Depuis le mois de juin 2017, le paysage parisien offre un nouveau trésor architectural signé Daniel Buren. Cette fois, l’artiste aux rayures s’associe au non moins célèbre designer marseillais Ora-Ïto. En plein coeur du quartier Beaugrenelle, les deux créateurs signent un hôtel d’un nouveau genre tant par ses formes que par son contenu et son offre : entre art, savoir-vivre et savoir-faire une adresse culturelle ouverte à tous.


Vue de l'hôtel Yooma, Beaugrenelle ©Yooma


À quelques pas de la dame de fer, le quartier de Beaugrenelle à Paris, bordé par la Seine, a souvent été décrié pour son paysage architectural. Pourtant, parmis les tours de bétons, c’est tout un musée de l’histoire urbaine des années 1970 qui s’ouvre dans le ciel de la capitale. Entre un maillage aux échos des cités du Corbusier et un bâtiment orangé d’inspiration Jean Prouvé, un nouvel hommage vient de voir le jour : l’hôtel Yooma. Il est le fruit de l’imagination de deux grands esprits contemporains : Daniel Buren, star des rayures in situ et Ora-Ïto, créateur prodige du centre d’art MaMo sur le toit de la Cité radieuse de Marseille. Ce bâtiment aux reflets d’argent et aux nuances de bleu vient illuminer l’ensemble des pages du quartier Beaugrenelle. Un clin d’oeil mérité à son environnement architectural, une révolution tout droit venue du XXIème siècle, un concept hôtelier d’un nouveau genre. Ce n’est pas un hasard si le projet est confié à un duo d’artistes de renommée : Pierre Beckerich, directeur de l’établissement, est aussi un grand collectionneur d’oeuvres d’art graphiques, dont certaines signées du Corbusier. Après les colonnes du Palais Royal et la façade colorée de la Fondation Louis Vuitton, Paris ouvre une fois de plus ses bras à Daniel Buren, dans une danse à deux temps, entre rayures et métal, à mi-chemin avec les plus grands créateurs de mobilier, design et architecture des deux derniers siècles.

Daniel Buren et Ora-Ïto ©Yooma

“ Le métal vient rendre hommage au bâtiment d'inspiration Prouvé qui borde l’hôtel à l’ouest. Les bandes dessinées par Daniel Buren s’inscrivent dans une continuité graphique avec les arêtes des tours, avec les lignes filantes de leurs balcons.” Ora-Ïto


En élevant le bâtiment de base d’un niveau, le créateur marseillais ouvre des nouvelles perspectives : l’hôtel Yooma s’habille de sa plus belle robe métallique, dont les reflets doux et les coins arrondis accueillent chaleureusement la célèbre matrice Buren et ses aplats de bleu dont les éclats graphiques traversent les parois pour répercuter dans les couloirs de l’hôtel. À l’intérieur, Ora-Ïto joue avec une palette de couleurs vives, comme un clin d’oeil à Roger Talon d’abord, puis à la célèbre bibliothèque de Charlotte Perriand, en développant des unités de couchages avec portes coulissantes offrant des espaces privés au coeur des chambres pouvant accueillir jusqu’à six personnes.


Vue intérieur de chambre ©Yooma 


“Je me suis inspiré du plan des lignes de RER imaginé par Roger Tallon, avec chacune une couleur primaire qui permet de se repérer” Ora-Ïto



Vues du bar et du restaurant ©Yooma

Car c’est aussi dans son contenu que le Yooma intervient dans la révolution du concept hôtelier. Beckerich y propose des chambres de grandes capacités à un prix accessible à tous, à quelques centaines de mètres de la Tour Eiffel, en plein coeur de la capitale. Salle de sport, sauna, le complexe offre également autant de confort que le suppose son nom “Yooma”, néologisme qui a pour racine “huma-nity”. Sur le toit du bâtiment, ses concepteurs y placent même 900 m2 de culture maraîchères, soit la plus grande surface de ce type intra-muros. Au rez-de-chaussée, après une traversée baignée de lumière, les clients découvrent un restaurant unique à son genre prenant des airs de musée : à chaque table, une chaise différente signée des légendes du mobilier contemporain tels que Knoll, Thonet, Fermob, Tolix, Hartô…. Trois résidences d’artistes prennent même place entre les murs de l'établissement, couronnant les lieux d’une singularité inédite, à la croisée des chemins entre architecture, design et art de vivre. Un pari réussi pour une culture ouverte à tous.


“Je suis intervenu dans la reconstruction de cet ancien bâtiment-bureau tel un acupuncteur, explique Ora-ïto, en rééquilibrant les masses sans perturber ce paysage cinégénique, où Wim Wenders ou Michel Gondry ont tourné .” Ora-Ïto

Aurélie M.Caillard

Informations pratiques:

Hôtel Yooma
51, Quai de Grenelle - 75015 Paris
www.yooma-hotels.com