Unique étape européenne de sa tournée mondiale, l’exposition-évènement Ramsès II et l’or des pharaons enthousiasme les nombreux visiteurs. Depuis quelques jours, ils se pressent autour de son sarcophage royal. Ils découvrent aussi une collection de 180 artefacts, vieux de 3000 ans, dont certains sont visibles pour la première fois en dehors de l’Égypte. Un parcours immersif grandiose autour d’un souverain qui fascine de générations en générations.



Le pharaon de tous les superlatifs


Aussi connu du grand public que Toutânkhamon, Ramsès II est le plus emblématique des monarques égyptiens. Né en 1305 av. J-C, il devint à 25 ans, à la mort de son père Séthi 1er, le troisième pharaon de la XIXème dynastie. Grand conquérant, grand guerrier, grand pacificateur, il fut aussi un infatigable bâtisseur. On lui doit notamment le pylône du temple de Louxor, une partie des temples de Karnak, un temple à Abydos et celui d’Abou Simbel en Nubie. Ces monuments impressionnants, peuplés de statues colossales, racontent ses exploits sur leurs parois. Doté d’un ego démesuré, passé maître dans l’art de l’autoproclamation, il n’hésita pas à usurper certaines images de ses prédécesseurs. Il créa aussi une ville à son nom, Pi-Ramsès, dans le delta oriental, qui vola la vedette à Louxor (après le Nouvel Empire, elle sera déplacée sur le site de Tanis, qui deviendra la Thèbes du Nord).

Mari d’au moins huit femmes et père de 50 fils et 60 filles, il dirigea le pays durant 67 ans (le plus long règne de l'histoire égyptienne). Vénéré comme un dieu, Ramsés le Grand est devenu synonyme de puissance et de gloire de l’Egypte ancienne.








© Tombe royale reconstituée/peintures temple/ sarcophage Ramsés II : Yvan Lebert 



Sauvé aux rayons gamma


Après sa mort, le corps momifié du nonagénaire fut déposé dans la Vallée des Rois. Pillée dans l’Antiquité, sa tombe fut vidée par les prêtres d’Amon au premier millénaire av. J-C et sa momie déposée dans une cachette de la montagne thébaine.  

Attaquée par un champignon, elle fut sauvée en 1976 à la demande de Christiane Desroches Noblecourt. La conservatrice des antiquités égyptiennes au Musée du Louvre insista auprès de Valéry Giscard d'Estaing pour que le Président égyptien Anouar el-Sadate accepte de faire soigner la momie à Paris. Accueillie à l’aéroport du Bourget comme un chef d’État (tapis rouge et garde républicaine), elle fut irradiée aux rayons gamma afin de stopper la colonisation du champignon.









©"sarcophage de Ramsès II/ Yvan Lebert"

Une exclusivité parisienne

47 ans plus tard, Ramsès II est de retour à Paris. Habituellement exposé au Caire, ce trésor national égyptien ne sera présenté nulle part ailleurs lors de sa tournée mondiale. Le sarcophage en cèdre, le must de cette exposition, n’a pas été conçu à l’origine pour Ramsès, mais fut réalisé à la fin de la XVIIIème dynastie.

Sa surface, alors recouverte de dorures et d’incrustations en gemmes, fut grattée, puis peinte en jaune, quelques détails rehaussés de couleurs vives et les yeux soulignés de noir. Le pharaon y figure bras croisés sur la poitrine, tenant les deux sceptres royaux, le héqa (crochet) et le nekhakha (fouet). Il est coiffé du némès orné du cobra dressé et porte une barbe postiche tressée sous son menton. Mais il ne renferme pas la momie, la loi égyptienne interdisant sa sortie du territoire.









 

La bataille de Qadech

Dans le sas d’entrée, un film présente le bâtisseur et évoque l’impact de son règne sur la civilisation pharaonique. Puis dans une semi-obscurité, Ramsès apparaît sous la forme d’une tête de colosse. Dans la même salle, trône la partie supérieure d’un obélisque en granit rose portant ses cartouches, qui s’élevait sans doute dans sa capitale Pi-Ramsès.

Au fil des salles, sont évoqués ses ancêtres, ses enfants, ses successeurs et ses guerres, dont celle contre les Hittites. Une animation virtuelle raconte la bataille de Qadech en Syrie, la plus importante du règne, où il a sauvé́ in extremis sa vie et son empire. La victoire ne fut pas aussi éclatante que celle dépeinte sur les parois des temples (quelques décennies plus tard, il signera avec les Hittites le plus célèbre traité de paix de l’Antiquité).




©"Cerceuil intérieur cartonnage de Chechoncq II/ Sandro Vannini "


Le faucon Horus

La seconde partie de l’exposition est consacrée à la mort de Ramsès II et à son extraordinaire postérité́. Le thème de la momification animale permet de mieux comprendre l’importance du funéraire à cette époque. Plusieurs momies, notamment de chats, jamais présentées auparavant à l’étranger, témoignent du soin apporté aux dépouilles afin de sauvegarder l’intégrité́ des êtres, qu’ils soient humains ou animaux.

Ce chapitre est complété par des masques, colliers, doigtiers, amulettes et cercueils. Le plus emblématique est celui du roi Chéchonq II de la XXIIème dynastie. Ce cercueil en argent à tête de faucon rappelle que tout roi est un Horus sur terre. Minutieusement restauré, son très fragile cartonnage recouvert de feuilles d’or, également présenté en France pour la première fois, est une pièce unique sans équivalent au monde.

Pour appréhender plus aisément ce qu’était une tombe royale pour un Égyptien du Nouvel Empire, une salle du tombeau de Séthi 1er est reconstituée grandeur nature. On s’y croirait presque !


Un collier en or de 8 kg
©Collier Psousennès Ier  Sandro Vannini. 


Cette exposition rend aussi hommage au savoir-faire égyptien à travers de nombreux objets trouvés lors de fouilles sur tout le territoire, qui, sous Ramsès II, s’étendait de Damas (Syrie) au Soudan au niveau de la 5ème cataracte. L’or, considéré comme la chair des dieux égyptiens, scintille dans les vitrines ponctuées de colliers, ceintures de hanche, bracelets et bagues. Certains bijoux sont incrustés de lapis-lazuli, d’obsidienne, de turquoise ou de cornaline. Parmi eux, un inestimable collier en or, incrusté de gemmes, pesant 8,640 kg. Cette pièce d’orfèvrerie, composée de près de 5 000 rondelles sur 5 rangs, prolongées de chaines ornées de petites clochettes, appartenait au pharaon Psousennès 1er (XXIème dynastie). Il était probablement fixé sur la figure de proue à tête de dieu des barques sacrées.

Plus loin sur des écrans, des images de temples, tels qu’on peut les voir aujourd’hui, alternent avec des reconstitutions très colorées de ce qu’ils devaient être au temps de Ramsès. De quoi laisser voguer son imagination jusqu’au sarcophage royal.



Ramsés et l’or des pharaons

du 7 avril au 6 septembre 2023

Grande Halle de la Villette,
211, avenue Jean-Jaurès
75019 Paris

Tous les jours de 10h à 19h.
Dernière entrée à 17h30         


©"Masque funéraire en or / Sandro Vannini, Laboratoriorosso".










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