-midi, nous rejoignons Christophe Caron pour une aventure qui a du chien. Depuis plus de vingt-cinq ans, ce musher partage son temps entre la pratique d’activités de sport de traineau à chiens et l’élevage de chiens heureux et performants. Nous rencontrons aussi Delphine Cléro, vétérinaire spécialisée en médecine canine, qui apporte un regard scientifique à l’approche pratique. Husky Adventure est installé sur trois sites et réunit quatre- vingt dix-huit chiens parmi lesquels on trouve des huskies de Sibérie ou des Eurohounds. Les chiens jappent de plaisir lorsque le traineau s’élance. La piste fait six kilomètres sans grand dénivelé. Tout est blanc et je profite de la magie du silence et de la beauté du paysage. Cyclone, chien de tête, conduit un attelage de neuf chiens et regarde de temps en temps sa musher Laure qui le guide à la voix. Voilà un joli voyage à vivre sans hésitation.

      

Le Diable se cache à Bessans

Sur la place du village trône une belle fontaine. C’est presque une habitude, me direz-vous ? Mais, celle-ci est particulière car elle arbore un diable à quatre cornes,… Ecoutons Fabrice Personnaz, le chapoteur de Bessans (chapoter veut dire sculpter en savoyard), célèbre dans toute la région, nous raconter la légende du Diable. En 1857, un conflit opposait le curé et un chantre, Étienne Vincendet. Ce dernier, qui devait avoir un esprit frondeur et facétieux, sculpta un diable emportant un curé dans ses bras et déposa l’objet sous la fenêtre du religieux. Le curé rapporta l’œuvre illico sur la fenêtre de son créateur. Celui-ci recommença, et le manège se poursuivit jusqu’à ce que le sculpteur, lassé, abandonne la partie. On dit que la figurine resta sur un coin de fenêtre où un touriste la remarqua et l’acheta. Un singulier négoce venait de naître et cette statuette insolite devint l’emblème de Bessans.
De nos jours, le Diable de Bessans n’a rien de satirique, comme le dit en souriant Fabrice « il est là pour chambrer un peu les institutions ». Il le réinterprète d’ailleurs dans des compositions plus personnelles. Enfin, ce diable s’inscrit dans la digne tradition de la sculpture bessanaise et de la famille Clappier qui, au XVIIème siècle, façonna de magnifiques retables. Rendez-vous dans quelques semaines sur Les Chemins du Baroque dans notre second chapitre dédié à La route des grandes Alpes en Haute Maurienne Vanoise.

     

                                                                                                           
                                                                                                             Fin du premier chapitre

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