Entre Manosque et Forcalquier, dans la partie nord-est du parc naturel du Luberon, le Couvent des Minimes, estampillé Relais&Châteaux, constitue un repaire feutré à l’écart de l’agitation du triangle d’or vauclusien. Auréolé d’un jardin en restanques, l’austère bâtisse médiévale conjugue authenticité et design contemporain. Un luxueux cocon 5 étoiles, dotée d’une table gourmande, pour se ressourcer sous le soleil provençal.


Un joyau architectural


Aux portes du pittoresque village de Mane-en-Provence, protégé du mistral par le rocher de Volx, le Couvent des Minimes dresse son altière silhouette au-dessus des champs de lavande. Dès l’arrivée, la bâtisse quadri centenaire séduit par la pureté de ses lignes et la blancheur de sa façade. Souligné par le vert sombre des cyprès et l’argenté des oliviers, ce joyau architectural se reflète dans un bassin bordé de roses et d’herbes aromatiques.
L’histoire s’écrit par la botanique

Les plantes ont toujours eu une place majeure dans ce lieu préservé, fondé en 1613 par Melchior de Forbin, marquis de Janson, pour les religieux des Minimes, un ordre mendiant institué par Saint-Vincent-de-Paul. Les frères cultivaient la terre autour du monastère, avant d’en être chassés à la Révolution en raison de leurs connaissances botaniques. Louis Feuillée, enfant du pays, passionné d’herboristerie, y a fait ses études. Devenu botaniste de Louis XIV, il y rapporta de ses expéditions en Amérique du Sud des espèces inconnues en France, dont les capucines et les fuchsias. 

Inoccupé jusqu’à ce que l’archiprêtre de Forcalquier, le chanoine Terrasson, le transforme en hospice, le Couvent accueillera de 1862 à 1999 des sœurs Franciscaines qui planteront vignes et arbres fruitiers pour subvenir aux besoins de leurs pensionnaires.


Un esprit plus contemporain


Métamorphosé en hôtel de charme dès 2008, l’établissement, membre des Relais&Châteaux, à la table récompensée par un macaron Michelin, somnolait sous le soleil provençal jusqu’à l’arrivée de Fabien et Valérie Piacentino. Après avoir croisé il y a 8 ans la route de Reinold Geiger, le milliardaire autrichien PDG de L'Occitane et propriétaire de ce lieu champêtre, les actuels maîtres de maison ont insufflé à l’austère monument un vent de modernité, sans lui enlever son authenticité.

Avec le concours de l’architecte avant-gardiste Pascal Borde, les vieilles pierres monacales ont été réveillées. Les espaces ont été décloisonnés, éclairés par des baies vitrées pour donner davantage de perspectives et de lumière, des escaliers ont été supprimés, des plafonds en croisée d’ogives aménagés. Le vieux cloître s’est laissé couvrir d’une impressionnante charpente en bois massif, exécutée par les Compagnons du Tour de France. Pour accentuer l’esprit plus contemporain du lieu, fauteuils et bergères affichent des tons acidulés, roses (pivoine), verts (verveine) et mauves (lavande) rappelant les couleurs des plantes chères à L'Occitane.

S’endormir dans une chambre design, esprit couvent

Ouvertes sur une terrasse, un patio ou sur les jardins, les 46 chambres et suites riment avec confort et élégance. Mais aucune ne ressemble à sa voisine. Les unes gardent encore une atmosphère propice au ressourcement, avec une décoration sobre, épurée, des fenêtres en ogive, des meubles cerusés taupe contrastant avec les murs blancs. Les autres déclinent de douces tonalités, rose en écho à la centifolia de Grasse, ou mauve comme la lavande de Provence. D’autres encore, plus récentes, plus grandes, offrent un style ludique et coloré (bleu cobalt, rouge, vert). Certaines disposent même d’une baignoire carrée XXL pour profiter à deux d’un moment de détente en toute intimité. Située dans le clocher de l’église, La Cassine, la suite la plus convoitée, est un cocon chic et cosy garant d’un séjour romantique.



Succomber au péché de gourmandise

A l’heure du déjeuner, on s’installe sous le platane multi-centenaire ou sur la terrasse couverte du bistrot Le Pesquier, les champs de lavande en toile de fond.




Le soir, on préfère un tête-à-tête au restaurant étoilé, Le Cloître. Parquet noir et marron en forme de tomettes géantes et jeu de luminaires au plafond se reflétant dans les miroirs découpés accentuent l’ambiance feutrée.
Aux fourneaux des deux tables, Gatien Demczyna, le nouveau chef exécutif. Il travaille les produits de saison, réinventant une cuisine ensoleillée aux saveurs mêlées pour surprendre les palais les plus avertis. Nos coups de cœur : le gaspacho de tomates de pays, son condiment de pastèque et sorbet tomate au basilic, la ratatouille émulsionnée avec barbajuan de poivron rôti, l’épaule d’agneau confite et son caramel de carotte au cumin.  En dessert, Alessandro Parodi, le chef pâtissier, régale les becs sucrés avec un crémeux citron vert et sa glace à la fleur de sureau coiffés de meringues à la citronnelle.

Pause relaxante et parfumée

Avec sa palette de tons jaunes, bruns et blancs et ses lignes au design affirmé, le spa, naturellement signé L’Occitane, est en parfaite harmonie avec l’esprit de la marque. Cette oasis de zénitude promet une pause apaisante et relaxante, infusée de senteurs provençales. Un voyage des sens qui s’achève en toute quiétude sur l’un des lits de repos de la tisanerie aux parois de bois japonisantes.

Cette parenthèse bienfaisante peut se prolonger au bord de la piscine extérieure, bercé par la stridulation des cigales. Mais on peut préférer prendre de la hauteur sur les restanques pour farnienter dans les espaces aménagés parmi les essences méditerranéennes.



Jardins et sites classés

Envie de vous aventurer alentour ? Cette Provence moins fréquentée recèle quelques belles découvertes. Dans le village de Mane, on arpente les calades pentues qui conduisent à la citadelle médiévale. A proximité, le Prieuré de Salagon, classé Monument Historique, raconte, dans ses six jardins ethnobotaniques, l’évolution de l’acclimatation végétale du Moyen-Age à nos jours.
Toujours sur la commune de Mane, le Château de Sauvan, construit en 1719, parade dans un jardin à la française. Classé depuis 1957, celui que l’on surnomme le Petit Trianon de Haute Provence a retrouvé sa splendeur d’antan après trente années de restauration. Ses appartements richement meublés évoquent les fastes de l’époque. Sauvan entra dans la légende lorsque sa propriétaire, la marquise Cornélie-Henriette de Forbin-Janson, amie d’enfance et sosie de Marie-Antoinette, offrit à la reine de prendre sa place sur l’échafaud... Cela aurait pu changer le cours de l’Histoire de France.
Prieuré de Salagon ©ADT 04


Château de Sauvan©Michel Boutin