L'annonce en fanfare de l'entrée du Joaillier américain, Tiffany & Co dans le giron de LVMH, qui semblait être bouclé à la fin novembre 2019, pour un montant de 16,2 milliards de dollars, paraît aujourd'hui subir le contre-coup de la crise sanitaire qui se mue en crise financière. La bagarre s’envenime jusqu'à aller devant le tribunal ...

Remise en cause de l'accord entre LVMH et Tiffany

L’accord final entre les deux entités devait être opéré le 6 janvier 2021 mais était déjà annoncé à grands coups d’articles de presse, à la suite du communiqué envoyé par LVMH, comme définitif.

Lire notre article du 25 novembre 2019.

Dans un communiqué de presse le 09 septembre dernier, LVMH indiquait : « Le Conseil a ainsi pris connaissance d’une lettre du Ministre de l’Europe et des Affaires Etrangères qui, en réaction à la menace de taxes sur les produits français formulée par les Etats-Unis, demande au groupe LVMH de différer l’acquisition de Tiffany au-delà du 6 janvier 2021. Le Conseil a également pris note de la demande de Tiffany de repousser le délai limite de réalisation de l’accord du 24 novembre 2020 au 31 décembre 2020. »
Visuel©LVMH

Or la position du conseil d’administration du groupe du luxe est semble-t ’il de s’en tenir aux termes du Agreement and Plan of Merger conclu en novembre dernier. Il prévoit une date limite de clôture de l’opération au plus tard le 24 novembre 2020. Ce qui signifie qu’en l’état, le Groupe LVMH ne serait donc pas en mesure de réaliser l’opération d’acquisition de la société Tiffany & Co…

On peut aussi s’interroger sur l’intervention de l’étant dans les affaires du groupe français du Luxe, comme une réponse à la politique du président américain.
Le tribunal de Delaware entre en jeu

Tiffany a déposé une action en justice contre LVMH, devant le tribunal civil du Delaware. Dans cette action le joaillier reproche au groupe LVMH de ne pas avoir agi avec diligence pour l’obtention des autorisations administratives relatives aux règles anti-trust à travers le monde. Affirmation réfutée par LVMH, bien décidé à le démontrer devant le tribunal civil du Delaware.

De son côté, le groupe du luxe français reproche au joaillier de ne pas avoir su gérer correctement la crise sanitaire qui s’est déclarée officiellement en France au 16 mars 2020.

Ainsi LVMH a déposé ses conclusions, le 16 septembre, devant la Cour du Delaware avec pour objectif que le Tribunal rejette la demande formulée par Tiffany. Le groupe faire savoir que la demande à la justice de Tiffany de statuer en urgence n’est en réalité qu’un subterfuge pour éviter au joaillier d’avoir à répondre devant ses actionnaires, de sa mauvaise gestion. Les dirigeants de LVMH affirment que les prochains résultats de Tiffany ne feront que confirmer un management qui a creusé les pertes et augmenté les dettes au détriment de l’intérêt de la société. Soulignant également que la direction de Tiffany a distribué durant cette période de crise des dividendes substantiels à ses actionnaires.

Tiffany, de son côté, répond à ces accusations en affirmant que « les profits à venir sur le 4ème trimestre 2020 seront supérieurs à ceux de l’année précédente ».

Visuel ©Tiffany&Co
A bon entendeur...

Bien sûr, de tels remous pourraient favoriser une renégociation de l’OPA par LVMH, cependant Tiffany y a déjà répondu fermement par son action en justice devant le tribunal civil de Delaware. Ce dernier tranchera pour dire qui est dans son bon droit.

Le 18 septembre LVMH confirmait avoir reçu l’accord de la Commission Européenne pour procéder à la notification officielle du projet d’acquisition de la société Tiffany. La société LVMH avait déposé son dossier dès l’obtention de ce feu vert et huit des dix autorisations anti-trust requises ont déjà été obtenues. LVMH escompte recevoir les autorisations des autorités de la concurrence de l’Union Européenne et de Taiwan bien avant la date limite du 24 novembre 2020.

L’un veut ralentir, l’autre s’active pour avancer, le tribunal devra statuer, à moins que des intérêts bien compris amènent les deux entreprises à négocier ? Un accord ne vaut-il pas mieux qu’un procès long et couteux et surtout source de mauvaise publicité pour des sociétés prônant comme valeur le Luxe et par-delà le savoir-faire. Une notion qui devrait rimer avec celle du savoir-vivre ; aurait-on perdu l’état d’esprit du siècle des Lumières dans les salons feutrés ?