Au-delà des photographies qui ont fait la renommée post mortem de cette gouvernante borderline, Guillaume Poix nous entraîne dans une quête introspective au plus prés de ses pensées et nous plonge dans les méandres d’une âme tourmentée. Totalement habitée par son personnage, Aurélie Edeline est Vivian Maier jusqu’à la schizophrénie. Époustouflant !

Autour d’une estrade sombre où des vêtements d’un autre temps, d’un autre âge sont étalés, une jeune comédienne (Fascinante Aurélie Edeline) sautille, gambade en attendant que le public s’installe. Puis quand l’obscurité envahit la salle, elle se fige un temps et s’interroge à haute voix sur une étonnante femme, une photographe amatrice de l’instant, dont les œuvres n’ont été découvertes qu’après sa mort en 2009. Mais en effet, qui était donc Vivian Maier ? Une gouvernante revêche et sévère qui aime peu les enfants dont elle a la garde, une femme libre refusant toute attache ou un œil sûr dont les clichés bouleversants révélateurs d’une époque, font maintenant le tour du monde. Un peu de tout cela, semble –t-il ? 

S’imprégnant de son œuvre dont nous ne verrons rien, mais dont l’étonnante et méticuleuse précision, retraçant des instants de vie dans les grandes villes américaines des années 1950 aux années 1980, est suggérée par une voix off qui en décrit le sujet, Aurélie Edeline s’immerge totalement dans le personnage qu’elle interprète. Petit à petit, elle se confond avec elle, elle devient Vivian Maier. Commence alors une quête introspective au plus profond de cet être énigmatique et marginal. Pourquoi, alors qu’elle parcourait les villes de long en large pour collecter des images du quotidien, une pellicule par jour rien de plus, rien de moins, n’a-t-elle jamais fait développer la moindre de ses photographies ? Pourquoi s’est-elle entourée d’autant de secrets, de mystères, que voulait-elle cacher ?

C’est à ces nombreuses questions qui construisent la légende de cette artiste hors norme que Guillaume Poix par la voix d’Aurélie Edeline tente de répondre. De son écriture vive, il nous embarque dans cette étonnante et passionnante quête identitaire que souligne avec finesse et ingéniosité sa sobre mise en scène. Il nous plonge au plus prés de cette femme si banale si singulière. Il nous entraîne dans son sillage, dans les rues de Chicago, de New-York, stimulant notre imagination afin de voir à travers ses yeux, de découvrir à travers son regard ce qu’elle est la seule à percevoir du monde. 

 Subjugué par le jeu à fleur de peau d’Aurélie Edeline, on se laisse totalement happer par cette introspection où se mêlent deux vies, celle de la comédienne et celle de la photographe. Plongeant dans sa propre histoire, entremêlant les récits, les anecdotes, elle s’enfonce dans les méandres mémoriels de Vivian Maier jusqu’à la folie, la schizophrénie. Une performance fascinante, bouleversante !

Olivier Frégaville-Gratian d'Amore

Informations pratiques :
Toute entière Vivian Maier, qui êtes vous ?
de Guillaume Poix
Festival d’Avignon le OFF
jusqu’au 30 juillet 2017
tous les jours à 15h10 relâches les 11, 18, 25 juillet 2017
durée 1h15

Générique :
avec Aurélie Edeline
Accompagnement chorégraphique : Thierry Thieû Niang
Scénographie de Cassandre Boy
Son de Guillaume Vesin
Lumière de Sébastien Marc

Lieu : 
11-Gilgamesh Belleville
11, bd Raspail
84000 Avignon

Réserver : 
sur le site dédié du théâtre

Crédit photos : © DR