Durant la Fashion-Week parisienne, Julien Fournié, jeune couturier français qui fêtera les 10 ans de la maison en juillet, nous a présenté sa collection de Haute Couture printemps / été 2019. Pour cette occasion, la rédaction a décidé de l'interviewer. Focus sur le défilé !


Comme le souligne Julien Fournié lui-même, « mes inspirations sont d’origine très diverses. Elles peuvent venir de la lecture d’un roman, d’un film ou d’une série que j’ai vus, d’un tableau qui m’a fait méditer... Parfois même d’une rencontre avec une de mes clientes. Ces femmes qui s’habillent en Haute Couture sont très inspirantes ! »
Cette saison, ce sont les paysages lunaires de l'île de Lanzarote qui inspirent le créateur de mode. Entre algues prodigieuses et lichens volcaniques, désert ou tropique, la palette de couleurs puise ses forces au cœur de la nature. C'est ainsi que les robes se colorent de minéraux sombres coulées de basaltes, de sable fin, de vert cactus, de rose bougainvillier ou encore s'inonde dans un bassin bleu d'une grotte à ciel ouvert.
Le couturier définit ses collections comme « ultra-féminine, ultra-élégante, ultra-libre ». Ainsi, les structures des robes se déploient au niveau des hanches dans des longueurs qui laissent apparaître les chevilles. On retrouve de la mousseline, du drap de soie, du cuir précieux (python, renne, anguille). Des attaches et des métalleries sanglent parfois le cou, harnachent les  épaules et la poitrine, ceignent la taille.


   



Parcours assez atypique, Julien Fournié avait commencé trois années d'études de médecine avant de réaliser un cursus complet de styliste-modéliste de l'Ecole de la Chambre Syndicale de la Couture à Paris. Passionné par l'excellence, l'exclusivité et l'exceptionnalité de la Haute Couture, il conseille à tous les étudiants des écoles de mode de redécouvrir, et de pratiquer à volonté les métiers de la main. Jeune visionnaire, il nous fait aussi part de ses projets d'avenir :
Envisagez-vous de créer une ligne de prêt-à-porter ?

Pas pour l’instant. Aujourd’hui, pour lancer un prêt-à-porter qui propose l’univers d’un couturier, il faut des boutiques en propre sur plusieurs continents. Cela viendra peut-être plus tard avec un investisseur. Pour l’instant, nous continuons de développer le coeur de la maison : la Haute Couture, exclusivement.

Avez-vous des projets ou des partenariats pour l’avenir ?

Je suis déjà bien pourvu en partenariats pour l’avenir ! D’abord avec Dassault Systèmes, leader mondial dans les solutions 3D, puisque nous avons créé ensemble le FashionLab, pour réfléchir et développer (depuis 2011) les outils des couturiers et des designers de mode de demain.
Ensuite, avec Tim Cook et Apple, puisque j’ai été choisi, depuis le lancement du premier IPad Pro comme son ambassadeur pour la mode. Depuis, je fais tous mes dessins et illustrations sur ce support incroyablement agile grâce à l’Apple Pencil... et au nouvel Ipad Pro qui a encore amélioré ses performances.

Quelle vision avez-vous de la mode de demain ?

Une industrie qui intègrera pleinement les nouvelles technologies (design 3D, logiciels de
PLM etc.) pour revenir à des valeurs d’authenticité. Par son essence même la Haute Couture propose un vêtement qui s’adapte à la morphologie personnelle. Le développement, depuis plus d'un demi-siècle, du prêt-à-porter, a suscité des normes corporelles qui conduisent à faire entrer les corps dans un certain type morphologique, plutôt qu’à construire des vêtements pour un corps unique. Je pense que ce mouvement doit s’inverser et que nous devons contribuer à cela.