Durant les deux prochaines semaines, nous allons suivre ensemble le cours d’une rivière française de 443 kilomètres qui se forme dans le Puy-de-Dôme sur les bords du puy de Sancy, le plus haut sommet du Massif Central. Elle s’appelle La Dordogne et est composée par deux torrents, la Dore et la Dogne. Elle arrose six départements de la Nouvelle-Aquitaine : le Puy-de-Dôme, le Cantal, la Corrèze, le Lot, la Dordogne et la Gironde. Au cours de nos pérégrinations, nous traverserons selon nos envies la Corrèze, le Lot et la Dordogne. En voyage avec ATTITUDE Luxe !

 


Pleine campagne avec Spalazen Nature

Dans ce contexte un peu particulier, nous avons choisi de poser nos valises en pleine campagne, en Corrèze, à une dizaine de kilomètres de Brive et à dix minutes à pied du joli village de Palazinges. C’est là que Jean-Marie Bouyer a choisi d’ouvrir en 2017 cinq lodges au milieu d’une forêt de châtaigniers, de pins et de cerisiers. Issu de l’industrie, cet entrepreneur a décidé de tout plaquer pour se lancer dans l’hôtellerie, lui qui aime tant accueillir les gens. Je vous raconterai d’ailleurs son parcours dans un portrait à paraitre dans quelques semaines. La sensation de sérénité et paisibilité est immédiate quand on pénètre sur le domaine. On aperçoit d’abord des petits moutons noirs et des poules, puis Jean-Marie Bouyer vient à notre rencontre. La voiture garée à l’écart des lodges pour préserver le silence, je remonte un sentier en terre qui serpente dans le bois. Les sons et les parfums sont là, tandis que le soleil joue à cache-cache entre les arbres. En poussant la porte du lodge, je suis séduite par l’espace, la lumière et la décoration sobre et de bon goût « le confort en pleine nature », me dit Jean-Marie. Sur deux étages, orientés sud-ouest pour la pièce à vivre et côté soleil levant pour les chambres, chaque lodge de 50m2 environ et fabriqué en bois par des artisans de la région, raconte une histoire, une ambiance « il porte les prénoms de nos grands-parents Armand, Jeanne, Irma, Henry ou Marcel. ». Deux chambres à l’étage avec une salle d’eau avec douche à l’italienne et un balcon donnant sur la forêt ; au rez-de-chaussée, la pièce à vivre dans des teintes naturelles et végétales, une cuisine équipée et une terrasse avec son jacuzzi. Les valises rangées, je m’installe dans la balancelle à l’écoute du calme environnant … légèrement troublé par le bruit des noyaux de cerises croqués par les moutons (sic). La vue est belle : le parc de deux hectares et le soleil qui descend lentement derrière les arbres. La nuit va être douce…

 

 


Tulle et ses ruelles médiévales

Première matinée corrézienne, première visite. A quelques kilomètres de Brive, les amateurs de belles pierres aimeront déambuler dans Tulle, préfecture de la Corrèze. Bien que la ville ne me semble pas attractive de prime abord, il faut s’enfoncer dans le quartier du Trech pour découvrir des bijoux d’architecture inscrits à l’inventaire des Monuments Historiques : la Maison Loyac qui allie harmonieusement le style Renaissance au style gothique flamboyant. Tulle, c’est aussi un savoir-faire comme le fameux Poinct de Tulle (dentelle à l’aiguille) et la capitale de l’accordéon puisqu’elle abrite la dernière fabrique de cet instrument : la Manufacture Maugein.

 

 

Brive, la cité Gaillarde

Immortalisée dans la chanson Hécatombe par Georges Brassens « Au marché de Brive-la-Gaillarde, à propos de bottes d’oignons, quelques douzaines de gaillardes se crêpaient un jour le chignon », Brive est une cité radieuse où il fait bon vivre. Commençons notre visite par son célèbre marché qui déborde de poulets fermiers, légumes du jardin, tourtous, figues fourrées au foie gras, confit de canard, rillettes de canard, cabécous, champignons… Les R roulent dans les bouches comme les cailloux dans les lits des rivières Corrèze et Vézère qui la bordent. Vous serez aussi séduits par son patrimoine tel que la Tour des échevins, la Maison Cavaignac ou encore la Maison Treilhard. On dit qu’une population gallo-romaine s’installa auprès du seul point de passage sur la rivière Corrèze d’où le nom de Brive (Briva = le pont). La cité Gaillarde porte aussi bien son nom puisqu’elle devint la première ville de France à se libérer elle-même pendant la guerre 39-45. Enfin, vous serez surpris par l’élégance et la beauté de la sous-préfecture de la Corrèze (seulement !) : promenez-vous sur le boulevard Salan et admirez ses nombreux hôtels particuliers. Chabatz d’entrar !…

 


Il est temps maintenant de penser à dîner et de rejoindre une institution briviste : Chez Francis. Voici une maison comme je les aime : accueillante, chaleureuse, étonnante et gourmande ! C’est Dominique qui vient vers nous bras ouverts et nous invite à choisir notre table. Le lieu est insolite et atypique : bistrot inspiré des brasseries parisiennes, il raconte l’histoire de la famille Teyssandier qui, depuis 30 ans, fait les beaux jours de Brive. Nappes à carreaux, ronds de serviette, les murs sont recouverts de dessins, de bons mots, de graffitis, tels un livre d’or ou un roman, témoin vivant de la Foire du Livre de Brive dont la 39ème édition se tiendra les 6, 7 et 8 novembre prochains. Tous les écrivains s’y retrouvent pour déguster la cuisine de Francis et de Franck (le fils) qui cuisinent tous les deux avec générosité. En quelques minutes, Francis improvise un menu : velouté de haricots verts, radis, betterave, rhubarbe et beignet de courgettes. Un spectacle visuel et une explosion de saveurs en bouche. L’impression que je mange un morceau du potager,… Les Chefs proposent ensuite un tartare de veau (une production bouchère française de veau élevé sous la mère), assaisonné d’huile d’olive, de morceaux de parmesan et de pétales de truffes d’été. Quant au dessert, il est simple et fondant : des pets de nonne encore tièdes et légèrement sucrés. Dans la salle, Dominique, Francis et Franck passent d’un client à l’autre : les rires fusent, des histoires se racontent et des assiettes vides repartent en cuisine. C’était un dîner Chez Francis, une cuisine délicieuse, la maison des choses simples, la maison du bonheur !

 

 

 



Aubazine et son abbaye cistercienne du XIIème siècle

Quittons aujourd’hui les hauteurs de Palazinges pour rejoindre un peu plus bas dans la vallée une terre de prières, de beauté et de paix. Au XIIème, Etienne de Vielzot fonde ici un ermitage, puis un monastère quand il est rejoint par d’autres prêtres. La communauté choisit la règle de l’Ordre Cistercien, c’est la naissance de l’Abbaye d’Aubazine. Nichée au milieu des taillis et des bois, elle est nommée « obazine » c’est-à-dire « opacina » qui veut dire opaque, sombre, mais c’est pourtant une toute autre impression qui se dégage devant moi. En pénétrant dans l’église, je suis frappée par sa sobriété et par la splendeur des trois derniers vitraux cisterciens au monde. La légende raconte que Gabrielle Chanel, qui deviendra un peu plus tard, Coco Chanel, séjourna dans l’abbaye devenue orphelinat dans les années 1895-1896 et que son futur logo aurait été inspiré par les C entrelacés des vitraux. En suivant la visite guidée, je suis éblouie par l’élégance des bâtiments et par plusieurs pièces construites autour du cloitre telles que le scriptorium, le chapitre, la cuisine, le dortoir au premier étage avec son sol recouvert d’un pisé incroyable et son escalier monumental. En sortant, longez le Canal des Moines, ouvrage d’art exceptionnel datant lui aussi du XIIème, pour une promenade très bucolique.

 

A Sarran, le Musée du Président Jacques Chirac

En suivant le circuit des Vallées des Eaux Vives, je rejoins le joli village de Sarran avec ses maisons en pierres et ses hortensias bleus. C’est là au cœur de la Corrèze, si chère à son cœur et à deux pas de sa maison, que Jacques Chirac a choisi d’ouvrir en 2000 un musée où l’on côtoie « l’histoire du monde d’hier et d’aujourd’hui sans en avoir l’air, en regardant simplement des cadeaux, plus d’un millier de cadeaux ! ». Des cadeaux que le Président a reçus entre 1995 et 2007 lors de cérémonies internationales et d’anniversaires. Le musée est installé dans un ensemble de bâtiments aux lignes pures, imaginé par un des maîtres de l'architecture contemporaine, Jean-Michel Wilmotte. Une petite maison et une grange dans un pré ont constitué le point de départ du projet qui s’intègre parfaitement dans l’environnement : L’acier, le béton et le verre ancrent le musée dans la modernité, affichant un autre dialogue entre le granit, l’ardoise, les bois de chêne et de châtaignier.
Dans la collection permanente, sont présentés des cadeaux répartis par continent et montrent la relation privilégiée entre la France et le reste du monde. Parmi les objets emblématiques, je remarque une paire de santiags de cow-boy offertes par le Président des Etats-Unis Bill Clinton, un très beau paravent en bois sculpté offert par Meles Zenawi, Premier ministre de la République démocratique fédérale d'Ethopie, une très belle ceinture d'apparat de sumotori offerte par Obuchi Keizo, Premier ministre du Japon ou encore une magnifique jarre offerte par Hassan II, roi du Maroc. A noter l’exposition « Réserves, ouvrez-vous » jusqu’au 15 novembre prochain, qui présentera d’autres pièces traditionnellement rangées dans un environnement tenu secret.

   

Détente chez Spalazen et au Golf du Coiroux

De retour, je croise Jean-Marie sur le pas de sa boutique. Présent toute la journée, il est intarissable sur la région et ses balades. Il m’indique plusieurs sentiers de la Forêt communale de Palazinges pour aller à la rencontre des habitants et des vaches limousines. Les amateurs de golf seront heureux d’apprendre qu’à dix minutes en voiture, les attend un parcours 18 trous et 9 trous tracés au milieu d'un parc naturel de 165 hectares. Quant aux familles, elles pourront profiter du lac et de ses activités et d’un parcours accrobranche. Pour ma part, je choisis de rester dans l’environnement de mon lodge où sont dispersées ici et là des chaises longues pour des heures de contemplation et de méditation, et de terminer la soirée toute en douceur et en bulles dans mon jacuzzi privé.

 

 


 


Lascaux IV ou la possibilité de voir la grotte dans son intégralité

Célèbre dans le monde entier, la Vallée de la Vézère est la Vallée de la Préhistoire par excellence. Avec ses quinze sites classés au patrimoine mondial par l’UNESCO en 1979, c’est une partie de l’histoire de l’humanité qui s’offre à vous. Remontons le temps sur le site de Lascaux IV pour nous retrouver comme il y a 20 000 ans dans ce chef d’œuvre de l’art pariétal ! Grâce à une technologie de pointe et à une mise en scène époustouflante, nous « redécouvrons » la grotte comme Marcel, Simon, Jacques et Georges, ces quatre adolescents qui, le 12 septembre 1940, ont pénétré dans cette grotte par hasard en suivant leur chien. Lascaux est un lieu archéologique majeur avec plus de 2000 peintures : bisons, cerfs, chevaux, bouquetins, félins qui se superposent et semblent vivants. On est subjugué par la polychromie, l'estompe, la perspective ou encore l'anamorphose utilisés par ces hommes préhistoriques. Baptisée la Chapelle Sixtine de l’art pariétal, Lascaux IV est un fac-similé complet et inédit qui reconstitue les différentes salles d’origine appelées l’abside, le diverticule, la nef …

Lascaux IV, c’est aussi une Galerie de l’Imaginaire pour explorer les liens entre les différentes œuvres artistiques depuis l’art pariétal jusqu’à l’art contemporain. Autour de moi, je contemple un mur de 90 écrans composés d’images, d’œuvres d’artistes reconnus tels que Miro, Tapies ou encore Picasso.

 


A deux pas de Lascaux, poursuivons notre balade dans le village de Saint-Léon-sur-Vézère. Classé parmi les plus Beaux Villages de France, le village est niché dans une boucle de la Vézère. Il a tout le charme et l’authenticité des villages médiévaux de la région avec ses pierres blondes, ses toits à coyaux, le dédale de ses couredous (ruelles étroites) et la rivière Vézère.

 


Les animaux de Spalazen

Qui dit campagne, dit animaux. C’est le cas ici où les moutons côtoient les vaches et les poules. Il faut entendre le matin Jean-Marie les appeler, les sortir de leur enclos, et les voir gambader et brouter tout au long de la journée. Ce concept de communion avec la nature permet de découvrir, ou redécouvrir, les charmes de la campagne à son rythme, en famille, en couple ou entre amis pour vivre, l’espace d’un week-end ou d’une semaine, en toute tranquillité et confort.

 


"Qui a maison à Uzerche a château en Limousin"

Autre journée, autre joyau des terres de Corrèze : Uzerche se dresse sur un roc puissant enserré par les eaux de la Vézère. Labellisé « Village étape », listé parmi les « 100 Plus beaux détours de France », c’est un village qui raconte 4000 ans d’histoire. En passant par la porte Bécharie, seule porte à subsister sur les neuf que comptait l'enceinte fortifiée au XIVème siècle, je remonte jusqu’à l’Abbatiale Saint-Pierre et suis frappée par la beauté et la richesse des maisons. La fondation du monastère bénédictin remonte au milieu du Xème siècle. Le pouvoir religieux prédomine au Moyen Age; les IXème et XIIème siècles furent la période la plus florissante pour la ville qui fut honorée par la visite de personnages importants comme Henry II d'Angleterre, sa femme Aliénor d'Aquitaine et leur fils Richard Coeur de Lion. En visitant l’abbatiale, allez voir la crypte avec son plan déambulatoire et ses chapelles rayonnantes. Une merveille ! Puis, prenez le temps de flâner et regarder chaque façade : maison Eyssartier, château Tayac, hôtel de Chavailles ; vous verrez aussi des petits bouquets de feuilles de noyer accrochés aux portes, souvenirs d’une coutume pour conjurer les pestes…
En bas du village, il faut encore visiter l'ancienne papeterie qui renaît au fil de ses réhabilitations sous la forme d'un écoquartier désigné par Jean-Michel Wilmotte et où commerces, services et associations se sont installés.

 

Pour le déjeuner, je vous propose une halte gourmande au restaurant « La Treille Muscate » de l’Hôtel Joyet de Maubec, une autre pépite de la Renaissance. Ancien hôtel particulier des XVIème et XVIIème siècles, il a été entièrement transformé en hôtel-restaurant en 2013 par deux globe-trotters qui l’ont décoré dans un style épuré où l’ancien et le moderne se côtoient. Installée sur la terrasse, je profite de la vue spectaculaire sur le village et la rivière. Pour me rafraichir, on me propose une eau de Treignac, eau minérale qui prend sa source à vingt kilomètres d’Uzerche. Au menu de cette table gastronomique, je déguste un pavé de merlu et un clafoutis aux abricots au miel et à la lavande. Des produits frais et de qualité sélectionnés par le Chef Florent Pocris qui officie à la destinée de la table de l’Hôtel Joyet de Maubec. Originaire du Puy de Dôme, le Chef est passé par Issoire, Aix, Paris, la Suisse, le Mexique avant de revenir chez lui. C’est avec brio et discrétion qu’il a relevé le défi qui lui était confié : proposer une cuisine séduisante et régulière avec une carte qui change très fréquemment. 

 

Via la route Richard Cœur de Lion, j’arrive à Ségur-le-Château. Un peu d’histoire s’impose : sur cette route à entête d’un lion couronné au cœur percé d’une flèche, je me rappelle que ces terres ont été le témoin de luttes incessantes que se livrèrent les ducs d’Aquitaine, devenus par ailleurs rois d’Angleterre, et les rois de France chacun désireux d’étendre son influence par l’intermédiaire des vicomtes de Limoges qui étaient vassaux des premiers mais fortement attirés par les seconds. Je vous conseille de suivre le circuit des ruelles et vieilles demeures réalisé par l’office de tourisme. Ne manquez pas la Maison du Chédal, maison de maitre édifiée aux XVIIème et XVIIIème siècles avec son « jardin remarquable ».

 
Bienvenue à Collonges-la-Rouge

Autre journée, autre couleur. Celle du grès rouge qui a fait la renommée de ce village, ancienne propriété de la Vicomté de Turenne où je vous emmènerai tout à l’heure. Déjà habité à l’époque gallo-romaine, le village se développe au XIème siècle autour du prieuré. Au XVème et XVIème siècles, les officiers de justice et d’administration de la Vicomté de Turenne y font construire leurs hôtels particuliers qui ornent encore le village. La tête me tourne tant les façades, les toits à la Mansart, les jardins, les porches de ce village de 14km2 sont magnifiques. Beaucoup de demeures sont encore privées, sauf le Château de Vassinhac que je vous encourage à visiter. Monsieur et Madame Philippe Dueymes ont fait le choix d’ouvrir leur maison, ancienne demeure du gouverneur de la vicomté de Turenne construite entre 1499 et 1583, qu’ils continuent de restaurer.


 

A l’entrée du village, vous serez attirés par la terrasse du restaurant Le Cantou, une table créée par la famille Lebreton depuis 1961 et une maison habitée par la même famille depuis huit générations. C’est d’ailleurs Marion Lebreton qui me raconte l’histoire du lieu : « le cantou veut dire âtre dans la cheminée ». Et elle m’entraine à l’intérieur du restaurant pour me montrer une cheminée monumentale composée de deux fenêtres et de deux bancs « pour se chauffer et cuisiner tout en regardant à l’extérieur ». La carte est inspirée du carnet de ses aïeules car le restaurant se transmet de mère en fille depuis plus de cinquante ans. La cuisine est ici traditionnelle, fondée sur des produits du terroir : « Ici, pas de prétention, au Cantou, on est comme à la maison et l’on mange comme chez soi ». Je choisis donc une omelette aux cèpes et des pommes de terre à la collongeoise cuite dans la graisse de canard. Un délice que suit une tarte locale aux noix car la Corrèze est aussi le pays des noix. Sous la treille, je regarde les maisons de Collonges et j’apprécie ce moment gourmand et rare !

 

A quelques kilomètres de Collonges-la-Rouge, je suis rattrapée par l’Histoire une fois encore en découvrant sur son promontoire rocheux le Château et le village de Turenne. Propriété des Vicomtes de Turenne, la vicomté s’étendait sur un tiers du Bas Limousin, du Haut Quercy et du Périgord Sarladais. 100 000 habitants, 111 paroisses et 1200 villages et un statut d’autonomie fiscale unique en France et d’indépendance par rapport au pouvoir royal. Pour grimper au Château, je choisis de prendre un petit train touristique car la pente est très raide. Là-haut, la surprise est de taille : classé au Monument Historique en 1840, le château est encore composé d’une tour Carrée du XIIIème qui abrite la salle des gardes et d’une tour ronde, tour César. Entre les deux, s’étendait un vaste corps de logis détruit au XVIIIème aujourd’hui occupé par un très beau jardin à la Française. Vous croiserez sans doute la propriétaire (oui, Turenne est une propriété privée) très investie dans l’entretien des jardins composés d’un grand parterre à l'anglaise, de pelouses bordées de buis et deux longues plates-bandes fleuries.


 

En suivant nos pérégrinations, vous cOnstatez que la Vallée de la Dordogne n’en finit pas de nous surprendre et de nous éblouir avec ses paysages, ses villages, ses sites historiques et la gentillesse de ses habitants. Ce matin, en quittant mon lodge, j’ai rendez-vous avec deux châteaux, deux histoires. Sur la route, se succèdent des plantations de noyers ou noyeraies, et des chênes truffiers. La rivière Dordogne, jadis nommée « La rivière espérance », pour le commerce florissant de la noix, est le fil conducteur de mon parcours jusqu’au Château de Hautefort. En pénétrant dans l’enceinte du Château, je suis frappée par sa puissance et son élégance. D’ancienne forteresse médiévale, il se transforme en demeure de plaisance au XVIIème siècle. Il reflète le rang et le prestige des marquis de Hautefort et de son commanditaire le marquis Jacques-François de Hautefort, nommé premier écuyer de la reine Anne d’Autriche en 1656, puis conseiller du roi. Sa sœur, Marie de Hautefort, fut, elle aussi accueillie très jeune à la cour, avant de devenir la favorite du roi Louis XIII. La visite débute par les celliers, les cuisines, se poursuit par la chapelle et son magnifique retable en noyer. Dans la cour d’honneur, Hautefort ressemble plus à un château de la Loire avec ses éléments Renaissance. Dans les appartements privés, on peut également admirer la salle des Tapisseries des Flandres, une peinture de Fragonard, des décors muraux en cuir de Cordoue, la chambre d’honneur aux couleurs bleues qui accueillit en 1978 la reine mère Elisabeth d’Angleterre. Devenu prison pendant la révolution, puis abandonné, Hautefort renait en 1929 avec l’arrivée du baron Henry de Bastard et de sa femme Simone. Alors que le corps de logis est ravagé par un incendie en 1968, la baronne de Bastard décide de restaurer à nouveau son château. Emus par sa passion et sa détermination, tous se mobilisent pour l’aider et l’encourager, depuis les habitants du village jusqu’à des personnalités de l’époque, telles que Pierre de Lagarde ou André Malraux. Dans le village, on trouve d’ailleurs un buste de la baronne en souvenir de son engagement. Hautefort, c’est aussi de merveilleux jardins à la Française avec plus de trois hectares de parterres de buis ponctués de topiaires aux formes étonnantes, taillés entièrement à la main deux fois par an. Sans oublier le parc à l’Anglaise de trente hectares. Hautefort n’a pas usurpé son titre de Joyau du Périgord !

 


Changement de château, changement de décor. Sur la route des pommes du Limousin, j’ai rendez-vous au Château de Pompadour et Haras national de Chignac. Niché dans le petit village d’Arnac-Pompadour, le château nous raconte deux histoires : celle d’une bâtisse du XVème que le roi Louis XV offrit en 1745 à sa maitresse et favorite Jeanne-Antoinette Poisson qui deviendra ainsi Marquise de Pompadour. Au fil des années, le château a subi plusieurs incendies qui n’ont laissé debout que son aile sud. Rénové par des bénévoles locaux, l’intérieur se divise en deux parties : dans la première, je me retrouve plongée au XVIIIème siècle grâce à des mises en scène de vie quotidienne : costumes, tapisserie d’Aubusson, porcelaine de Limoges, gravures originales, … Dans la seconde partie, c’est le monde équestre qui est à l’honneur avec des, tenues traditionnelles, stud-book, … Depuis le château, on a une vue imprenable sur l’hippodrome de Pompadour. Enfin les écuries de la Marquise et de l'Orangerie hébergent des chevaux d'artistes en résidence, des chevaux lourds, plusieurs anglo-arabes et deux chevaux présidentiels confiés aux agents du Haras national. À l'arrière de l'écurie de la Marquise, sont exposées des voitures hippomobiles.
Mais, Pompadour est autant célèbre pour son château que pour son Haras. D’abord royal, puis impérial et enfin national, le Haras de Pompadour propose plus de 160 jours de manifestations par an dont quatre championnats de France et deux internationaux en 2020. La cité du cheval est donc un lieu incontournable pour les cavaliers mais également pour le grand public.

Enfin, situé à deux kilomètres du château, le Domaine de Chignac et sa Jumenterie unique en France sont un lieu à visiter absolument. Très apprécié par Louis XIV et par Napoléon, le cheval limousin était un cheval solide et de taille moyenne qui a disparu à l'orée du XXème siècle, en particulier sous l'influence de l'Anglo-arabe. C’est cette race qui est présente à Chignac à travers une soixantaine de juments ainsi que leurs poulains évoluant dans les près.

 

 

 


De retour à Spalazen, je décide que ma dernière soirée en Corrèze sera placée sous le signe de la détente et de la gourmandise. Commandée ce matin, j’attends mon panier gourmand. En effet, Jean-Marie a pensé à tout en sélectionnant un traiteur local et ses assiettes spaladoises qui mettent à l’honneur les produits du terroir et/ou issu du potager sur le domaine.
La soirée est belle quoiqu’un peu mélancolique. Spalazen sait se faire aimer et regretter … Heureusement, le voyage se poursuit dès demain en Dordogne. La vie est pleine de surprises !

www.spalazen-nature.com
www.tourismecorreze.com
www.chezfrancis.fr
www.lecantou.fr
www.hotel-joyet-maubec.com
www.abbaye.aubazine.com
www.museepresidentjchirac.fr
www.lascaux.fr
www.chateau-turenne.com
www.chateau-pompadour.fr
www.chateau-hautefort.com