Née en 1968, celle que j’appelais alors Elise, était une longue jeune fille brune, indépendante et singulière. Elle imposait déjà un style artistique et une curiosité insatiable. « Pas d’artiste dans la famille, mais une mère curieuse et sensible aux cultures et qui m’emmenait visiter les musées, rencontrer les grands maîtres, écouter le théâtre et l’opéra » dit-elle. Puis, elle est devenue Bibichon de Paname et c’est son œuvre qu’Hélène Feltin nous fait découvrir pour le magazine Attitude Luxe.


Les années de formation à l’Académie Charpentier



Enfant, Elise use ses fonds de culotte sur les parquets du Louvre, rêve devant les tutus de Degas, tout en formant son œil à l’art et en développant son goût pour l’esthétisme. Adolescente, le dessin occupe toute sa vie : en cours, elle copie les œuvres de Millet et de Géricault et cherche sa voie. Elle raconte même qu’elle multipliait les bêtises pour se faire coller et passer une heure de plus avec le professeur de dessin.
 
Tout naturellement, elle rejoint en 1984 l’Académie Charpentier, puis suit les cours à La Grande Chaumière. Au sein du Quartier de Montparnasse, célèbre foyer historique de la vie artistique et intellectuelle de la Capitale, celle qui est la plus jeune élève de l’Académie pense aux artistes qui ont fréquenté ces ateliers : Giacometti, Balthus, Miro, Tamara de Lempicka, Modigliani, Fernand Léger, Serge Gainsbourg, … Ils deviennent ses héros et ses meilleurs amis ! Elle suit la filière création publicitaire, apprend l’exigence du travail bien fait et l’excellence. Des qualités qu’elle mettra à profit pendant quinze années chez Ogilvy, prestigieuse agence de publicité où elle recevra en 1994 le Prix Stratégique de l’Affichage pour Compaq.

 


 
 

Devant « La Mort de Sardanapale » de Delacroix

Dans les années 2000, Elise renoue avec sa passion : le dessin. Elle abandonne la publicité et reprend le chemin des musées. Munie d’un bloc et de crayons, elle se met à observer les grands : Van Gogh, Poussin, Courbet, Picasso,… Elle passe des heures devant La Mort de Sardanapale de Delacroix. Tous l’appellent « viens, on va t’apprendre ». Elise fait alors sa demande au Louvre et devient copiste. Curieuse, avide d’apprendre, elle crée aussi des fresques pour la Mairie de Paris. Exaltée par ces nouveaux chantiers, elle s’inscrit dans une école de peintre en décors et en ressort l’année suivante son diplôme en poche. Elise, artiste polymorphe, est en train de renaitre ou de naitre ?

      


    

Elise ou la vraie vie

C’est en Avignon qu’Elise apprend la technique fresque fresco, les fresques anciennes à la chaux. Elle y passera un an à se spécialiser avant de revenir à Paris. Les années qui suivent alternent copies, fresques, chantiers, …On lui confie également des restaurations dont les dégradations sont très importantes telles que des œuvres de Wilfredo Arcay en 2009. A la suite d’une rencontre heureuse à l’Institut National du Patrimoine, Elise découvre que l’enseignement lui plait et elle se lance en ouvrant son atelier dans le 11ème arrondissement parisien. Nous sommes en 2012 : l’Atelier Bella Copia (la bella copia est l'étape définitive après esquisse) ouvre et les élèves se succèdent. La vraie vie commence !

       

 

        


2014 : création de la marque « Bibichon de Paname »

Constamment en mouvement, curieuse, attirée par les nouveaux challenges, Elise s'installe à côté de Nantes, passe son permis moto et s’offre une Harley-Davidson. Tout un univers s’ouvre devant elle avec ses codes, sa communauté, son custom, et il l’inspire au point de créer sa marque : Bibichon de Paname. Elle raconte : « ne voulant pas qu’un ami m’appelle Ma Biche, il me surnomme Bibichon ». La légende est née…

Elle se met à peindre, à personnaliser sa moto et les concours se succèdent : En 2014, elle remporte le premier prix du concours de photos « Femmes en Harley-Davidson in the city » pour le magazine Photo n°500, et en 2015, le premier prix du concours « Custom Peinture Réservoir Motor Show » à Bougival.


       





De la moto au cuir, il n’y a qu’un pas à franchir et Bibichon de Paname se lance. Tout un univers esthétique s’offre à son pinceau : le cuir, les casques, les réservoirs de motos, … Puis, elle se laisse tenter par la mode et décore des sacs à main, des foulards, des souliers. Toutes ses oeuvres sont des pièces uniques, peintes au pinceau avec une peinture spéciale cuir qu’elle fait venir des Etats-Unis. Bien sûr, il n'est pas nécessaire d'être un biker ou autre motard pour apprécier son œuvre et s’offrir un cuir personnalisé ! Ses aficionados l’ont bien compris, eux qui vivent dans le monde entier.

     

     


En 2018, elle est remarquée par des stylistes et en particulier Demna Gvasalia, fondateur de la marque Vetements, et Directeur artistique de Balenciaga depuis 2015. Pour lui, elle réalise une pièce exceptionnelle, une pièce maitresse de la fashion week. Un manteau – une peinture sur cuir qui paraitra dans l’incontournable magazine VOGUE.

Bibichon de Paname ne se donne aucune limite : comme elle le dit elle-même, d'autres supports l'appellent, l’attirent tel que le tatouage, la dermapigmentation réparatrice qui aide à effacer des traumatismes physiques et / ou psychologiques. C’est une artiste sans frontière !

www.bibichondepaname.com