Chapelle, couvent, musée des Monuments français, Académie Royale, Académie impériale… Les bâtiments des Beaux Arts de Paris ont porté plusieurs casquettes avant de devenir un établissement national. Nul lieu ne sait réunir aussi bien le XVII et le XXIème siècle, au coeur de la capitale, et sans fausses notes s’il vous plaît.
Entre la rue Bonaparte et le quai Malaquais, l’Ecole Nationale des Beaux Arts de Paris trône en face du Musée du Louvre. A sa gauche, le musée d’Orsay, à sa droite, l’Institut de France et à quelques rues de son portail, l’ancienne demeure de Serge Gainsbourg. Autant dire que l’école des Beaux arts de Paris se situe à un point névralgique d’un des circuits touristiques les plus pratiqués aux abords de la Seine. Et pourtant, peu osent encore s’aventurer derrière ses murs. Peut-être est-ce dû à son imposant portail, surmonté des bustes de Pierre Puget et Nicolas Poussin ; le ton est donné… Rendez-vous avec la réunion de bâtiments aux architectures inspirantes, véritable cocktail d’histoire dont les pavés sont encore aujourd’hui piétinés par de jeunes artistes en devenir.
 
Paris, c’est bien connu, a toujours été considéré comme la ville des arts. Quoi de plus naturel qu’elle abrite au coeur de sa cité médiévale une école à son image : vaste panorama de l’excellence de l’histoire à travers ses strates architecturales, ses pierres silencieuses, mais aussi les grandes figures qu’elle y abrita. L’école des Beaux Arts de Paris est un vaste ensemble où s'étendent sur plus de deux hectares de terrain plusieurs bâtiments datant du XVII au XXème siècle.

La partie la plus ancienne est représentée par la “chapelle des louanges”, construite au XVIIème siècle pour le couvent des Petits-Augustins. En ces lieux, la reine Margot et Catherine de Médicis, tentent successivement d’y construire l’une des premières collections d’oeuvres d’art à Paris. Autant dire que le lieu se destinait à un établissement dédié à l’éducation de l’art.
Après les ravages de la Révolution, Alexandre Lenoir y aménage le Musée des Monuments francais en 1795, afin d’y entreposer les trésors patrimoniaux rescapés des destructions, comme les gisant royaux de Saint Denis. Si le musée se développe pendant plusieurs décennies, Louis XVIII, en digne repreneur de la Monarchie, fait fermer ses portes en 1816. Les collections désormais dispersées, le lieu deviendra celui de l’Académie Royale des Beaux arts.


De nouveaux espaces sont alors construits : le bâtiment des loges (qui accueillera les pensionnaires des concours et du prix de Rome), le palais des études et sa grande verrière, le bâtiment des expositions, la cour du Mûrier, … C’est à l’architecte Felix Duban que l’on doit les bâtiments les plus emblématiques de l’école dont le Palais des études, cet immeuble impressionnant dès l’entrée des lieux. Terminé en 1839, le Palais est destiné à la présentation des moulages, copies et oeuvres primées des élèves. Sous une verrière couvrant près de 800m², Piéta et frises du Parthénon sont alors voisines. De ce musée des copies, le bâtiment actuel garde quelques unes de ces pièces. A l’étage, les voûtes sont toujours recouvertes des copies des oeuvres de Raphael peintes pour les loges du Vatican. Sous un décor polychrome à l’italienne, plusieurs siècles d’histoire de l’art vous contemple. Un effet particulièrement souligné par la construction, dans la continuité du bâtiment, d’un hémicycle abritant une vaste fresque peinte par Auguste Delaroche, représentant les principaux maîtres des arts autour d’Ictinus et Phildias (architecte et sculpteur du Parthénon).
“De tous les édifices contemporains, c‘est peut-être celui dont l’aspect général épouse nettement la destination” Adolphe Laurent Joanne, Pairs illustré, 1855

Partout l’architecte Duban cherche à réemployer des éléments architecturaux ayant survécu à la dissolution du musée des Monuments français, donnant à l’ensemble des lieux la prestance d’un carrefour des arts et des histoires. Notons par exemple, la réutilisation du portail du château d’Anet pour l’entrée à la Chapelle. Les tous premiers ateliers d’élèves ouvrent alors sur une cour carrée avec en son centre un mûrier dont elle prendra le nom. C’est un ancien couvent aménagé en espace d’apprentissage, avec sont lot d’arcades, chapiteaux, marbres et une verdure inspirante.

Après ses nombreux réa-ménagements, et avec la chute de l’Empire, l’institution devient enfin “École Nationale des Beaux Arts”. Elle s’étendra jusqu’en 1945, subira de nombreuses restaurations jusqu’en 1985 pour s’élever avec autant de majesté aujourd’hui. Fragments de chapiteaux médiévaux, fontaines d’époque, bris de marbres, se balader aujourd’hui aux beaux Arts de Paris revient à faire un saut simultanément dans plusieurs époques, de la renaissance aux débuts de la modernité.
Chaque élève y faisant son entrée devient alors l’héritier légitime des artistes sélectionnés pour le prix de Rome. Ce concours fondé en 1666 par Colbert avec à la clef un séjour de quatre ans en pension à l’académie de France de Rome, est l’événement majeur de la vie culturelle, et il se tient au XIXème siècle, dans les loges des Beaux Arts de Paris. La dernière épreuve de ce marathon artistique enferme les concurrents pendant 72 jours, avec interdiction d’interagir avec le monde extérieur. Autant dire que l’école est un lieu où se vit l’art.

Il est alors aisé de s’imaginer les grands noms qui en traversèrent les cours : David, Cabanel, Gustave Moreau, César, Annette Messager, Boltanski… Ou d’y croiser les acteurs de l’art contemporain : Tadashi Kawamata, Claude Closky, Ann Veronica Janssens… Rendez-vous avec un temple dédié à l’art sous toutes ses formes, le portait sur plusieurs couches de l’histoire de l’enseignement de l'art en France. 
Informations pratiques :
Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts
14, rue Bonaparte
75006 Paris
Du lundi au vendredi 8h - 22h (Attention plan vigipirate accès restreint à partir de 17h)