Après les visites virtuelles de musées, l’exploration numérique de leurs plus grandes toiles, la reconstitution des anciennes architectures, la restitution des couleurs aux plus grandes cathédrales… L’histoire de l’art n’a de cesse d’appeler à de grandes révolutions technologiques, jusqu’à celle de créer de toute pièce des oeuvres posthumes, découvrez un nouveau Rembrandt, peint par un algorithme. 

La dernière oeuvre de Rembrandt ? Elle date de 2016, et pourtant le grand maître hollandais disparaît le 4 octobre 1669. Trois cent quarante sept ans après sa mort, un nouveau Rembrandt vient d’être dévoilé, hommage mimétique troublant, la nouvelle toile a été créé de A à Z par un ordinateur. Le projet est mené par le géant de l’informatique Microsoft, en collaboration avec l’université de technologie de la ville de Delft et de deux musées Néerlandais. La création de l’oeuvre à duré plus d’une année et le résultat est particulièrement bluffant d’authenticité.

Sur un fond sombre, éclairé par la gauche d’une lumière verdoyante, un homme fixe le regardeur, la tête tournée vers sa droite. Son vêtement noir se fond avec l’environnement de la toile, tout comme le chapeau à bords larges qui le coiffe. De la silhouette - coupée par le cadre en dessous du buste - seules la collerette blanche aux plis vertueux et la pâleur de son teint se détachent de l’ensemble. L’homme moustachu est un modèle de simplicité et d’humilité, âgé d’une quarantaines d’année, son œil est touchant, son allure vraie. C’est le modèle de prédilection du peintre mythique, aux côtés de ses plus grands portraits. Au premier regard, beaucoup de spécialistes s’y méprendraient…
Quel a été le chemin jusqu'à cette nouvelle révolution numérique ? Le nouveau Rembrandt va bien plus loin que le simple concept de la copie : le système s’approprie la pensée de son créateur, il en étudie les caractéristiques et entreprend l’analyse d’une touche, reconnaissable par tous, dès la première rencontre. Ce “petit truc en plus” qui fait que lorsqu’un visiteur de musée se rend compte en lisant le cartel, qu’il se trouve face à un Botticeli ou un Titien.
En premier temps, c’est la quasi totalité de l’oeuvre connue du peintre que Microsoft a scanné (en tout 300 sur les 400 oeuvres d’art attribuées à Rembrandt), afin de créer une base de données particulièrement riche à analyser. Les données ainsi recoupées ont pu mener à la définition du portrait robot de cet homme à portraiturer. C’est ensuite ce que l’on croirait difficile à capturer que le programme a cherché à résumer : la manière de l’artiste à peindre les traits d’un visage, à modéliser un caractère, à placer un regard, une coloration de la peau… En bref, ce qui fait de Rembrandt, un Rembrandt. Enfin, place à l’impression, mais attention, il ne fut pas question d’une simple édition sur papier glacé : il s’agit de faire une toile. C’est ainsi qu’une imprimante 3D a concocté une toile composée de 13 couches d’encre à UV, résultat de l’association de 148 millions de pixels et 168263 fragments de peinture.

Jusqu’ici, nous avons utilisé la data afin d’améliorer le monde du business. Mais nous ne l’avions pas encore utilisé de façon plus sensible, de façon à toucher l'âme humaine. Nous pourrions dire que nous avons utilisé la technologie tout comme Rembrandt utilisait ses pinceaux : dans le but de créer quelque chose de nouveau.” Ron Augustus, Directeur de marché à Microsoft


Un nouveau Rembrandt, fruit de la nouvelle technologie et de ses serviteurs les plus pointus. Oui, mais pourquoi ? Le projet Microsoft nous révèle le grand pouvoir du travail du stockage de données. Serait-ce là une version ultra contemporaine du musée ? Une technologie particulièrement puissante qui pourrait épauler les plus grands spécialistes dans la recherche des toiles de maitres disparus ou dans l’identification des copies les plus réussies. A condition que l’usage ne franchisse pas les morales éthiques de l’authenticité de l’oeuvre d’art. Avec ces toiles post mortem, Picasso, de Vinci, Monet, Renoir, Michel Ange, ces grands noms qui ont marqué l’Histoire pourraient voir leur oeuvre pérenniser plus que jamais. Déjà, de nombreux musées ont obtenu le droit de fondre à nouveau les bronzes de grands sculpteurs… N’est-ce pas là au fond le rêve de tout artiste : s’éteindre en laissant derrière lui, une oeuvre immortelle.
Film de présentation du projet : http://www.nextrembrandt.com