En quittant le village de Baerenthal en Lorraine, la route s’enfonce dans la forêt vosgienne et devient sinueuse et tranquille. Au détour d’un virage, l’Arnsbourg apparait : Sur la droite, le restaurant, 1*Michelin, et à quelques mètres, légèrement en hauteur, l’hôtel, Relais & Châteaux. Fabien et Laure Mengus nous accueillent dans leurs maisons pour vivre une expérience gourmande et une escapade protégée. Quoi de mieux pour célébrer une nouvelle Saint-Valentin !

 


Un hôtel en pleine nature

Autour de la grande demeure aux allures de séchoir à tabac alsacien, la forêt vosgienne de Hanau se déploie telle un écrin protecteur et apaisant. A perte de vue, ce sont des conifères, des lacs, des monts et des ballons que les amoureux des Vosges du Nord connaissent bien. En choisissant des matériaux nobles et bruts, les Mengus ont voulu intégrer parfaitement l’hôtel dans la nature avec sa façade aux lignes épurées de bois et de verre. L’hôtel a aussi fait le choix d’une énergie écologique avec un réseau de sondes géothermiques creusées à cent mètres de profondeur qui permet la récupération d’une chaleur naturelle du sol de 13 à 14°.
      

Pour préserver l’esprit d’une maison d’hôtes, il n’y a pas de desk ou de comptoir. Les équipes vous reçoivent dans « votre maison ». Le bois est omniprésent comme ce magnifique sol massif en chêne. La décoration est signée par l’architecte d’intérieur Bernard Wilhelm qui ajoute aux dégradés de vert de la forêt des touches plus contemporaines avec les grandes lampes Po de Cappellini et un canapé rouge Aspen de Cassina.
Autre surprise et nouveau clin d’œil à la nature : Pour rejoindre chambres et suites, on prend un arbre. L’ascenseur qui mène aux étages est entièrement tapissé de vieux bois, comme si le voyage vous conduisait dans le cœur d’un chêne séculaire. Les chambres et suites joliment baptisées Gingembre, Framboise, Risotto ou encore Caviar laissent elles aussi pénétrer la forêt grâce aux grandes baies vitrées. Depuis le large balcon aménagé, on s’imprègne vite de l’espace environnant et de sa paisibilité, mais surtout, on profite de la vue en amoureux sous la couette.

     


Une institution incontournable

C’est l’histoire d’un couple, Laure et Fabien Mengus, qui incarnent ensemble « Passion, détermination et partage ». Déjà connus pour leur réussite et leur audace au restaurant bistronomique Le Cygne de Gundershoffen, ils relèvent ensemble un nouveau challenge en rachetant l’Arnsbourg et en créant une adresse étoilée et membre des Relais & Châteaux. 
C’est chez François Golla, au Bœuf Rouge à Niederschaeffolsheim que l’alsacien Fabien Mengus débute sa carrière. Après quelques années passées en Suisse, à Ascona dans le célèbre Relais & Château du Castelo Del Sol, le Chef retrouve en 2001 sa terre natale, en rejoignant l’équipe étoilée du Chef François Paul, au Cygne, en qualité de Chef de Partie Poisson. A son arrivée, Le Cygne compte une étoile, mais confirme rapidement une seconde étoile. 
Au fil des années, le Chef poursuit sa quête de l’excellence et élabore avec son épouse les contours d’un projet audacieux et ambitieux : Acquérir l’Arnsbourg, véritable institution en Lorraine, qui a jadis eu trois étoiles. Ils s’y installent en 2016 et le Chef Mengus décroche immédiatement une étoile au Michelin.

 

Inspirée par les influences de l’Est et du Nord de l’Europe, la cuisine du Chef Mengus se renouvelle à chaque saison. Et dans chaque assiette, on ressent son envie de créativité, sa poésie et sa gourmandise. Pour la Saint-Valentin, il propose un menu spécial qui mélange les richesses et les saveurs de la terre et de la mer. Installés devant les grandes baies vitrées du restaurant, comme suspendus au-dessus de la Forêt de Hanau et d’une nature luxuriante, préparez-vous à déguster neuf plats tels neuf voyages culinaires : Huître pochée spéciale n°3 de Normandie, vanille de Tahiti-tamarin-pomme verte ; Effiloché de crabe-tourteau au citron confit et au poivre Sichuan ; Caviar Petrossian Ossetra Royal sur des couteaux et des coques ;  Carabineiro poché aux quatre saveurs ; Noix de coquille Saint-Jacques, lentilles- topinambour et truffe ; Morille farcie et crémeux au Pinot Gris d’Alsace ; Dos de chevreuil, grillé au barbecue aux senteurs de pommes de pin, betteraves confites, feta au combawa, élixir de betteraves ; Parenthèse gourmande ananas-citron vert et Châtaigne, tuile au chocolat, crème à la vanille, sorbet églantine, mascarpone à la châtaigne, poire au sucre muscovado.
En m’endormant, la tête pleine de ce festin, je suis certaine que, demain matin, je vais quitter à regret cette maison unique, conçue en parfaite symbiose avec la nature vosgienne, et tant aimée par la famille Mengus.

 

Les Etoiles Terrestres : Trois sites exceptionnels

A une vingtaine de minutes en voiture de l’Arnsbourg, je vous propose une promenade au pays du cristal. Dans les Vosges du Nord, c’est une tradition qui remonte à la fin du XVème siècle. On y trouve en effet les matières premières nécessaires à la fabrication du verre et du cristal : Le grès avec ses grains de sable constitués de silice, le bois et l’eau. Mais, le développement du secteur explose au XVIIème avec le retour de la paix et l’apparition de grandes verreries telles Meisenthal, Saint Louis, Winger et Hochberg en Alsace. Je vous emmène pour un parcours initiatique préservé par la passion des hommes.

     


Lalique, la magie du Cristal

En 1921, René Lalique installe une nouvelle manufacture à Wingen-sur-Moder, sur un territoire où il sait pouvoir trouver de la main d’oeuvre qualifiée. Inventeur du bijou moderne, il puise son inspiration dans la nature et le corps féminin, les fameux 3F : « la femme, la faune et la flore ». Dans les années 1890, il expérimente le verre et c’est en rencontrant François Coty qu’il produit aussi des flacons de parfum. 
Désigné par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, le musée agrée par l’Etat « Musée de France » présente une collection prestigieuse de six cent cinquante œuvres créées par René Lalique et ses successeurs, - bijoux, dessins, flacons de parfum, arts de la table, lustres, bouchons de radiateur, statuettes ou encore vases -, sont exposés. 
Parmi les créations emblématiques, j’aimerais vous raconter l’histoire du vase Bacchantes créé en 1927. Véritable ode à la féminité, il faut trente heures pour le réaliser et vingt-cinq personnes pour le produire ! L’art contemporain est également très présent chez Lalique avec des créateurs tels que Yves Klein, Damien Hirst, Anish Kapoor ou les architectes Zaha Hadid et Mario Botta.

         



La Grande Place, musée Saint-Louis

Née en 1586, la verrerie de Müntzthal devient en 1767 Verrerie royale de Saint-Louis sur décision du roi Louis XV et perce quatorze ans plus tard le secret de fabrication du cristal. Rebaptisée Cristallerie royale de Saint-Louis, la manufacture se consacre dès 1829 à la seule production du cristal et introduit la notion du service de verres pour la table avec le célèbre modèle Trianon. Située au coeur de la halle verrière, la Grande Place musée Saint-Louis retrace l’histoire multiséculaire de la Manufacture à travers plus de deux mille pièces exceptionnelles. Je vous recommande de réserver une visite guidée car elle permet d’approcher au plus près les artisans de la cristallerie qui perpétuent le soufflé bouche et le taillé main. Dans l’atelier presse-papiers, vous pénétrez dans l’univers fascinant de ces objets qui étaient si chers à Colette.
Parmi nos modèles préférés, la collection FOLIA imaginée par Noé Duchaufour-Lawrance est une évocation de la forêt, tandis que le verre Tommy avec ses couleurs audacieuses trouve facilement sa place sur nos tables quotidiennes.

 


Sur le site Verrier Meisenthal, c’est Noël toute l’année

Né en 1704, le site a produit des dizaines de millions de pièces de verre utilitaire et de gobelets. Entre 1867 et 1894, il sert de laboratoire à Emile Gallé, chef de file de l’École de Nancy, conférant à Meisenthal une immense renommée. Malheureusement, de mauvais choix industriels obligent le site à fermer en 1969. Grâce à la ténacité d’irréductibles artistes verriers, le site revit dans les années 80 et vient d’achever quatre années de travaux colossaux. Sur trois étages, on découvre l’histoire de la fabrication du verre à Meisenthal et dans les environs, - la Moulothèque avec près de deux mille moules est impressionnante - ; le centre international de l'art verrier expose des artistes contemporains ; puis l'atelier de fabrication du verre, où les artistes-verriers proposent des démonstrations. Enfin, n’oubliez pas de passer par la boutique pour vous offrir une boule de Noël : Lancée en 1999, la collection s’est enrichie en décembre 2023 de la boule STELLA, dont la robe virevoltante a été désignée par Jean-Simon Roch.

    
www.arnsbourg.com
www.relaischateaux.com
www.musee-lalique.com
www.saint-louis.com
www.site-verrier-meisenthal.fr