Nager dans un lagon turquoise au milieu d’une myriade de poissons colorés, farnienter à l’ombre d’un flamboyant en sirotant une eau de coco, s’immerger dans la douceur de vivre polynésienne empreinte de senteurs de vanille et de monoï et s’initier aux secrets de la perliculture. C’est la promesse d’une escapade au Taha’a Island Resort, le seul Relais & Châteaux de Polynésie. Ia Orana et Maeva ! Bienvenue.

Taha’a, une discrète pépite, française depuis 1898

Avec ses 118 îles éparpillées comme des confettis sur les eaux du Pacifique, la Polynésie arrive dans le peloton de tête des destinations qui font rêver. Synonymes de paysages paradisiaques, ces îles du bout du monde s’étirent sur un territoire grand comme l’Europe, divisé en cinq archipels. Le plus connu, l’archipel de la Société, qui compte Tahiti, Bora Bora, Moorea, abrite une pépite de 88 km2 : l’île de Taha’a, discrète, authentique, où la culture ancestrale s’exprime au quotidien.

 

A 230km au nord-ouest de Tahiti, Taha’a, autrefois appelée Uporu, a longtemps vécu dans l’ombre de sa puissante voisine, Raiatea, qui a joué un rôle majeur dans les migrations polynésiennes. Selon une légende, Raiatea et Taha’a, qui ne formaient qu'une seule et même île, furent séparées d'un revers de main par un géant en proie à un chagrin d'amour. Puis elles auraient été colonisées par des hommes venus en pirogue des îles Samoa. Sous le joug de Bora Bora lors des passages du capitaine Cook, elles sont passées sous influence britannique en 1818 avec l’arrivée des premiers missionnaires. Ce n’est qu’en 1898, bien après Tahiti, qu’elles sont tombées sous domination française. Aujourd’hui Taha’a est toujours très liée à Raiatea, dont elle partage le lagon. C’est aussi sa porte d’entrée depuis Tahiti.

Les fare s’intègrent harmonieusement au paysage

Les ATR d’Air Tahiti, adaptés aux pistes courtes, relient en 45mn Papeete à Raiatea, où le speed boat du Taha’a Island Resort attend au pied de la passerelle. Ou presque ! Une demi-heure plus tard, on découvre un décor de carte postale. Au milieu d’un lagon étincelant, face à l’île de Taha’a, surgit le motu Tautau, un îlot corallien privé qui abrite le fleuron du groupe hôtelier polynésien Pearl Resorts of Tahiti. Implanté autour de majestueux arbres centenaires, le Taha’a Island Resort a été réalisé à 80% avec des matériaux issus de Raiatea et Taha’a : bambou, murs en palmes de cocotiers tressées, feuilles de pandanus pour les toits, pierre, corail. Le hall d’accueil évoque un abri pour pirogues et à l’entrée de la réception trône une pirogue ancienne, clin d’œil aux ancêtres navigateurs.

Ce confetti paradisiaque, qui dégage une atmosphère de sérénité et de luxe simple, déploie 45 fare sur pilotis et 12 fare plus spacieux posés sur le sable, agencés de mobilier en bois. Les portes intérieures coulissantes sont habillées de tapa marquisiens (étoffes végétales, fabriquées à partir d’écorces de banians) peints de pirogues à balancier et les poignées de placards sont en cordages de nape, la fibre de cocotier.

Les fare sur pilotis sont disposés selon trois orientations : les rives luxuriantes de Taha’a, la majestueuse silhouette de Bora Bora, et, côté ouest, le meilleur point de vue au coucher du soleil. Au sol, un panneau de verre permet de voir évoluer les poissons.

Tapis dans la végétation, les fare de plage (notre coup de cœur) permettent de se ressourcer à l’abri des regards. Chambre et salon s’ouvrent sur une grande terrasse avec day beds, ourlée de sable blanc. Baignoire et douche extérieures, piscine et son coin repos ombragé complètent l’aménagement de ces thébaïdes, qui offrent services et prestations auxquels on peut s’attendre dans un Relais&Châteaux, même si l’ambiance « barefoot chic » est de mise.

Des tables gourmandes qui subliment les produits locaux

A midi, on s’attable, les pieds dans le sable, à côté de la piscine. Le restaurant La Plage propose salades, poisson cru à la Tahitienne et le mercredi une carte « retour de pêche » avec langoustes grillées. A proximité, le bar Swim Up Manuia, aux tabourets de pierre ancrés dans le bassin, permet de siroter, à demi-immergé, un cocktail de fruits. Rafraîchissant dans tous les sens du terme !

Le soir, le restaurant Vanille, perché dans les arbres, met à l’honneur une cuisine plus traditionnelle tandis que l’Ohiri, plus intime et plus chic, vous entraîne dans un voyage gastronomique avec les créations culinaires de David Pelet, tels le thazard (apparenté au maquereau) au chutney d’ananas, ou le mahi mahi (sorte de dorade) à la crème de mautini (potiron local). Le chef joue avec les ingrédients locaux comme le préconise le programme Food for Change, initié par la chaîne Relais et Châteaux. En partenariat avec l’association Slow Food, il a pour objectif de valoriser les produits de saison et de soutenir une alimentation saine et durable.

Autres initiatives : la plantation d’un potager bio et l’utilisation des déchets verts pour le compost, les algues marines ramassées sur le rivage servant de fertilisant naturel. Les autres déchets sont échangés avec un éleveur de porc contre dix porcelets par an.

   

Snorkeling dans un éblouissant jardin de corail

Dans le même esprit, le Taha’a a rejoint le projet Biorock, qui vise à protéger et à restaurer la vie corallienne dans les lagons. Les crèmes solaires nocives sont interdites dans le jardin de corail attenant au resort (protections solaires éco-responsable vendues à la boutique de l’hôtel). Et plusieurs fois par an, les équipes se mobilisent pour le « Clean Lagoon Day ».

Cet aquarium géant se prête à un éblouissant snorkeling (on peut emprunter chaussures de mer, masque et tuba à l’hôtel). Poissons trompette, papillons lune, demoiselles à raies blanches et autres poissons tropicaux vous escortent dans les eaux cristallines au milieu des coraux, anémones de mer et bénitiers au violet luminescent.

Le minutieux travail des vanilliculteurs

Un autre jour, on oublie les plaisirs du kayak de mer, du paddle ou de la planche à voile pour une excursion de la matinée sur l’île Vanille, le surnom de Taha’a, qui assure plus de 80% de la production tahitienne.

Cinq minutes de traversée et on embarque dans le 4x4 de Teva à la découverte d’une terre secrète, où alterne paysages luxuriants, baies profondes, lumineuses plages de sable blanc et rares villages, où le temps semble s’être arrêté. Au détour d’un chemin, des effluves acidulées envahissent l’atmosphère. C’est la vanilleraie de la famille Poerani, plantée par le grand-père de Teva.

« Les plans de vanilla tahitensis (à ne pas confondre avec la vanille Bourbon) s’épanouissent sur des fibres de cocotier attachées à un support. Dès qu’une orchidée parasite fleurit, elle doit être mariée » explique Teva, en effectuant une fécondation manuelle de la fleur hermaphrodite. Un délicat geste ancestral qui donne naissance neuf mois plus tard à une gousse.

Une fois à maturité, de teinte jaune, elle est cueillie et entreposée au soleil 3-4 heures par jour pendant six mois pour qu’elle se déshydrate et prenne une couleur foncée. Charnues, très aromatiques, ces gousses peuvent être conservées cinq ans en flacon ou sous vide et à l’abri de la lumière. Un souvenir gourmand !



     

La perliculture, un travail de longue haleine

Autre spécificité de Taha’a, les fermes perlières comme celle de mamie Jacqueline, la belle-mère de Teva, qui aime raconter le processus de fabrication de la petite sphère aux reflets irisés. La mythique perle noire de Tahiti est produite par l’huître Pinctada maragaritifera dans des eaux riches en éléments nutritifs. Des naissains sont élevés dans une station de collectage à 8m de profondeur. Deux ans plus tard, à l’âge adulte, ils peuvent être greffés. Le perliculteur introduit délicatement à l’intérieur de la gonade (organe reproducteur) un morceau de tissu (greffon) d’une huître donneuse, dont la couleur déterminera celle de la perle. Puis il ajoute un nucleus, bille de nacre fabriquée à partir du Mississipi shell (coquillage traité au Japon), et remet les huîtres dans le lagon. Pendant deux à trois années, les cellules du greffon secrètent des couches de nacre autour du nucleus. A l’heure de la récolte, beaucoup de concrétions sont jetées en raison de leur petite taille ou de difformités. 30 à 40 % sont commercialisables et seulement 5 % sont d’excellente qualité.

L’huître perlière de Tahiti n’est pas uniquement noire. C’est la seule espèce dont la gamme de couleurs va du vert émeraude à l’aubergine, en passant par le jaune et le gris clair. La classification de cette gemme répond à des critères officiels : la forme (ronde, semi-ronde, semi-baroque, cerclée, baroque), la taille (en moyenne de 8 à 12mm), la surface (de la parfaite classe A aux lourdes imperfections de la classe D vendues sur les marchés de Tahiti). Le lustre (leur brillance) et l’épaisseur de la nacre sont également codifiés. Dans les fermes comme dans les boutiques de Polynésie, tout achat s’accompagne d’un certificat d’authenticité.
Crédit des trois photograpgies ci-dessous : ©Tahiti-Tourisme

           

Le monoï, ingrédient phare du spa

De retour sur le motu, il est difficile de ne pas succomber aux délices d’un massage polynésien. Niché dans un jardin exotique, entouré de bambous et surplombant une lagune intérieure, le petit spa Tāvai propose des rituels de bien-être pour rétablir l’équilibre corps-esprit. En vedette, le monoï, obtenu par la macération de fleurs de tiare (gardenia tahitensis) dans l'huile de coprah raffinée, extraite de noix de coco récoltées sur des sols d’origine corallienne. Les soins sont prodigués par des thérapeutes, qui ont hérité d’un savoir-faire ancestral. La Détente Polynésienne, dont les manœuvres fluides des pieds à la tête évoquent les ondulations du lagon, vous plonge dans un état de plénitude. Un éden pour recharger les batteries.

©Mildred Forman

En voyage avec Air Tahiti Nui

Fondée en 1996, la compagnie polynésienne Air Tahiti Nui relie en 22 heures de vol Papeete via Los Angeles au départ de Paris CDG (4 à 7 vols par semaine selon la saison). Pour les provinciaux, elle a conclu un accord avec TGVAIR.

Depuis mars 2019, elle opère ses vols avec des Tahitian Dreamliners, des Boeing 787-900 avec des cabines aux couleurs des lagons. Ils sont configurés en trois classes équipées de fonctionnalités dernière génération.

La Moana Premium Economy offre une meilleure inclinaison du siège et plus d’espace pour les jambes (96,5 cm entre chaque rangée, contre 79cm en éco). La Poerava Business Class est dotée de sièges (espace de 152cm) transformables en lit plat de 198cm de long avec sur-matelas et duvet.

Seul bémol : les interminables formalités (jusqu’à lh45) imposées par la douane à Los Angeles. Prévoir un ESTA pour ce transit (formulaire à remplir en ligne. www.esta-officiel.com).

 
Toutes les photographies non créditées dans les paragraphe : ©MireilleGignoux

BON A SAVOIR

. www.letahaa.com

. www.airtahitinui.com

. www.airtahiti.fr

. www.poeranisafari.com (réservation au resort)

 . www.tahititourisme.fr

 . Langues : français, tahitien

. Monnaie : Franc polynésien (1000XPF = 8,40€)

. Climat : tropical chaud. Préférez l'hiver austral, d'avril à octobre (entre 24 et 28°), plus sec que l'été austral de novembre à mars. 

. Décalage horaire : -12 heures