« Allô ! C’est toi ?... ». Ainsi débute cet opéra d’une quarantaine de minutes dans lequel une femme tente par une série d’appels téléphoniques, sans espoir, de persuader son ancien amant de revenir vers elle.

Star d’aujourd’hui et soprano flamboyante, Patricia Petibon incarne cette femme « Elle » dans une mise en scène de Katie Mitchell qui travaille pour la première fois à l’OnR. Le répertoire de Patricia s’étend du baroque français à la musique moderne, qu’elle aborde avec des œuvres de Francis Poulenc et Alban Berg.

 

La Voix humaine est un tour de force d’interprétation et de chant, et une expérience troublante où une femme se rabaisse et s’humilie pour un homme sans cœur qui ne vaut manifestement pas qu’elle lui consacre son temps.

La mise en scène de cette tragédie en un acte mérite d’être détaillée car le monodrame est suivi d’une pièce symphonique contemporaine Aeriality qui lie la partition de Poulenc à celle d’Anna Thorvaldsdottir, compositrice islandaise acclamée par la critique. Ecrite en 2010-2011, Aeriality dépeint à la fois le sentiment de liberté absolue que procure l’absence d’attache et le sentiment de mal-être généré par les mêmes circonstances. Le titre signifie « aérien » et fait référence à l’inspiration visuelle que procure un tel état. Aeriality est également un jeu de mots combinant les mots « aérien » et « réalité », de manière à suggérer deux mondes différents : la « réalité », avec le sol, et « l’aérien », avec le ciel ou l’intouchable.

Ajoutons encore que ce spectacle mêle théâtre et cinéma avec un film du cinéaste britannique Grant Gee racontant la suite de l’histoire de la protagoniste de La Voix humaine. Enfin, dans la fosse, la cheffe française Ariane Matiakh dirige pour la première fois l’Orchestre philharmonique de Strasbourg.

                                                                                                                   Compositrice Anna Thorvaldsdottir

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