Une histoire ancrée dans la terre grassoise

Albert Sittler ouvre en 1849 sa première boutique à Grasse pour y vendre des eaux de fleurs qui connaissent un véritable succès à l’internationale, d’ailleurs l’une de ses premières clientes n’est autre que la reine Victoria ! En 1900, il installe dans sa belle demeure provençale la « Bastide Molinard », qui a, pour son distilloir, une charpente en métal conçue par Gustave Eiffel. Il y développe son entreprise industrielle de parfum et pour cela s’associe à Hyacinthe Molinard, un alchimiste de Grasse qui jouit déjà d’une réputation flatteuse de parfumeur. 1920 marque l’ installation  du siège social de l’entreprise siège à Paris, rue de la Bourse, et le début de son expansion. Dès les années 30, Molinard ouvre une boutique à Paris, à l’angle de la rue Royale et de la rue Saint-Honoré et fait appel aux maîtres verriers comme René Lalique et Baccarat, pour réaliser les flacons de ses parfums. En 2010, la Maison Molinard est nommée Entreprise du Patrimoine vivant.

Depuis 2011, une cinquième génération, incarnée par Célia Lerouge-Bénard, première femme à la tête de cette Maison ancrée sur les terres de Grasse, insuffle une nouvelle impulsion à la Maison de Parfum.

Des parfums iconiques

Les Années Folles sont le témoin de l’émancipation des femmes, elles se libèrent peu à peu des conventions sociales, sortent, dansent, pratiquent du sport, se maquillent, fument et portent les cheveux courts. Dans le domaine de la mode, c’est l’avènement des formes simples mises en avant par Gabrièle Chanel, des tailleurs inspirés du vestiaire masculin. Pantalons, coupes droites, robes Charleston à taille basse, jupes aux genoux, petits chapeaux cloche... La femme des années 20 se fait « garçonne » !

Aussi, en 1921, la Maison Molinard crée Habanita, le premier parfum oriental féminin à magnifier le vétiver, essence jusqu’alors réservée aux hommes. En révolutionnant les codes de la parfumerie, Molinard crée une nouvelle famille olfactive, les Orientaux, avec Habanita, son parfum emblématique désormais iconique. Parfum de transgression, cet oriental boisé est un véritable kaléidoscope olfactif, il se transforme au fil des heures. Aujourd’hui, Habanita a retrouvé, grâce à Célia Lerouge-Bénard, son aura intemporelle en se projetant dans le futur.

C’est Henri Bénard, chimiste et maire de Grasse, et surtout parfumeur avant-gardiste, qui est à l’origine des innovations olfactives qui ont marqué l’histoire de la parfumerie française telles qu’Habanita. Dans cette fragrance chaude et ambrée on trouve un citron au goût de réglisse, une rose dont les pétales semblent découpés dans de la basane, une vanille pouvant sortir d’une cave à cigare, un ambre digne d’une potion aphrodisiaque d’un apothicaire byzantin et bien d’autres senteurs encore... Du fameux accord Vétiver-Vanille-Patchouli ressort une alliance improbable, une alchimie mystérieuse qu’on n’oserait penser appartenir au même parfum. Habanita évolue vers des notes poudrées, très subtiles, qui le dédient souvent aux femmes, mais bon nombre d’hommes ont su se l’approprier. Harmonieux dans sa volupté, Habanita laisse une impression d’équilibre sous le feu ardent.