Après trois longues années de travaux, le Musée des Beaux Arts de Pont-Aven a réouvert ses portes. Architecture de verre, bois et métal, le nouvel établissement allie traditionnel et modernité afin de célébrer l’école de Pont-Aven dont le chef de fil ne fut que le célèbre Paul Gauguin. A cette occasion, l’artiste Matali Crasset et ses oeuvres design furent invitées à cohabiter avec le peintre de la couleur. Lumière sur une nouvelle union, rayonnante !




Interactions chromatiques, Matali Crasset, Musée de Pont-Aven ©Philippe Piron

Après avoir vaincu d’importants ravages dûs à l’humidité, le musée de Pont-Aven présente sa nouvelle robe au public breton, pour un musée des Beaux arts version 2017. A cette occasion, l’établissement public a vu son parcours totalement repensé, voire sa surface doublée, afin de célébrer au plus près de la vérité l’histoire de l’école éponyme, dont Gauguin en fut le symbole. Pourtant l’artiste qui qualifiait le coin de “trou”, surnom dû à sa position la pointe du Finistère, y séjourna entre 1886 et 1894, attiré par l’atmosphère de cette Bretagne traditionnelle, ses couleurs, ses autochtones et leur générosité. C’est d’ailleurs dans l’ancien hôtel de Julia Guillou que le musée a pris place, repère depuis 1870 de tant de peintres européens qui marqueront l’histoire de la bourgade bretonne.


Dans le hall de l’établissement, portant le nom de cette figure mythique du XIXème siècle, le nouveau musée de Pont-Aven accueille une nouvelle femme sous ses plafonds. Tandis que la logeuse abritait les artistes pendant leur séjour créatif, Matali Crasset est là pour les éclairer. Dans le hall Julia, anciennement salle à manger de l’hôtel d’antan, Matali Crasset suspend au plafond trois lustres formant une coque lumineuse. Ces sphères immaculés inversée, de 120 centimètres de diamètre, forment un cocon quasi-naturel de lumière. Avec ces “Interactions chromatiques”, éclairant le grand espace blanc où s’ornent encore quelques anciennes boiseries, la designer francaise rend hommage à la dévotion de Julia Guillou pour ses invités, quand elle fit construire des extensions à son établissement percé de grandes fenêtres d’ateliers.


Au sol, la créatrice - qui fut collaboratrice du célébrissime designer  Philippe Starck - pose trois tapis ronds colorés faisant directement appel au cercle chromatique de Paul Sérusier, l’un des célèbres peintre exposé en ces lieux. De ses lignes épurées et lumineuses Matali Crasset rempli à merveille la fonction de son oeuvre, celle d’un trait d’union entre le synthétisme prôné par les peintres de l’école de Pont-Aven et l’essentialité de ces nouvelles créations…
L'intervention de la créatrice française rentre dans le cadre du 1% artistique voulu par le gouvernement. Cette mise en place est l'expression de la volonté publique de soutenir la création contemporaine et sensibiliser le public au champ de l'art actuel. A travers cette politique culturelle, de nombreuses oeuvres sont commandées à des artistes à intégrer au coeur d'établissements publis et collectivités territoriales diverses. C'est ainsi qu'une partie du coût de restructuration du musée de Pont-Aven a été dédié à cette nouvelle célébration de l'école de Gauguin et ses pairs. Depuis 1951, le dispositif "1% artistique" a donné lieu à plus 12 300 projets et a fait appel à plus de 4 000 artistes. De quoi réconcilier l'art des siècles passés, la création actuelle et le public français. 

Aurélie M.Caillard


Information pratiques :

Musée des Beaux Arts de Pont Aven
Place Julia, 29930 Pont-Aven
Du mardi au dimanche, de 14h à 17h30