L’observatoire Cetelem de la consommation 2021 a réalisé une nouvelle enquête, interrogeant 14 200 personnes réparties dans 15 pays européens. Pour près de la moitié des Européens (46%), la « vie sans contact » est symbolisée avant tout par la Covid-19 et 4 sur 10 (39%) pensent que la crise sanitaire a joué le rôle d’accélérateur de sa mise en place.  Les relations humaines restent de facto le talon d’Achille du sans contact : les trois quarts des sondés jugent en effet qu’il les dégrade. Une mise à distance qui se révèle source d’insatisfaction puisque seulement 44% des Européens estiment que ce type de relations fonctionne bien.

Télétravail, enseignement à distance, télémédecine : la « vie sans contact » devient réalité, et divise les Européens. 

La vie sans contact suscite des sentiments mitigés, avec une prédominance nette d’émotions négatives : près des trois quarts des Européens (73%) citent au moins un terme négatif pour la qualifier, notamment la solitude (43%), terme cité en premier dans l’ensemble des pays excepté la Hongrie. Notons cependant que 58% des Européens mobilisent aussi des termes positifs comme la praticité (20%) et la facilité (17%). Les Français et les Roumains (81%) sont ceux qui portent le regard le plus sévère sur la vie sans contact, suivis de près par les Espagnols et les Belges (80%) et les Italiens (79%).

La crise sanitaire, accélérateur du mode de vie sans contact

L’antériorité des pratiques sans contact est avérée pour près des trois quarts des Européens (73%), qui considèrent que celles-ci préexistaient à la crise. C’est dans les pays du Nord que cette opinion est la plus soutenue. Les Britanniques, les Suédois et les Allemands sont les plus nombreux à l’affirmer (88%, 82% et 79%). A l’opposé, Espagnols et Portugais ne sont qu’une petite majorité à valider (56%) ce point de vue. Français et Italiens se positionnent dans la moyenne avec respectivement 74% et 72%.

N’en reste pas moins que près de 4 Européens sur 10 (39%) jugent le rôle d’accélérateur des pratiques sans contact sous l’effet de la crise sanitaire. Celle-ci aurait même joué un rôle de révélateur pour certains pays latins comme l’Espagne, le Portugal et la Roumanie.
Le sans contact au quotidien ne fait pas l’unanimité

 8 Européens sur 10 ont le sentiment que les pratiques sans contact font désormais partie de leur quotidien, et ils ne sont que 45% à apprécier ce nouveau mode de vie. Les Français figurent parmi ceux qui portent le regard le plus sévère dessus (81%), suivis de près par les Espagnols et les Belges (80%) ainsi que les Italiens (79%), citant plus que la moyenne des évocations négatives par rapport à la vie sans contact.

Le niveau d’acceptabilité varie aussi en fonction de l’âge et du niveau de revenus : les jeunes et les foyers aux revenus supérieurs l’acceptent plus facilement (45 % pour les 18-24 ans, 46 % pour les 25-34 ans) à l’opposé des seniors et des foyers aux revenus modestes (65 % pour les 50-64 ans, 63 % pour les 65 et plus).

Finalement, moins de la majorité des Européens (45%) apprécient ces évolutions des pratiques sans contact avec, une fois encore, un engouement plus prononcé du côté des pays nordiques, du Royaume-Uni (56%) et de l’Allemagne (52%), mais aussi de l’Espagne (55%). Les Français quant à eux, font partie du pool de pays — avec la Belgique, la Pologne, la Slovaquie et la Bulgarie — les plus sceptiques, à 37% d’adhésion.
Une évolution aux bénéfices reconnus, mais pas pour tous et pas tout le temps

L’environnement s’impose comme principal bénéficiaire de l’évolution vers un mode de vie sans contact (54%), devançant largement les individus ainsi que la société en général (29% chacun). La sécurité sanitaire et la santé profitent également de ce changement majeur (44%), tandis que la conviction des Européens est nettement moins affirmée en ce qui concerne les liens familiaux (27%) ou les relations amoureuses (18%).

Les relations humaines restent le talon d’Achille du sans contact : les trois quarts des sondés jugent que celui-ci les dégrade. Dans des proportions élevées dans les pays d’Europe centrale (+6 à 9pts par rapport à la moyenne), un avis moindrement partagé au Royaume-Uni (66%) et en Allemagne (67%). Entre les deux, les pays latins, dont la France (77%), affichent des opinions plus proches de la moyenne européenne. Cette mise à distance est source d’insatisfaction puisque seulement 44% des Européens estiment que ce type de relations fonctionne bien.
Télétravail, enseignement à distance, télémédecine : vivre le sans contact au jour le jour

Le télétravail, soit le travail en « full remote », s’est imposé à bon nombre d’actifs. Et si certains pays comme la Suède ou le Royaume-Uni avaient cette pratique déjà bien installée avant la crise, d’autres comme l’Espagne ou l’Italie en étaient moins férus. Pas étonnant donc de retrouver les deux premiers cités (respectivement 79% et 72%) nettement au-dessus de la moyenne : 67%. Cela l’est plus au regard de l’enthousiasme de l’Espagne et du Portugal (73% pour chacun), où il s’agit davantage d’une nouveauté. A choisir, 41% des actifs interrogés privilégieraient un fonctionnement hybride, soit travailler alternativement sur leur lieu de travail et depuis chez eux. Les actifs français plébiscitent à 43% le travail exclusivement au bureau, 39% en partage bureau et domicile et presque 1 sur 5 (18%) uniquement en télétravail.

Assurer la continuité des cours, ainsi qu’une certaine forme de cohésion sociale, en période de confinement a été l’un des enjeux majeurs de 2020. Inédite pour beaucoup, l’expérience de l’enseignement à distance s’avère globalement mitigée puisque moins d’1 d’Européen sur 2 (45%) juge que ce système fonctionne bien. La Suède, où cette pratique était déjà répandue, s’affiche à nouveau de loin la plus convaincue (68%). Les autres pays du Nord ainsi que l’Espagne suivent à distance.

Les Européens sont aussi 45% à estimer que la télémédecine fonctionne bien avec cependant des disparités fortes entre pays. La fracture est nette entre les pays nordiques, ainsi que la France (53%), qui la jugent avec bienveillance, et les pays d’Europe centrale qui sont beaucoup plus critiques. La Bulgarie affiche ainsi seulement 17% d’opinions positives. Cette pratique pourrait s’amplifier dans les années à venir, puisque près de 6 Européens sur 10 déclarent l’avoir déjà essayée ou être tenté de le faire. Les Français, eux, sont parmi les plus rétifs à franchir le pas (54%).
Demain, notre vie sans contact ?

8 Européens sur 10 anticipent une société à 10 ans qui fera de plus en plus de place au sans contact. Une vision partagée par presque tous, excepté par la Roumanie en léger retrait (72%).
Mais est-ce pour autant un futur désirable ? Entre les facilités pratiques de la vie sans contact et les frustrations sociales qu’elle engendre, les Européens se montrent plus indécis sur leur souhait de voir ce mode de vie se développer, avec une courte majorité (53%) se disant pour. Les plus réticents à cette évolution sont les Roumains, les Bulgares, les Italiens et les Français (44%, 45%, 45% et 47%). Les Espagnols s’y projettent les plus positivement (63%), de même que les Britanniques (60%).

Acteurs de cette société sans contact en marche, les entreprises et les citoyens obtiennent la confiance des Européens pour accompagner ces nouveaux modes de vie (61% dans les deux cas), devant les collectivités locales et les pouvoirs publics (57% et 54% respectivement).

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