L’Histoire

Dans les années 1780, déjà le grand-oncle de Jean-Pierre Lafond, Pascal Odoyer, gouverneur de Tavel, devient un précurseur en matière viticole. Ainsi est né le Domaine Lafond.  Sa propriété se transmettra de génération en génération.

En 1948, le grand-père maternel de Pascal Lafond, Valéry Taulier, bâtit la première cave particulière à Tavel. Propriétaire négociant en vin, il contribua énormément au développement de l’appellation Tavel en créant des liens économiques et étroits avec le négoce bourguignon et les principaux importateurs suisses.

Enfin en 1970, Jean-Pierre Lafond, gendre de Valéry Taulier, décide de créer l’actuelle cave en construisant le premier bâtiment pour la fermentation et le stockage. Passionné de chevaux, il reprend le nom d’un célèbre trotteur de l’époque « Roquepine », en transforme l’orthographe pour lui donner une touche du « Midi » et baptise le Domaine Lafond Roc Epine.  Il a également mis la casaque croix de lorraine noire sur fond dorée dans le blason. Au fil des générations les étiquettes ont évolué et aujourd’hui le blason est en filigrane.

Pascal, le fils de Jean-Pierre Lafond, arrive en 1978 dans le domaine et ils décident ensemble la commercialisation des vins du Domaine en bouteilles. (Tavel, Lirac et Côtes du Rhône). Le domaine continue de s’agrandir…

2001 est l’occasion d’une grande étape : Jean-Pierre et Pascal franchissent le Rhône ! Le Domaine s’étend alors sur l’appellation Châteauneuf du Pape, par l’achat d’une vigne de 87 ares… soit 4000 bouteilles, seulement.

La deuxième grande étape sera la décision prise en 2009 de passer toute la propriété en « bio ». Ils renoncent à utiliser pesticides, herbicides et autres produits de synthèse. Il ne reste plus pour protéger la vigne, que les seuls éléments présents dans la nature, c’est-à-dire le soufre et le cuivre. Les seuls traitements permis sont les produits de contact lessivables par la pluie et qui ne pénètrent pas dans la plante. La différence amenée par le label Bio se ressent surtout dans les vignes. Le travail y est considérable sans les produits utilisés habituellement car toutes les opérations doivent s’effectuer de manière mécanique et manuelle. Cette nouvelle façon de cultiver prend plusieurs années et en modifiant la structure du sol, la vie organique y revient enfin.
Ainsi dès 2012 le domaine est passé en Agriculture Biologique, après trois années de conversion

Tributaire des conditions climatiques

Depuis quelques décennies le changement climatique se fait sentir. Les vendanges se font de plus en plus tôt car le climat gagne en température et les raisins sont murs avec au moins trois semaines d’avance. Dans les années 70/80, les récoltes au domaine se faisaient vers le 19 septembre. Cette année les vendanges auront lieu vers la fin août.

Il faut aussi prendre en compte les gelés qui arrivent tard et risquent d’abimer les bourgeons à cause du givre qui se place dessus et que le soleil peut ensuite griller. Pour lutter contre ces effets dévastateurs, des récipients, avec des feux, peuvent être positionnés aux pieds des plants car la fumée empêche les rayons du soleil, arrivant après la gelée de la nuit, de taper sur la glace qui se trouve sur les bourgeons ; ces fumées réchauffent aussi un peu la température.

Pendant la vendange, fin août, il fait encore très chaud, il faut donc également combattre la chaleur des tuyaux où passe le raisin, c’est la raison pour laquelle il a été installé un deuxième tuyau à l’extérieur dans lequel circule de l’eau froide qui permet de refroidir le tuyau dans lequel circule le vin. Cela fait gagner près de 10 à 12 degrés. Sans ce système, la fermentation démarre trop vite, devient ingérable et risque de donner de l’acidité au vin.

Côtes du Rhône millésime 2018

La plus part des vignobles du Domaine de Lafond en Côtes du Rhône se situent à Saint-Marcel d'Ardèche, à une heure de route de Tavel. Cette région, plus au Nord, permet d'avoir des crus avec une bonne fraicheur et un fruité, pour aboutir à un vin puissant de la Vallée du Rhône.

Ses deux tiers de Grenache et un tiers de Syrah, lui donnent un style traditionnel mais avec un apport en complexité et en matière,pour un vin gourmand, dont 2018 est un beau millésime, car la pluie de début août a permis à la maturité des raisins de se développer de manière optimale, pour arriver à un vin équilibré et riche. Il peut se boire un peu frais et s’accommode très bien avec de la charcuterie, des viandes blanches, des grillades, des pâtes, et plus généralement de la cuisine méditerranéenne.
(7,50 € prix public à la cave)

Châteauneuf-du-Pape – Millésime 2016, mon coup de cœur !

C’est une appellation française parmi les plus anciennes, qui date du 15 mai 1936 (comme Tavel, Cassis, Montbazillac et Arbois).
L’assemblage est de 80 % Grenache, 10 % Syrah et 10 % Mourvèdre, le Grenache est l’élément qui fait la notoriété de l’appellation Châteauneuf-du-Pape.

Les règles de vinification doivent être suivies strictement pour avoir un résultat à la hauteur de l’appellation et pour ce vin magnifique, le raisin est ramassé en totalité à la main. Les grappes triées par le vendangeur, arrivent intactes à la cave évitant ainsi tout phénomène d'oxydation. En outre, le ramassage manuel préserve l'état des souches donc l'avenir du vignoble.

Méthode de vinification et d'élevage : égrappage en totalité, cuvaison longue 21 jours, ce qui permet d'obtenir des tanins souples et bien présents ; pressurage, puis fin de fermentation et conservation en cuve inox jusqu'au premier soutirage.

Ensuite, l'élevage se fait en barriques neuves (moitié chauffe forte + moitié chauffe moyenne) de janvier à octobre pour les 20 % constitués par syrah et mourvèdre, afin d'assouplir les tanins, d'oxygéner le vin, et d'apporter une touche vanillée qui "se fondra" avec la structure du grenache qui continue son élevage en cuve inox.
La cuvée est mise en bouteilles vers janvier ; depuis cette date la structure du vin et l'apport de l'élevage en barriques s'harmonisent afin d'obtenir un bel équilibre et qui va encore s'améliorer pendant plusieurs années.

Le bouquet est celui d’un vin puissant et charpenté, d'une couleur rubis très soutenue à nuance violette. Il offre un nez complexe de cannelle, de fruits cuits et de griottes. Après une attaque ample et ferme, la bouche exprime des nuances vanillées et poivrées qui persistent jusqu'au final. C'est un vin souple et riche d'une très bonne longueur. La présence dominante du grenache bien caractéristique en bouche assure la « typicité CHATEAUNEUF-DU-PAPE ».
Une merveille sur le gibier et la volaille !
 (28,80 € à la cave)

C’est l’bouchon

Les traditionnels bouchons en lièges se trouvent désormais concurrencés par les bouchons synthétiques et on aperçoit même quelque fois des bouchons à vis ! Crime de lèse-majesté pour, en particulier, les français amateurs de vin.

Au Domaine Lafond on est pragmatique : le Côtes-du-rhône et le Tavel ont des bouchons synthétiques car ce sont vins avec lesquels on recherche en priorité le fruit et la fraicheur. De plus ce sont des vins qui se boivent relativement jeunes. C’est aussi une manière d’éliminer le risque du goût de bouchon.

Le bouchon à vis est très plébiscité aux Etats-Unis, car les ménages sont peu équipés de tire-bouchon. Contrairement à ce que l’on croit la capsule à vis est idéale au niveau conservation. Elle est bien plus efficace que le bouchon en liège ! Mais culturellement cela est inacceptable en France.
Au domaine, une dégustation à l’aveugle a été organisée avec des vins identiques conservés durant six mois avec des bouchons à vis et des bouchons en liège. Résultat : le vin avec un bouchon à vis s’était mieux conservé !

En revanche, pour le Lirac et le Châteauneuf du Pape, ce sont des bouchons naturels car ces vins ont besoin d’un léger passage d’oxygène pour leur permettre d’évoluer grâce à cette micro-oxygénation.