Au sud de la Martinique, Sainte-Lucie, célèbre pour ses deux Pitons classés par l’Unesco, abrite des hôtels exceptionnels, tel Jade Mountain. Mireille Gignoux vous convie dans ce refuge innovant et discret, où les chambres à trois murs dévoilent un éblouissant panorama.

Une pépite en forme de mangue

Dans l’arc des petites Antilles entre la mer des Caraïbes et l’océan Atlantique, Sainte-Lucie est la plus francophile des anglophones West Indies. Sa capitale Castries doit son nom au maréchal de Louis XIV, souvenir de 150 ans de batailles entre Français et Britanniques (elle a changé de mains à quatorze reprises). Indépendante du Royaume-Uni depuis 1979, cette île volcanique garde l’anglais comme langue officielle; mais le kweyol, proche du créole martiniquais, y est couramment pratiqué.

Ce confetti en forme de mangue offre des paysages spectaculaires, des jardins luxuriants, d’anciennes plantations de cacao toujours en activité, de pittoresques villages de pêcheurs et de magnifiques fonds marins. Pas besoin de passeport. Seule une carte d’identité suffit pour se laisser charmer par sa beauté naturelle et sauvage, après avoir posé ses valises à Jade Mountain.

Un architecte visionnaire

En 1974, avant que la conscience environnementale ne devienne une obligation, Nick Trobetzkoy, architecte canadien d’origine russe, a créé, au sud-ouest de l’île, Anse Chastanet. Un premier 5-étoiles, avec vue panoramique sur les jumeaux hypnotiques, parfaitement intégré dans la nature luxuriante.

Déjà engagé en faveur d’un environnement plus respectueux, Nick fut aussi l’instigateur de la Fondation Soufrière, dont l’objectif était de favoriser les initiatives locales en matière de développement durable. Au fil du temps, l’architecte a affiné sa philosophie, déterminé à révolutionner l’art de concevoir un hôtel, propulsant la sophistication et le luxe à son paroxysme.


En communion avec la nature

En 2006, il a imaginé Jade Mountain sur le même domaine. L’architecture audacieuse de son deuxième hôtel interpelle dès l’arrivée: colonnades de pierre pointées vers le ciel, hérissées de sculptures parées de carreaux de verre multicolore, jardins suspendus, pièces d’eau, passerelles aériennes savamment orchestrées remplaçant les traditionnels couloirs d’hôtel.

Cette création originale et complexe a été construite notamment avec du bois tropical, de la pierre volcanique et du béton moulé. Elle doit son nom à la collection de jade de Nick, dont les formes de certaines gemmes ressemblent aux aiguilles voisines.


24 sanctuaires avec vue

A l’extrémité de chaque passerelle privative, derrière une lourde porte en bois massif, se cache l’une des 24 suites. Appelées sanctuaires, ces immenses plateformes de 120 à 185m², selon qu’elles se nomment Star, Moon, Sun ou Galaxy, semblent flotter au-dessus de la végétation luxuriante.

L’impression d’espace est accentuée par les 4m de hauteur sous plafond et par l’absence d’angle droit sur les parois finies au plâtre de corail. Le quatrième mur étant inexistant, la vue vertigineuse à 180° sur les deux Pitons maximise la connexion avec la nature environnante de jour comme de nuit. Ces thébaïdes sont parées de lit à baldaquin avec moustiquaire et de mobilier fabriqué par les artisans locaux, qui jouent les complices avec objets contemporains et textiles aux couleurs apaisantes.

Outre la vue, l’autre point fort des suites est la piscine privative à débordement. Chacune décline des carreaux de verre irisé de couleur différente. Ils habillent également la salle de bains ouverte, juchée quelques marches plus haut, pour offrir une jolie vue depuis la baignoire. Alors qu’en contrebas, un salon extérieur se tapit dans un jardinet.

Des pratiques environnementales

Ce complexe éco-luxe applique des mesures qui favorisent la durabilité et protègent l’environnement, tout en sensibilisant les résidents à la culture, l’histoire et l’écologie de la région. Oubliés la télévision, le téléphone et la climatisation dans les chambres. Sur les chemins de l’hôtel et sur les toits, des carreaux de corail diminuent l’effet îlot thermique. L’eau de pluie récupérée dans les bassins de poissons Koi permet d’arroser le potager du restaurant. Les éclairages extérieurs diffusent une lumière jaune pour ne pas interférer avec le comportement des animaux ou ne pas désorienter les tortues qui viennent pondre sur la plage, au bas de la colline.

Gestion de l’énergie, filtration des eaux usées par des lits de roseaux, réduction et recyclage des déchets, soutien social et culturel aux communautés locales ne constituent que quelques exemples. De son côté Karolin, l’épouse de Nick, œuvre à travers plusieurs associations dans les Caraïbes, pour promouvoir des modèles de tourisme durable.

La Jade Cuisine

Les restaurants de Nick privilégient les circuits courts. Outre les accords avec les pêcheurs locaux, la plupart des ingrédients proviennent de la ferme biologique maison établie à proximité à Emerald Estate. A midi, pour un déjeuner les pieds dans le sable, on s’attable au Trou au Diable (plats créoles exotiques) à Anse Chastanet, ou au Jungle Bar and Grill (burger grillé au charbon de bois) à 10mn à pied sur Anse Manin.

Le soir, face à la grande piscine, véritable kaléidsocope qui reprend chacune des couleurs des piscines privatives, on goûte la Jade Cuisine. Créée par le chef Allen Susser, elle célèbre les saveurs gourmandes caribéennes inspirées par la saisonnalité : grosses crevettes à la papaye, homard au curry, poisson-lion rôti aux fruits de la passion, mahi-mahi grillé au rhum, filet mignon en croûte de café.

Les desserts font la part belle au chocolat. La propriété abrite plus de 2000 cacaoyers, dont les fèves sont également valorisées dans des ateliers chocolat et dans les soins au spa.

La cacaothérapie

Jade Mountain dispose d’un petit spa Kai en Ciel, où sont prodigués notamment des rituels visage et corps (gommage, enveloppement, massage) avec des produits maison à base de chocolat bio et d’huile de noix de coco.

A la fois anti-oxydant et tonifiant, le cacao hydrate la peau et freine le vieillissement cutané grâce à l’action des polyphénols. Pour le corps, ses vertus régénérantes s’accompagnent d’un effet anti-stress. Cette cacaothérapie ne dégage pas d’odeur entêtante. Les fragrances très subtiles vous-même plongent dans un bain de bien-être, encore plus enivrant lorsqu’il est dispensé dans votre suite.


Une riche faune marine

Jade Mountain n’a pas de plage privée, mais partage celle d’Anse Chastanet, où les sports aquatiques sont légion. Nick a également contribué à la préservation de l’écosystème marin à Sainte-Lucie, dont une réserve au pied de son domaine, le récif corallien d’Anse Chastanet. On y dénombre aujourd’hui plus de 150 espèces de poissons : pieuvres, turbots tropicaux, poissons-globes, plies de paon, hippocampes…qui évoluent au milieu d’une myriade de gorgones. Une profusion inhabituelle dans 20 à 140 pieds d’eau claire. Pas de brevet de plongée ? Optez pour le snorkeling, à 10m de la plage, pour admirer avec masque et tuba ce superbe paysage subaquatique.

Autres activités proposées par le resort : l’ascension du Gros Piton pour les marcheurs aguerris, l’observation des oiseaux à l’Anse Mamin, ou la visite d’Emerald Estate pour connaître tous les secrets du cacao. Une autre façon de découvrir l’engagement de Sainte Lucie vers un tourisme durable.

 
jademountain.com

www.stlucia.org/fr
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