Son saturé, musique assourdissante, énergie désespérée des corps en perdition nous entraînent au cœur de cette fresque poétique, de cette œuvre sombre, qui esquisse par touches, la noire beauté d’un monde désenchanté au bord de l’explosion. De son écriture vive, précise, Hofesh Schechter décrit magnifiquement l’urgence de nos sociétés, leur ultime souffle vital. Un moment intense, une danse bouleversante à éprouver et savourer au plus vite. 

Le rideau s’ouvre sur une scène sombre toute de noire revêtue. Dans un brouillard épars, éclairé de façon diffuse, émerge un monolithe imposant couleur ébène. Ce clin d’œil appuyé au septième art et au fameux chef d’œuvre de Stanley Kubrick, 2001, Odyssée de l’espace, porte en lui les mêmes symboles, les mêmes interrogations sur le monde et les hommes. Attirant les regards, il cache un étonnant sextet de musiciens qui ponctueront de leur présence singulière le spectacle.

Rapidement, le son s’amplifie et sature l’espace. Les basses grondent, vibrent à faire tressauter nos cœurs. La musique techno aux accents électro, imaginée en grande partie par Hofesh Schechter, se mêle aux tonalités baroques des instruments à cordes. Dans ce vrombissement entêtant, des corps émergent de la pénombre. Ils se meuvent en une vague humaine, une déferlante furieuse. Puis chaque entité de ce maelström fait de chair et de sang se sépare, s’éloigne pour mieux se retrouver, ou disparaître dans le néant des coulisses. Pantins d’un monde qui les oppressent, les danseurs se laissent emporter par les rythmes grisants, les tonalités entêtantes. Doucement, ils entrent dans une transe funeste, une griserie bouleversante. 
Se nourrissant des bruits de la foule qui l’entoure, de sa violence inouïe, Hofesh Schechter dessine une fresque brûlante, lucide sur nos sociétés en état d’urgence. Il capte les moindres battements de cils de l’actualité, prend le poul de l’humanité. Enchaînant les images, les surimpressions, il esquisse un portrait saisissant, hypnotique, apocalyptique du monde. Maître d’œuvre ingénieux, provocateur, il se joue des codes, les détourne sans esbroufe, sans effets superflus. Tout est millimétré, réglé. Entremêlant signes subliminaux et tableaux dramatiques d’hommes et de femmes broyés par des forces incontrôlables, le chorégraphe londonien nous emporte dans une spirale infernale, un ballet mortifère à la beauté vénéneuse et transcendante. 

De l’orchestre du Titanic jouant son ultime morceau à la Liberté guidant le peuple d’Eugène Delacroix en passant par un photoreportage d’un bateau de migrants se perdant dans les flots, une foule en délire devant le mur des lamentations ou un groupe de jeune en pleine extase techno, les danseurs d’Hofesh Schechter ne ménagent pas leur peine. Ils se donnent sans compter offrant leur corps aux éléments imaginaires qui les bringuebalent au gré des pulsions assassines d’un monde en souffrance.  


Hymne à la mort, à la vie, témoignage troublant d’un monde à la dérive, ce Grand Finale chavire nos âmes, touche nos cœurs. Si parfois le temps patine, le moment se perd en digression inutile, Schechter signe une œuvre noire, intense. Un moment hors du temps, une expérience au-delà de l’ordinaire à tenter, à vivre sans tarder.

Olivier Frégaville-Gratian d'Amore

Informations pratiques :
Grand Finale d’Hofesh Schechter
jusqu’au 24 juin 2017
du mercredi 14 au samedi 17 juin 2017 - 20h30
du lundi 19 au samedi 24 juin 2017 - 20h00
durée 1h55 avec entracte

Générique :
Chorégraphie & musique d’Hofesh Shechter 
décor & costumes de Tom Scutt 
lumières de Tom Visser
collaborateurs musicaux : Nell Catchpole & Yaron Engler
avec Chien-Ming Chang, Frédéric Despierre (assistant répétiteur), Rachel Fallon, Mickael Frappat, Yeji Kim, Kim Kohlmann, Erion Kruja, Merel Lammers, Attila Ronai et Diogo Sousa
et les musiciensJames Adams, Chris Allan, Rebekah Allan, Mehdi Ganjvar, Sabio Janiak et Desmond Neysmith 

Lieu : 
Grande halle de la Villette en partenariat avec le Théâtre de la Ville
211, Avenue Jean Jaurès
75019 Paris

Comment y aller ? 
En Métro : Ligne 5 - Porte de Pantin / Ligne 7 - Porte de la Villette
En Bus  : Lignes 75, 151 – Porte de Pantin / Lignes 139, 150, 152 – Porte de la Villette
En Tram : Ligne 3b – Porte de Pantin, Ella Fitzgerald ou Porte de la Villette
En vélo  par la piste cyclable le long du canal de l’Ourcq
* station vélib' : Porte de la Villette, Porte de Pantin, Quai de Metz, rue Rouvet
* parking à vélo : Sur le parvis de la Cité des Sciences, côté Porte de la Villette.
En Voiture
* Parking sud "LA VILLETTE - CITÉ DE LA MUSIQUE" - 250 places - TÉL : 01 42 06 96 14
* Q-PARK PHILHARMONIE - 564 places - TÉL : 0810 077 275
* Parking nord "CITÉ DES SCIENCES" - 1570 places dont 46 PMR - TÉL : 01 40 05 79 90
* PARKING 2000 - 1200 places - Contact : contact@parkingsdeparis.com / TÉL : 01.83.62.94.68

Réserver : 
par téléphone au  01 40 03 75 75 du lundi au samedi de 10h30 à 19h30
sur place à la folie information-billetterie 7 jours sur 7 de 10h30 à 19h30
Par internet sur le site de la villette ou sur le site du Théâtre de la Ville
 
crédit photos : © Victor Frankowski