Envie d’un bain de campagne, de culture et d’une pause relaxante ? Bienvenue dans le Val de Loire et en Touraine. A trois heures de Paris, nous vous convions cette semaine à une balade en trois étapes : Montsoreau, Saumur et Tours. Laissez-vous porter et transporter sur les bords de La Loire et du Cher un peu à la manière de Balzac : « Ne me demandez plus pourquoi j’aime la Touraine ! Je ne l’aime ni comme on aime son berceau, ni comme on aime une oasis dans le désert ; je l’aime comme un artiste aime l’art ; […] sans la Touraine, peut-être ne vivrais-je plus ».




Un hôtel comme un port d’attache à Montsoreau

En bords de Loire, au confluent de la Loire et de la Vienne, Montsoreau se trouve dans le périmètre du Val de Loire inscrit au Patrimoine Mondial par l’UNESCO. Classé « Plus beau village de France », il se divise en deux parties : le quartier de l'ancien port historique des mariniers de Loire et le quartier du Château, abritant aujourd'hui la Collection Philippe Méaille. Autour de moi, toutes les maisons en pierre de tuffeau sont blanches et lumineuses et les ruelles sont fleuries de roses, d’iris et roses trémières. Face à la Loire, avec son encadrement marine, la façade de l’Hôtel de La Marine de Loire (baptisé du nom de la navigation sur La Loire) attire immédiatement le regard. Ici, la Dame de Montsoreau s’appelle Caroline Chagnaud et elle m’accueille avec un large sourire. Dans l’entrée qui mène au jardin, je retrouve le style, le charme et l’atmosphère qui ont fait les grandes heures de Tartine et Chocolat, marque fondée par sa mère Catherine Painvin et dont elle était la directrice artistique. Habituée à créer des décors et des ambiances, c’est ainsi qu’elle a conçu sa maison il y a une vingtaine d’années. Lorsqu’elle tombe amoureuse du village et de cet ancien hôtel, Caroline reprend ses carnets et comme elle aurait dessiné une collection, imagine des chambres et des appartements qui racontent une histoire. Comme elle le dit elle-même, elle a chiné chaque objet pour qu’il y ait une harmonie entre l’extérieur, le fleuve et la maison, et a ajouté au fil du temps des petites maisons. Aujourd’hui, La Marine de Loire est ainsi constituée de plusieurs maisons séparées par des jardins où poussent de grands bouquets de lavandes. Ma chambre précédée d’une adorable terrasse où je m’imagine déjà lire et prendre un thé, se décline en gris et blanc et les objets sont marqués par le temps comme cette ancienne porte transformée en tête de lit.

 

En cette belle fin de journée, guidée par ma curiosité, je suis attirée par l’extérieur. Passé le premier jardin, je pénètre dans le Sent-Bon Spa, partenaire agréé Cinq Mondes. Espace de soins de 300m2, il abrite un bassin, un hammam et deux cabines de soins. Au bout d’un long couloir bordé de voilages blancs, je découvre le second jardin avec sa longue piscine et son joli coin détente. Le moment est idéal pour se poser et préparer la journée du lendemain.

Côté restauration, Caroline propose des assiettes gourmandes concoctées avec le concours de chefs locaux, ou recommande de bonnes tables à deux pas de l’hôtel. A vous de choisir… Les petits-déjeuners quant à eux sont servis dans une grande salle nappée de rouge et de bleu ou dans le jardin. Les produits sont frais car Caroline  
s’appuie sur tous les talents locaux. A travers les fenêtres, j’aperçois La Loire qui ondule et le vol gracieux des sternes. Avant de quitter La Marine de Loire, un détour par la Boutique s’impose. J’y retrouve des coussins, des plaids, des cachemires, des lampes, des bougies comme dans la Maison. Une manière de partager le goût de Caroline pour les objets et d’emporter avec soi un peu du bonheur des lieux. Quelle belle idée !

 


 


Neuf heures sonnent à l’église de Montsoreau. Il est temps d’explorer le village. Suivez le Circuit du Patrimoine pour admirer les maisons de Basse Rue, de la Rue Françoise de Maridor. Entre ces murs et sous la plume d’Alexandre Dumas, Françoise de Maridor est devenue Diane de Méridor dans le roman La Dame de Montsoreau. La montée jusqu’au Château est magnifique car elle surplombe La Loire. Mentionnée dans un document de 1089, la forteresse de Monte Sorello devient le château actuel au XVème siècle avec Jean II de Chambes, conseiller privé du roi Charles VII. De nombreux rois et reines y séjourneront tels Louis XI en 1471, Anne de Bretagne et sa fille Claude de France en 1505, François Ier en 1508. Abandonné pendant la révolution, il accueille au XIXème de nombreux artistes inspirés par son architecture et son lien avec le fleuve : Rodin, Turner, Flaubert ou Alexandre Dumas.
2015 marque un tournant dans la vie du château lorsque Philippe Méaille, collectionneur d’art contemporain français, fonde le Château de Montsoreau-Musée d’art contemporain. Marie-Caroline Chaudruc, sa Vice-Présidente, me présente la collection permanente qui est le plus important fonds mondial d’œuvres du mouvement Art & Language. Créé dans les années 1970 en Angleterre, il interroge sur l’art conceptuel « Qu’est-ce que l’art ? À partir de quand un objet devient une œuvre d’art ? Quel est le rôle de l’artiste et de l’institution muséale dans ce processus ? ». Parmi les expositions temporaires, le musée présente jusqu’au 13 novembre 2020, des œuvres de Jacques Halbert sur le thème des Cerises.

 


Après cette étonnante déambulation artistique, je vous conseille de prendre un thé au Montsorelli. Ce restaurant possède un joli jardin d’où vous pourrez admirer le château et La Loire.
Traversons maintenant la Loire pour visiter une champignonnière avant d’y déjeuner. Sur la rive opposée à Montsoreau, là où se pratiquait l'extraction du tuffeau, une grande partie des carrières a été réaffectée en habitations troglodytiques, mais pas que… Au Saut aux loups, nous découvrons une champignonnière active, un site historique et un restaurant. En 1900, lorsque l’extraction de la pierre de tuffeau prend fin, des milliers de kilomètres de galeries se transforment en champignonnière. Les caves sont le lieu idéal pour faire pousser des champignons avec une température constante de 13° et un taux d’humidité de 80%. Grâce à une scénographie pédagogique, esthétique, ludique et un peu féerique, je découvre les pleurotes de différentes couleurs, les shiitakés et bien sûr le fameux champignon de Paris. Leur récolte reste encore artisanale et est faite à la main. Situé dans des anciennes habitations troglodytiques, le restaurant est spécialisé dans les plats à base de champignons. La « Galipette » est un champignon de Paris dont le chapeau est tellement gros qu’il est possible de le farcir. Cuits dans un four à feu de bois, fourrés au fromage de chèvre, au saumon, au beurre d’escargot, ils sont absolument délicieux !

 

 

 

Saumur, ville d’art et d’histoire

Un peu plus loin sur La Loire, une autre ville éclatante de blancheur et aux toits irisés de bleu nous attend. Sous-préfecture du Maine et Loire, avec 30 000 habitants, Saumur tient sa renommée de son école de cavalerie, son château et ses vins.
Nous avons rendez-vous pour une visite guidée où vont s’égrener les chapitres de son histoire : implantation d’un monastère au Xème siècle, rattachement aux Comté d’Anjou puis à l’Empire Plantagenêt, puis ville française en 1203. Elle vivra ensuite au rythme de la Guerre de Cent Ans et des Guerres de Religion. L’un des monuments emblématiques de cette période est le château ducal, superbe palais princier du XIVème édifié par Louis 1er Duc d’Anjou, frère du Roi Charles V. Au détour des ruelles, je suis séduite par les maisons à pans de bois, les échauguettes, l’Hôtel de ville, la Maison des Compagnons, …Autre particularité de Saumur : le quartier protestant. Qualifiée de « second Genève », Saumur accueillit une académie protestante lors du gouvernement militaire de Philippe Duplessis-Mornay, conseiller de Henri IV. Enfin, au XVIIIème et XIVème siècles, ce sont les sabots des chevaux qui résonnèrent dans la ville. Créée en 1815 par Louis XVIII, l’Ecole de Cavalerie de Saumur participe aussi à l’essor et à la renommée de la ville. De nouveaux projets d’urbanismes naissent tels que le Théâtre néo-classique, l’imposante colonnade, de nombreux cafés et restaurants. Sur les quais, les gabares se chargent de coco, de vins, de sucre et de salpêtre qui seront vendus d’Orléans à Nantes, à Paris, …
Après cette balade historique, quittons Saumur et rejoignons en quelques minutes en voiture le célèbre Cadre Noir.  Ici, c’est le temple du cheval et de l’équitation française.

 

 

Au lendemain des guerres napoléoniennes, la cavalerie française est décimée. Dès 1815, pour reformer les troupes à cheval, Louis XVIII crée une « école des Troupes à cheval » qui a pour mission de former des instructeurs pour tous les corps de Cavalerie. Héritier d’un passé militaire prestigieux et s’appuyant sur une culture équestre ancestrale, Le Cadre noir forme et perfectionne les cadres supérieurs de l’équitation. Véritables experts dans leur discipline, les écuyers ont pour mission principale de transmettre un savoir technique et théorique. Ils valorisent leurs connaissances et leur pratique en participant à des compétitions internationales soit comme compétiteurs, soit comme entraîneurs. Leur devise « Calme, en avant, droit » anime chacun de leur exercice, chacune de leur action. Sur le site de trois cents hectares, se côtoient trois cent cinquante chevaux issus principalement de trois races : le Selle-Français, l’Anglo-Arabe et l’Hanovrien. Pendant notre visite, je vois passer des bicornes et des tricornes (réservés aux femmes) dans leur tenue toute noire. La formation dure entre un et quatre ans pour devenir entraineur, instructeur ou cavalier professionnel enseignant. Les élèves ont à leur disposition quatre grandes écuries, sept manèges, près de cinquante kilomètres de pistes aménagées, plusieurs centaines d’obstacles naturels, une clinique vétérinaire, une maréchalerie,… Outre les visites guidées classiques, Le Cadre Noir programme aussi des Matinales où l’on peut assister à l’entrainement des jeunes chevaux, et à des galas.

 


Un lieu unique au cœur des châteaux de La Loire

Changement de département. Nous accostons en Indre et Loir en plein cœur de la Touraine et posons nos valises au Château de Beaulieu à dix minutes de Tours. Propriété de la famille Lozay depuis 1976, le château est niché dans un coteau du Cher et domine la cité tourangelle et sa cathédrale. Passé le portail, se dresse une grande demeure bourgeoise composée de deux corps de bâtiment en L. Un très bel escalier à double révolution me conduit à la réception où je retrouve la maitresse de maison Estelle Lozay. Souriante et accueillante, c’est elle qui a repris les rênes de la maison avec son mari Jean-Marc Lozay en 2006. Elle signe une décoration qui marie classicisme et contemporain. Nous empruntons le magnifique escalier qui monte à ma chambre aux couleurs d’un tartan rouge et noir, en souvenir de Madame Lozay mère née en Ecosse. Ses trois fenêtres ouvrent sur un beau parc de trois hectares et son jardin à la Française. Pour déjeuner, je m’installe sur la grande terrasse tranquille et fleurie et commande une simple salade Caesar qui s’avère très savoureuse ! 
Avant de rejoindre Tours, une pause dans le Spa Magnolia est bienvenue. Depuis deux jours, mes pieds ont parcouru des kilomètres et un massage leur fera le plus grand bien. Partenaire de la marque Cinq Mondes, le Spa m’offre un moment de bien-être et de détente et les trente minutes dans le jacuzzi me comblent également de douceur.

 


 

 

Réputée pour sa douceur de vivre, la Touraine n’a pas usurpé sa réputation. Ancienne province de France, héritière de la civitas turonensis ou cité des Turonnes, on l’appelle aussi le Jardin de la France et Tours en est sa capitale. Elle nous est si familière avec son Histoire, ses châteaux de La Loire, ses jardins, Léonard de Vinci,… C’est dans ce cadre chatoyant que j’aborde la cité tourangelle avec ma guide Catherine. Au départ de l’office de tourisme dessiné par Jean Nouvel, j’aperçois la gare signée Victor Laloux (l’architecte de la Gare d’Orsay à Paris) avant de rejoindre la Cathédrale Saint-Gatien et les exceptionnels vitraux du chœur du XIIIème siècle ! A côté, dans l’ancien Palais Episcopal qui abrite aujourd’hui le Musée des Beaux-Arts, prenez le temps de regarder la Tour gallo-romaine, dernier vestige de la ville du IVème siècle et ne partez pas sans saluer l’Eléphant Fritz, véritable mascotte pour les tourangeaux. Dans la rue Colbert, ancienne grande rue du Moyen-Âge, vous traversez le plus ancien quartier de Tours avec ses maisons à pans de bois et ses hôtels particuliers comme le magnifique Hôtel Gouïn. Au N°39 rue Colbert, une plaque nommée La Pucelle Armée rappelle que Jeanne d’Arc vint à Tours en 1429 pour y chercher son armure. Au cours des années 2000, la ville se pare de nouvelles couleurs avec l’arrivée du tramway aux bandes noires et blanches signées Buren. Il parcourt la Rue Nationale ancienne Nationale 10 dont beaucoup de vacanciers se rappellent encore. Les amoureux de Balzac eux se souviendront qu’il est né à Tours au 47 rue Nationale et qu’il a vécu dans une pension de famille au N°53, sans oublier qu’il a donné pour théâtre à certains de ses romans des quartiers et des rues de sa ville natale. Enfin, poursuivons notre promenade en pénétrant maintenant dans le Vieux Tours, ses maisons à colombages, ses rues pavées et sa célèbre Place Plumereau. C’est bien sûr l’un des poumons festifs et gourmands de la ville !

 


Pour l’heure, nous avons rendez-vous au CCOD « Centre de création contemporain Olivier Debré ». Né en 2015 au décès de l’artiste Olivier Debré qui légua au centre d’art cinq tableaux, le centre n’a pas pour mission la constitution ni la conservation d’une collection, mais est un lieu d’expérimentation, de promotion et de diffusion de la création artistique contemporaine. Dans le nouveau bâtiment de verre de 5000 m2 qui a ouvert en 2016, sont présentées plusieurs expositions. A vos agendas pour voir l’artiste canadienne Dominique Blain, les « images fantômes » de Mathieu Dufois ou les créations de Vivien Roubaud.

 

 

Et pour couronner cette journée tourangelle, rien de mieux qu’une balade-découverte sur La Loire à bord d’une gabare, bateau de bois traditionnel. En plein cœur de la ville, sous le pont Wilson et sur le site de l’ancien grand port de tours, embarquez avec les bateliers de l’Association Boutavant : ils racontent le fleuve, la faune, la flore. Une manière agréable de découvrir la Touraine autrement !

De retour au Château de Beaulieu, je suis attendue au Bar Dundee qui a pris place dans l’ancienne chapelle du château. Estelle Lozay veut en faire un Bar à whisky en souvenir de sa belle-mère écossaise. Le dîner, quant à lui, est servi dans une grande salle-à-manger élégante avec vue sur le parc. Le Chef Jean-Marc Lozay s’inspire du marché du jour, des produits du terroir, des herbes du potager du château et du rythme des saisons.  Au menu, un ceviche de daurade au citron vert, un foie gras mi cuit et sa figue, un tataki de bœuf et crumble de choux fleur et un dessert aux fraises.

 

 

Chenonceau ou Le Château des Dames

Après un délicieux petit-déjeuner pris sur la terrasse du Château de Beaulieu, je me prépare à une dernière visite : Chenonceau, l’un des joyaux du Val de Loire. Plusieurs dames sont à l’origine de cette demeure exceptionnelle : Catherine Briçonnet fait raser le château-fort et construire le château au XVIème siècle. Henri II fait don de Chenonceau à sa favorite Diane de Poitiers en 1547 : c’est elle qui crée des jardins mais surtout le fameux pont sur le Cher. Veuve d’Henri II, Catherine de Médicis éloigne Diane et fait construire la galerie à double étage où elle organise de somptueuses fêtes. Louise de Lorraine, veuve d’Henri III, s’y retire et y meurt. Au XVIIIème siècle, Louise Dupin, représentante du Siècle des Lumières, redonne son faste au château. Marguerite Pelouze au XIXème le restaure comme à l’époque de Diane de Poitiers. Simonne Meunier, infirmière major, le protège pendant les heures sombres de la seconde guerre en installant des blessés dans les galeries. Aujourd’hui encore, c’est une femme Laure Meunier qui en est propriétaire et qui le gère comme sa propre maison. Chaque centimètre de Chenonceau est meublé de pièces de mobilier exceptionnels, de tableaux et de tapisseries précieux sans oublier les cheminées et les plafonds d’origine d’une grande richesse patrimoniale. A la visite du château, s’ajoute celle des jardins, du potager, du labyrinthe, …

Une échappée en Val de Loire permet donc de remonter le temps riche et fastueux de l’Histoire tout en profitant de la douceur de vivre de ses villes et villages au bord de La Loire et du Cher.

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