Entrer dans l’intimité du peintre, le regarder travailler, l’entendre penser, saisir ses fulgurances, ... c’est à tout cela que nous invite la collection « Le roman d’un chef-d’œuvre », en proposant des livres dont la lecture est palpitante. De surcroit, si vous avez eu le bonheur de visiter des expositions de l’un et autre de ces deux peintres, vous en avez certainement garder des sensations et vous serez transporté par ces deux nouveaux livres qui seront en libraire dès le 8 avril.

Les heures suspendues selon Hopper

Ce livre écrit par Catherine Guennec est de ceux qui apportent un vrai plaisir au lecteur. Une fois la première page ouverte, difficile de s’arrêter en chemin, ou alors juste un moment pour aller regarder dans un autre livre les tableaux de ce peintres talentueux, dont l’univers sont est si particulier.  

L’auteur nous souffle à l’oreille : « Il y a longtemps que je connais Hopper. Longtemps que je l’aime. Longtemps que sa peinture m’appelle, m’intrigue et me raconte des histoires. En voici une, dans ces « Heures suspendues » ... baignant comme toujours dans une sourde mélancolie, un mystère mais puisant dans la réalité et la vérité du peintre. Joséphine Hopper prend ici et enfin la parole, occupe le devant de la scène après avoir « sacrifié » sa peinture et consacré sa vie à l’œuvre de son « grand homme ». Grand par le talent, par la taille... Presque deux mètres (1m 98) qui devaient être plus impressionnants encore pour la toute petite « Jo », 1 m 52 ! ».

Le texte coule avec une telle aisance qu’il m’a semblé au travers de mots de Catherine Guennec, entendre véritablement parler Joséphine Hopper. Comme dans un tableau de Hopper, soudain la vérité crue et sobre se distille au fil de la vie quotidienne du couple. Une histoire d’amour presque sacrificielle, où l’art l’emporte sur tout le reste, jusqu’au bout et avec le consentement de la sacrifiée.

J’ai ressenti une émotion à la lecture de ce texte assez semblable à celle provoquée par le dernier livre de Philippe Demlerm « La vie en relief », où souvent je me suis dit intérieurement « c’est tout à fait ça » avec la sensation du pieds dans la chaussure parfaite, au confort total. Soudain des mots prennent place sur une sensation que l’on n’a pas vraiment chercher à décrypter plus avant, mais qui est bien là, lové au creux du plexus, le centre de nos émotions.  

Catherine Guennec écrit encore : « Il y a dans la peinture, disait Renoir, quelque chose de plus, qui ne s’explique pas, qui est essentiel ». « Ce n’est pas seulement une question de métier, il faut en plus un certain quelque chose dont aucun professeur n’enseigne le secret... » reprenait Vollard, son marchand d’art. Des lignes que l’on croirait écrites pour la peinture de Hopper. Parce que c’est exactement ça ! Il y a dans toutes ses peintures ce « quelque chose » de fascinant. Ce « quelque chose » qui donne envie d’écrire... Chacune de ses toiles débute une histoire, forçant « le regardeur à en imaginer la suite ». « Quelque chose de terrible vient de se passer ou va se passer » (Wim Wenders) Le calme avant ou après la tempête. Quel autre peintre est capable d’une telle puissance déclenchante ? Et puis on « fait équipe » avec Hopper ! « L’artiste seul ne suffit pas à créer une œuvre d’art, celle-ci nécessite la présence d’un spectateur [...] Je crois sincèrement que le tableau est autant fait par le regardeur que l’artiste » (Marcel Duchamp. Ingénieur du temps perdu) Il y a celui qui peint et ceux qui regardent, ceux qui écrivent... ceux qui lisent.

Cap Cod evening m’a happée par sa douceur (illusoire) et son mystère. J’ai voulu raconter cette histoire.

Catherine Guennec a publié une vingtaine d’ouvrages ; des romans et des dictionnaires érudits et amusants sur la langue française. Elle est notamment l’auteure de L’Argot pour les nuls.

Les heures suspendues selon Hopper Catherine Guennec
Éditeur : Ateliers Henry Dougier   - Collection : Le roman d’un chef-d’œuvre
En librairie le 8 avril 2021
Prix papier : 12,90 € / epub : 4, 99 €
Format : 13,5 x 19,5 cm - 128 pages
ISBN 979-10-312-0278-5

De l’or dans la nuit de Vienne Alain Vircondelet

Si le style est différant, le lecteur est aussi immédiatement emporté dans les relations de Klimt avec les femmes. Aucune étude à ce jour en effet n’a traité du Baiser de Klimt alors que de très nombreuses études ont été consacrées au peintre. Si vous avez eu la chance de de voir de vos yeux ce tableau, nul doute qu’il vous aura envoûté, voir fasciné. Mais « Le Baiser » est-il aimé pour les raisons que l’on croit ? Est-il seulement la représentation idéale d’un couple d’amants ? Est-il l’archétype vaguement érotique d’un geste amoureux ? N’est-il pas plutôt la représentation d’une Assomption qui entraîne les amants dans un monde idéal ? La présence de l’or chez Klimt ne reflète-t-elle pas une volonté d’enchâsser le couple dans le précieux métal pour échapper à la défaite d’un monde qui va se jeter dans la guerre ? Le Baiser ne serait-il pas alors semblable à un enlèvement mystique qui emporterait les amants dans un Royaume céleste où ils trouveraient, grâce à l’or dont ils sont revêtus, l’éternité de l’Amour ?

Alain Vircondelet reconstitue en biographe empathique, l’atmosphère singulière de l’atelier de Klimt, entouré de ses maîtresses, livré à la sauvagerie de son art pour lequel cependant il a des délicatesses d’orfèvre. L’écrivain nous offre une analyse très crédible de la pensée de Klimt ; son personnage nous entraine de page en page avec une belle énergie. 

Alain Vircondelet est enseignant-chercheur et docteur en histoire de l’art. Outre ses grandes biographies littéraires consacrées à Marguerite Duras, Albert Camus, Antoine de Saint-Exupéry, il a réalisé de nombreux travaux sur les peintres et la peinture : Séraphine de Senlis, Balthus, Picasso, Dora Maar, Henri de Toulouse-Lautrec, Henri Landier, Jacques Vimard…

La plupart de ses livres sont traduits en plusieurs langues. Il est par ailleurs le collaborateur régulier des éditions Beaux-Arts et de Beaux-Arts Hors-Séries. « Une plume de maître pour peindre les plus grands » (Radio-Classique) « La magnifique façon qu’a Alain Vircondelet d’aller chercher et saisir le réel au vif » (Franck Ferrand, Europe 1) « L’art et le talent pour dire l’indicible des êtres » (Catherine Lalanne, Le Pèlerin.

De l’or dans la nuit de Vienne Alain Vircondelet
Éditeur : Ateliers Henry Dougier - Collection : Le roman d’un chef-d’œuvre
Prix papier : 12,90€ / epub : 4, 99€
Format 13,5 x 19,5 cm - 128 pages
ISBN 979-10-312-0274-7