Niché entre la place du Trocadéro et les jardins de La Muette, le quartier de Passy réunit à lui seul tout le charme de la capitale : les pieds dans la scène, les immeubles haussmanniens rivalisent de grandeur avec les ponts enjambant la ville. Au coeur de ce quartier aux accents de village, Notre-Dame-de-Grâce de Passy est une de ses églises dont il faut pousser la porte… et y contempler son histoire.


Vue latérale de la nef, Église Notre-Dame-de-Grâce de Passy 

Ce qui fait de Paris une des plus belles villes au monde, c’est sa propension à cacher entre chacune de ses rues, de vrais trésors. Au-delà des monuments, musées, galeries d’art et hôtels particuliers, les églises de la ville regorgent de trésors à la beauté silencieuse. Parmi les 42 millions de visiteurs que Paris reçoit chaque année, nombre d’entre eux viennent aussi y découvrir ses 100 églises et chapelles, pour y savourer le charme singulier à chacune d’entre elles, construites à toutes les époques, habitées de milles et une oeuvres d’art. Notre-Dame-de-Grâce de Passy fait partie de ces édifice religieux où l’on vient mesurer la force architecturale, la splendeur décorative et chercher un moment de silence et de sérénité au coeur de l’hyperactivité de la ville.

Il faut dire que Passy n’a pas toujours appartenu au 16ème arrondissement de Paris. À l’époque médiévale, “Passicium” est un hameau niché sur une colline couverte d’un bois, peuplée de bûcherons, cultivateurs et vignerons. Auteuil et Chaillot prenant peu à peu de l’ampleur, Passy devient rapidement le trait d’union entre la capitale royale et les bourgs environnants. À la moitié du XVIIème siècle Passy deviendra une seigneurie, Claude Chahu, son suzerain, y fait ériger une première chapelle en 1666. Ainsi naquit Notre-Dame-de-Grâce de Passy (autrefois Notre-Dame de l’Annonciation). De cette église primitive, le bâtiment actuel n’a conservé que ses colonnes, bordant la nef centrale. Et de son créateur il ne reste qu’un petit hommage rendu avec la présence dans la sacristie, d’un portrait de son épouse, qui érigera l’édifice religieux en paroisse après la disparition de son époux quelques décennies plus tard.




Vues de la nef, Église Notre-Dame-de-Grâce de Passy

À l’entrée de Notre-Dame-de-Grâce, la gracieuse sobriété du porche à colonne supportant un tympan en bas-relief du XVIIIème siècle, répond à la séduisante austérité de son intérieur. Munie d’une nef unique, bordée par deux bas côtés, la perspective qu’offre l’église à son visiteur, l’accueille dans une symétrie reposante. Comme nombreuses des églises de France et de Navarre, elle fut remaniée au XIXème siècle, agrandie et restaurée par l’architecte Eugène Debressenne, qui s’attache à lui laisser un décor sobre et épuré, autant que la foi qu’elle y abrite. Tandis que les fenêtres supérieures de la nef centrale font entrer la lumière dans le bâtiment au travers de verres blancs immaculés, les deux bas-côtés sont quand à eux ornés de magnifiques vitraux colorées au formes géométriques. En levant les yeux le long des ces petites nefs, le visiteur saura remarquer à leur plafond des vitraux horizontaux, faisant de l’église une des rares à en posséder à Paris.


Tout comme les chemins menant à Rome, tout mène ici vers le choeur de l’église, ce petit écrin à demi coupole abritant un décor peint par Gabriel Bouret. Ces fresques peintes à même le mur entre 1847 et 1950 dépeignent dans un style aux perspectives parfaites des scènes religieuses (telles que l’annonciation, le sacrifice d’Isaac, Adam et Ève chassés du paradis) dans un paysage dont il est dit qu’il aurait été pensé par le grand maître du XIXème siècle, Jean-Baptiste Corot. Car comme de nombreuses églises de Lutèce, c’est aussi et surtout par la présence de véritables chefs d’oeuvres entre ses murs que Notre-Dame-de-Grâce rayonne. La chapelle de la Sainte Vierge notamment, ressemble à une salle de grand musée où l’on admire l’Annonciation, peinte par Nicolas Delobel (1693-1763) figurant dans le catalogue de 1748 comme une commande du Roi et de Madame de Pompadour, se rendant aux offices lorsqu’ils résidaient au château de la Muette. Plus loin, une copie de La mise au tombeau de Titien, Le ravissement de Saint Paul chef d’oeuvre de Poussin et de L’apothéose de Saint Augustin réalisée par Le Guerchin, dont les originaux se trouvent dans les collections du Musée du Louvre.

Autant de trésors sommeillant entre les murs silencieux de cet édifice dont la modestie ne cache par la richesse, faisant de Notre-Dame-de-Grâce un écrin patrimonial où l’on admire, où l’on s’inspire, où l’on se recueille… Si bien qu’Alfred de Musset s’y référait entre les vers de sa Ballade à la lune.


"C'était, dans la nuit brune,
Sur le clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i".
Alfred de Musset, Ballade à la lune


Informations pratiques :

Église Notre-Dame-de-Grâce de Passy
10, rue de l’annonciation
75016 Paris
Accès Métro Passy (ligne 6), La Muette (ligne 9)

Vue des vitraux, nef latérale, Notre-Dame-de-Grâce de Passy