Si vous pensiez que Taiwan était une île sans histoire, sans âme, un petit bout de terre entre la Chine et le Japon n’abritant qu’une accumulation d’usines et de centres nucléaires, vous vous trompiez. Si il faut plus de douze heures pour se retrouver sur cette contrée entre mer de Chine orientale et océan Pacifique, ce petit bout de terre insulaire mérite le détour. À la découverte des mille et unes merveilles de l'Ilha Formosa... 


Yehliu Geopark

Ancienne province de la Chine continentale, Taïwan a toujours revendiquer sa propre identité, surtout depuis son indépendance en 1949. Souvent perçue uniquement sous un angle économique, celui d’un des quatre dragons asiatiques, seulement bon pour exporter en masse les biens de consommation et les produits électroniques compétitifs, Taïwan est en fait un trésor environnemental et culturel caché dans un écrin tropical. Sa capitale, Taipei, est un cœur palpitant où fleurissent une multitude de temples, entre grands centres culturels et musées d’art contemporain, immeubles modernes et échoppes traditionnelles. Dans le dédale labyrinthique de ses rues, toutes les nationalités se croisent, portées par une foule dynamique et résolument vivante. Et toujours, à chaque coin de rue, au détour d’une ruelle, un marchand de rue et son triporteur (en chinois appelé Lu Bian Tan), proposant de délicieux mets traditionnels. Si le pays a su conserver ses racines chinoises, toute sa fierté réside aussi dans son cosmopolitisme comme en témoigne la présence de nombreux temples bouddhistes et taoïstes, et l’attachement de la population au confucianisme. Les taïwanais baignent ainsi dans un mélange harmonieux de valeurs spirituelles et humaines, le tout dans un respect de l’autre et une grande ouverture d’esprit.

Keelung, marché de nuit

Ce n’est pas pour rien que les portugais qui la découvrent en 1517, baptisent Taïwan « Ilha Formosa » (la belle île) : ses hautes montagnes abruptes recouvertes de végétation luxuriante tombant directement dans l’eau du pacifique, en font un dessin au lavis s’admirant pendant des heures. En quittant les grandes villes et le fourmillement des marchés de nuit, l’arrière pays révèle les aspects les plus spécifiques du pays et ses plus belles traditions. C’est en faisant un peu de route que l’on prend conscience de la force de cet abri naturel pour la faune et la flore : rizières, palmeraies, côtes de roches volcaniques et plages de sables noir ébène, émergeant d’un champ de brume, les côtes taiwanaises donnent envie de rédiger en prose. Les paysages de la côte nord en particulier, révèlent de magnifiques trésors dans un cadre empreint d’une grande beauté mélancolique. En partant de Taipei, entre le port de Tamsui et Fulong - plage se situant à l’extrémité est du pays - la côte réserve de nombreuses surprises dont le parc géologique de Yehliu où repose sur la plage une surprenante mer de formations rocheuses en forme de champignons, un phénomène d’érosion unique au monde. Plus bas dans les terres, le parc national de Taroko abrite un labyrinthe aux mille et unes merveilles de falaises de marbre, cascades et lacs naturels habités par une végétation abondante aux vives couleurs.

Si la petite île asiatique ne fait de 394 km de long sur 144 km de large (ce qui en fait le 138ème pays du monde, selon sa superficie), cet oasis d’Asie recèle de rares trésors au cœur de chacune de ses villes et villages. Un voyage autant spirituel que culturel qui fait perdre l’horizon et offre la sensation d’un vertige vaporeux, un paysage fait à l’encre pas encore sèche, d’où s’échapperaient quelques coulures ondulantes…


Gorges de Taroko



Côtes nord de Taïwan 
crédits photographiques ©Aurélie M.Caillard