Lucie Boujenah sera, dès le 9 janvier, à l’affiche du film d’Alexis Michalik, Edmond, dans lequel elle tient le premier rôle féminin, celui de Jeanne d'Alcie, l’habilleuse du Cyrano de Bergerac, mais aussi la muse de l'écrivain. Nous l’avons rencontrée afin de vous faire découvrir le chemin qui l’a mené à ce premier grand rôle. 

Court-Portrait

Lucie Boujenah est née à Paris, le 31 juillet 1987 et sa belle crinière de boucles brunes s'accorde bien avec son signe astrologique du lion ! Dès l'enfance, le théâtre s'impose à elle. Puis le conservatoire où elle entre juste avant la limite d'âge. Depuis, elle enchaîne les tournages. Elle a exploré les univers de différentes séries télévisées (Soda, Nina, …), tourné pour le cinéma (Les Chatouilles, Five, Vingt d’écart, ...) et dès le 9 janvier, elle sera à l'affiche du film Edmond d'Alexis Michalik, dans le premier rôle féminin, celui de Jeanne d'Alcie, l'habilleuse du Cyrano de Bergerac de mais aussi la muse de l'écrivain. (Voir pitch du film à la fin de l’article). Un beau rôle de composition pour une jeune femme bien dans son époque.
Une jeune femme gracile et charmante arrive, à l'heure juste, dans le salon d'un hôtel parisien. Lucie Boujenah se présente avec simplicité et un sourire lumineux. ATTITUDE Luxe l'a interviewée sur son parcours et son prochain grand film : Edmond d'Alexis 

Attitude Luxe - Le moment, ou les circonstances, où vous avez décidé de devenir actrice ?

Lucie Boujenah - Une évidence quand je vais à mon premier cours de théâtre, à sept ans. Je m’en rappelle très bien, je crois que c’est la première fois où je me suis sentie bien et à ma place. Cela ne s’est jamais arrêté et j’ai toujours voulu faire ce métier depuis cet instant-là. Cette activité est la seule qui m’a permis de canaliser la très grande énergie que je déployais petite et que mes parents avaient bien du mal à cadrer. 

AL - Vous avez fait le conservatoire, cela a-t-il été déterminant dans votre façon d’aborder le métier ?
LB -
J’ai fait le Conservatoire relativement tard, vers 25 ans, aussi je m’étais déjà forgé une manière de travailler. Mais cela m’a rassurée et aussi donné une légitimité, sentiment difficile à saisir au début quand les rôles ne s’enchaînent pas. Cette expérience m’a confortée dans mon choix. Une telle formation m’a appris beaucoup et m’a aussi enlevé des choses. C’est comme un troc, on échange des peurs contre d’autres. C’est un peu une colonne vertébrale. L’enseignement du Conservatoire apprend à aborder les textes, à les aimer, à ne pas en avoir peur. L’improvisation m'a grandement aidée en me permettant de savourer les mots. Plus on est libre, plus on se permet d’aller sur de nouveaux chemins. J’ai passé trois années incroyables qui m’ont procuré une plus grande assurance, même si j’ai connu aussi des moments difficiles. Ce travail permet également d’apprendre à répondre à une demande, à la vision du metteur en scène qui ne correspond pas forcément à la nôtre, c'est exigeant mais très formateur. La troisième année, nous avons travaillé avec des metteurs en scène, nous avons enchaîné des stages de deux mois ce qui permet de passer d’un projet à un autre sans transition. 

AL – Comment trouvez-vous l’émotion de votre personnage, vous plongez-vous dans des moments que vous avez vécus ?
LB -
Cela dépend des textes, du moment, de ce qu’il se passe autour de moi. En fait, ce n’est jamais pareil mais j’ai pris un peu de distance avec le fait de me replonger dans un événement douloureux que j’ai déjà vécu. J’ai plutôt tendance, lorsqu’il faut jouer un texte un peu noir et dur, à faire appel à des moments agréables. J’y trouve beaucoup d’émotion et dans le même temps, je suis attentive à ce qu’il est en train de se passer, aux personnes autour de moi, cela me nourrit. Mais demain, cela sera peut-être autre chose. C’est un état évolutif, qui connaît des étapes.

AL - Le 9 janvier, le film Edmond d’Alexis Michalik va sortir sur les écrans, vous y tenez le 1er rôle féminin, celui de Jeanne d'Alcie, l’habilleuse et la muse de Cyrano de Rostand, comme vous, le film a commencé sa carrière au théâtre.
LB -
En effet, au départ le projet devait prendre la forme d’un film mais les moyens financiers étaient insuffisants. Alors le réalisateur a monté ce projet pour le théâtre. La pièce a connu un grand succès et a reçu cinq Molière. Trois équipes de comédiens se sont relayées et les financements sont arrivés permettant alors de réaliser le film, avec le même canevas. Pour ce tournage, nous étions une très grosse équipe car, en plus des rôles principaux, il y avait beaucoup de figurants et l’équipe technique aussi était importante. Les échanges entre nous avaient lieu en quatre langues : français, italien, anglais et tchèque.

AL – Était-ce la première fois que vous jouiez en costumes historiques ?
LB –
En effet, c’est la première fois. Au commencement, ce n’est pas évident car les corsets sont très serrés et nous ne sommes plus du tout habitués à cette sensation, il est difficile de respirer ! J’avais même des bleus au début. Et il ne faut pas prendre deux cents grammes car tous les costumes sont faits sur mesure. Ce type de vêtement vous met immédiatement dans l’époque, c’est une bonne partie du travail.

AL – Les préparatifs habillage, maquillage, coiffure étaient-ils très longs ?
LB -
Ce qui a été long était plus en amont lorsqu’il a fallu créer les costumes et faire les essayages. Paradoxalement, lors du tournage, les temps d’habillage, de maquillage et de coiffure étaient relativement courts, même si j’avais besoin de quelqu’un pour m’aider à m’habiller et à me déshabiller, c’est la contrainte des costumes d’époque.

AL – Quelle ambiance régnait-il durant le tournage ?
LB -
L’ambiance sur un tournage ressemble à celle qui existe au théâtre. Comme nous avons tourné à l’étranger, nous nous retrouvions le soir dans le même hôtel, au dîner. Je trouve cela très agréable ; nous sommes restés assez proches et nous avons continué à nous voir après le tournage. Du coup, il n’y a pas eu de rupture violente, qui, je crois se ressentira plus lorsque le film sera sorti, car alors il nous échappera. Mais j’étais tellement heureuse d’avoir participé à ce film que je n’ai pas ressenti de tristesse à la fin, j’étais toujours dans un ressenti de joie.

AL – Comment ave vous pris possession de votre personnage vous êtes-vous plongée dans des textes de l’époque ?

LB - Je ne me suis pas du tout intéressée à l’époque, j’ai évidemment relu Cyrano et vu la pièce d’Alexis. J’ai un peu grandi avec le Cyrano de Jean-Paul Rappeneau que je regardais beaucoup quand j’étais petite, j’avais cela en tête bien que le film ne soit pas un remake du « Cyrano ». Nous avons beaucoup répété avec Alexis avant le début du tournage, et comme mon personnage de Jeanne est totalement fictif, je n’ai pas eu à composer en fonction d’un personnage existant.  En revanche, Thomas Solivérés, lui, a dû faire ce travail pour jouer Edmond. Pour ma part, j’ai dû inventer Jeanne ; en fait, j’y pensais tout le temps, ce personnage était sans cesse dans un coin de ma tête. Cette sorte d’obsession fait partie du travail, même si ce n’était pas un rôle de composition, car Jeanne n’est pas si éloignée de moi, - elle est néanmoins plus jeune que moi, et je ne suis plus dans la naïveté dans laquelle elle évolue par rapport à l’amour.

AL - Quel est votre premier souvenir cinématographique en tant que spectatrice ?
LB -
Mon premier souvenir de cinéma en tant que spectatrice est Croc-Blanc. Puis j’ai été impressionnée par un film qui s’appelle Willow et aussi par Forrest Gump.

AL - Avec quel cinéaste aimeriez-vous tourner demain ? Pourquoi ?
LB -
Si tout était possible, j’aimerais travailler avec Ken Loach. Je trouve incroyable la manière dont ses fictions donnent la sensation de regarder un documentaire - dans le bon sens - à chaque fois, j’oublie que c’est du cinéma, j’ai l’impression qu’il a pris sa caméra et qu’il est venu observer des gens, j’ai physiquement la sensation d’être avec eux. Je suis touchée par le cinéma dont il émane un message. Pedro Almodovar est aussi un cinéaste qui me bouleverse, mais …  je ne parle pas un mot d’espagnol ! Sa manière de filmer les femmes est extraordinaire, il sait mieux que quiconque les raconter. C’est un cinéaste qui a une technique, une qualité d'image qui servent l'histoire. 

AL - Avez-vous déjà des projets pour 2019 ?
LB -
Actuellement, je suis en train de tourner une série d'épouvante - je ne peux pas vous en dire plus ...- c’était un rêve pour moi de jouer ce type de rôle. Cette série se tourne jusqu'en mars, et j'ai deux autres propositions pour des films en cours de financements. 

AL – Pensez-vous qu’il faille construire sa carrière ?
LB -
Je pense, malheureusement, en effet qu'il faut construire une carrière afin de ne pas être trop enfermé dans des clichés. Il faut faire attention à ses choix, même s'il y a des rôles que l'on a envie de faire, il vaut mieux dire non pour garder un espace de liberté. C'est d'ailleurs assez paradoxal cet enfermement dans des catégories, car l'essence de mon métier est de faire des choses très différentes. Toutefois, j'ai quand même l'impression que cette tyrannie se relâche un peu. 

AL – Etes-vous proche de votre agent ?
LB - En effet, je suis très à l'écoute de mon agent, Pauline Rostoker de chez Artmédia, et la plupart du temps nous partageons le même avis. Elle a sans doute plus de recul que moi et j'ai une relation de confiance avec elle. 

AL - Un rôle que vous aimeriez jouer ?
EB –
De très nombreux rôles me plairaient ! En premier lieu, je serais très tentée par un personnage au caractère cruel, une composition qui nécessiterait une transformation physique, pour évoluer dans un univers de conte. Petite, au cours de théâtre, je jouais souvent les sorcières ou les trolls. J'ai aussi déjà eu ce type de rôle au conservatoire où nous avions monté une pièce qui s'appelle Chantecler d'Edmond Rostand, mis en scène par Xavier Gallais et j’étais une maquerelle très cruelle et cela était très excitant à jouer ! Je trouve intéressant d'aller explorer des endroits un peu plus dangereux et c'est aussi très jubilatoire d'aller dans ces recoins qui sont interdits dans la vie. 

AL - En tant que spectatrice, vous êtes plutôt drame ou comédie ?
LB -
En termes de comédie, j’apprécie les "Toledano/Nakache" car ces films recouvrent un champ plus large que la seule comédie, mais en général je préfère les drames et les films d'action comme les "Marvel". 

AL - Le dernier film que vous avez vu ?
LB -
Lors d'une pause, quand je tournais, j'ai visionné "Jusqu'à la Garde" de Xavier Legrand qui m'a beaucoup impressionné. Il m'a fallu un moment pour sortir de ce film avant de reprendre le tournage. 

AL - Y- t-il des actrices ou des acteurs qui vous inspirent ?
LB -
Je pense plutôt à des moments, des scènes lors desquelles j'ai capté une expression, un regard, des sensations. 

AL - Comment êtes-vous arrivée sur le film Edmond ?
LB -
J'avais rencontré Alexis il y a presque dix ans, par une relation commune, ensuite nous nous sommes perdus de vue. Mais je sais que c'est lui qui a demandé à me voir pour le casting d'Edmond. C’est un métier de patience et de travail, où la chance joue son rôle mais Il faut beaucoup travailler car le moment où la chance se présente il faut être à la hauteur. 

AL - Quels sont vos pêchés mignons ?
LB -
Je suis gourmande de pâtes et de chocolat ! Et j'adore les vêtements, je ne suis pas une grande connaisseuse en termes de mode et suis plutôt classique mais j'adore me changer. Petite, il m'arrivait de me changer jusqu'à quinze fois, mais je me suis calmée depuis ! Le rôle de Jeanne dans le film Edmond m'a permis de renouer avec le costume. C'était un vrai régal toutes ces tenues sur-mesure !

Le pitch

Décembre 1897, Paris. Edmond Rostand n’a pas encore trente ans mais déjà deux enfants et beaucoup d’angoisses. Il n’a rien écrit depuis deux ans. En désespoir de cause, il propose au grand Constant Coquelin une pièce nouvelle, une comédie héroïque, en vers, pour les fêtes. Seul souci : elle n’est pas encore écrite. Faisant fi des caprices des actrices, des exigences de ses producteurs corses, de la jalousie de sa femme, des histoires de cœur de son meilleur ami et du manque d’enthousiasme de l’ensemble de son entourage, Edmond se met à écrire cette pièce à laquelle personne ne croit. Pour l’instant, il n’a que le titre : « Cyrano de Bergerac ».

Réalisateur & scénariste  : Alexis Michalik

Production Légende Films Coproduction UMédia / Distribué par Gaumont  

Avec Thomas Solivérés / Edmond Rostand ; Olivier Gourmet/ Constant Coquelin ; Mathilde Seigner/ Maria ; Lucie Boujenah / Jeanne d’Alcie ; Clémentine Célarié / Sarah Bernhardt ; Alexis Michalik / Georges Feydeau

Copyright des photos du film LEGENDE Films - EZRA - GAUMONT