Le Musée des Arts Décoratifs de Paris présente jusqu’au 12 janvier 2020 une exposition exceptionnelle sur l’extraordinaire figure du maharajah d’Indore. Homme visionnaire, il réunit autour de lui certains des plus grands artistes européens des années 1920-1930. Avec son épouse, il fut aussi le commanditaire de la toute première construction moderniste en Inde : le palais Manik Bagh, témoignage de cette effervescence culturelle.


Moderne Maharajah

Tout commence pourtant par une histoire indienne traditionnelle. Yeshwant Rao Holkar II (1908-1961), plus connu sous le nom de maharajah d’Indore, est le descendant, comme tous les membres de la dynastie Holkar, de guerriers marathes originaires d’Inde centrale. Ces derniers marquèrent l’histoire indienne en prenant le pouvoir au XVIIIe siècle consécutivement à l’effondrement de l’Empire moghol. Combattant pendant des années les armées des Compagnies françaises et britanniques des Indes orientales, ils sont finalement vaincus par les forces militaires britanniques, et doivent se résigner à une position de vassal à partir de 1818. Pour assurer leur fonction, les princes Holkar reçoivent une éducation « à l’anglaise » prodiguée par des précepteurs occidentaux et font de nombreux séjours en Europe. C’est ainsi que dans les années 1920, le Maharajah d’Indore, est envoyé très jeune faire ses études à Oxford en Angleterre. Un précepteur francophone, le Dr. Marcel Hardy, l’introduit dans le milieu culturel européen en lui présentant l’architecte berlinois Eckart Muthesius, proche de l’avant-garde, et Henri-Pierre Roché, conseiller artistique et écrivain.

En 1929, peu de temps après sa rencontre avec l’éminent couturier et collectionneur Jacques Doucet, il décide d’ériger un palais dans son Inde natale, où se mêleraient luxe, confort et modernité. Le maharajah confie à Eckart Muthesius la réalisation de ce projet : transformer les fondations d’un bâtiment préexistant pour en faire une nouvelle résidence privée pour la maharani Sanyogita Devi et lui-même.

 
Portrait de Bernard Boutet de Monvel                                                                © Man Ray
© Collection Al Thani                                                  


Man Ray, Le maharajah et sa femme, vers 1927
© Man Ray


Le palais Manik Bagh et les grands acteurs du projet
Débutée en 1930, la construction du palais est terminée en 1933. Dédié à la vie quotidienne du couple, il est agencé selon leurs besoins quotidiens et décoré par le jeune prince et son épouse lors de leurs différents voyages en Europe. Manik Bagh est pourvu d’un décor et d’un mobilier glorifiant les matériaux novateurs pour l’époque, tels le métal, le cuir synthétique ou encore le verre, avec une prédominance accordée à la couleur. Les créations sont signées par vingt prestigieux créateurs tels Jacques-Émile Ruhlmann, René Herbst, Louis Sognot et Charlotte Alix, Georges Djo-Bourgeois, Le Corbusier, Charlotte Perriand ou Eileen Gray.

L’exposition, avec ses 500 pièces réunies pour la première fois, est donc une invitation à découvrir cet univers novateur, synonyme d’un moment marquant dans l’histoire des arts décoratifs. On y découvre également les portraits magistraux du maharajah et de son épouse, tous deux capturés dans une veine moderniste par le peintre Bernard Boutet de Monvel. ou les clichés du couple réalisés par Man Ray.

Enfin, le maharajah d’Indore comme ses pairs aime les arts joailliers : il commande ainsi pour son épouse et lui-même des parures auprès de Van Cleef & Arpels, Harry Winston, Chaumet ou Mauboussin.  

www.madparis.fr

   


 
Eckart Muthesius, Hall d’entrée et chambre du maharajah du Palais Manik Bagh

 
Eckart Muthesius,                                                                                              Mauboussin
Coiffeuse mobile électrifiée pour la maharani,   
© Collection Al Thani