Les scènes se répètent à l’envi, s’étoffent, se rembobinent. Les corps se cherchent, se trouvent, s’étreignent et se repoussent. Les phrases pêle-mêle sont assénées, redites formant une sorte de litanie inspirée du jeu des cadavres exquis. Brouillant les pistes, s’affranchissant des codes, Ambra Senatore esquisse une pièce chorégraphique espiègle, déroutante et surréaliste. Une fantaisie insolite et hypnotique !

Des corps traversent un espace vide. Ils se l’approprient avant de disparaître. Ils entrent, sortent sans arrêt. Ils répètent indéfiniment les mêmes pas, les mêmes séquences chorégraphiques. Ils se rencontrent, s’enlacent et se séparent. Tout recommence encore et encore, mais à chaque fois un détail change, une nouvelle combinaison de gestes et de mouvements. Parfois, une phrase, totalement hors contexte, est jetée en pâture aux spectateurs, rompant le silence, déroutant.

Véritable puzzle dansé, Scena madre* dévoile ses pièces l’une après l’autre, sans que jamais les règles du jeu soient divulguées. Prenant exemple du jeu des cadavres exquis inventé par les Surréalistes, Ambra Senatore signe un ballet insolite et hypnotique. Jouant des codes, s’amusant avec nos perceptions, elle construit une phrase chorégraphique qui surprend et interroge. Modifiant les combinaisons, formant çà et là couples et trios, elle réinvente à chaque saynète répétée une autre histoire similaire et différente. 
Si la proposition a de quoi dérouter, très vite, on se laisse happer par ces gestes et ces mouvements répétés à l’infini. Tout se mêle temps, époque et corps. Espiègle, Ambra Senatore s’inspire du cinéma, des travelings et des surimpressions pour créer une atmosphère étrange et singulière entre fiction et réalité. Cassant le rythme, la linéarité de son propos, elle entrechoque situations banales et répliques sorties de leur contexte formant ainsi un cocktail détonnant, une pièce chorégraphique décalée à l’humour très second degré. 

S’interrogeant sur la fragilité du moment présent, sur la magie éphémère des occasions manquées, Ambra Senatore et ses six danseurs nous entraînent dans une mystérieuse transe où tout évolue, change. Un moment hors du temps à savourer avec gourmandise sans autre pensée qu’un plaisir partagé ! 

Olivier Frégaville-Gratian d'Amore
Informations pratiques :
Scena madre* d’Ambra Senatore
présentée au Festival d’Avignon 2017

reprise du 1er au 4 février 2018 au Théâtre de la Ville à Paris
du jeudi au samedi 20H30 et le dimanche à 15h00
durée 1h00

Générique : 
Chorégraphie d’Ambra Senatore
Musique de Jonathan Seilman
Son de Jonathan Seilman et d’Ambra Senatore
Lumière de Fausto Bonvini
Costumes de Louise Hochet
Regard extérieur de Caterina Basso, Claudia Catarzi, Giuseppe Molino et Barbara Schlittler
Avec Matteo Ceccarelli, Lee Davern, Elisa Ferrari, Nordine Hamimouch, Laureline Richard, Antoine Roux-Briffaud, Ambra Senatore

Lieux :
Théâtre des Abbesses
31, rue des Abbesses
75018 Paris

comment y aller ?
En métro : station Abbesses (ligne 12) ou station Pigalle (lignes 2, 12)
En bus : station Abbesses (lignes 30, 54, 67 ou Montmatrobus)
En voiture :
parking Clichy Montmartre, rue Caulaincourt
parking Anvers, place Anvers
En vélib :
2 rue de la Vieuville (station 18004);
36 boulevard de Clichy (station 18042),
35 rue Véron (station 18114)

Réserver : 
par téléphone : 01 42 74 22 77
par internet : sur le site du théâtre de la Ville

Crédit photos : © Christophe  Raynaud de Lage