A 18 ans d’intervalle, Didier Lefort a reçu en mai dernier une seconde récompense pour The Dataï Langkawi. Découverte de ce mythique resort de luxe malaisien en compagnie de son architecte qui conjugue modernité et raffinement, tout en respectant l'environnement et la culture locale. 

Des architectes déjà éco-responsables

Membre de la chaîne Leading Hotels of the World, The Dataï, implanté il y a 27 ans sur l’île de Langkawi, connait une seconde jeunesse, sous l’impulsion de Didier Lefort, l’architecte designer de la première heure. En 1993, associé à son confrère australien, le visionnaire Kerry Hill (qui s’était illustré avec l’Aman Tokyo), il s’est lancé dans un projet audacieux : créer au cœur de la jungle le premier resort de luxe de Malaisie.

Pari réussi. Consacré en 2001 par le Prix d’Architecture Aga Khan, ce joyau bouleversait les codes de l’hôtellerie par ses lignes simples et ses espaces aérés, parfaitement intégrés à l’environnement. « Nous n’avions pas, Kerry et moi, l’ambition de révolutionner l’hôtellerie, mais l’envie d’innover en respectant la végétation et en utilisant des matériaux adaptés au climat et au lieu, sans bafouer la culture locale. Nous voulions faire un resort tropical dépourvu des sculptures, dorures et air conditionné en vigueur à l’époque, mais qui absorberait la nature », explique Didier. Déjà éco-responsables, les duettistes n’avaient pas implanté l’hôtel les pieds dans le sable face à la mer d’Andaman, mais 200m plus haut. Laissée intacte en contrebas, la baie à l’arc parfait est aujourd’hui classée 6ème plus belle plage du monde par le National Geographic.
Des chevaux à l’entrée du lobby

Soucieux de rafraîchir cette éco-retraite quelque peu usée par les ans sans trahir son ADN, le Directeur général Arnaud Girodon a fait appel à Didier Lefort pour mener à bien les treize mois de rénovation. « Le Dataï fait partie des projets mythiques que nous avons réalisés. J’y suis retourné avec plaisir. C’était comme retrouver 25 ans plus tard un enfant que l’on a porté jusqu’à ce qu’il soit mature », continue l’architecte, qui poursuit :

« en 1993 lorsque nous avons créé le concept du Dataï, nous avons imaginé deux chevaux, symbole de puissance, d’élégance et de noblesse, marquant l’entrée du lobby. Comme un clin d’œil aux lions postés devant les bâtiments anciens. Une fois l’idée validée par le Premier Ministre, qui était un bon cavalier (l’Etat est propriétaire des lieux), il fallait trouver deux équidés en bois grandeur nature. A l’époque je travaillais aussi en Inde. Un dimanche au marché aux puces de Bombay, j’ai découvert un cheval émergeant d’un énorme fatras. J’ai dû acheter le lot de six pour que le vendeur accepte la vente ». Le duo trône toujours dans la perspective du bassin de lotus.
Puiser l’inspiration dans la culture malaisienne

Fidèle à l’esprit d’origine, The Dataï reflète la culture malaisienne aux influences chinoises, indiennes et malaises, comme l’illustrent les quatre restaurants. Rénovés sans modifier leur structure, ils sont approvisionnés en fruits et légumes bio, produits dans le jardin en permaculture. Les plus typiques The Gulai House, copie d’un kampung (maison traditionnelle de village) propose des mets malaisiens, et The Pavilion, perché sur pilotis à 30 mètres de hauteur, met la cuisine thaïe à l’honneur. À l’heure du dîner, les colugo, écureuils volants, y caracolent d’arbre en arbre, confirmant que vous êtes l’hôte de la nature. Mais Didier a un penchant pour le Beach Club Restaurant, où les dîners de poissons et fruits de mer en terrasse sont rythmés par la douce mélodie des vagues.

Campées sur pilotis dans la forêt primaire, les 54 spacieuses Rainforest Villas (123m2), dont  trois nouvelles dotées chacune d’une piscine privative, ont été relookées et équipées d’une domotique performante. Les panneaux muraux en red balau (cousin brun-rougeâtre du teck), ponctués de cabochons indiens en cuivre, enlevés lors d’un lifting il y a une quinzaine d’années, ont retrouvé leur place, accentuant l’atmosphère chaleureuse. De part et d’autre du lit king size, auréolé d’un baldaquin favorisant le côté cocooning, les anciennes appliques très évasées ont été remodelées sous forme de flutes élancées qui se reflètent dans un miroir. « Le grand exercice était de ne pas détruire ce qui a un peu vieilli, mais de le rafraichir », ajoute Didier.

Le luxe s’exprime aussi dans le soin apporté aux détails, tels les poufs en cuir aux coutures sellier ou encore la paire de jumelles à disposition sur une étagère. Indispensable pour observer la vie de la jungle depuis sa terrasse ou immergé dans sa baignoire XXL positionnée devant une baie vitrée.
Préserver la nature : un leitmotiv

Également tapie dans la verdure, la nouvelle Dataï Estate Villa, avec majordome et chef cuisinier, peut satisfaire les happy few les plus exigeants. « C’était un gros challenge. A partir de deux maisons existantes, nous devions réaliser une villa avec cinq chambres et piscine, divisible en deux villas avec deux piscines ». Résultats : une astucieuse porte coulissante dans un bassin aux formes décalées et des arbres de la forêt primaire traversant la toiture. 

Autre nouveauté : le spa que la manager voulait sans climatisation, en osmose avec la nature. « Les cabines, seulement dotées d’un toit, tournent autour de la rivière, laissant entrer les papillons et percevoir le chant des oiseaux et les bruits des animaux », précise Didier qui ajoute : « encouragé par le succès remporté par les treks à la découverte de la faune et de la flore endémiques sur les 750ha du domaine, nous avons conçu un Nature Center, destiné à sensibiliser les clients aux dangers pesant sur la forêt ». Sous la conduite Irshad Mobarak, le naturaliste-maison, les marcheurs randonnent entre jungle et mangrove, munis d’une gourde en métal : une façon de limiter le plastique et de préserver le milieu fragile environnant.
L’architecture en famille

Cette renaissance du Dataï a valu à Didier Lefort de remporter la mention « Intérieur » dans la catégorie Hôtels du Prix Versailles 2019. Le concept de durabilité était déjà sa préoccupation il y a 40 ans. « J’ai passé mon diplôme d’architecture sur les énergies nouvelles, que j’ai ensuite expérimentées au Pakistan pour la Fondation Aga khan. Par exemple, pour des maternités dans l’Himalaya, j’ai utilisé des capteurs solaires passifs qui absorbent le soleil et restituent la chaleur la nuit, augmentant de 10 degrés la température des pièces » raconte-t-il.

Doublement diplômé (DPLG en 1977 et ENSAD en 1980), Didier nourrit une passion pour l’architecture depuis son plus jeune âge. « A 2 ans, je passais mon temps à empiler des cubes en bois pour faire des maisons les plus hautes possibles. D’ailleurs ma mère avait écrit sur mon livre d’enfant : futur architecte. Nous habitions alors Casablanca et lorsque nous visitions des musées, j’étais plutôt intéressé par les bâtiments ». 

A son tour, son fils Quentin, qui, enfant, adorait les Lego, a décidé en Première de suivre la voie paternelle, tout comme sa fille India. « Je n’ai pas voulu les influencer, je les ai laissés libres de leur choix ». Tous deux ont intégré l’agence DL2A que Didier a créé en 1995 à Boulogne.
Des réalisations qui éliminent le superflu

Positionnée sur des projets à l’étranger (dix-neuf pays répartis sur les cinq continents) l’agence est composée d’un mix d’architectes et de designers. Ils exercent leurs talents notamment dans l’hôtellerie de luxe : Ritz Carlton, Four Seasons, Mariott, Aman…et le Club Med Michès Playa Esmeral en République Dominicaine, un 5 Tridents éco-chic qui ouvrira ses portes fin janvier.

A leur actif également des réalisations dans d’autres secteurs tels l’Hippodrome de Chantilly ou le Salon 1ère classe d’Air France à CDG.

« L’architecture haut de gamme n’est pas une fin en soi, déclare Didier. Nous aimons répondre à un sujet quel qu’il soit et de tous les standings. Au moment où nous concevons un projet, nous analysons tous les paramètres qui nous servirons de base de travail. Notre souci est de répondre à des besoins spécifiques et d'être en résonance avec le monde ambiant du lieu. Nous nous efforçons d’épurer, de simplifier, de moderniser, de garder l'essence d'une culture, tout en éliminant tous les artifices qui peuvent rendre un produit trop ostentatoire ».  Des clés pour rendre un lieu magique, subtil et raffiné.
Le crayon reste son fidèle allié

Au fil des ans, le métier d’architecte a évolué. « En 1993, Kerry travaillait à la main, mais nous avions déjà une base informatique.

Aujourd’hui la technologie BIM est au cœur de nos projets dès la phase de conception, ce qui permet une parfaite maîtrise des études et de l’exécution. Mais le plus court chemin entre le papier et le cerveau reste la main. Même si on peut dessiner à la main sur un ordinateur, la souris ou le clavier constitue un intermédiaire de plus. Le logiciel vous fait des propositions, mais vous n’avez pas la même sensibilité » conclut Didier. D’ailleurs avant toute future embauche, il demande au candidat de lui montrer les dessins qu’il a fait à la main.

 


PRATIQUE

The Dataï Langkawi
121 chambres, suites et villas

Jalan Teluk Datai, 07000 Pulau Langkawi
Kedah Darul Aman, Malaisie

reservationsdatailangkawi@dataihotels.com
www.thedatai.com


Y ALLER

Ce reportage a été réalisé avec le concours de la Compagnie Qatar Airways, qui depuis le 15 octobre dessert Langkawi au départ de Paris, via son hub de Doha, à raison de 5 vols hebdomadaires.

En classe Affaires, le Boeing 777-300 assurant le vol de jour Paris-Doha comme le Boeing 787 Dreamliner assurant le vol Doha-Langkawi sont configurés avec des sièges individuels se dépliant en lit ultra-plat. Seul l’Airbus 350-1000 qui décolle de Paris à 21h40 dispose de la Q-suite, aux sièges transformables en lit double et panneaux coulissants. Multi-primée pour sa classe Affaires, Qatar Airways offre également un confort accru en classe économique avec notamment des sièges plus larges et un kit de voyage pour les vols de nuit.

À partir de 627€ TTC en classe Économique
À partir de 2390€ en classe Affaires 

www.qatarairways.com