Pour cette nouvelle collection de Haute Joaillerie, la Maison Chanel, sous la plume de patrice Leguéreau, directeur du studio de création joaillerie, nous entraine dans un ciel où diamants, pierres précieuses et fines, révolutionnent les planètes. Un thème astral inspiré de la première collection de Haute Joaillerie de Gabrielle Chanel, « Bijoux de Diamants », créée en 1932, grâce à un trésor cinématographique, retrouvé dans les archives ...

Chanel, collection de Haute Joaillerie « 1932 » 

Il y a 90 ans, Gabrielle Chanel crée « Bijoux de Diamants », première collection de Haute Joaillerie au monde. Une collection somptueuse, où elle applique au bijou un principe fondamental de sa création : libérer le corps des femmes tout en les parant.

En 1932, cela fait déjà trois ans que la vie s’est arrêtée, depuis qu’un jeudi noir de 1929 a plongé le monde dans l’obscurité de la Grande Dépression et relégué l’heureuse croissance des années 20 au rang de vagues regrets. Assombrie par la morosité de l’inflation, la débâcle de la consommation et des taux de chômage qui donnent le vertige, l’époque est sinistre. Et c’est exactement la raison qui fait de 1932 le terreau idéal de l’espoir et du renouveau.

En novembre, la Diamond Corporation Limited de Londres a cette idée lumineuse pour rendre son lustre au marché du diamant… ses responsables appellent une femme, génie de l’accessoire qui applique les principes du modernisme au vêtement. Une femme visionnaire, dont la presse internationale vient de saluer les bijoux fantaisie, faux plus ravissants que les vrais. Une femme puissante, à la tête d’un empire protéiforme dont les frontières s’épanouissent un peu plus chaque jour. Une femme amie des arts et des artistes, cœur battant de son époque qui conjure le sort fait aux femmes, aux corps et aux mœurs de chaque côté de l’océan.

Gabrielle Chanel est choisie pour ressusciter le diamant. Contre la sinistrose, elle choisira la possibilité du rêve et la vitalité du beau. Mademoiselle créera « Bijoux de Diamants », première collection de Haute Joaillerie de l’histoire, fera bondir les stocks de la Diamond Corporation Limited en deux jours, métamorphosera toute une industrie et régénérera son temps.
 
« Mes étoiles ! Mais comment rien trouver qui soit plus seyant et plus éternellement moderne ? »*

Gabrielle Chanel
 

Une nuit d’été à Paris. Il fait encore très bon et le ciel ne serait qu’une encre ténébreuse s’il n’était pas strié d’étoiles, toile de jais illuminée par le halo d’un croissant de lune. Ces astres qui scintillent comme des diamants en apesanteur inspireront l’acte fondateur de toute la Haute Joaillerie de Chanel.

C’est en les regardant briller dans l’immensité du ciel que Mademoiselle décidera de consteller la peau et la chevelure des femmes d’une pluie de météorites, d’y faire rayonner des croissants de lune et resplendir le feu du soleil. De créer des « Bijoux de Diamants », quintessence de son goût pour l’éclat irrésistible du beau et du vivant.

*Réponse à une Interview de Gabrielle Chanel par Albert Flament pour L’Illustration du 12 novembre 1932 à la suite à l’exposition de « Bijoux de Diamants » de 1932 (« Un essai de rénovation dans l’art de la parure »)

« Bijoux de Diamants »

Cette collection répond à une syntaxe très personnelle, une façon d’avoir des idées neuves et d’appliquer à la Haute Joaillerie les principes de la Haute Couture.

Mademoiselle crée en 1932 la toute première collection de Haute Joaillerie de l’histoire autour d’une unité de thème, de temps et de lieu, à l’exact opposé des joailliers de son temps.

Son travail du bijou ne dépareille pas de celui du vêtement. Toujours la ligne prévaut pour que seule l’allure compte. La perfection du diamant est sublimée par la plus grande simplicité. À nu, sans monture apparente, facettés dans un style classique, leur taille parfaitement équilibrée affiche une pureté extrême à la valeur inaltérable, insubmersible face au temps. Ou pire aux modes.

Parce qu’elle applique à ses bijoux les mêmes principes modernistes qu’à ses vêtements, Mademoiselle a pensé la joaillerie comme une idée neuve, instaurant un rapport au corps inédit. Si « Bijoux de Diamants » est la première collection de Haute Joaillerie de l’histoire, elle sera avant tout une collection pensée pour les femmes. Des femmes ancrées dans le monde et la vie, à la féminité en perpétuel mouvement, pour qui Gabrielle Chanel créera des pièces dénuées de fermoir qui n’entravent jamais le corps en marche.
Comètes, lunes et soleils

Bien plus que son nom ne l’indique, « Bijoux de Diamants » est une collection d’une richesse éblouissante. Une cinquantaine de pièces de diamants blancs et jaunes montés sur platine mais aussi en or jaune, à porter comme des diamants de jour, incroyables concentrés de lumière.

Parmi les pièces identifiées, 22 dessinent la carte d’un ciel traversé par autant de comètes, de lunes et de soleils. Mademoiselle imagina également 17 illusions d’optique reproduisant la souplesse de rubans noués, de franges dansantes et de plumes aériennes, ainsi que 8 pièces explorant la pureté graphique de spirales, de ronds, de carrés et de croix. Une ligne prolifique qui délivrera lentement ses secrets au fil des siècles.

Un documentaire, tourné par Pathé Gaumont, avait été diffusé à l’époque dans tous les cinémas en France lors des actualités cinématographiques, l’ancêtre du Journal Télévisé. Ce court film présentait une sélection représentative des bijoux filmés chez Gabrielle Chanel au 29 rue du Faubourg Saint-Honoré
Détour obligatoire d’une femme qui ne fait décidément rien comme tout le monde mais tout avant les autres, ce film met en lumière deux pièces en or et diamants jaunes, bien avant la mode des années 60, traduction de l’amour de Gabrielle Chanel pour la vitalité du soleil : une fine spirale d’or s’enroule autour du doigt pour y jucher un diamant jaune, écho au talisman – une petite bague en topaze jaune – d’une Mademoiselle née sous le soleil ardent du mois d’août, et une broche soleil dont la multitude de diamants jaunes lui confère une valeur extraordinaire.


« J’ai les fermoirs en horreur ! J’ai supprimé les fermoirs ! Pourtant, mes bijoux peuvent se transformer » *

Gabrielle Chanel

Gabrielle Chanel s’entourera des talents de son temps pour le lancement de « Bijoux de Diamants ». Un Bauhaus personnel, où la créativité humaine transcende la plus précieuse des matières et apporte à une collection de Haute Joaillerie ce « supplément d’âme » cher au philosophe.

Alors qu’il s’agit d’imaginer aujourd’hui ce que sera la joaillerie de demain, Gabrielle Chanel réinterprétera des propositions de Paul Iribe pour les repenser, faire sauter les fermoirs et rendre les bijoux modulables. Artiste à la créativité protéiforme, l’illustrateur, précurseur de l’Art Déco, partage sa vie depuis le début des années 30 et la représente au conseil d’administration des parfums CHANEL.

Jusqu’à sa mort à La Pausa en 1935, il sera un fervent défenseur de l’artisanat français d’exception, prônant le raffinement de l’esprit humain face à l’efficacité froide de la machine.


La symbolique du chiffre 5

Le 5 novembre - chiffre symbolique de Gabrielle Chanel qui présente ses collections Haute Couture le 5e jour des mois de février et d’août, qui nommera son parfum créé en 1921 et qui se retrouvera dans le nom de son sac lancé en février 1955 - s’ouvre un vernissage à son adresse personnelle au 29 rue du Faubourg Saint-Honoré.

C’est là, dans les salons XVIIIe de l’hôtel Rohan-Montbazon qu’elle occupe depuis bientôt 10 ans, que se croisent le monde des arts, de la presse et du Gotha. Sous les hauts plafonds aux lambris dorés comme le feu du soleil, parmi les glaces gigantesques, les lampes de cristal et les paravents de Coromandel, se retrouveront Jean Cocteau, Pablo Picasso, Gloria Swanson. Devant les lourds rideaux de velours encadrant les immenses portes-fenêtres, José-Maria et Roussy Sert, Georges Auric et la danseuse des Ballets russes Alice Nikitina admirent les jardins de l’avenue Gabriel. Sur les tapis moelleux, au milieu des canapés et des fauteuils patinés, Louis Metman et Georges Duthuit, conservateurs des Arts Décoratifs et du Louvre, s’entretiennent avec les épouses de Cole Porter et d’Alphonse Daudet.

Ici et là, une lumière mystérieuse inonde d’immenses boîtes de glace, placées sur des fûts de marbre. À l’intérieur, des mannequins de cire décapés, maquillés et coiffés par Mademoiselle elle-même semblent sur le point de s’animer. Bustes et mains sont constellés de pierres, dont l’éclat se démultiplie dans l’infinité de miroirs facettés astucieusement placés, rendant les créations visibles sous tous les angles.

Ces visuels de 1932 sont extraits d'un film réalisé à l'époque pour présenter la collection ©chanel.

La continuation du rêve


90 ans après la création de la première collection de Haute Joaillerie, le Studio de Création Joaillerie de Chanel puise dans la modernité de « Bijoux de Diamants » l’inspiration d’une nouvelle histoire.

« J’ai voulu revenir à l’essence de 1932 et synthétiser le message autour de trois symboles : la comète, la lune et le soleil. Chaque astre brille de sa propre lumière »

Patrice Leguéreau Directeur du Studio de Création Joaillerie de Chanel.

Le collier "Allure Celeste" est la master piece de la collection. Son saphir oval, d'un bleu profond, est d'un poids exceptionnel de 55,55 carats. Le diamant poire positionné dans le bas du collier est de 8,05 carats, type IIa, rayonne d'un éclat magistral.

Cette pièce est entièrement transformable, en collier long -les rayons sont amovibles-, en collier court -la ligne centrale de détache-, le collier se porte en format court, avec ou sans les rayons.

En bracelet : la partie pendante peut se métamorphoser en bracelet (sans les rayons supérieurs). Les lignes tendues qui font le design du motif central doivent s’adapter à la courbe du poignet.

En broches : les rayons seuls peuvent être portés en broche pour l’étoile et la lune. Les rayons supérieurs du soleil se positionnent sur un élément séparé tout pavé de diamants.

Visuels ©chanel.

A suivre ...

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