En 1885, Antoine Bourdelle, prend ses quartiers comme de nombreux artistes de l’époque à Montparnasse, au 16 de l’impasse du Maine, un appartement entre vignes et jardins. Au début des années 1920, après un rejet du classicisme des Beaux Arts, Bourdelle veut créer un musée qui abriterait son oeuvre léguant l’intégralité de son travail - tout comme l’a fait son maître Rodin - à une institution publique. Il dessine alors de nombreux projets, prévoyant même jusqu’à l’emplacement précis de ses sculptures, mais ne verra malheureusement jamais le musée réalisé de son vivant.
16, impasse du Maine, Paris, futur Musée Bourdelle - vers 1885 © Roger Viollet, Musée Bourdelle |
Le 4 juillet 1949, soit vingt ans après la mort de l’artiste dont il porte le nom, le Musée Bourdelle voit enfin le jour, dans le plus grand respect des voeux de son créateur. Dépositaire de centaines de sculptures et d'esquisses, de peintures, dessins et pastels ainsi que d'un large corpus d'archives, c’est Cléopâtre Bourdelle, son épouse, qui décide de donner corps à l'établissement tant rêvé par l'artiste. |
Hall des grands plâtres, Musée Bourdelle Paris ©Philippe Ladet
La visite de ce musée se fait d’abord par le grand hall des plâtres : un espace d’exposition à très hauts plafonds où l’on découvre l’oeuvre monumentale du sculpteur, de grandes figures de plâtre aux allures antiquisantes, pointant vers le ciel. A la sortie de cette rencontre, une galerie de briques rouges toulousaines ouvre sur un premier jardin, et de premiers bronzes implantés dans la verdure d’un petit jardin bucolique. Un bol d’air frais bénéfique avant la rencontre avec les espaces les plus emblématiques de l’institution : les ateliers et appartements de Bourdelle. Voilà la force de ce musée atypique : un lien juste entre espaces modernes et plus anciens célébrant une oeuvre profondément vivante.
Franchir le seuil de l’appartement de Bourdelle, c'est entrer directement au cœur de l'intimité du sculpteur, le spectateur imaginant son propre quotidien sur ces planchers poussiéreux. Le miroir, le lit de repos, le bureau, le meuble à pastel, tout cherche à témoigner de cette vie.
“Rien ne se fixe jamais, chaque époque fait ressurgir du passé les époques et les œuvres qui lui sont nécessaires et puis ces œuvres s'enfoncent de nouveau dans l'ombre pour peut-être ressurgir des siècles ou des millénaires plus tard.” Alberto Giacometti, 1900.
Dans l’atelier, il n’est pas difficile d’imaginer le sculpteur, entouré de ses élèves dont les plus célèbres furent aussi de grands acteurs de la modernité : Alberto Giacometti, Germaine Richier, Veira Da Silva, Otto Gutfreund …
Atelier d'Antoine Bourdelle ©Philippe Ladet, Musée Bourdelle
En 1992, une nouvelle extension du musée marque un point nodal à l'établissement du musée. L'architecte Christian de Portzampac établit, au rez-de-chaussée, une aile résolument inscrite dans la période contemporaine, à l'aube du XXIème siècle. Au moyen d'une surface contemporaine, est mise en espace, sous forme d'une riche et large étude à travers des fragments et maquettes, la toute première et dernière commande publique d'Antoine Bourdelle : le Monument aux morts, aux Combattants et défenseurs du Tarn-et-Garonne de 1870-1871, et le Monument à Adam Mickiewicz établit de 1908 à 1928.
Visiter le musée Bourdelle revient à rencontrer autant l’oeuvre que l’homme, au coeur d’un espace où le temps semble s’être arrêté. Toute l’œuvre de l'artiste y est mise en espace dans son intégralité, déployée dans des espaces à travers une présentation majestueuse. Rendez-vous avec la rare intensité d’un lieu dont l’oeuvre surplombe le temps…
En ce moment au musée Bourdelle : "Bourdelle, sculpteur et photographe", exposition temporaire.
Etude de tête d'homme ©Musée Bourdelle, Roger Viollet |
Musée Bourdelle
18, rue Antoine Bourdelle - 75015 Paris
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h
M° Montparnasse Bienvenue (Ligne 4,6,12,13)