Samedi 1er octobre 2016, Paris se met en fête, mais pas n’importe laquelle, celle de la Nuit Blanche. De la Gare de Lyon à Issy-les-Moulineaux, d’est en ouest, de 20h à 2h du matin, la capitale se ponctue d’oeuvres vivantes mettant en scène le passé, le présent et l’avenir d’une ville qui aime la culture. Découvrez notre sélection des spots les plus spectaculaires… La nuit est à nous !
« J’ai bu le lait divin que versent les nuits blanches » Léon-Paul Fargue
De son affiche dessinée par l’artiste contemporain Fabrice Hyber, la ville de Paris affiche un gros coeur rouge prêt à battre, traversé par les flots de la Seine. En 2016, l'événement annuel de la Nuit Blanche prend de nouvelles couleurs, celles d’une ville plus que jamais en fête. Pour cette nouvelle édition, Jean de Loisy, Président du Palais de Tokyo, prend les rennes de la direction artistique et dessine une nuit sous les thèmes de l’amour et du franchissement. Un message symbolique après un hiver long dans les rues de la capitale. Le parcours à été pensé comme une procession longeant la Seine, accompagnée du héros fictif du jour Poliphile, à la recherche de Polia, une aventure s’inspirant de l’oeuvre littéraire éponyme du XVème siècle. Recette d’une nuit parisienne singulière : des oeuvres installées dans l’espace public, des artistes internationaux émergents et confirmés, et de grandes institutions accueillant un public avide de beauté et de surprises…
“ Le long de la Seine, d’une rive à l’autre, dépêchons-nous de poursuivre la beauté et arrêtons-nous pour la contempler. Allons du Paris médiéval au Paris moderne en un voyage dans le temps qui se poursuit jusqu’à la première île du Paris de demain, l’île Saint Germain”.
Jean de Loisy (Directeur artistique, Nuit Blanche 2016)
Autour de La Bastille :
Notre premier arrêt reflète l’ambiance de la Nuit Blanche qui place ses artistes sous le signe de l’amour. Si pour Alfred de Musset, “le seul vrai langage au monde est un baiser”, Julien Nonnon lui en fait sa devise. Le jeune artiste couvre la façade de la Cité de la Mode et du Design de vidéos de baisers en tout genre, après avoir effectué un appel à participation à tous les parisiens. Un art du numérique bien vivant qui nous fait relever la tête pour contempler un inconnu bien connu.
Quelques rues plus loin, c’est le Viaduc des Arts qui voit ses arches de pierres investies par des artistes, comédiens, performers, scénographes… Tout autant d’esprits créatifs rendant un vif hommage à tous les métiers d’arts célébrés par le célèbre Viaduc surmonté d’un jardin aux mille et une fleurs.
Julien Nonnon #LeBaiser
Les Docks, cité de la mode et du Design
36, Quai d’Austerlitz - 75013 Paris
Viaduc des Arts
1 au 123, Avenue de Daumesnil - 75012 Paris
Autour de l’hôtel de Ville :
Après l’éveil amoureux, le sommeil s’impose sur les façades de Paris… Les fenêtres du prestigieux hôtel de Ville s’habillent elles aussi de vidéos sur lesquelles apparaissent et disparaissent en slow motion de silencieuses figures mises en scène par Erwin Olaf. Autant d'inconnus fondus sur l’architecture imposante du bâtiment, montrant la voie à tous les visiteurs noctambules.
Sur le parvis du fief de la mairie de Paris, un autre artiste contemporain guidera les parisiens dans cette quête plus que jamais artistique. Stéphane Thidet, connu pour ses pendules poétiques, fait danser d'immenses tronçons de bois à la surface d’un lac aux eaux gelées. De la forêt enchantée au songe inquiétant, de la Divine comédie aux contes enfantins, la Nuit Blanche 2016 cherche à plonger les visiteurs au coeur d’un inconnu fantastique…
Un petit détour par le très culturel quartier du Marais nous fera rencontrer les laines géantes installées dans la cour du Musée Carnavalet, un dernier hommage fait tout en douceur à cette institution désormais vide, s’apprêtant à fermer ses portes pour quelques années de travaux. A quelque pas du musée consacré à l’histoire de Paris, les pelouses du Square Léopold Achille s’animent, le temps d’un pas de deux contemporain. Quand la mémoire embrasse la célébration du vivant.
Erwin Olaf L’éveil
Façade arrière de l'hôtel de ville
Rue de Lobau - 75004 Paris
Stéphane Thidet Sommeil
Place de l'Hôtel de Ville - 75004 Paris
Sheila Hicks Apprentissage
16, rue des Francs-bourgeois -75003 Paris
Laura et Sophia Boudou LOVOL Danse contemporaine
Square Léopold Achille
9, rue du Parc Royal - 75003 Paris
Autour de Notre-Dame de Paris :
De retour aux abords de la Seine le plus ancien hôpital de Paris, l'Hôtel-Dieu, devient lui aussi le théâtre d’apparitions étranges. Le vieux bâtiment, en son sein, abrite le disque géant de Christian Rizzo. Cette surface suspendue dont l’oscillation fait rebondir les détails d’une architecture néoclassique traversée par les silhouettes des parisiens. Parmi les ponts de Paris, c’est bien sûr sur celui des Arts, refuge pendant des décennies de cadenas amoureux, que s’active la fabrique des coeurs brisés. Une véritable entreprise nocturne faisant de troncs d'arbres de petits coeurs de bois rouge sang, soumis à bien des épreuves… des tas de coeurs brisés, les visiteurs de cette nuit blanche pourront alors récupérer un fragment pour le faire soigner plus loin, sur la passerelle Debilly.
Christian Rizzo Avant la nuit dernière
1 place du Parvis de Notre-Dame, 75004 Paris
Estelle Delesalle & Jean-Marc Ferrari La fabrique des coeurs brisés
Pont d’Arcole - 75004 Paris
Sur la rive gauche :
A la poursuite du songe de Poliphile, passant de la rive droit à la rive gauche, face à l’île de la Cité, le visiteur rencontre une nouvelle Conciergerie. Les façades médiévales qui emprisonnèrent jadis Marie-Antoinette dans ses dernières heures, se fondent dans un trompe l’oeil chaotique… Au bout de l’île de la Cité, c’est la Seine elle-même qui se déchaîne. Les calmes flots de la grande dame de Lutèce sont entraînées dans un tourbillon infernal déclenché par le provocateur Anish Kapoor. L’artiste choisit la pointe de l'île, ces mêmes eaux qui virent sombrer les cendres de Guy Debord et les corps des victimes de la Saint Barthélémy… En cette nuit blanche, de nombreux fantômes planent au dessus de nos âmes sur les pavés de la rive gauche. Tout comme la licorne légendaire des tapisseries du Musée de Cluny, réfugiant au coeur de l’église Saint Séverin, dans le corps d’une installation lumineuse.
Pierre Delavie Cote 15,28 : l'amour déborde
2, boulevard du palais - 75001 Paris
Anish Kapoor Descension
Square du Vert Galant - 75001 Paris
Marguerite Lantz / Frédéric Blondy La nuit où j'ai rêvé d'une licorne
Eglise Saint Séverin
1, rue des prêtres Saint-Séverin - 75005 Paris
A deux pas des Invalides :
C’est encore une Basilique qui se fait écrin d’une nouvelle oeuvre, mariant justement des siècles et des histoires que tout séparent. A la tête du trio, une danseuse, épaulée par la création de deux artistes multimédias ayant imaginé une forêt de tubes luminescents le long de la nef religieuse. Entre les strophes fluorescentes et les volutes du corps de la ballerine, la structure réagit aux battements de son coeur. Du vivant, à coeur ouvert… Plus l’heure avance dans la nuit, plus sonne la fin de la nuit blanche cette procession fantastique à la recherche du songe de Poliphile. Sur les berges de Seine, une horloge rappelle aux noctambules le caractère éphémère de cet environnement artistique. La nuit ne saurait pourtant se finir sans la rencontre avec les nymphes des Grands Boulevards. Ses muses envoûtantes dont les jambes volent et les paillettes se reflètent, le temps d’une nuit, sur les mosaïques du jardin du Petit Palais. De la robe 1900 du monument parisien aux chevelures ébènes des ladies du Crazy Horse, il n’y a qu’un pas, celui de l’enchantement.
B t b (In)Visibility
Basilique Ste Clothilde
23 bis Rue las Cases - 75007 Paris
Alicja Kwade Die bewegte Leere des Moments
Berges de Seine Rive Gauche
59, Quai d’Oray - 75007 Paris
Le Crazy Horse Paris présente Muses
Jardin du Petit Palais
Avenue Winston Churchill - 75008 Paris
Alicja Kwade Die bewegte Leere des Moments © Alicja Kwade
C’est ainsi que le songe d’une nuit s'éteint dans un dernier soupir. Dès demain, Paris retrouvera ses rues, mais elle restera la même, une capitale des arts bien singulière dont on ne cesse de tomber amoureux … Bonne nuit blanche à tous les épris de Lutèce.
